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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 18:39

« Gouverne le mieux qui gouverne le moins »

 

LAO-TSEU (VIème-Vème siècles avant JC) – Sage chinois et gouvernant de passage

 

 

Peu de gens s’en souviennent, mais l’idée principale du premier discours de campagne de Nicolas Sarkozy il y a cinq ans - c’était le 14 janvier 2007 à la Porte de Versailles - était celle du « J’ai changé ». Il voulait ainsi prendre à contre-pied les attaques socialistes qui dénonçaient en lui un ministre de l’intérieur clivant et brutal (sa promesse de « nettoyer les banlieues au Karcher »), bien qu’à l’époque cette spontanéité séduisait les français, avides de mouvement.

 

Et sa riposte fonctionnât, faisant accepter l’idée qu’il était suffisamment apaisé pour assumer l’exercice du pouvoir. Mais à l’époque, il affichait surtout sa détermination à changer les choses, critiquant même en Jacques Chirac un roi fainéant. Comme il disait, « la raison d’être du pouvoir est d’agir, pas de durer ». Sa volonté aujourd’hui d’être un président qui gouverne jusqu’au bout montre qu’il n’a pas abandonné cette idée malgré le passage du temps.

 

Il est dès lors étonnant de faire le contraste avec ce qui a réellement été fait. Dans un tract militant, l’UMP recensait récemment les dix apports principaux du quinquennat Sarkozy, et il vrai que ce sera un enjeu fondamental pour le président sortant que de savoir les valoriser. Or ce qui en ressort, c’est le peu d’apports substantiels qu’aura apportés sa présidence à la France, confirmant la sensation qu’il est difficile de retenir de lui une réforme-phare.

 

Nicolas Sarkozy a déçu les attentes placées en lui car ses résultats sont trop faibles et ses réalisations concrètes trop peu nombreuses. Il a beau autoproclamer son courage, son discours ne saurait cacher la déception de français qui attendaient beaucoup, trop sûrement.

 

Car du courage il semble en avoir manqué lorsqu’au moment où il fallait envoyer aux agences de notation des signes forts de sérieux budgétaire pour sauver le Triple A, il ne s’est contenté que de deux plans de rigueur échantillonnaires qui ont surtout consisté à racler jusque dans les taxes sur le soda et à faire le bonheur des cabinets de fiscalistes. Oui, aussi à faire inutilement peur au pays et à réveiller tous les corporatismes en même temps.

 

Son intervention de dimanche sur le relèvement de la TVA montre les inconvénients de cette gestion frileuse à coup de mesures techniques - trop techniques pour le téléspectateur moyen - dans le seul but d’éviter d’avoir à faire les vrais choix. Il aurait notamment fallu réduire les dépenses sociales, dans un pays dont on dit qu’il vit au-dessus de ses moyens. De même, il aurait fallu relever les impôts des classes aisées, mais c’eut été se contredire soi-même.

 

Plus que le rejet de l’homme et l’anti-sarkozysme primaire, c’est le rejet de sa manière de gouverner qui risque de lui coûter cher en avril et en mai. Ses résultats ne sont pas bons certainement car sa méthode de gouvernement elle-même ne l’est pas. Notamment son goût immodéré pour les commissions, genre administratif dont lui-même s’est longtemps plu à dénoncer la lenteur. «  Pour tuer une réforme, créez une commission », disait De Gaulle.

 

C’est également enfin dans sa manière de réagir aux faits divers et de vouloir s’occuper de tout qu’il a démontré son incapacité à tenir le gouvernail. A cause de son souci de trop en faire, il n’en aura finalement pas fait assez. Hyperactif pour changer les choses, c’est finalement l’expérience du pouvoir qui l’a changé et lui a appris les vertus de la sagesse. Il n’y avait qu’à entendre ce dimanche sa voix calme, presque fatiguée, sans aspérité. Inaudible.

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