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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 03:31

« Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite »

 

Joseph de MAISTRE (1753-1821) – Philosophe français et bien fait pour lui

 

 

Les gouvernements se suivent et se ressemblent. Ils ont trop de ministres et pas assez de grands ministères. On est loin du temps de la monarchie où le roi était conseillé par une demi-douzaine de superintendants compétents mais manipulateurs. Il faudrait y revenir et se limiter à douze ministres. Voici la litanie de ministères patraques que cela donnerait avec les nouveaux.

 

Commençons par les affaires étrangères, Etat dans l’Etat occupé jadis par Talleyrand, Chateaubriand, Tocqueville ou Lamartine. Aussi Aristide Briand, Robert Schuman ou Maurice Couve de Murville et plus récemment Roland Dumas, Hubert Védrine, Dominique de Villepin ou Alain Juppé. Laurent Fabius a donc des précédents et il devra faire la paix avec l’Europe, or il n’y a pas de ministère des affaires européennes qui embête tant le Quai d’Orsay d’habitude.

 

Il y a ensuite le ministère de la défense et de la défonce, offert au président de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian. L’ex ministère de la guerre fut occupé par Richelieu ou Louvois et par une armée de militaires de Boulanger à Pétain avant que la grande muette ne se taise. Aussi par des noms célèbres pour de mauvaises raisons : André Maginot pour sa ligne, Charles Hernu pour le Rainbow Warrior et François Léotard pour Karachi. Or il est dévalué par le domaine réservé du président qui fait du ministre une potiche, tels MAM ou Hervé Morin.

 

Toujours dans le régal des ministères régaliens, la justice, prérogative ancienne du garde des sceaux qui a survécu à la séparation des pouvoirs, revient à Christiane Taubira. Personne n’est parfait, elle encore moins. Alibi de la diversité et des radicaux de gauche, elle aura fort à faire pour égaler ses prestigieux prédécesseurs, nobles autrefois comme Cambacérès et juristes aujourd’hui comme Robert Badinter ou Elizabeth Guigou. Une Rachida Dati de gauche ?

 

Passons à l’intérieur, ce ministère de la police où ont sévi tant de premiers flics de France : Fouché, Clemenceau, Laval, Marcellin, Poniatowski, Defferre, Joxe, Pasqua, Sarkozy. Et les trois maudits Hortefeux, Besson et Guéant. Ministère populaire car proche des médias, la place Beauvau est géographiquement proche de l’Elysée et donc un tremplin idéal. Manuel Valls le sait, lui qui en héritant de la place promet de stopper la course au chiffre. Mais il devra se trainer Marylise Lebranchu, chargée de la réforme de l’Etat et de la décentralisation.

 

Au tour du sinistre de l’économie et des finances. Pierre Moscovici remplace François Baroin et bien d’autres surintendants : Fouquet, Colbert, Law, Necker, Poincaré, Faure, PMF, VGE, Delors, Balladur, DSK, Lagarde. Il aura encore dans les pattes un ministre du budget avec Jérôme Cahuzac, qui succède à des vedettes qui ont tout commencé là : Laurent Fabius, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Eric Woerth. Mais il est de tradition de diviser ce ministère pour mieux régner car lui seul donne son accord aux dépenses des autres.

 

Il faudra aussi un bon ministre du travail et Michel Sapin a le profil. Il succède à René Viviani, Paul Ramadier, Philippe Séguin, Martine Aubry, Jean-Louis Borloo et bien sûr Xavier Bertrand. L’économie c’est important, dommage que l’on ne lui ait pas adjoint les transports, le tourisme, le redressement productif - ministère de l’industrie et commissariat général du plan confié à Arnaud Montebourg - ou l’économie sociale et solidaire donnée à Benoit Hamon.

 

La priorité est au logement et ce maroquin échoit à Cécile Duflot. Elle remplace Benoist Apparu qui n’a fait qu’apparaitre. Ce poste tenu auparavant par Marie-Noëlle Lienemann et souvent mélangé à l’économie ou au social le sera avec l’aménagement du territoire, fonction importante à laquelle Olivier Guichard a donné ses lettres de noblesses dans les années 1970.

 

Dans la même veine, le ministère des affaires sociales et de la santé est dévolu à Marisol Touraine, spécialiste de la matière, qui voudra égaler Simone Veil ou Claude Evin. La santé est remise en valeur après avoir été mélangée au sport. Ce ministère qui prend du galon avec la tendance à la compassion en politique revient souvent à une femme, mais il est dynamité entre plusieurs guichets tel un service public : les handicapés, les personnes âgées, les femmes…

 

L’éducation nationale revient au prof Vincent Peillon, sans l’enseignement supérieur qui sera géré par Geneviève Fioraso. Ex ministère de l’instruction publique, il fut occupé par des grands comme François Guizot ou Jules Ferry. Mais son ministre est impopulaire tels tous ceux qui ont affronté la rue ces dernières années : Savary, Allègre (et le mammouth), Ferry (Luc, pas Jules), Fillon (« si tu savais ta réforme où on te la mets »). Ce même François Fillon qui pour la petite histoire disait que « des années Chirac, on ne retiendrait que ses réformes ». Mais il faudra imiter Lionel Jospin, François Bayrou et Luc Chatel, qui justement n’en ont pas trop fait.

 

Le ministère de la culture revient à Aurélie Filippetti, qui succède à Frédéric Mitterrand et à de vrais grands ministres des Beaux-Arts comme André Malraux ou Jack Lang. Il aurait pu comporter les sports tant ces deux matières nourrissent le rayonnement du pays et peuvent être exercés par d’anciens pratiquants (Bambuck, Drut, Lamour, Jouanno, Douillet). Ils sont tenus par Valérie Fourneyron, une politique comme Marie-Georges Buffet et le grand Léo Lagrange.

 

Après la culture, l’agriculture tombe sur Stéphane Le Foll, qui devra gérer la réforme de la PAC en 2013. Il succède à Bruno Le Maire et Michel Barnier, à qui les agriculteurs ne reprochent rien sinon de ne pas avoir arrangé la situation. Or le ministère de Sully est déprécié par l’histoire mais ne demeure que grâce au lobbying de la profession. Le ministre n’a alors plus qu’à feindre d’avoir les pieds dans la glaise, comme Jacques Chirac en d’autres temps.

 

Son rival le ministère de l’écologie n’est pas revenu à un écologiste comme par le passé à Brice Lalonde, Corinne Lepage ou Dominique Voynet, mais à l’inconnue au bataillon Nicole Bricq. Occupé pour la première fois en 1971 par Robert Poujade, il a depuis servi à Roselyne Bachelot (et ses boulettes) ou Alain Juppé (un mois). Les non-pratiquants Jean-Louis Borloo et NKM l’ont bien servi ce qui prouve qu’il suffit d’être croyant pour rendre un ministère légitime.

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