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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 23:11

« Le talent a besoin de gestion »

 

André SIEGFRIED (1875-1959) – Sociologue français et gestionnaire mal géré

 

 

Il faut dénoncer l’économie sans gestion, car l’Etat ne doit pas faire n’importe quoi avec l’argent sous le seul prétexte que c’est le nôtre. Il faut aussi dénoncer la gestion sans économie, car il ne suffit pas d’être économe pour être un bon gestionnaire. Il faut aussi allouer l’argent là où il est le plus efficace. C’est ce qui sépare les disciplines de l’économie et de la comptabilité : l’une sait qu’on ne peut pas tout faire et satisfaire même quand on a assez d’argent, l’autre non.

 

L’histoire est bien connue. « C’est un type qui casse une vitre. Ce qui se voit, c’est que le coût de la réparation profitera au vitrier et fera marcher l’industrie. Ce qui ne se voit pas, c’est que l’argent dépensé pour la réparer aurait pu servir à autre chose qui serait venu en plus de la vitre. Ce qu’on en conclut, c’est que la société ne gagne rien à la destruction de ses biens ». Il faut donc en finir avec les comportements d’épicier qui gèrent les comptes à la petite semaine.

 

Les économistes se sont longtemps demandé d’où venait la valeur. Ils ont d’abord pensé qu’elle venait du travail - une valeur à part entière - mais les intellectuels gagnent plus que les manuels. Ils ont ensuite cru qu’elle venait de l’échange - avec l’offre et la demande - mais il est des choses qui n’ont pas de prix. Ils ont enfin su qu’elle venait de l’utilité - marginale d’ailleurs - car ce qui est rare est cher. On n’est pas prêt à payer le même prix pour un litre d’eau selon qu’on a soif ou qu’on vient d’en boire dix litres. C’est la dernière unité consommée qui compte.

 

Ce qui définit l’économie, c’est la notion de rareté. Les agents ont des tas de besoins et ils doivent se fixer des priorités car ils ne peuvent pas tout faire. Faire des choix, c’est avant tout renoncer à quelque chose car on affecte toujours des ressources à un usage au détriment d’un autre. On ne peut avec une somme limitée à la fois aider les sinistrés d’un ouragan et assurer le confort de marathoniens. C’est l’un ou l’autre mais pas les deux. De même pour la crise, on ne peut comme la gauche sans cesse prôner la relance car il faut toujours un acteur pour la payer.

 

La rareté n’est donc pas écologique mais bien économique. Il faut utiliser les ressources avec effectivité, efficience et efficacité. Il en est ainsi du travail, qui malgré le chômage est un bien précieux qu’il ne faut pas gaspiller mais au contraire optimiser. Au lieu de la sueur, c’est la productivité qu’il faut encourager en réduisant le coût horaire du travail tout en l’alliant avec le capital. Les bras et les machines doivent être en synergie au lieu de s’annuler l’un l’autre.

 

Encore une histoire bien connue. « L’Angleterre a 1000 livres d’or et produit avec 1000 litres de vin et 1000 kg de drap. Avec la même somme, le Portugal produit seulement 500 litres de vin et 500 kg de drap. Ils n’auraient donc pas intérêt à échanger. Pourtant, en se spécialisant avec leurs 1000 livres d’or, l’Angleterre produirait 10000 litres de vin et le Portugal 10000 kg de drap ». Le monde serait alors plus riche par le simple fait que chaque pays travaille là où il est le plus efficace et chaque pays deviendrait plus riche grâce à l’échange au lieu de produire seul.

 

C’est la théorie de l’avantage comparatif. Il ne suffit pas de produire plus en absolu mais bien de produire mieux en relatif. L’efficacité compte plus que la prolixité : il faut avant tout produire à moindre coût et regarder le coût d’opportunité de chaque investissement. Quand la France subventionne l’artisanat en perdition, c’est autant d’argent qu’elle n’optimise pas pour soutenir l’industrie d’avenir à haute valeur ajoutée où la Chine serait moins performante qu’elle.

 

Ces quelques leçons d’économie politique montreront que tout est une histoire de coûts cachés. Il est des investissements qui sont du gaspillage et des dépenses qui sont un gain. En regroupant les unités de production en un lieu, on fait des économies d’échelle qui font plus rapidement gagner par rapport aux coûts irrécupérables de départ. On fait plus de profit avec des coûts variables qu’avec des coûts fixes. L’économie, c’est donc du risque et de l’incertitude.

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commentaires

Y
Beau dyptique d'articles.
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