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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 08:35

« De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace »

 

Georges Jacques DANTON (1759-1794) – Révolutionnaire français et très osé

 

Il faut libérer le travail en France ! Voilà une lapalissade que tout le monde pourrait partager. Mais passé le constat, rares sont ceux à porter l’audace jusqu’à proposer des mesures concrètes pour faire de ce vœu une réalité. Le Medef l’a fait ! Ses propositions publiées dans Les Échos ont même provoqué un tollé dans la gauche politique et syndicale, qui y a vu une provocation voire un outrage. Et pourquoi pas faire travailler les enfants ? On ne peut pas discuter de flexibilité dans ce pays.

 

C’est vrai que la France se porte assez bien pour avoir à s’exonérer de ce genre de débat. Il est si facile de cracher sur le patron et ses profits, qui pourtant au vu de la baisse des marges des entreprises ne se sont jamais portés aussi mal. Mais à droite on ferait bien de méditer ces préconisations de bon sens si on veut un jour relancer la croissance et la valeur travail. Car elles sont d’une criante clairvoyance.

 

La proposition qui a fait le plus de bruit est celle de supprimer deux jours fériés. Or elle est bien anecdotique : elle favorisera avant tout les rentrées fiscales de l’État. Rappelons quand même que les patrons paient leurs salariés, même les jours fériés. Et même le dimanche, que le gouvernement veut faire travailler ce qui hérisse les syndicats. Ou quand les anars défendent les fêtes religieuses plus que les curés.

 

Plus piquante, l’idée de déroger aux 35 heures. Valls, Fillon, Macron : ils sont tous d’accord. Cet acquis social nuit à la compétitivité de l’économie française. Pourquoi ne pas permettre aux gens de travailler plus, ou à défaut aux entreprises en période de crise de moduler leur temps de travail en fonction du carnet de commande ? Parce que. Manuel Valls a dit non car réformer ce n’est pas faire ce que dit le Medef.

 

Le plus déroutant, c’est le sous-SMIC. Proposition maintes fois assassinée dans la rue comme avec le CIP et le CPE. Proposition sacrilège même aux yeux de certains responsables de droite alors que l’Allemagne s’apprête à lancer son propre salaire minimum. Cette mesure va nuire à sa compétitivité. Il vaudrait mieux se demander pourquoi. Un salaire plancher nuit toujours à l’embauche. Or pour un jeune, vaut-il mieux gagner 500 € en indemnités chômage ou 800 € en ayant un travail ?

 

Libérer le travail en France

 

Plus que de relancer l’emploi, ces idées audacieuses ont surtout le mérite d’exhorter à la libération du travail en France. Plus que de relancer une conjoncture incertaine qui dépend autant du chômage que de la productivité ou de la demande, ces idées ont la vertu de préparer la croissance de demain et de nous rappeler qu’on ne peut acheter que ce qu’on produit. Qu’on ne peut gagner plus que si on travaille plus.

 

Libérer le travail, c’est baisser les charges patronales. L’œuvre est déjà engagée avec le pacte de responsabilité, mais elle ne doit pas faire oublier la faiblesse chronique du commerce extérieur en termes de compétitivité hors prix. Libérer le travail, c’est simplifier le code du travail. À force d’être trop protégés, les travailleurs ont fini par être des privilégiés face à des chômeurs qui ne peuvent plus briser le plafond de verre de l’emploi. C’est la vraie fracture de la société française. Le CDI est devenu la norme et le licenciement l’exception. Il faudrait le faciliter, au moins pour les PME.

 

Toutes ces propositions sont de bonnes idées. Dommage qu’elles soient portées par un si mauvais ambassadeur. Pierre Gattaz fait l’unanimité contre lui. Détesté à gauche et dénigré à droite pour ses attitudes de lèche-cul et ses « Je t’aime moi non plus » incessants avec les socialistes. Il est coresponsable avec les syndicats de la paralysie du dialogue social. Surtout, il symbolise parfaitement cette sociologie du patron français plus rentier qu’entrepreneur qui préfère distribuer des dividendes à ses actionnaires plutôt que de prendre le risque d’investir. Mais il a des idées.

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commentaires

H
Oui il faudrait enfin oser !
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