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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 01:46

« Le mariage est la cause principale de divorce »

 

Oscar WILDE (1854-1900) – Ecrivain britannique et statisticien stupide

 

 

C’était une idée jetée au hasard par François Hollande durant la campagne : le mariage homosexuel. Il n’a fait en cela que suivre le projet socialiste voté en avril 2011 sous la pression de Martine Aubry et des associations de défense des minorités sexuelles. Les lobbys tiennent la politique par le bout du nez. Un projet de loi devrait voir le jour en 2013 et cette réforme des mœurs sera passée en France sans débat ni discussion. Le PS avait préparé les esprits en 2000 avec son fameux Pacs, la Canada Dry du mariage. Au moins, il a de la suite dans les idées.

 

Au départ, le mariage est l’un des sept sacrements de la religion chrétienne. Il scelle l’union d’un homme et d’une femme pour générer une descendance sur terre. C’est pourquoi le pouvoir politique n’a pas hésité à le laïciser pour en faire le socle conservateur de la société. Par les pouvoirs qui lui sont conférés, le maire déclare mari et femme ses administrés pour qu’ils fondent une famille. Une société qui fait des mariages fait des bébés et assure sa survie.

 

Les prélats et les édiles ont donc les oreilles qui saignent quand on leur certifie qu’il est possible de célébrer une union entre deux hommes ou deux femmes. Les mœurs évoluent plus vite que les lois, même si celles-ci rattrapent leur retard. En 1974, les femmes obtenaient enfin le divorce par consentement mutuel pour ne plus être considérées comme des putains quand elles quittaient leur mari. En 2012, on parle de trouple pour désigner les couples à trois.

 

Avec l’individualisme, chacun veut être égal et différent. A la mode des autres mais à sa manière. Ces revendications passent par le meurtrier communautarisme, qui dessoude le lien social et multiplie les petites patries. Les musulmans veulent leurs fêtes religieuses même hors terre d’Islam. Les noirs veulent être autant représentés à la télé que les blancs même s’ils sont moins nombreux. Les homosexuels veulent se marier et même avoir des enfants.

 

Ce qu’on prend pour un caprice est bien dans l’air du temps. Les minorités veulent être visibles et la majorité cède toujours trop facilement à leurs chialeries. Surtout le mariage est une institution en crise comme la famille, l’école ou l’Etat. Deux tiers des unions se terminent en divorces et les jeunes se marient de plus en plus tard. On fait l’amour avant le mariage au lieu d’en éprouver après. Les sacs de riz et autres bouquets de la mariée ne font plus rêver et les français privilégient le concubinage et les relations flexibles. L’union libre, comme on dit pour qualifier ces couples qui vivent dans l’amour libre et se séparent sans regret et sans formalités.

 

Il est ainsi plus facile d’aller voir ailleurs et de se libérer de ses obligations. La fidélité sur le long terme est devenue un fantasme dans notre société du zapping où on veut plusieurs vies dans une vie. L’exemple vient d’en haut. Nicolas Sarkozy est devenu grand-père puis redevenu papa après avoir divorcé deux fois. François Hollande a eu quatre enfants hors mariage et vit avec une première dame qu’il n’a même pas épousé. On comprend que donner le mariage aux homosexuels ne pourrait pas empirer la situation. De toute façon elle ne peut plus.

 

De là à en faire la panacée, il n’y a qu’un pas qu’on se gardera bien de franchir. Il ne faut pas croire les poètes qui font du mariage le rempart de l’amour contre la guerre. Ils veulent marier les curés pour qu’ils ne violent pas les enfants de la même manière qu’ils veulent marier les homosexuels pour leur donner l’illusion qu’ils ne sont pas différents. Or cette différence de traitement médiatique montre bien le chemin qu’il reste à parcourir avant qu’on ne regarde plus l’orientation sexuelle comme un critère discriminant. Le débat actuel montre qu’il est long.

 

Maintenant, il faudrait laisser les unions libres et ne plus s’immiscer dans la vie privée. C’est valable pour la religion, où l’Eglise catholique applique des sermons comme au 15 août pour réclamer de vrais parents sans faire son devoir de les aider à être bons. C’est aussi valable pour la politique, qui se mêle de tout et ne solutionne rien. Le mariage homosexuel va encore ouvrir une brèche pour les revendications sociales isolationnistes. Voilà un argument que la droite pourrait utiliser au lieu de son refrain conservateur et dépassé de la tradition du mariage.

