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10 septembre 2012 1 10 /09 /septembre /2012 00:50

« La mort c’est tellement obligatoire, que c’est presque devenu une formalité »

 

Marcel PAGNOL (1895-1974) – Ecrivain français et qui a dû se réincarner

 

 

On ne sait pas s’il l’a fait exprès mais il a réussi. François Hollande a relancé le débat sur l’euthanasie au détour d’une périphrase que lui seul qui n’aime pas s’engager pouvait sortir, en parlant des « cas exceptionnels ». Son pragmatisme s’adapte à tout et l’eau tiède qu’il distille épouse toutes les carafes. Il n’est pas le premier. En 2002, Jacques Chirac s’était défilé devant la demande écrite de Vincent Imbert d’un « droit de mourir ». En 2008, Nicolas Sarkozy n’avait pas tranché le cas de Chantal Sébire avec la formule sitôt rituelle de « droit à une mort digne ».

 

C’est une règle non écrite : l’euthanasie ne revient dans le débat qu’en cas d’actualité. Bien souvent, une famille prend à témoin le président et lui met le couteau sous la gorge en lui faisant du chantage. Elle revendique le droit de débrancher un de ses malades pour cesser de prolonger artificiellement ses souffrances. Et les siennes par la même occasion, car les proches souffrent dans leur âme ce que l’incurable vit dans son corps. François Hollande devrait se méfier. En ayant ouvert lui-même le débat, il risque d’être vite sollicité et devra alors prendre une décision. Or il les remet toujours à plus tard, car il s’en remet à ce qui est « le plus juste ».

 

Le problème, c’est que ces faits divers empêchent une véritable réflexion de fond sur ce sujet de société. La pensée commune dit que chaque homme a droit à la vie et que nul ne peut la lui retirer sans son consentement. Or il est impossible d’obtenir l’avis d’un malade en phase terminale : les proches voire les médecins prennent l’initiative d’eux-mêmes et risquent de lourdes sanctions pénales. Soulager la douleur, c’est ne pas laisser la vie sauve. Fors l’honneur.

 

L’euthanasie est avant tout condamnée pour des positions morales. L’Eglise est contre car c’est l’équivalent d’un suicide or seul dieu donne et ôte la vie. Mais elle est contre tout : l’avortement parce qu’il tue les fœtus, la contraception parce qu’elle tue les gamètes, le préservatif parce qu’elle tue le plaisir, la masturbation parce que c’est Mozart qu’on assassine, l’homosexualité parce que ce n’est pas naturel. Et ses prêtres pédophiles lui font du tort.

 

L’évolution de l’humanité est ironique. Longtemps le crime fut justifié pour appliquer la justice, de la loi du Talion à la peine de mort en passant par l’Etat de guerre. Aujourd’hui il est inscrit sur les tables de la loi qu’on ne tuera point et tout le monde ou presque le respecte. La légalisation du permis de tuer pour raisons médicales irait donc à contre-sens de l’histoire. Or les juges sont cléments et la jurisprudence annonce toujours par avance les évolutions de la loi.

 

Celle qui fait autorité actuellement est la loi Léonetti, du nom de ce brave député qui a réussi à imposer un compromis consensuel sur la question en 2005. Son texte condamne l’euthanasie généralisée mais autorise l’accompagnement vers la mort dans les cas extrêmes très spécifiques et très encadrés. C’est ce qu’on appelle une réponse problem solving : on montre qu’on apporte une solution mais celle-ci laisse le problème en l’état. Statu quo ante, le passé a tout l’avenir devant lui. Un moyen habile de sauver la face face à un thème peu conflictuel.

 

Des contrées comme les Pays-Bas ont déjà légalisé le suicide assisté. Mais l’ecstasy aussi. On observe leur évolution et elle a des résultats contrastés. Chaque société est différente et n’a pas le même seuil de tolérance aux changements de mentalité. Il faut donc raisonner en bon français pour rompre avec cette chronique d’une mort interdite. Cet enjeu a trop d’importance pour être débattu par les seuls hommes politiques, qui n’ont aucune idée de l’impulsion qu’ils veulent donner. Mais on ne peut pas faire de consultation sur tout. Comme souvent, c’est l’évolution créatrice de la société qui choisira, par petites touches et par mouvements brusques.

 

L’euthanasie est un défi majeur en matière de bioéthique. Une solution viable serait de mener des expérimentations, comme pour les dispositifs pédagogiques dans les écoles : on teste la solution dans quelques hôpitaux et on la généralise si elle se révèle satisfaisante. Mais la peur cachée de ce débat est bien dans le risque de dérapage à terme. Il sera impossible de revenir sur une loi qui sera entrée dans les mœurs. Le doute s’emparera du système de santé que les gens assimileront à une filière de crime organisé. C’est toute la relation de confiance du malade au médecin qui s’en trouvera ébranlée. Le particulier ne doit pas mettre en danger le général.

