LA PAROLE EST A LA DEFENSE

21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 23:10

« La défense la plus sûre contre la tentation, c’est la lâcheté »

Mark TWAIN (1835-1910) – Ecrivain américain et lâcheur hollandais

François Hollande est bien rentré à bord du SarkoOne du Sommet de l’OTAN qui se tenait à Chicago sur les terres de Barack Obama. Il a vu que l’alliance est encore au sommet même si elle a réduit la voilure depuis celui de Strasbourg en 2009 où Nicolas Sarkozy avait cherché désespérément à prendre de la hauteur. Le départ d’Afghanistan s’approche bien que personne ne le reconnaisse. La France va juste prendre de l’avance en partant dès la fin 2012.

Et laisser ses alliés finir seuls le job. Un « retrait ordonné des troupes » de ce bourbier masquera difficilement l’échec de la mission. Elle devait gagner les cœurs et les esprits et n’a gagné ni les uns ni les autres. L’Afghanisation, transfert progressif du pouvoir à la démocratie, a échoué et l’Afghanistan est un nouveau Viet Nam dont a hérité sans le vouloir vraiment la génération actuelle de dirigeants de la précédente. On comprend pourquoi elle veut en sortir.

Car il ne fait plus bon attaquer à l’extérieur. Le retrait d’Iraq des américains en 2011 ou le départ en catastrophe d’Afghanistan (déjà) des soviétiques en 1989 montrent qu’on n’envahit plus un pays comme ça. Ni froide ni chaude, l’Afghanistan fut une guerre tiède où les militaires se sont fait canarder par les civils à l’inverse de tout ce qui se fit au XXème siècle. La pacification militaire a ses limites et l’opinion publique française a vite voulu cesser le combat à force de compter un à un les morts qui revenaient de la Kapisa, là où on les comptait par milliers au Chemin des Dames en 1917. On en oublierait presque que la guerre ça tue, même en 2012.

Cet échec est un signe du déclin de l’empire américain. Les Etats-Unis ne sont plus l’hyperpuissance hégémonique qui jouait aux gendarmes et s’inventait des voleurs, les Etats-voyous du Moyen-Orient. C’est le sens de l’histoire, qui oscille toujours entre unilatéralisme et multilatéralisme. Au XIXème siècle, il y avait le concert européen et la sainte-alliance qui intervenaient partout pour rétablir l’ordre. Au XXème siècle, il y avait le solo américain et l’alliance atlantique qui protégeaient le monde de l’Empire du Mal soviétique.

Au XXIème siècle, il y aura le concert mondial et le G20 qui discuteront beaucoup et agiront parfois, dans le dos de l’ONU. On n’en est pas encore là. La Chine n’a pas encore une puissance militaire digne de son économie et l’Europe est désespérément un nain politique. Elle s’est montrée aussi incompétente à Kaboul qu’à Sarajevo lorsqu’elle avait laissé l’OTAN gérer à sa place le charnier de l’ex-Yougoslavie. Elle n’a pas d’armée à part l’Eurocorps, qui ne fait pas péter le record. Les allemands ne veulent plus faire la guerre, c’est un comble.

Donc la parole est à la défense. Au bouclier antimissile, censé protéger l’Europe à peu de frais contre les balles perdues et tenir en joue la Russie qui la mène par le bout du nez avec son gaz. Aux messages de fermeté de la communauté internationale contre l’Iran, qui comme la Corée du Nord veut sa bombe atomique pour faire la peau à Israël. Aux messages de paix à l’égard du régime syrien, qui ne les entend pas à cause du bruit des bombes.

François Hollande n’a pas parlé - pour ne pas fâcher - d’un deuxième retrait du commandement intégré de l’OTAN après celui de 1966, que Sarko l’américain s’était dépêché de gommer en 2009. La France avait alors perdu en indépendance sans gagner en sécurité et sans négocier rien de sérieux. Mais elle a d’autres chats à fouetter. Le terrorisme, qui relègue la dissuasion nucléaire au rang de passoire qui arrête les Etats et laisse passer les individus.

L’Afrique, où elle n’est pas la seule à foutre le camp puisque l’indiscipline des dirigeants cohabite avec la terreur que sèment les terroristes d’Aqmi. La Méditerranée, redevenue un lieu dangereux avec les révolutions arabes même si l’intervention en Libye aura pacifié la zone et aidé à bien orthographier le mot. Le budget de la défense, en chute avec la professionnalisation des armées et bientôt un porte-avions commun avec les anglais. Quel coup de Trafalgar !

Le monde est de plus en plus incertain et la menace de plus en plus invisible. C’est pour cela qu’il faut se défendre et prévenir plutôt que d’attaquer et envahir. La géopolitique, ce n’est plus un jeu de Risk. C’est le moindre risque, où il faut connaitre les priorités de son pays et de ses voisins, en bon homme d’Etat. Et apparemment l’Afghanistan, c’était trop dangereux.

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