« Dans l’Essonne, notre coréen national va avoir chaud aux plumes »
Alain MARLEIX (1947) – Homme politique français et découpeur de têtes
Jean-Vincent Placé a - on peut le dire - l’art de toujours être bien placé. Pendant que ses camarades d’Europe Ecologie - Les Verts souffrent le martyre au gouvernement, il critique tranquillement ce dernier en se demandant à voix haute s’il ne serait pas mieux pour le parti d’en sortir. Un appel à la désolidarisation gouvernementale qu’aura sûrement apprécié l’équipe dirigeante du PS, qui lui a accordé bien trop de concessions alors qu’il est un allié si peu fiable.
Il doit être un très fin négociateur si l’on en croit les avantages exorbitants qu’il a réussi à brigander aux socialistes. Une candidature libre de toute concurrence dans 60 circonscriptions aux élections législatives. Une promesse insensée de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production française d’électricité. Un droit à la critique intact avec un assentiment le plus total lors du refus de voter en faveur du TSCG. Il est des muselières qu’il est doux de porter.
Jean-Vincent Placé est toujours placé car il sait où il veut aller. Le coréen national est à l’image de sa formation, surtout depuis la candidature d’Eva Joly à l’élection présidentielle : il ne parle jamais d’écologie, et surtout pas en public. L’environnement est devenu pour les verts le cadet de leurs soucis car ils ont mieux à faire à se vautrer dans des bisbilles politiques sans envergure. Le président de leur groupe au sénat en est l’illustration et il sait faire preuve d’une habilité débordante à l’heure de se démarquer du bilan médiocre de la bouffonnerie socialiste.
Il bouffe à tous les ateliers. A la tête de son équipe volante, il conspire et trahit et inspire et trafique. Cet homme-là aura tout vendu : en vantant le modèle socialiste, avant de le jeter aux orties avec l’eau du bain. Bien plus que Pascal Durand, il est le vrai chef de file de ce parti pris au piège de ses propres contradictions. Il faut en effet être sacrément schizophrène pour aider Jean-Marc Ayrault à Paris et le décéder à Notre-Dame-des-Landes. Encore un cas épineux de conscience en forme de double contrainte : les deux solutions possibles sont deux impasses.
Les verts sont finalement prisonniers et piégés par les socialistes. Leur putsch a fait plouf et pschitt. Ce sont les communistes qui se sont bien mieux placés en profitant de leur position charnière au sénat. La gauche n’avait jamais eu la majorité. Ils préfèrent rester dans l’opposition et faire du chantage aux socialistes. Leurs votes aux côtés de l’UMP pour planter les budgets et les projets du gouvernement ne visent qu’à leur donner des avantages en nature : des lois, des élus et des sous. Voilà ce qui arrive quand on n’a la majorité qu’avec six sièges d’avance.
Et voilà ce qui devrait arriver si l’idée d’introduire 10% de proportionnelle aux élections législatives était entérinée. La majorité présidentielle serait alors otage de toutes et de chacune de ses composantes, même la plus petite. Ce n’est pas un hasard si avec leurs dix pèlerins et demi qui se battent en duel, les communistes ont plus de pouvoir que les verts et leurs dix-huit députés qui ne leur apportent guère mieux que du prestige. On pensait avoir en face et affaire à une chambre introuvable or les communistes sont plus royalistes que le roi et que les socialistes.
Cette surenchère à gauche ne va pas tarder à nuire à tous les français, même à droite. A force de retarder l’entrée en vigueur des projets, ils fragilisent la capacité de l’exécutif à mener des politiques contre la crise et le pays perd en crédibilité auprès des agences de notation. La lutte entre le Parti communiste et le Parti de gauche a fait une victime, le Parti socialiste. Main dans la main lors de la journée européenne contre l’austérité, les deux frères ennemis se tirent la bourre et dans les pattes pour dénoncer le plus la rigueur. Il faudrait les renvoyer au goulag.
Jean-Vincent Placé est - on peut le dire - le principal intéressé à ce que l’extrême gauche entre en guerre civile. Cela lui permettra au moins de retrouver du poids au bureau des plaintes tenu par ce gouvernement qui fait des concessions de tous les côtés pour maintenir son fragile pouvoir. C’est finalement un rigolo, mais dans le genre du fou-qui-repeint-son-plafond : on ne comprend pas toujours la blague. Il n’est maintenant plus le mieux placé pour faire la leçon. On dit qu’il est plus facile de partager les galères que les succès. Le contraire est plus évident.