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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 23:03

« Le bilan des pays socialistes est globalement positif »

 

Georges MARCHAIS (1920-1997) – Ancien secrétaire général du PCF et optimiste en général

  

 

La fin d’année approche et avec elle l’heure des bilans. En 2012, la droite a délaissé le pouvoir à la gauche et il n’est pas sûr que le pays s’en porte mieux. Le nouveau gouvernement applique les mêmes politiques que le précédent mais sans l’avouer, moins vite et avec plus de couacs. Si c’était possible encore. On se souvient du mauvais mot de Georges Marchais qui jugeait le bilan du parti communiste de l’Union soviétique « globalement positif ». Ici, on se risquera à considérer les bilans de fin d’année de l’UMP et du PS comme globalement négatifs.

 

On voudrait bien pouvoir défendre le bilan des cinq ans du président Nicolas Sarkozy, or c’est typiquement impossible. Même s’il n’est pas catastrophique comme le jugent un peu rapidement les embusqués qui à présent se dévergondent, il n’est ni brillant ni reluisant. La gauche lui lance à la figure comme un crachat les 600 milliards d’euros de dette supplémentaire dus à la crise et à sa folie des grandeurs, mais le pire est ailleurs. Il est dans l’incapacité qu’a eue le sarkozysme à changer la France par des réformes de fond au lieu de tout miser sur la forme. La droite n’a ni bravé l’opinion ni risqué l’impopularité, gouvernant le nez rivé sur les sondages.

 

N’étaient l’autonomie des universités et la retraite à 62 ans, elle n’aura rien fait. Sachant comment la rue a mollement réagi, elle aurait pu et aurait dû oser davantage. Comme sur les 35 heures, dont elle réclame aujourd’hui la suppression sans jamais l’avoir fait elle-même. C’est là où elle n’a pas été assez ambitieuse et audacieuse et où elle a lâché et perdu ses électeurs. Elle critique le gouvernement actuel pour les défauts qui l’ont caractérisée. Elle rigole des couacs qu’elle faisait il y a juste un an. Gouvernement Ayrault et gouvernement Fillon, même combat.

 

C’est ce qui rend si mal à l’aise l’opposition à l’heure où elle dit entrer en résistance : il lui est difficile d’attaquer le bilan de la majorité alors que le sien quand elle y était ne saurait la défendre. La droite a eu dix ans pour tout tenter et elle a raté le peu qu’elle a finalement osé entreprendre. Si elle n’est pas la plus conne du monde, elle est sûrement la moins courageuse. Pour gagner en 2017 et être présentable en 2022, il faudra lutter contre ce mal incurable de la démagogie pour enfin s’exercer aux vertus saines de la pédagogie. Une révolution culturelle.

 

On ne veut pas défendre le bilan des sept mois du président François Hollande, or on ne peut pas. On va de déception en déception avec ce gouvernement et même les ardeurs de ses plus fervents défenseurs s’éteignent. Cette désillusion vis-à-vis du changement socialiste tant annoncé et si programmé, c’est celle du fan fanatique qui découvre soudain les défauts de son idole et qui ne le juge plus avec le même regard bienveillant. La gauche a déçu parce qu’elle n’a pas agi, voulu et tranché. Elle s’est contentée de se faire élire sur l’antisarkozysme primaire.

 

Le gouvernement peine à se sauver des « oh » tant il ressemble à un Couac 40 et à une équipe volante de 40 pitres prêts à se saborder collectivement pour avoir leur quart d’heure de gloire personnel. Le président n’est pas un homme qu’on peut détester ou mépriser, mais il n’est juste pas à la hauteur pour garder tout le monde en rang et en ordre de marche. Sa seule méthode de gouvernement, c’est la méthode Coué. Il joue le président responsable qui indique un cap, or il ne montre aucune direction et ne prend aucune décision. Il a l’air moins inquiet que les français, mais c’est un sous-René Coty et une éponge qui absorbe tout. Il essore. Il avait de bonnes cartes en main, mais il les a jouées toutes à l’envers et on voit bien clair dans son jeu.

 

Ayant agi trop peu ou trop tard, le résident de la république est déjà plus impopulaire que son prédécesseur dont il a cru démonter l’héritage. Lui s’en lave les mains, mais les français s’en mordent les doigts et voudraient mettre les leurs à couper pour avoir introduit un bulletin socialiste dans les urnes en mai. On ne refera pas l’histoire, surtout quand on sait ce dont est capable la droite dans la politique du pire. On regrettera une fois encore qu’un gouvernement n’ait pas eu envie de changer les choses seulement pour plaire aux beaux yeux des français.

 

On craint de devenir impopulaire en agissant et on croit rester populaire en n’agissant pas. C’est exactement le contraire qu’il faut faire. En agissant pour ce qu’ils croient, la droite et la gauche auraient peut-être subi le courroux du peuple mais ils auraient fini avec un bon bilan si leurs projets étaient si excellents. Au lieu de cela, on bémolise pour atténuer l’ampleur des réformes et on bécarrise pour enterrer celles qui n’auront pas lieu. Quitte à perdre, autant que ce soit pour de bonnes raisons. Il faut assumer ses choix et défendre ses actes. Le président ne doit plus être le gardien des institutions et ce veilleur de nuit qui ne décide de rien pour ne pas cliver. Il doit préférer le plus au moins.

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