« La logique sauve de l’ennui »
Arthur CONAN DOYLE (1859-1930) – Ecrivain anglais et profondément ennuyeux
Pour paraphraser une citation de François Mitterrand, « les ennuis commencent ». Pas pour la majorité, qui n’a même pas connu d’état de grâce et qui a même tendance à marquer des points depuis quelques mois. Mais pour l’opposition. Tout le monde croyait que la guerre des chefs ferait un mal fou à la droite or ce fut complétement faux. Elle lui a donné une tribune médiatique, certes sans commune mesure avec celle qui a suivi le vote et dont l’UMP se serait bien passée. A présent, en l’absence de munitions contre le gouvernement, l’ennui commence.
Jean-François Copé a pris le contrôle du parti même s’il est lesté de deux poids lourds de l’équipe de campagne de François Fillon avec Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez et que cela ressemble à un scandale. L’UMP n’a pas d’angle d’attaque contre le PS car la gauche a tout qui lui réussit. Elle vole le programme de la droite en baissant les charges des entreprises après avoir promis tout le contraire durant la campagne. Elle fait s’entendre les syndicats et gagne la guerre au Mali. Elle va faire adopter ce mariage homosexuel tout en ringardisant l’opposition.
La droite est entrée dans la phase d’inaction et d’improductivité qui sied à tout parti qui n’est pas au pouvoir. Son rejet du mariage pour tous tend à devenir ridicule avec la logorrhée d’amendements et la tentative désespérée et désespérante de retirer au moins une concession à une majorité qui ne peut pas perdre le vote. Cet épisode révèle qu’en matière de mœurs, la droite n’a pas d’idéologie solide au sens de vision du monde porteuse de croyances et tournée vers l’action. Elle se contente de suivre son électorat catholique et conservateur sans réfléchir.
Jean-François Copé avait promis une « opposition courageuse et fraternelle » or celle-ci n’a déjà plus qu’à se concentrer sur la campagne des élections municipales. L’idée des courants n’attire pas dans un parti qui n’a jamais su s’organiser pour faire vivre le pluralisme interne et qui est depuis ses débuts incarné par son président. Il y a par contre une autre idée qui peut rompre avec la morosité ambiante et qui permettrait à l’UMP de préparer de la plus efficace des manières les échéances électorales à venir. Cette idée, c’est le parti d’action civique.
Aux Etats-Unis, les machines politiques des partis avaient l’habitude d’user de ressorts clientélistes pour gagner les élections. Mais cette corruption les forçait aussi à aller occuper le terrain, que ce soit en consultant les patrons sur leurs besoins ou en assistant les pauvres. Cet échange humain est la clé de la reconquête, plus que le combat des idées. Avant de connaitre le terrain, il faut l’occuper. Le PS a délaissé les classes populaires, il faut donc aller leur parler et entretenir le lien social entre les individus et le parti. C’est d’ailleurs sa fonction originelle.
Plus qu’une organisation qui participe à des élections, le parti est avant tout un lieu de sociabilité et un lien de socialisation. Il donne un sentiment d’appartenance à ses militants et du sens politique à ses sympathisants. Les uns préservent la proximité avec l’électorat quand il n’y a pas d’élections. Les autres attendent de l’attention et des arguments pour continuer à y croire. Les gens font le parti, mais c’est surtout le parti qui fait les gens. Pour arriver prêt en 2014 et en 2017, il faudra convaincre chacun et parler à tous. Créer une Coopole comme a su faire le PS.
Un parti est un entre-deux politique et social. C’est pourquoi il faudra aller vers les plus en difficulté et les accueillir. Ce sera une opportunité née de la défaite d’intégrer l’avis de ceux qui souffrent vraiment. La gauche nous contre sur notre propre terrain, l’économie. Il faudra la contrer sur son propre terrain, le social. En étant la tribune de ceux qui n’ont jamais la parole. En comprenant leur détresse et en trouvant comment y apporter une réponse. En disant le peu de cas que fait le gouvernement socialiste des gens de peu alors qu’il nous donne tant de leçons.
Le but d’un parti est d’exprimer les besoins des citoyens et de régler les conflits entre les groupes. Pour rompre avec l’ennui, il faudra parler du peuple, pour le peuple et par le peuple. Il faudra rebipolariser le débat contre la gauche pour marginaliser le FN et l’UDI et faire mentir l’idée d’un déclin de la droite modérée. Il faudra gagner le pouvoir de nommer les choses, celui qui permet de mener les débats et de forcer le président à parler des sujets qui nous arrangent. C’est ce qu’on a réussi à faire avec la PMA et la GPA. Vivement qu’on passe à autre chose !