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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 08:06

« Vous finissez votre nom. Je commence le mien »

 

VOLTAIRE (1694-1778) – Philosophe français et descendant qui monte

 

 

En 200 ans, la France a changé. La politique française a dû changer aussi. Et pourtant… La révolution française était censée permettre aux fils du peuple de participer au jeu du pouvoir et même de l’exercer. Là où jadis le roi transmettait sa fonction de père en fils, on lui a coupé la tête pour mettre fin à des siècles de pouvoir héréditaire qui ne se basaient que sur la victoire à un moment donné d’un seigneur qui avait su taper plus fort sur les autres et faire en sorte que la gestion du royaume ne sortirait plus de sa famille. La république était censée changer tout cela.

 

Rien n’est moins sûr. Sous l’Ancien régime, les chevaliers avaient fini par accumuler tant d’honneurs et de gratitude qu’ils en sont devenus nobles et que leurs enfants ont aussi hérité de leurs titres. Sous le nouveau, c’est pareil. A peine devenu empereur, Napoléon voulait que son immense pouvoir soit transmis à sa mort à son fils. C’était l’aiglon. Né le 11 octobre 1814, il mourra le 22 juillet 1832. Finalement le grand homme sera comblé à titre posthume puisque son neveu Louis-Napoléon alias Napoléon III lui succédera. Et il n’y eut point de Napoléon II.

 

Le népotisme est de toutes les époques et de tous les régimes. Alors qu’il se fait désirer et crée l’attente autour de lui en vue d’un éventuel retour de la vengeance, Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de sa dynastie. Il croit beaucoup en son fils Jean, voué à être le futur aiglon tant il aura été mis sous le feu des projecteurs trop tôt et très mal. L’affaire de l’Epad devrait ternir pour longtemps l’image du jeune Jean Sarkozy. Ce sous-diplômé veut faire carrière comme son père, or celui-ci lui nuit en voulant l’aider. Il continue en s’obstinant et en s’abstenant d’être abstinent.

 

Ce « fils de » est comme le prince Charles, qui attend désespérément et sans espoir que sa mère veuille bien se retirer pour enfin devenir la reine d’Angleterre. Il ira où le vent portera. Mais jamais bien loin. Même quand l’occasion se présentera, les soupçons de favoritisme qui pèseront contre lui seront assez forts pour le défavoriser. C’est injuste, mais c’est la vie. Avec un peu de chance, il finira comme tant d’autres de ces enfants gâtés, qui comme dans le commerce et l’artisanat voient leurs pères leur passer la main en espérant qu’ils ne fassent pas moins bien.  

 

C’est souvent le cas. La politique est une affaire de familles. Mais les familles ne font pas toujours des affaires. Thomas Hollande, le fils de François, est plutôt un enfant de la télé qu’un enfant prodige. Louis Giscard d’Estaing, le fils de Valéry, est maire de Chamalières comme son paternel et c’est à peu près tout. VGE descendait pourtant d’une belle lignée politique. Gilbert Mitterrand, le fils de François, est maire de Libourne et personne ne sait la situer sur une carte. Son neveu Frédéric fait à peine mieux, puisque ce n’est pas beaucoup mieux qu’une fofolle.

 

Passons aux ministres, maires et parlementaires. Jean-Louis Debré, le fils de Michel, a fini président du conseil constitutionnel parce qu’il était fidèle à Jacques Chirac là où son père fut le 1er ministre de Charles de Gaulle pour ses propres mérites. Son frère Bernard, lui, dit une connerie à chaque phrase qu’il prononce. Axel Poniatowski, le fils de Michel, n’est connu que parce que son nom a été porté par un roi de Pologne. Nathalie Kosciusko-Morizet, la fille de Jacques Morizet, fait certainement mieux que lui mais c’est parce qu’elle lui doit vraiment tout.

 

Les Casimir-Périer, les Jeanneney et les Dassault ; les Médecin, les Grenet et les Baudis. Autant de familles qui ont monté leur petite affaire et que les électeurs récompensent car ils se sont donnés la peine de naître. Même si certain(e)s se font à la force du poignet. Martine Aubry n’a pas eu besoin du nom de son père Jacques Delors pour faire une aussi jolie carrière que lui. Marine Le Pen n’a pas eu besoin de l’aide de son père Jean-Marie pour prendre son parti et le mener à son meilleur score aux élections présidentielles. Ce n’aurait pas été lui rendre service.