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 02:07

« Les peuples bien gouvernés sont des peuples qui pensent peu »

 

André SIEGFRIED (1875-1959) – Sociologue français et papy russe

 

 

La Russie fait parler d’elle et pas qu’en bien. Sa justice partiale et arbitraire a condamné lourdement les jolies chanteuses de punk à la croix de bois des Pussy Riot. Les gouvernements occidentaux ont comme d’habitude protesté mollement pour faire oublier qu’ils s’immiscent là dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Or après les femmes qui montrent leurs seins nus pour dénoncer le pouvoir, il y a mieux à faire que ces danses obscènes sur un lieu de culte.

 

Les opposants au régime ont tout tenté. Les manifestants prennent régulièrement la rue derrière Gary Kasparov pour fustiger les élections truquées et l’absence de liberté d’expression. Mais comme au bon vieux temps des procès de Moscou, la puissance politique instrumentalise l’institution judiciaire pour poursuivre les audacieux milliardaires qui osent critiquer le Kremlin. Les juges inventent des affaires et les assassins tuent les journalistes comme Anna Politovskaïa.

 

Vladimir Poutine tient de main de maître la Russie. Après les années d’errance qui ont suivi la guerre froide sous la coupe de l’alcoolique Boris Eltsine, cet ancien agent du KGB est devenu président au tournant du siècle et a restauré l’autorité de l’Etat. Il est là pour longtemps. En 2008, il est devenu 1er ministre en faisant élire président Dimitri Medvedev parce qu’il ne pouvait obtenir un troisième mandat d’affilée. En 2012, il a récupéré son dû malgré l’ambition de son dauphin. Le voilà lancé au moins jusqu’en 2020, si son visage lifté ne craque pas d’ici là.

 

Son pouvoir est absolu comme au temps des tsars, de Pierre le Grand à Catherine II en passant par Ivan le Terrible. Star de toutes les Russies, il a assis son pouvoir sur une entente avec les oligarques du gaz et les religieux orthodoxes car ce sont les deux piliers de la Russie post-soviétique. Il a surtout bâti un culte de la personnalité tel qu’on le respecte autant pour le pouvoir de son Etat policier que pour son charisme. Cet amateur de judo et grand sportif devant l’éternel qui n’hésite pas à montrer ses muscles fait peur. On raconte qu’à un dîner à l’Elysée, il aurait dit que le lapin servi à table n’aurait pas résisté s’il avait su qui le mangerait.

 

Il est l’exemple de ce qu’il faut faire pour bien gérer un pays. La prospérité est garantie grâce à un Etat centralisé qui laisse un pouvoir très limité aux différents territoires de ce pays multinational. La démocratie est en progrès malgré les scores flatteurs d’élections dont les urnes sont bourrées de bulletins en faveur de Russie Unie. A croire qu’il est plus facile de gouverner un pays autoritaire qu’un pays démocratique, quand on le mal de nos dirigeants à dompter le peuple. Or la dictature est une seconde nature en Russie, après le tsarisme et le communisme.

 

Tout ne va pourtant pas forcément bien en Russie. Le pays est de plus en plus isolé diplomatiquement à cause de ses écarts de conduite et l’Europe tend à s’en séparer toujours plus. Elle montre les crocs sur des dossiers vitaux pour sa survie comme l’accès aux eaux chaudes sur les détroits turcs, le bouclier anti-missile de l’OTAN ou son oligopole sur l’énergie. La pauvre Ukraine en sait quelque chose, elle qui subit la famine quand Gazprom le veut. Serguei Lavrov, le Viatcheslav Molotov de la Russie du XXIème siècle, doit à présent justifier l’injustifiable inaction en Syrie. Une fois de plus, la Russie se met l’occident et le monde à dos.

 

Elle n’a jamais choisi entre son identité russe et son penchant européen. La Russie éternelle de la tradition continue de résister à la nouvelle Russie de la modernité et au capitalisme sauvage qui a abolit ce communisme si peu fait pour cette terre de paysans et non d’ouvriers. Moscou est souvent contestée par les provinces de ce territoire immense auquel il est si difficile de donner un sentiment d’appartenance nationale commun. La Tchétchénie, l’Ossétie et l’Abkhazie ne sont que les exemples les plus médiatiques de cette fragilité.

 

Le pouvoir russe est faible malgré l’apparence de force tranquille. La culture américaine s’est diffusée à grande vitesse et avec elle le vent mauvais de la démocratie. L’alcoolisme reste un fléau national dans ce pays où il faut lutter contre des froids sibériens. Le pouvoir religieux conteste de plus en plus la dictature poutinienne et ce n’est pas par hasard que les chanteuses en appellent à la vierge Marie pour le virer. La Russie est toujours en balance : forte puis faible, étendue puis rétrécie, ouverte puis fermée. Aujourd’hui elle brille. Demain elle sombrera.

