« Les peuples veulent l’égalité dans la liberté et s’ils ne peuvent l’obtenir,
ils la veulent encore dans l’esclavage »
Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859) – Penseur politique français et à égalité
L’égalité est aussi vitale que l’air qu’on respire. En France plus qu’ailleurs et plus que la liberté vu comme l’égalisation des conditions y est une passion collective depuis l’abolition des privilèges de 1789. Ce chiffre à lui seul est tout un programme. A la révolution, le cousin du roi Philippe d’Orléans voulait tellement plaire au peuple qu’il s’était fait baptiser Philippe Egalité. Il finira guillotiné sur l’échafaud, comme les autres. Personne n’a droit à de traitement de faveur car l’égalité des places est une croyance française. Ils sont à ce jeu plus égaux que les autres.
Et plus égalitaristes. L’inégalité des chances est un fait naturel et donc alors une réalité insupportable. Elle est inné puisque certains naissent plus beaux et d’autres moins grands à la naissance. Elle est acquise puisque certains deviennent plus riches et d’autres moins intelligents à la croissance. Mais le législateur s’assit dessus et impose le nivellement général. Par le bas tant il étête. C’était l’article premier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».
La droite ajoute aussi qu’ils sont égaux en devoirs, mais c’est un crime de lèse-majesté que d’oser en demander au peuple. La gauche a flairé la tactique pour que des gens différents soient quand même égaux. Elle dit que tout le monde est pareil et lutte pour qu’aucune tête ne dépasse. Elle est si messianique qu’elle n’envisage même pas faire le mal. Remettre en cause ses préjugés, ce serait remettre en question ses propres modes de vie.
Le bon grain et l’ivraie poussent ensemble. Il ne faut pas seulement valoriser la France qui se lève tôt car elle au moins a une espérance. Il faut au contraire aider ceux qui n’ont plus de but dans la vie et ne pas les stigmatiser. A l’inverse il est bêtement naïf de vouloir parvenir à une égalité parfaite qui serait insatisfaisante. Il faut favoriser le bonheur de tous et le bonheur de chacun. Il ne faut pas assister indéfiniment les gens avec un revenu car seul le travail donne une utilité sociale et un sens à la vie. En imposant sans condition les mêmes conditions pour tous, on instaure la dictature et on empêche le développement de l’individu au service de la société.
C’est une relation dialectique. L’excès de liberté nuit à l’égalité car il génère la guerre de tous contre tous. L’excès d’égalité nuit à la liberté car il entraine la guerre du tout contre tous. A trop vouloir éviter les subdivisions sociales, on instaure la solidarité factice et la fausse cohésion. A trop chercher à mettre tout le monde ex aequo, on incite à la haine de l’autre et à la haine de soi. Le rejet du riche en France, c’est autant de la jalousie à l’égard celui qui gagne plus que de la honte à l’égard de sa propre existence.
Le parti-pris de la droite pour les prochaines années doit être clair : les riches sont dans une situation assez confortable pour financer la solidarité avec les pauvres. Il faut juste trouver le bon curseur dans la redistribution et ne pas aller trop loin ou trop fort. Il faut baisser les dépenses sociales et apprendre à réduire les besoins individuels et collectifs. Le superflu est devenu un luxe or on se le paie avec l’argent qu’on emprunte et non celui qu’on gagne. Tout ne doit pas passer par l’Etat. Il faut faire confiance à l’homme.
L’individu est moral et la société est immorale. C’est ce qu’a découvert la gauche avec la pensée terranovienne qui dissout la social-démocratie dans le libéralisme. Il ne faut plus parler à l’ouvrier car les gens ne sont plus des travailleurs mais des consommateurs. Il ne faut plus parler à l’immigré car il est responsable de la montée du chômage en France. Il ne faut plus parler à l’exclu car il vote pour le Front national. Le mythe de l’égalité a du plomb dans l’aile or il meurt dans sa dimension la plus noble et la plus réaliste, celle de l’égalité de traitement.
La France devrait plus s’inspirer des Etats-Unis. C’est le pays de la liberté individuelle, de la démocratie politique et de la mobilité économique. Il ne clame pas l’égalité de tous car il sait qu’on ne peut assigner à l’individu un rang. Sa place se gagne tous les jours et seuls le travail et le mérite donnent la foi et la voix. « Enrichissez-vous », disaient les conservateurs libéraux. C’est par l’effort individuel de chacun que la société toute entière gagnera plus et répartira un plus gros gâteau entre toutes ses convives. C’est pourquoi il faut rejeter l’égalitarisme qui tire tout vers le bas avec ses raisonnements alambiqués. 1+1=3, mais à condition de le vouloir. Il faut inciter les gens à se battre pour mériter ce qui leur est dû.