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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 23:35

« Dans l’Essonne, notre coréen national va avoir chaud aux plumes »

 

Alain MARLEIX (1947) – Homme politique français et découpeur de têtes

 

 

Jean-Vincent Placé a - on peut le dire - l’art de toujours être bien placé. Pendant que ses camarades d’Europe Ecologie - Les Verts souffrent le martyre au gouvernement, il critique tranquillement ce dernier en se demandant à voix haute s’il ne serait pas mieux pour le parti d’en sortir. Un appel à la désolidarisation gouvernementale qu’aura sûrement apprécié l’équipe dirigeante du PS, qui lui a accordé bien trop de concessions alors qu’il est un allié si peu fiable.

 

Il doit être un très fin négociateur si l’on en croit les avantages exorbitants qu’il a réussi à brigander aux socialistes. Une candidature libre de toute concurrence dans 60 circonscriptions aux élections législatives. Une promesse insensée de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production française d’électricité. Un droit à la critique intact avec un assentiment le plus total lors du refus de voter en faveur du TSCG. Il est des muselières qu’il est doux de porter.

 

Jean-Vincent Placé est toujours placé car il sait où il veut aller. Le coréen national est à l’image de sa formation, surtout depuis la candidature d’Eva Joly à l’élection présidentielle : il ne parle jamais d’écologie, et surtout pas en public. L’environnement est devenu pour les verts le cadet de leurs soucis car ils ont mieux à faire à se vautrer dans des bisbilles politiques sans envergure. Le président de leur groupe au sénat en est l’illustration et il sait faire preuve d’une habilité débordante à l’heure de se démarquer du bilan médiocre de la bouffonnerie socialiste.

 

Il bouffe à tous les ateliers. A la tête de son équipe volante, il conspire et trahit et inspire et trafique. Cet homme-là aura tout vendu : en vantant le modèle socialiste, avant de le jeter aux orties avec l’eau du bain. Bien plus que Pascal Durand, il est le vrai chef de file de ce parti pris au piège de ses propres contradictions. Il faut en effet être sacrément schizophrène pour aider Jean-Marc Ayrault à Paris et le décéder à Notre-Dame-des-Landes. Encore un cas épineux de conscience en forme de double contrainte : les deux solutions possibles sont deux impasses.

 

Les verts sont finalement prisonniers et piégés par les socialistes. Leur putsch a fait plouf et pschitt. Ce sont les communistes qui se sont bien mieux placés en profitant de leur position charnière au sénat. La gauche n’avait jamais eu la majorité. Ils préfèrent rester dans l’opposition et faire du chantage aux socialistes. Leurs votes aux côtés de l’UMP pour planter les budgets et les projets du gouvernement ne visent qu’à leur donner des avantages en nature : des lois, des élus et des sous. Voilà ce qui arrive quand on n’a la majorité qu’avec six sièges d’avance.

 

Et voilà ce qui devrait arriver si l’idée d’introduire 10% de proportionnelle aux élections législatives était entérinée. La majorité présidentielle serait alors otage de toutes et de chacune de ses composantes, même la plus petite. Ce n’est pas un hasard si avec leurs dix pèlerins et demi qui se battent en duel, les communistes ont plus de pouvoir que les verts et leurs dix-huit députés qui ne leur apportent guère mieux que du prestige. On pensait avoir en face et affaire à une chambre introuvable or les communistes sont plus royalistes que le roi et que les socialistes.

 

Cette surenchère à gauche ne va pas tarder à nuire à tous les français, même à droite. A force de retarder l’entrée en vigueur des projets, ils fragilisent la capacité de l’exécutif à mener des politiques contre la crise et le pays perd en crédibilité auprès des agences de notation. La lutte entre le Parti communiste et le Parti de gauche a fait une victime, le Parti socialiste. Main dans la main lors de la journée européenne contre l’austérité, les deux frères ennemis se tirent la bourre et dans les pattes pour dénoncer le plus la rigueur. Il faudrait les renvoyer au goulag.

 

Jean-Vincent Placé est - on peut le dire - le principal intéressé à ce que l’extrême gauche entre en guerre civile. Cela lui permettra au moins de retrouver du poids au bureau des plaintes tenu par ce gouvernement qui fait des concessions de tous les côtés pour maintenir son fragile pouvoir. C’est finalement un rigolo, mais dans le genre du fou-qui-repeint-son-plafond : on ne comprend pas toujours la blague. Il n’est maintenant plus le mieux placé pour faire la leçon. On dit qu’il est plus facile de partager les galères que les succès. Le contraire est plus évident.