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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 22:22

« Les énergies renouvelables sont inépuisables »

 

Hermann SCHEER (1944-2010) – Homme politique allemand et germanopratin

 

 

Les français se plaignent qu’ils paient l’essence trop chère. On n’a toujours pas trouvé d’alternative à la voiture individuelle comme mode de déplacement. Chacun continue à polluer en émettant des gaz à effets de serre qui creusent le trou de la couche d’ozone et des particules fines qui remplissent nos poumons de glaires. Les français se plaignent aussi de l’augmentation du coût du gaz. On est revenu de la solution électrique qui utilisait l’avantage comparatif du nucléaire. Mais les hivers sont toujours rudes et il faut continuer à se chauffer, alors on continue d’acheter à prix d’or le gaz russe que Vladimir Poutine exploite avec une habileté diabolique.

 

L’indépendance énergétique de la France est sans doute un grand enjeu de demain. Elle doit se pourvoir en uranium en Afrique pour faire fonctionner ses centrales nucléaires qui lui assurent 80% de son électricité. Elle doit mendier son pétrole auprès des puissances arabes de l’OPEP et l’acheter à prix d’or au-delà des 100 dollars le baril. Elle doit être très gentille avec l’Algérie pour obtenir son gaz. On comprend que l’ex ministre de l’écologie Nicole Bricq ait fait la gaffe de promettre des forages de gaz de schistes. Comme la droite, la gauche a reculé.

 

Le développement durable est devenu un enjeu plus important encore des groupes de pression font son lobbying. La moindre innovation technique est questionnée par le sacro-saint principe de précaution. Après le moratoire sur les OGM, les écologistes voudraient abolir les énergies fossiles et les produits phytosanitaires. Ils font changer les comportements en incitant à manger bio, à faire du vélo et à réduire les déchets d’emballage. Cela n’emballe personne.

 

Cette méfiance vis-à-vis du progrès provient de la prise de conscience que l’homme peut mal faire. Il a acquis un grand pouvoir sur son paysage et artificialise la nature en construisant de grandes tours et de belles routes. Mais le changement climatique est arrivé par sa faute et il éprouve de la honte. La terre se réchauffe à cause du formidable développement industriel qui a permis à l’humanité d’atteindre un taux de croissance et un niveau de vie inégalés.

 

Maintenant certains veulent revenir en arrière. C’est réactionnaire et rétrograde mais on présente la décroissance comme une sobriété heureuse. La catastrophe de Fukushima a fait évoluer les mentalités, bien plus que le nuage intelligent de Tchernobyl. On sait désormais que le risque zéro n’existe pas. Le nucléaire est remis en question alors qu’il faisait consensus entre toutes les forces politiques françaises - extrême gauche comprise - depuis la Libération. Il a fallu un accord électoral entre les socialistes et les verts pour tout chambarder. Un retour en arrière à l’allemande est envisagé même si cela équivaudrait à revenir à l’âge de pierre, ou du charbon. Mais la France laissera quoiqu’il arrive derrière elle une masse considérable de déchets.

 

C’est un consensus mou que l’Etat encourage avec volontarisme. Il a aussi subventionné à mort le diesel, les biocarburants et le GPL. La nature ne lui dit pas merci. Mais la question reste la même depuis que la problématique de l’environnement se mêle à celle de l’énergie : il faut les concilier. Les verts auraient dû y réfléchir depuis un moment puisqu’ils n’ont que cela à penser. Or ils ont refusé que le ministre de l’écologie provienne de leurs rangs. Sûrement à cause de la gestion catastrophique de la marée noire de l’Erika par Dominique Voynet en 1999.

 

La science a peut-être la réponse. Le grand défi de demain sera l’efficience énergétique, ou comment stocker de la puissance électrique et récupérer des joules contre la déperdition d’énergie qui frappe tous nos appareils électroménagers, de l’ampoule à la machine à laver. Il faut convertir la chaleur en énergie au lieu de la gaspiller, or c’est le principe des parcs solaires photovoltaïques et des éoliennes de grappiller le vent comme les moulins d’antan.

 

Les énergies renouvelables ne sont malheureusement qu’une solution d’appoint même si la recherche et développement fait des efforts pour innover. Leur gros défaut est que leur courant alternatif ne fournit pas d’énergie en continu et qu’en l’absence de stockage quand le soleil se couche et le vent tombe, elle ne peut répondre aux pics de demandes. C’est la dernière énergie à trouver, mais l’homme n’y parviendra que s’il met de l’énergie à la chercher.

