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24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 01:52

« Trop d’impôt tue l’impôt »

 

Arthur LAFFER (1940) – Economiste américain et le temps ne lui fait rien

 

 

Les français n’aiment pas payer d’impôts. C’est sûrement pour cela que le pays est un champion mondial de la fraude fiscale. Il est la deuxième contrée en taux d’imposition après la Suède, ce qui a de quoi décourager quand on voit ce que les élus foutent avec nos sous. Reprenant le clivage américain entre républicains et démocrates, la droite et la gauche se sont bien séparées sur le problème de l’impôt : l’une veut les baisser et l’autre veut les augmenter.

 

Qu’importe que les impôts locaux explosent quelle que soit la couleur politique et que le taux national soit le même sous tous les gouvernements. La droite n’a pas voulu les élever même pour les riches et la gauche s’apprête à le faire même pour les pauvres. La différence se fait dans le choix des impôts et des taux, qui incarne un vrai choix politique et économique. Mais avec l’alternance, l’instabilité fiscale frappe la France. On va finir par croire que le fait que tous nos hommes politiques soient issus de la cour des comptes y est pour quelque chose.

 

En 2007, Nicolas Sarkozy baissait les impôts pour relancer le pouvoir d’achat. Des plus modestes avec la défiscalisation des heures supplémentaires et l’allègement des droits de succession. Mais aussi des plus riches - et c’est ce que tout le monde a retenu - avec le bouclier fiscal. La loi TEPA qui regroupait les mesures du paquet fiscal connait un été meurtrier et sera abolie par le gouvernement socialiste. Les ménages devront renoncer à 400 euros de salaire par an arrachés à la sueur de leur front et les riches devront rendre 75% de leur fortune à l’Etat.

 

C’est vrai, la crise change pas mal de choses. De droite ou de gauche, le gouvernement rechigne à baisser les dépenses. Mais tous savent au moins qu’il faudra augmenter les impôts. Reste à savoir lequel, or cela a des conséquences en termes de justice sociale. C’est le dilemme du bon impôt : plus qu’un outil pour recueillir des recettes, l’impôt est un instrument qui redistribue les richesses dans un pays et favorise certaines catégories de population contre d’autres. Il faut toujours des gagnants et des perdants. Les impôts idiots n’existent pas, ou plus.

 

On ne découvre pas l’Amérique et on n’invente pas la roue. La révolution américaine, c’est une révolte contre la Grande-Bretagne de colons qui payaient trop d’impôts par rapport à la métropole, notamment sur le thé, d’où le Boston Tea Party qui donne son nom au parti de droite américaine. La révolution française, c’est une révolte des bourgeois contre les nobles qui a fait passer les impôts du peuple vers les rentiers. François Hollande n’exclut aucune solution.

 

La droite voulait augmenter la TVA sur les consommateurs. Elle est rémunératrice mais frappe autant le smicard que le rentier. Elle voulait réduire l’impôt sur les sociétés pour les entreprises. Il plombe la compétitivité or cela aurait dopé la production donc la consommation et l’embauche donc le pouvoir d’achat. La gauche veut augmenter la CSG qui pèse sur tous les revenus. Elle rapporte beaucoup mais touche le salarié autant que le pensionnaire de retraite ou l’allocataire du chômage. Elle veut chasser les niches fiscales qui laissent tant de français bien renseignés échapper à l’impôt. Elle ignore que ces dispositifs hétéroclites et hétérogènes ont tous une raison d’être valable.

 

Au final personne ne parle d’augmenter l’impôt sur le revenu qui reste le socle de la fiscalité française et encore moins de l’étendre aux classes populaires même si c’est pour payer 10€, afin qu’ils soient intégrés à l’effort national contre la crise. Tout juste la gauche se hasarde à demander une taxation du capital mais la droite a déjà échoué à instaurer une taxe sur les transactions financières. Or le gouvernement se prend pour le coq qui par son chant fait lever le soleil et pour le vent alors qu’il n’est que la girouette. Sachant que le poing fiscal est déjà très élevé en France, il devra agir plutôt que de réfléchir. Et éliminer plutôt que de choisir.

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 22:15

« Le bon paysan sait attendre »

 

Alain JUPPE (1945) – Homme politique français et à la patience sans limite

 

 

L’agriculture est en crise. Une crise chronique qui dure depuis que le premier métier du monde existe. Dès les origines, les gardiens de troupeaux peinaient à assurer leur subsistance. L’invention de l’irrigation sous l’Egypte ancienne permit de développer une culture fertile. L’agriculture est alors devenue le premier métier du monde en termes de population puisque 95% l’exerçait. Les hommes allaient dans les champs et les femmes et les enfants les aidaient. Telle est d’ailleurs la France du Moyen-Âge qui payait trop d’impôts sans trop se plaindre.