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 23:00

« La vie suit son chemin »

 

Steven SPIELBERG (1946) – Réalisateur américain et film à catastrophes

 

 

Nous y sommes : c’est le 21 décembre et comme prévu, la fin du monde annoncée par les Mayas n’a pas eue lieu. Ou du moins celle qu’avaient cru voir les égyptologues de l’autre bout du monde en pensant que le solstice d’hiver serait un bon moment pour que la terre cesse de tourner. Rassurez-vous car ce n’est qu’un répit. D’ici des millions et des millions d’années, le soleil aura cessé de briller. D’ici là, il sera temps de trouver refuge sur une autre planète.

 

A moins qu’on ait détruit celle-ci avant. L’homme est sans doute le premier et principal responsable du dérèglement climatique qui menace notre terre. Il se manifeste ostensiblement par le réchauffement de la température et par l’excès de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Des espèces qui ont toujours été là disparaissent ou sont en voie de disparition. Des accidents climatiques jadis rares se font de plus en plus fréquents. Des saisons il n’y en a plus du tout.

 

C’est le début de la fin, à moins que ce ne soit la fin d’un monde qui commence. Les annonces de la fin du monde sont aussi nombreuses que le nombre de civilisations de l’histoire. Avant Maya l’abeille, les chrétiens avaient déjà de nombreuses fois prédit sans succès l’heure du jugement dernier. La Bible ne décrit l’Apocalypse que comme un théâtre de désolation et de flammes. Les millénaristes et eschatologues se faisaient littéralement dessus à l’idée que la mort les surprenne en train de pêcher. Nostradamus voyait la fin partout pour ne jamais se tromper.

 

Notre époque n’est pas plus sage. Paco Rabanne avait visé juste en pronostiquant un point final à l’histoire de l’humanité le jour de l’éclipse du 11 août 1999. Les spécialistes relisent les écrits du Pape Jean XXIII et croient y lire dans une boule de cristal l’issue de notre destin collectif. Même les geeks avaient parié sur la catastrophe informatique avec le bug de l’an 2000. Toutes les interprétations ésotériques n’ont mené à rien sinon à produire de mauvais articles.

 

Pourtant malgré l’inconsistance de ces présages qui laissent libre cours à toutes les idées hasardeuses possibles, le monde a peur. Il y a 65 millions d’années, un astéroïde géant frappait la terre et causait la disparition des dinosaures. On continue même à en faire des films. Depuis il y a eu Jésus le gentil pour sauver l’homme et Hitler le méchant pour l’exterminer. C’est pourquoi aujourd’hui il est perclus d’angoisses, car il sait bien qu’il peut lui-même causer sa propre fin. Il se connait bien : c’est même pour cela qu’il a raison de se faire du mauvais sang.

 

La catastrophe de Tchernobyl de 1986 a montré que la bombe nucléaire est l’arme ultime de destruction massive et la catastrophe de Fukushima de 2011 a montré que le moindre tremblement de terre pouvait tout faire vaciller. Le cataclysme du 11 septembre 2001 a rappelé que la violence entre les hommes était le plus sûr moyen de tous nous tuer jusqu’au dernier et le cataclysme d’une troisième guerre mondiale ne semble plus aussi loufoque qu’il a pu l’être.

 

La raison scientifique semble tout prévoir. Or les tsunamis continuent de tuer des gens par milliers et par surprise. Or l’homme joue aux apprentis-sorciers et à se faire peur avec des accélérateurs de particules qui menacent à tout moment de nous faire passer dans la quatrième dimension. Or la population augmente tellement et avec si peu de maîtrise que nous serons 9,3 milliards en 2050 et qu’une terre ne suffira pas à nourrir tous ceux qui auront encore faim.

 

La fin du monde est tous les jours prévisible et l’homme s’attend désormais à l’imprévu. Il a perdu la certitude qui ne le faisait douter de rien et qui le faisait présumer de tout. Il a égaré le bon sens qui le faisait jadis subir les événements sans chercher à les comprendre. Attendez aujourd’hui une éclipse et ne prévenez personne : vous aurez semé la panique partout comme si les martiens avaient débarqué. L’homme a peur car il a honte de ce qu’il a fait : d’avoir grandi trop vite, trop haut et trop fort. La fin d’un monde, c’est sortir de cette logique malthusienne et macabre et aller de l’avant. Car le principe de l’homme, c’est qu’il est son propre dieu.  