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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 01:46

« Le mariage est la cause principale de divorce »

 

Oscar WILDE (1854-1900) – Ecrivain britannique et statisticien stupide

 

 

C’était une idée jetée au hasard par François Hollande durant la campagne : le mariage homosexuel. Il n’a fait en cela que suivre le projet socialiste voté en avril 2011 sous la pression de Martine Aubry et des associations de défense des minorités sexuelles. Les lobbys tiennent la politique par le bout du nez. Un projet de loi devrait voir le jour en 2013 et cette réforme des mœurs sera passée en France sans débat ni discussion. Le PS avait préparé les esprits en 2000 avec son fameux Pacs, la Canada Dry du mariage. Au moins, il a de la suite dans les idées.

 

Au départ, le mariage est l’un des sept sacrements de la religion chrétienne. Il scelle l’union d’un homme et d’une femme pour générer une descendance sur terre. C’est pourquoi le pouvoir politique n’a pas hésité à le laïciser pour en faire le socle conservateur de la société. Par les pouvoirs qui lui sont conférés, le maire déclare mari et femme ses administrés pour qu’ils fondent une famille. Une société qui fait des mariages fait des bébés et assure sa survie.

 

Les prélats et les édiles ont donc les oreilles qui saignent quand on leur certifie qu’il est possible de célébrer une union entre deux hommes ou deux femmes. Les mœurs évoluent plus vite que les lois, même si celles-ci rattrapent leur retard. En 1974, les femmes obtenaient enfin le divorce par consentement mutuel pour ne plus être considérées comme des putains quand elles quittaient leur mari. En 2012, on parle de trouple pour désigner les couples à trois.

 

Avec l’individualisme, chacun veut être égal et différent. A la mode des autres mais à sa manière. Ces revendications passent par le meurtrier communautarisme, qui dessoude le lien social et multiplie les petites patries. Les musulmans veulent leurs fêtes religieuses même hors terre d’Islam. Les noirs veulent être autant représentés à la télé que les blancs même s’ils sont moins nombreux. Les homosexuels veulent se marier et même avoir des enfants.

 

Ce qu’on prend pour un caprice est bien dans l’air du temps. Les minorités veulent être visibles et la majorité cède toujours trop facilement à leurs chialeries. Surtout le mariage est une institution en crise comme la famille, l’école ou l’Etat. Deux tiers des unions se terminent en divorces et les jeunes se marient de plus en plus tard. On fait l’amour avant le mariage au lieu d’en éprouver après. Les sacs de riz et autres bouquets de la mariée ne font plus rêver et les français privilégient le concubinage et les relations flexibles. L’union libre, comme on dit pour qualifier ces couples qui vivent dans l’amour libre et se séparent sans regret et sans formalités.

 

Il est ainsi plus facile d’aller voir ailleurs et de se libérer de ses obligations. La fidélité sur le long terme est devenue un fantasme dans notre société du zapping où on veut plusieurs vies dans une vie. L’exemple vient d’en haut. Nicolas Sarkozy est devenu grand-père puis redevenu papa après avoir divorcé deux fois. François Hollande a eu quatre enfants hors mariage et vit avec une première dame qu’il n’a même pas épousé. On comprend que donner le mariage aux homosexuels ne pourrait pas empirer la situation. De toute façon elle ne peut plus.

 

De là à en faire la panacée, il n’y a qu’un pas qu’on se gardera bien de franchir. Il ne faut pas croire les poètes qui font du mariage le rempart de l’amour contre la guerre. Ils veulent marier les curés pour qu’ils ne violent pas les enfants de la même manière qu’ils veulent marier les homosexuels pour leur donner l’illusion qu’ils ne sont pas différents. Or cette différence de traitement médiatique montre bien le chemin qu’il reste à parcourir avant qu’on ne regarde plus l’orientation sexuelle comme un critère discriminant. Le débat actuel montre qu’il est long.

 

Maintenant, il faudrait laisser les unions libres et ne plus s’immiscer dans la vie privée. C’est valable pour la religion, où l’Eglise catholique applique des sermons comme au 15 août pour réclamer de vrais parents sans faire son devoir de les aider à être bons. C’est aussi valable pour la politique, qui se mêle de tout et ne solutionne rien. Le mariage homosexuel va encore ouvrir une brèche pour les revendications sociales isolationnistes. Voilà un argument que la droite pourrait utiliser au lieu de son refrain conservateur et dépassé de la tradition du mariage.

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