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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 07:34

« La logique sauve de l’ennui »

 

Arthur CONAN DOYLE (1859-1930) – Ecrivain anglais et profondément ennuyeux

 

 

Pour paraphraser une citation de François Mitterrand, « les ennuis commencent ». Pas pour la majorité, qui n’a même pas connu d’état de grâce et qui a même tendance à marquer des points depuis quelques mois. Mais pour l’opposition. Tout le monde croyait que la guerre des chefs ferait un mal fou à la droite or ce fut complétement faux. Elle lui a donné une tribune médiatique, certes sans commune mesure avec celle qui a suivi le vote et dont l’UMP se serait bien passée. A présent, en l’absence de munitions contre le gouvernement, l’ennui commence.

 

Jean-François Copé a pris le contrôle du parti même s’il est lesté de deux poids lourds de l’équipe de campagne de François Fillon avec Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez et que cela ressemble à un scandale. L’UMP n’a pas d’angle d’attaque contre le PS car la gauche a tout qui lui réussit. Elle vole le programme de la droite en baissant les charges des entreprises après avoir promis tout le contraire durant la campagne. Elle fait s’entendre les syndicats et gagne la guerre au Mali. Elle va faire adopter ce mariage homosexuel tout en ringardisant l’opposition.

 

La droite est entrée dans la phase d’inaction et d’improductivité qui sied à tout parti qui n’est pas au pouvoir. Son rejet du mariage pour tous tend à devenir ridicule avec la logorrhée d’amendements et la tentative désespérée et désespérante de retirer au moins une concession à une majorité qui ne peut pas perdre le vote. Cet épisode révèle qu’en matière de mœurs, la droite n’a pas d’idéologie solide au sens de vision du monde porteuse de croyances et tournée vers l’action. Elle se contente de suivre son électorat catholique et conservateur sans réfléchir.

 

Jean-François Copé avait promis une « opposition courageuse et fraternelle » or celle-ci n’a déjà plus qu’à se concentrer sur la campagne des élections municipales. L’idée des courants n’attire pas dans un parti qui n’a jamais su s’organiser pour faire vivre le pluralisme interne et qui est depuis ses débuts incarné par son président. Il y a par contre une autre idée qui peut rompre avec la morosité ambiante et qui permettrait à l’UMP de préparer de la plus efficace des manières les échéances électorales à venir. Cette idée, c’est le parti d’action civique.

 

Aux Etats-Unis, les machines politiques des partis avaient l’habitude d’user de ressorts clientélistes pour gagner les élections. Mais cette corruption les forçait aussi à aller occuper le terrain, que ce soit en consultant les patrons sur leurs besoins ou en assistant les pauvres. Cet échange humain est la clé de la reconquête, plus que le combat des idées. Avant de connaitre le terrain, il faut l’occuper. Le PS a délaissé les classes populaires, il faut donc aller leur parler et entretenir le lien social entre les individus et le parti. C’est d’ailleurs sa fonction originelle.

 

Plus qu’une organisation qui participe à des élections, le parti est avant tout un lieu de sociabilité et un lien de socialisation. Il donne un sentiment d’appartenance à ses militants et du sens politique à ses sympathisants. Les uns préservent la proximité avec l’électorat quand il n’y a pas d’élections. Les autres attendent de l’attention et des arguments pour continuer à y croire. Les gens font le parti, mais c’est surtout le parti qui fait les gens. Pour arriver prêt en 2014 et en 2017, il faudra convaincre chacun et parler à tous. Créer une Coopole comme a su faire le PS.

 

Un parti est un entre-deux politique et social. C’est pourquoi il faudra aller vers les plus en difficulté et les accueillir. Ce sera une opportunité née de la défaite d’intégrer l’avis de ceux qui souffrent vraiment. La gauche nous contre sur notre propre terrain, l’économie. Il faudra la contrer sur son propre terrain, le social. En étant la tribune de ceux qui n’ont jamais la parole. En comprenant leur détresse et en trouvant comment y apporter une réponse. En disant le peu de cas que fait le gouvernement socialiste des gens de peu alors qu’il nous donne tant de leçons.

 

Le but d’un parti est d’exprimer les besoins des citoyens et de régler les conflits entre les groupes. Pour rompre avec l’ennui, il faudra parler du peuple, pour le peuple et par le peuple. Il faudra rebipolariser le débat contre la gauche pour marginaliser le FN et l’UDI et faire mentir l’idée d’un déclin de la droite modérée. Il faudra gagner le pouvoir de nommer les choses, celui qui permet de mener les débats et de forcer le président à parler des sujets qui nous arrangent. C’est ce qu’on a réussi à faire avec la PMA et la GPA. Vivement qu’on passe à autre chose !

