« J’ai envie et je n’ai pas le choix »
Nicolas SARKOZY (1955) – Ancien président et futur président
On ne revient qu’une fois. Alors autant ne pas se rater. Nicolas Sarkozy a annoncé ce week-end son retour dans la vie politique. Presque un non-événement tant il a été réchauffé à l’avance. On l’attendait avide de revanche. On l’a vu plein de gravité, prêt à sauver ce pays qu’il aime tant. Comme il dit, il revient et il n’a pas le choix.
On a toujours le choix. Cette mystification rappelle cependant un mythe bien connu du bonapartisme, le retour du sauveur. En 1814, Napoléon Bonaparte revenait de l’Île d’Elbe pour les 100 jours. En 1851, Louis-Napoléon Bonaparte ressuscitait le souvenir de l’oncle et du 18 Brumaire. En 1958, le Général de Gaulle sortait de sa retraite suite à l’insurrection en Algérie qu’il avait lui-même provoquée pour rétablir les institutions de la France. C’était l’opération Résurrection. Un coup d’État.
Un coup d’État par Facebook
C’est comme cela qu’est revenu Nicolas Sarkozy ce week-end. Un coup d’État par Facebook. Avec pour seul argument sa seule personne, et l’idée qu’il va provoquer le sursaut dont notre pays a tant besoin et qu’il a si souvent réussi à trouver par le passé dans d’autres situations difficiles. Mais le plus dur ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. D’autres ont échoué avant lui, tel le Maréchal Pétain qui fut le héros de Verdun en 1917 et le violeur de la France en 1940. Alors De Gaulle ou Pétain ?
Ni l’un ni l’autre. On assiste à un retour vers le futur. Nicolas Sarkozy ne pourra pas compter que sur le rejet de François Hollande. Il devra faire son autocritique et se livrer à un devoir d’inventaire s’il veut un jour faire un peu plus et un peu mieux que lors de son premier mandat. On attend qu’il rebâtisse l’opposition et apporte de nouvelles idées. Il y a les convaincus tels Laurent Wauquiez, à qui « son nouveau projet donne vraiment envie » (sic). Et les attentistes tels Thierry Mariani, qui « attend de voir ce qu’il va proposer à l’UMP pour faire son choix ». Car on n’a rien vu.
On attendait son interview sur France 2 pour se faire une idée. Il l’a jouée modeste, assumant la responsabilité de sa défaite et reconnaissant des erreurs comme le fait d’avoir parfois voulu tout faire tout seul. Son mandat a été son meilleur vaccin. Il a annoncé la mort de l’UMP, avec la création d’un grand rassemblement hors clivages et sans idéologie qui unira comme les mouvements gaullistes de la grande époque tous les hommes de bonne volonté de droite et de gauche. L’union sacrée, en sorte.
On attendait qu’il prenne position entre la droite forte et le centre et il a embobiné tout le monde en choisissant à la fois les deux et aucun des deux. Il a esquivé. Un homme providentiel surgit lors d’une crise parce qu’il y a un appel du peuple. Or face à la colère et au désespoir qu’il a bien perçus chez les français, Nicolas Sarkozy répond par l’appel au peuple et le référendum. Il n’a plus d’idées ni de volonté, il laisse le peuple trancher. Ceux qui attendaient du solide sont déçus. Une campagne électorale de 30 mois a commencé hier, et ce n’était pas le moment de se dévoiler.
Ce retour est finalement presque décevant. Il n’y a qu’à lire les sondages. 61 % des français sont contre sa candidature à l’UMP. 63 % sont contre sa candidature en 2017. 67 % pensent qu’il n’a pas changé. Deux français sur trois, comme on dit. S’il y a bien une idée reçue qui est tombée ce week-end, c’est qu’il n’y a ni nostalgie ni désir de Nicolas Sarkozy dans le pays. Il n’a pas un bilan tel que cela justifie un retour par acclamation. Nicolas Sarkozy vient d’apprendre à ses dépens qu’on peut être piégé par les médias et leurs lubies. Le ballon de baudruche s’est dégonflé.
Il a à présent des adversaires en face. D’abord Hervé Mariton et Bruno Le Maire, les Ducon et Durien face auxquels il devra s’abaisser à débattre et sera condamné à faire un gros score s’il ne veut pas que cela ressemble à un échec. Puis Alain Juppé et François Fillon, qui ont plus que jamais réaffirmé leur détermination à s’engager dans la primaire. Nicolas Sarkozy est surtout revenu avant que sa chance ne passe. Il n’y a pas de nostalgie de son bilan, juste un besoin urgent de leader. On a aimé son volontarisme, la sensation qu’il donnait que tout était possible. Il sera sûrement notre meilleur candidat. Mais cela ne fait pas forcément de lui le meilleur président.