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 01:30

« Il y a inflation quand la monnaie devient plus encombrante que les denrées »

 

Jean MISTLER (1897-1988) – Académicien français et qui rend la monnaie

 

 

La zone euro est en pièces. Jean-Claude Juncker a rallumé le feu en déclarant qu’une sortie de l’euro de la Grèce ne serait « pas une catastrophe ». Les rares initiés qui comprennent les déclarations d’une obscure clarté des responsables des autorités financières voient là le signe d’un renoncement. Après avoir dépensé tant de milliards d’euros, les européens reconnaissent qu’une sortie ne serait pas si grave. Face à la catastrophe, il faut feindre d’en être l’organisateur.

 

Ironie du sort, la Grèce est intimement liée à l’histoire de l’Europe et pas simplement parce que le mot « euro » est inscrit en grec sur les pièces de monnaie. Elle est le berceau de la civilisation. Ceux qui connaissent leurs classiques se rappellent également qu’en 1981, la Grèce intégrait la CEE et marquait un renouveau de la construction européenne avec des pays pauvres d’Europe du sud qui connaissaient un boom économique ahurissant. Autre ironie du sort, ce sont ces pays que l’Europe du nord critique pour leur laxisme budgétaire et leur fraude fiscale.

 

La Grèce incarne le modèle de l’Etat failli de l’Europe bananière. Elle peine à recueillir l’impôt auprès d’une population qui descend dans la rue à la moindre annonce de recul social. Son gouvernement est corrompu et népotique à l’image de la droite de Kóstas Karamanlis lors des incendies de l’été 2007. Et la gauche de Geórgios Papandreou qui a dû mener des plans de rigueur alors qu’elle n’est pas payée pour cela incarne l’échec des socialismes européens.

 

Il n’est alors pas étonnant que l’extrême droite et l’extrême gauche réalisent des scores hystériquement hauts aux élections législatives, même si comme souvent la droite et la gauche de gouvernement en ont récolté les fruits en s’alliant contre-nature. La dictature militaire est une tradition bien ancrée au pays de Périclès puisque Metaxás l’a gouvernée de main de maître dans les années 1930 avant que les colonels n’imposent leur régime jusqu’aux années 1970. La tradition contestataire est également forte notamment avec les émeutes étudiantes de 2008.

 

En 1945, Winston Churchill dénonçait le rideau de fer et l’ogre soviétique qui menaçait jusqu’à la Grèce. En 2012, l’empire européen qui devait résister à la barbarie fait appel aux capitaux chinois pour refinancer ses membres. Tel un pays du tiers-monde, la Grèce quémande au FMI des dollars et l’UE est incapable d’assumer un minimum de solidarité entre Etats avec la mutualisation de la dette par les eurobonds. Elle préfère une litanie de plans de relance inutiles et dangereux qui creusent encore davantage le déficit des Etats et des banques.

 

La sortie de l’euro excite les souverainistes de Debout la République et les europhobes du FN qui rêvent d’un retour au franc. Ils ignorent que ce serait une catastrophe pour la qualité de vie, la compétitivité et le prestige de la France. La dépréciation rampante et l’inflation galopante la condamneraient à l’isolement et à l’autarcie, terreaux de la guerre mondiale. C’est ce remède que préconisent ceux qui pour sortir de la crise suggèrent de sortir de l’euro.

 

L’euro n’a jamais eu la partie facile. Dès 1992 et avant même sa création, le faux philanthrope et vrai spéculateur George Soros attaquait l’euro et causait la récession sur tout le continent. Les requins de la finance de casino l’ont imité et des pays comme l’Italie et l’Espagne doivent payer des taux d’intérêt de 7% pour rembourser leur dette. Mais la zone euro n’a jamais été une zone monétaire optimale, au sens où ne l’entend pas François Baroin d’une zone où le différentiel de compétitivité entre membres n’a pas à être compensé par une dévaluation. Les capacités de production et d’exportation entre pays étaient et restent bien trop différentes.

 

La partie semble perdue : la BCE s’est dite « prête à tout » pour défendre l’euro comme pour mieux alerter les marchés sur l’absence d’actes qui ont suivi. Mais les solutions ne sont jamais loin. L’Europe doit recouvrir sa crédibilité perdue en assurant les investisseurs de sa solvabilité financière. Cela passe par un retour à une dette soutenable et non par une cure d’austérité. Cela passe par un euro faible pour exporter à l’étranger. Cela passe par une politique budgétaire commune et donc par un pas de plus vers l’Europe fédérale. Sinon, l’euro sera condamné à être une monnaie de singe qui n’aura menacé le dollar que dans les utopies.

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