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 06:40

« Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur »

 

Robert SABATIER (1923-2012) – Romancier français et premier opposant

 

 

De droite ou de gauche, l’opposition reste la même. Elle tire sur tout ce qui bouge ou fait bouger le pays. Pourvu qu’on ralentisse la réforme et qu’on rapetisse la France. Pourvu que le gouvernement ne réussisse pas ce que le précédent n’a pas été foutu de faire. L’UMP ne manque pas à l’appel des aboiements de ceux qui ne peuvent rien sinon gueuler. Elle dit non à tout alors que le PS a reconnu sa défaite idéologique en adoubant la plupart des mesures du programme sarkozyste, de la baisse des charges patronales à la règle d’or budgétaire. Et elle dit oui à toutes les demandes corporatistes de la rue, pour peu qu’elles affaiblissent l’exécutif.

 

C’est la levée de bouclier, en masse. Une mauvaise habitude bien française, consistant à s’offusquer du moindre écart audacieux et à s’indigner à chaque prise de position courageuse. Chaque blague sexiste, chaque propos raciste et chaque loi progressiste est clouée au pilori du tamis de la bonne conscience faussement vertueuse et carrément paresseuse. Il faut être exaspéré par des mesures qu’on approuve pour exacerber un débat sans vie et éclater de rage contre les décisions du président pour ne pas être écrasé par son temps de parole exorbitant.

 

La droite n’échappe pas à cette règle de trois. Un : on s’inscrit vigoureusement en faux contre la moindre mesure ouvrant un semblant de polémique et on attend patiemment l’arrivée des médias avec leurs micros. Deux : on calme le jeu et le feu qu’on a soi-même allumé en appelant à un climat apaisé qui laisse toute sa place à la concertation et au dialogue constructif. Trois : on gagne le bras-de-fer et on se plaint quelques jours après que la majorité ne fasse pas avancer les dossiers. C’est la technique du pompier pyromane. Elle n’a plus à faire ses preuves.

 

L’UMP sera aux manifestations contre le mariage homosexuel. Elle y voit une rupture de société et a contré le cadrage de la gauche qui parlait de mariage pour tous en dénonçant les dérives de la procréation médicalement assistée. Elle a juste oublié de préciser que le divorce des couples hétérosexuels faisait plus de dégâts avec ses enfants à l’abandon et que la famille homoparentale ne pourrait pas faire pire que la famille monoparentale. Elle a dénoncé sans réfléchir la dépénalisation du cannabis alors que l’idée mériterait au moins qu’on s’interroge.

 

Ce n’est pas de sa faute : l’opposition ne rend pas intelligent. On la veut constructive or ce sont deux mots qui se télescopent et se bulldozerisent. S’opposer c’est s’opposer à quelqu’un et non proposer ou se poser comme le dit la pensée naïve. Tout serait plus simple si on élisait des candidats sans parti qui travailleraient en équipe mais il n’y a qu’un président et c’est bien mieux comme cela. Le président lui-même n’y croit pas d’en être arrivé là. François Hollande n’a jamais été très bon pour les fenêtres de tir, dans la majorité comme dans l’opposition.

 

Son 1er ministre Jean-Marc Ayrault en connait aussi un rayon en vaines protestations et en faux départs de députés de leur siège de l’assemblée devant les vilaines sorties des ministres. On dit même que cela sert à aller fumer dehors. Pour gagner en 2017, il faudra certainement être au-dessus de cela et viser plus haut que de provoquer des secousses telluriques à chaque annonce ministérielle en utilisant les gros mots comme le respect ou la tolérance. Il faudra faire des propositions et surtout avoir un programme que les français connaissent et comprennent.

 

Il faudra être sabre au clair. Offensif avec une lame et tranchant par ses idées. Avoir des opinions tranchées et les assumer clairement pour les faire partager par les électeurs. Ils ne sont pas contents de ceux qui dirigent le pays actuellement mais il leur faudra bien une alternative crédible en laquelle espérer. C’est pourquoi il faudra étonner et pour cela oser, en assumant ses convictions et en convaincant jusqu’aux plus timides. Voilà le projet de la droite décomplexée !

 

La politique est une question normative : personne n’a raison ou tort en soi. On ne peut jamais dire qu’on a la meilleure vision et qu’on répand la justice mieux que les autres tant qu’on ne l’a pas prouvé aux électeurs. C’est pourquoi l’idée du redressement productif est si bêtement prétentieuse. Faire croire qu’on est du bon côté, c’est l’enjeu suprême de la politique. Même si ce blog est souvent d’une méchante ironie avec la gauche, la grande leçon à en retenir est que nous ne valons pas par ce que nous disons mais bien par ce que nous faisons. Il est donc temps de sortir notre plus fine lame.