 

Les mauvaises récoltes ont toujours existé. 2012 ne déroge pas à la règle avec son été pourri qui humidifie les champs de blé en Beauce et en Brie, les greniers de la France. Ces excès pluviométriques n’aideront même pas les producteurs de maïs et éleveurs du sud-ouest car les nappes phréatiques sont vides et les restrictions d’eau fortes. La révolution de 1789 partit comme ça. Mais un paysan sait vivre avec son temps et la météo, qu’il scrute avec inquiétude.

 

Un paysan prend soin du paysage. C’est son rôle social et il ne faut pas aller chercher plus loin la raison des aides généreuses du FEOGA arrachées par la France en 1965. La France a une identité rurale et ne peut se passer de ses campagnes. Elle ne peut donc laisser mourir ses paysans comme elle laisse mourir ses ouvriers, même s’ils ne représentent plus que 0,5% de la population et que leur identité folklorique existe plus dans la tête des gens que sur le terrain. Le farmer américain s’est depuis longtemps imposé comme le modèle dominant et la concurrence s’est ouverte. Le commerce de proximité des produits de la ferme n’est plus qu’un passéisme.

 

C’est bien parce que l’agriculture est devenue une question de marché que les revenus sont si bas. Le cours du blé à Chicago plafonne à un niveau plancher entre deux coups de folie à cause de la spéculation des traders et de la surproduction céréalière. Le revenu du cultivateur français dépend donc du soleil, de la pluie et des incendies dans la Taïga. Mais ça ne suffit pas. Avec un revenu de 30000 euros par an, l’agriculteur français est le travailleur qui peine le plus et qui aurait le plus à se plaindre. Il ne le fait pas, étant seul à garder la discipline dans ce pays.

 

Mais il commence à craquer. Il prend la rue pour déverser du fumier et du lait et refuse d’aider Doux à survivre. Tel un syndicaliste de troisième division, il mord la main du patron qui l’a nourri en oubliant qu’il l’est lui-même et n’est pas salarié. Mais la kolkhoïsation de la profession sous l’effet des coopératives et des aides européennes a fait d’un koulak libre et entreprenant qui ne dépendait que de lui-même un administré subventionné et fonctionnarisé qui fait de la paperasse pour justifier la paie et surveille le cours des matières premières.

 

C’est normal qu’il reçoive des aides vus ses revenus mais c’est mal vu de la population. On lui reproche ses avantages fiscaux, ses terres et son matériel qui le rendraient riche comme Crésus. On oublie qu’il paie ses semences et ses engrais aux monopoles agro-alimentaires. On lui reproche la crise de la vache folle, origine du désamour pour la profession. On oublie qu’il est soumis à des normes de traçabilité qu’il est seul à suivre au contraire de la concurrence mondiale. On lui reproche de polluer avec les produits phytosanitaires et d’alourdir la facture carbone avec les pets de vaches. Ce n’est rien y connaitre que de tenir ce discours moyenâgeux.

 

Les engrais et la mécanisation ont permis dans les années 1950 un immense bond de la productivité qui a aidé la France à assurer son autosuffisance alimentaire. Avec l’abondance, on en oublie presque que le rôle d’un agriculteur est de nourrir les hommes. La FNSEA tombe depuis le début dans l’excès productiviste du rendement à tout prix. La confédération paysanne prône une agriculture déconnectée des réalités digne de l’âge de pierre. Les coopératives comme Monsanto imposent des solutions non viables comme les OGM qui prennent en otage les agriculteurs. Les gouvernements ont de mauvaises idées comme les biocarburants.

 

Et la réforme de la PAC arrive en 2013 et fait peur à tout le monde. Le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll annonce que les négociations seront difficiles, surtout si on se souvient des difficultés qu’avait Bruno Le Maire à obtenir des rallonges pour les producteurs fruitiers. Or avant de conserver les aides, il faudrait consacrer cet argent à faire marcher les marchés au lieu de rationner la surproduction avec la jachère comme en 1992. Il faudrait donner à l’agriculteur un rôle social de lien entre urbain et rural au service du développement durable pour éviter que le centre ne se passe de la périphérie. Et puisque la terre ne ment pas…

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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 23:20

« A certains tarifs, on finit toujours par se laisser acheter »

 

Jean YANNE (1933-2003) – Acteur français et qui fait toujours son cinéma

 

 

Il a souvent été question de prix ces jours derniers. Du prix du gaz, qui suivra l’inflation contre la politique du gouvernement Fillon. Ce n’est pas le moment d’ouvrir le robinet. Du prix du tabac, que le gouvernement Ayrault veut encore augmenter. Il n’arrêtera donc jamais. La vie n’a pas de prix, mais elle a un coût. Et elle est chère. Or l’inflation, bien qu’antisociale, serait une solution à la crise. Mais l’Allemagne n’en veut pas, et ce n’est pas le moindre des obstacles.

