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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 09:20

« La 5e c'est foutu »

 

    Lino VENTURA (1919-1987) – Acteur français et fin politique

 

Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, or Jean-Luc Mélenchon ne l’est pas autant qu’on le dit. L’été lui ayant porté conseil, il a décidé de prendre ses distances avec la politique partisane et le Front de gauche. Un retrait qu’on imagine provisoire et qu’il a tenté d’accoutrer sous les traits d’un choix personnel. Or c’est avant tout un choix politique. Comme François Mitterrand avant lui dans « Le coup d’État permanent », Jean-Luc Mélenchon a décidé d’émigrer du terrain de la politique vers le terrain des institutions pour tirer à boulets rouges… sur la Ve République.

 

Bien qu’aucun constitutionnaliste n’ait vraiment compris le projet de 6e république qu’il avance. Un régime dont la vocation serait de donner la parole au peuple par la démocratie participative et le mandat impératif des élus. Des idées tout droit tirées du projet de constitution de 1793 de Robespierre, l’homme de la Terreur et du déni de la liberté d’expression. Les questions institutionnelles n’ont jamais intéressé les français. Encore moins aujourd’hui, où les questions économiques lui prennent le pas. Alors que diable est allé faire Jean-Luc Mélenchon dans cette galère ?

 

C’est qu’il aime trop le coup d’éclat permanent pour passer inaperçu. Il aime faire du bruit et faire diversion, surtout pour diluer les tensions entre le Front de gauche et le PCF. D’un côté les frontistes vilipendent le gouvernement alors que de l’autre les communistes épargnent les socialistes. Car le PCF a besoin du PS pour sauver ses mandats locaux et ses postes d’adjoint au maire. Ils sont donc partis ensemble aux élections municipales, pendant que le Front de gauche faisait cavalier seul.

 

Ah la gauche plurielle ! Jean-Luc Mélenchon n’aime pas se coucher, et surtout pas devant François Hollande. D’où sa mésentente actuelle avec Pierre Laurent, qui est aussi mauvais orateur que lui est bon vivant. L’un croit que le communisme est encore une valeur d’avenir, tandis que l’autre a compris qu’il fallait changer de logiciel pour regagner des électeurs. Il a donc copié sur le Front national.

 

Une extrême gauche enfin modérée ?

 

La greffe n’a pas pris. Jean-Luc Mélenchon a voulu tout changer pour ne rien changer car il a compris que le FN était en train de définitivement le larguer sur le segment d’électorat populaire oublié par la mondialisation. La stratégie inverse du FN de triangulation et de braconnage à gauche est en train de lui retirer tout son fonds de commerce. Et il sait que son programme économique n’est pas crédible. Alors il se tourne vers les institutions ! Après les kolkhozes, les comités de quartier !

 

L’extrême gauche doit plus que jamais se poser la question de sa doctrine et de ses combats. Comment peut-on défendre l’intérêt des ouvriers alors qu’on soutient sans nuance l’immigration à tout-va qui est devenue leur premier souci ? Comment peut-on protéger les chômeurs alors qu’on défend des acquis sociaux qui n’ont pour seul but que de surprotéger les travailleurs ? Comment peut-on espérer une hausse des salaires sans croissance alors qu’on défend une écologie qui méprise l’économie ?

 

Toutes ces questions devraient amener l’extrême gauche à se modérer, et à peser un peu moins dans les débats souvent archaïques de son cousin socialiste. Il reste bien une question en suspens, celle d’une éventuelle candidature unique en 2017. Doux rêve que de se rassembler derrière un seul leader quand on n’a aussi peu la culture du chef. Deux hommes seraient pourtant crédibles dans ce rôle : Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon. C’est pourquoi le second a copié le premier en se retirant provisoirement du trafic pour mieux revenir. Il ne voulait pas finir tel un hiérarque communiste, façon Georges Marchais, Robert Hue ou Pierre Laurent.

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