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 08:02

 « Il vaut mieux avoir de l'avenir que du passé »

 

Victor COUSIN (1792-1867) – Philosophe français et très éclectique

 

 

2012 est mort. Vive 2013 ! C'est sans regret qu'on quitte cette année qui devait être celle du changement et qui ne fut que celle de la stagnation. Sur-place, inefficacité et statu quo auront été les maître-mots de cette année qu'on annonçait charnière pour l'histoire de la France et qui ne fut qu'une année de transition sans relief ni exploit. La faute en revient en grande partie à la gauche, si bonne pour sermonner et si peu habile à l'heure d'appliquer ses leçons de morale. Nicolas, reviens !
 
Les problèmes que nous avions en 2011 continueront à nous pourrir la vie quotidienne en 2013. L'état de la dette montre que la crise devrait encore faire du mal pour longtemps, même après que ses causes - la cupidité, l'appât du gain, l'enrichissement sans cause, et patati et patata - auront disparues. La courbe du chômage suit une mauvaise pente et personne n'a de solution pour l'inverser, à part cette croissance qui ne vient pas. Le gouvernement a promis de ramener le déficit à 3% et de s'attaquer à la bataille de l'emploi en 2013. On se demande si ce n'est pas lui le vrai problème de la France.
  
Promis, 2013 ne sera pas une année pour rien ! Ce sera une année de refondation, comme tant d'autres avant elle. En 1989, la France revivait sa révolution et Michel Rocard multipliait les sigles avec le RMI, la CMU et la CSG pour montrer qu'on avait changé d'ère. En 2003, la France était déjà en crise de confiance mais Jacques Chirac promettait de mener toutes les batailles, surtout celles qu'il ne pouvait pas commencer. En 2008, Nicolas Sarkozy promettait une politique de civilisation mais cela n'a duré que jusqu'au 2 janvier. En 2013, Jean-Marc Ayrault sera chargé de gérer la transition vers la sortie de crise qui viendra quand la conjoncture mondiale sera meilleure. Il ne fallait pas en attendre plus des socialistes.
  
Nous sommes vingt ans après la dernière récession de 1993 et rien n'a changé. C'est une toute autre époque, or la France est toujours malade de ses deux cancers que sont la dette et le chômage. Elle continue de vivre au-dessus de ses moyens parce qu'elle dépense trop pour ce qu'elle travaille. Elle continue de subir un taux de chômage inexplicablement haut pour la saison et pour un pays de son calibre parce qu'elle s'entête dans ses solutions qui ne marchent pas. On a tout essayé mais apparemment pas assez pour mettre fin à cette danse macabre des mauvais chiffres qu'on voit passer en faisant semblant de les regarder.
  
La solution en 2013 serait la croissance, idéale pour créer de la richesse donc des recettes fiscales et des emplois nouveaux. Mais les diseurs de mauvaise aventure promettent à la France une croissance atone de 0,5%, bien loin de ce qu'avait espéré le gouvernement et bien plus loin encore du chiffre qu'il aurait fallu atteindre. Mais on cherche des solutions conjoncturelles là où auraient été nécessaires des réformes structurelles. Il faut réduire les dépenses sociales et laisser filer l'inflation pour réduire la dette. Il faut flexibiliser le marché du travail et renforcer la formation pour réduire le chômage. Il n'y a pas d'autres issues.
  
Autant de mesures courageuses dont s'exonéreront nos gouvernants paresseux et qu'ils remplaceront par des réformettes cosmétiques et bêtement administratives. La réduction des dépenses de fonctionnement de l'Etat, ou comment vider le sable du désert avec une petite cuillère. Les contrats de génération et les emplois d'avenir, ou comment mêler et mélanger bons sentiments et politique économique. 2013 sera certes une fausse année de transition, mais il ne faut jamais s'attendre à de grands changements avec cette gauche-là.
 
La droite devra donc relever le niveau. En commençant par le sien, si atteint par cette désastreuse campagne électorale de la guerre des chefs. Elle devra annoncer ses priorités et rappeler que les moyens de la nation doivent être concentrés sur des mesures efficaces. Il faut savoir mener des batailles assez grandes pour pouvoir avancer, mais assez petites pour pouvoir les gagner. Celle de cette année sera la reconquête de l'opinion par la refondation des idées. Si tout n'est pas clair aujourd'hui, ce le sera sûrement demain.
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