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 23:54

« Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique »

 

Charles PEGUY (1873-1914) – Ecrivain français et mort-vivant

 

 

Le FN est le pire cauchemar des hommes politiques français. Surtout de droite. Quand il était encore jeune, Jacques Chirac avait fait de la fin de ce parti une affaire personnelle. Il n’a jamais réussi. On disait souvent que le FN disparaitrait à la mort de son fondateur Jean-Marie Le Pen. Rien n’est moins sûr : sa fille Marine a si bien affirmé sa position dans le mouvement qu’elle en a obtenu le meilleur score de l’histoire aux dernières élections présidentielles. Il n’a d’ailleurs même pas eu besoin d’elle pour gagner des sièges de députés à l’assemblée nationale.

 

Le FN est au contraire un rêve éveillé pour la gauche. Bien consciente qu’il faut diviser pour mieux régner, elle est aussi vindicative dans la condamnation morale de son discours que satisfaite de la conséquence électorale de son existence. Avec une formation à sa droite, l’UMP a en effet un rival qui lui pique ses électeurs les plus extrêmes et qui croit même à présent lui prendre sa place. Avant elle pouvait dire ce qu’elle voulait sans avoir à draguer des populations acquises d’avance. Maintenant elle perd des réserves de voix et ne peut pas faire alliance avec.

 

Le châtiment moral serait trop fort. François Hollande perpétue l’alliance objective avec l’extrême droite en remettant à l’ordre du jour des sujets aussi diviseurs que le droit de vote des étrangers aux élections locales, qui ne passera pas heureusement faute d’une majorité des trois cinquièmes au congrès. Il fait comme François Mitterrand quand il inventa à lui tout seul SOS Racisme, le talent en moins. La diabolisation du FN est le piège pour l’UMP tant elle disqualifie la moindre prise de position décomplexée. C’est pourquoi la dédiabolisation est la solution.

 

A trop fustiger la bienveillance de la gauche, la droite a fini par oublier qu’elle avait une responsabilité dans le problème de l’extrême droite et dans sa résolution. Le Front national est certes un parti raciste et xénophobe. A la manière du FLN en Algérie, il veut libérer la France de l’invasion de ces noirs et de ces arabes qui se croient chez eux alors qu’ils sont chez nous. Il incarne là une anti-France tant il défend une position ni généreuse, ni ouverte, ni fraternelle.

 

Mais le FN ne sera jamais qu’un petit parti poujadiste. Il dénonce avec pragmatisme les petits scandales des profiteurs de la république. Il finance avec opacité le petit train de vie à 30 millions d’euros de son créateur. Il défend avec mauvaise foi les intérêts bien compris des petits commerçants collabos. Jean-Marie Le Pen n’a fait le parti que pour l’argent et Marine Le Pen ne l’a repris que pour en finir avec l’euro. C’est sa seule idée, et elle est mauvaise. Cela induirait une dévaluation courante et une inflation galopante dont la France ne se remettrait pas de sitôt.

 

Il faut donc préparer une stratégie pour parvenir à la fin du FN. Sur le plan technique, il faut cesser de le condamner pour ses positions morales et plutôt l’attaquer sur ses propositions économiques. Sur le plan médiatique, il faut arrêter de saboter ses apparitions mais au contraire le sortir de sa discrétion actuelle pour qu’il ne soit plus une surprise et un recours avant chaque élection. Sur le plan politique, il faut renoncer à mettre en doute sa légalité alors qu’il ne sera jamais interdit. Sur le plan tactique, il faut lui voler ses thèmes pour lui reprendre ses électeurs.

 

L’école buissonnière de la tactique Buisson a montré qu’on pouvait siphonner l’extrême droite. Mais c’est un jeu bien dangereux sur le plan électoral avec la perte de soutien du centre et sur le plan moral avec la perte de notre honneur. Il faut pourtant y jouer. Le FN est trop à droite pour l’UMP. L’alliance serait une faute mais l’ignorance serait un crime. En s’adjugeant trop de sujets que la droite devrait traiter, le FN est devenu le parti de trop. Il faut donc le tuer.

 

Il y a deux manières de banaliser le FN en reprenant le dessus sur ses thèmes favoris. La manière douce qu’aurait incarné François Fillon revenant à dire la même chose mais sur un ton plus cordial. La manière forte qu’incarnera Jean-François Copé revenant à dire la même chose mais sur un ton plus juste. Le Copé collé, c’est assumer sans complexes ses positions au lieu de les cacher parce honte. Là le centre nous suivra sans qu’on ne laisse d’espace à l’extrême droite. Alors les français cesseront de voir dans le vote du FN le seul moyen d’exprimer leur ras-le-bol.

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