LES MÉSAVENTURES DE MONSIEUR BISMUTH

« Je vais dormir tranquille, parce que je sais maintenant

que mon pire ennemi veille sur moi »

Clint EASTWOOD (1930) – Acteur américain et espion pas discret

Cela faisait 13 mois que la justice écoutait à son insu Nicolas Sarkozy. La nouvelle fait l’effet d’un choc, dans un pays qui met plus haut que tout la sacro-sainte et fameuse présomption d’innocence, et qui comprend mal que des juges enragés aient voulu à tout prix espionner l’ancien président afin de le piéger sur l’un des multiples dossiers dans lesquels il semble impliqué. Cette atteinte à la vie privée devrait être insupportable pour les défenseurs d’une justice exemplaire. Elle semble pourtant peu choquer la gauche, qui a décidé que Nicolas Sarkozy était une cible à abattre.

Seul le barreau s’est insurgé contre ces méthodes bien peu glorieuses consistant à écouter les conversations entre un avocat et son client. Rien n’y a été trouvé, à part un contact avec un juge de la cour de cassation pour obtenir - contre promotion - des renseignements que Nicolas Sarkozy n’a jamais obtenus. On est donc en plein cas Watergate. Il faut dire que les socialistes ont l’habitude des écoutes illégales.

Le gros souci pour Nicolas Sarkozy est qu’il a essayé d’échapper à ces intrusions en ayant acquis un deuxième téléphone portable sous la fausse identité désormais célèbre de Paul Bismuth. Un acte répréhensible, qui révèle une volonté troublante d’échapper à la justice. Il faut dire qu’il a de quoi devenir parano. Son ancien gourou et collaborateur Patrick Buisson l’enregistrait lui aussi à son insu et ses cassettes sont en train d’être publiées par la presse. On risque d’en apprendre de belles.

Cette trahison est d’ailleurs plus inquiétante que les méthodes de barbouzes des juges du syndicat de la magistrature. Elle montre que Nicolas Sarkozy doit désormais se méfier de tout le monde, y compris de ceux qu’il pense être ses amis. On peut en effet conjecturer que ces révélations opportunes vont permettre à Patrick Buisson, certainement en disgrâce dans la sarkozie, de faire du chantage auprès de son chef. Assailli de tous côtés, Monsieur Bismuth aura du mal à dormir sur ses deux oreilles.