 

Il faut des prix bas, la croissance en plus. En 2007, Nicolas Sarkozy avait flatté le panier de la ménagère qui peine à finir ses fins de mois en promettant d’être « le président du pouvoir d’achat ». Ce fut le contraire bien avant la crise mais ce n’est pas en passant à Leclerc avec les solutions de Christine Lagarde qu’il allait y arriver. Au moins François Hollande a l’honnêteté de ne rien promettre et même d’assumer la hausse des prix. Un homme d’Etat est peut être né.

 

L’achat est au pouvoir dans nos sociétés modernes et le pain et les jeux laissent place au pouvoir d’achat et aux matchs de foot. Cette société de consommation couplée à la civilisation des loisirs est sans honte. Elle ne manque de rien, se plaint de tout et consomme pour quatre avec ostentation, snobant les produits de première nécessité. « Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, c’est qu’on a raté sa vie », dirait Jacques Séguéla. Et la Somalie crie famine et on n’entend pas.

 

C’est ce que les sociologues appellent avec pédantisme l’effet Tocqueville : une société est de plus en plus exigeante à mesure que son niveau de vie progresse car on s’habitue à tout. Elle a la mélancolie d’avoir tant de choses à portée de main et si peu à conquérir. Cela fait longtemps qu’on ne cherche plus à satisfaire nos besoins primaires de se nourrir ou se vêtir. Or il reste toujours un mal de reconnaissance ou un mal d’affection pour celui qui croit tout avoir.

 

La gauche ne le comprend pas. Elle croit avoir le monopole du cœur et ose parler avec mais elle use d’arguments monétaires pour promettre la société idéale. La retraite à taux plein, la prestation sociale à la famille, l’exemption de cotisation : il y a les droits mais jamais les devoirs qui vont avec. A côté elle prône un mode de vie bobo à acheter du bio hors du prix et des places de concert. Salauds de pauvres ! Ils leur gâchent le plaisir de jouir d’eux-mêmes.

 

Les français croient qu’ils s’appauvrissent et que leur salaire perd en potentiel à la caisse. C’est pourquoi l’indice des prix est si critiqué pour ne pas refléter le vécu réel or on sait que des biens qui pèsent lourd dans le budget d’un ménage comme le carburant ou le logement sont incompressibles. On veut augmenter le Smic et le Livret A mais ce sont des calculs d’épiciers. Il est facile de parler à l’estomac et au porte-monnaie et non à l’intelligence et au cœur du citoyen.

 

Il ne faut néanmoins pas se voiler la face sur le problème des prix. Il n’est pas normal que les prix alimentaires soient si hauts alors que le marché agricole est si bas. La concurrence n’est pas respectée. Les monopoles font monter les prix et rendent inutiles les augmentations de salaires qui plombent la compétitivité de l’économie française. La grande distribution a bien enterré le rapport Attali à l’image des taxis, un cas d’école de réforme nécessaire mais avortée.

 

La droite aurait la solution mais on ne l’écoute pas. Elle est si illégitime quand il faut parler du peuple qu’elle a honte d’en parler. Elle veut réduire les prix en baissant les charges sociales et en dérèglementant les activités protégées. Elle veut augmenter les revenus non pas par les salaires mais par la participation - tradition gaullienne qui favorise la culture d’entreprise et allie l’économie à la finance - et la transmission du patrimoine en baissant l’impôt foncier.

 

Au lieu de cela, la gauche va abolir la défiscalisation des heures supplémentaires et faire payer les petits et les moyens. Elle poursuivra son culte du temps libre et des loisirs au lieu de donner le pouvoir au travail sur l’achat. Or on ne consomme que si on produit. Alfred Sauvy disait qu’une économie qui ne vise qu’à partager les richesses et le travail au lieu de les créer est une économie du diable. Décidément, le pouvoir d’achat ne devrait pas être un de ses objectifs.

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