 

Être un « fils de » est presque une insulte tant il devient pénalisant en démocratie d’être bien né. C’est un fardeau plus qu’un piston - même si ça l’est aussi - ne serait-ce que parce que tout le monde vous attend au tournant. On ne souhaitera donc à personne de le devenir.

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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 06:49

« Le propre d’un réformateur, c’est qu’il réussit ses réformes »

 

Lionel JOSPIN (1937) – Homme politique français et faux révolutionnaire

 

 

Il part avec le sentiment du devoir accompli. Le président du conseil italien va remettre sa démission une fois que le budget sera voté. Technocrate nommé chef du gouvernement dans un monde de politiciens élus au suffrage universel, Mario Monti a remis l’Italie sur les rails de la maîtrise budgétaire qui avaient tant fait défaut au pays sous le magistère de son prédécesseur. Que tout le monde se rassure : Silvio Berlusconi prépare déjà son énième retour à la tête de l’exécutif. Il faut dire qu’avec une gauche aussi incapable, la droite transalpine a la tâche facile.

 

Mario Monti incarne la figure même du réformateur : sans idéologie fixe mais avec des convictions profondes, sans prise de risque inutile mais avec le soupçon de courage nécessaire, sans fioriture ni vernis mais avec du sérieux et des résultats. En somme, tout ce qui manque à notre regretté et regrettable François Hollande. C’est sûrement pour cela que le président n’a pas hésité à user et abuser de mini-sommets avec l’ancien banquier central. Il fut aux antipodes de ses convictions social-démocrates, mais il aura servi à leur donner un semblant de crédibilité.

 

Le dirigeant italien qu’on pleure déjà en pensant au suivant était consulté de tous, dont la rigide chancelière allemande Angela Merkel. C’est lui qui a inspiré en partie le traité sur la rigueur que tous les gauchistes du vieux continent accusent d’être austéritaire alors qu’il garantit la stabilité budgétaire de nos nations endettées. Super-Mario a serré les boulons en Italie et le pays peut de nouveau emprunter à un coût soutenable. Mais tombe-t-on amoureux d’un taux d’intérêt à 5% ? Le peuple ne le pleurera même pas car le chômage a trop continué de grimper.

 

Mario Monti résistait là où d’autres pleurent à l’heure d’instruire des coupes budgétaires et des baisses de pensions. Il a réduit les déficits aux dépens des fonctionnaires et des retraités sans être accusé d’être l’ami des patrons et des riches car il a eu le courage d’expliquer le bon sens de ses mesures. Sage à la Solon, il a réformé car il a eu l’audace de prendre des décisions là où d’autres osent à peine prendre des pincettes. Les décisions les plus dures à prendre sont les moins mauvaises. Sauf en France, où on préfère à la fois être impopulaire et inefficace.

 

François Hollande est plus à l’image des français que de la Hollande ou du redresseur de l’Italie : il est peureux, pas tenté et pusillanime. Il dit suivre un cap, or il est sans direction ni décision. Il n’agit pas, pour ne pas esquisser de tournant et pour esquiver tout virage. Le mirage de l’hyperprésidence, voilà ce qui fait fuir ce bon connaisseur de ses limites. S’il est si modeste, pourquoi a-t-il nominé au poste de 1er ministre un homme qui lui ressemble tant là où il aurait fallu un homme actif, décidé et mobilisateur ? C’est comme si la France se sentait sans chef.

 

C’est quand même dommage de lutter autant pour le pouvoir pour finalement l’exercer si peu et si mal. François Hollande n’en profite même pas. Comme Jacques Chirac, sa seule réforme sera sûrement le plan cancer tant il est indécis et il s’amende lui-même. La gauche n’a pour l’instant instruit que des mesures provisoires quoiqu’effarantes : la taxe à 75% mais que pendant deux ans, la baisse de six centimes du prix de l’essence mais que pendant trois mois, la fin de la TVA sociale mais que pendant cinq semaines. Elle y renonce quand elle les annonce.

 

Car réformer c’est avant tout reformer. Ils ont fait beaucoup d’études mais on ignore où ils ont rangé leur bon sens. Ce qui fait la différence entre un grand dirigeant et un petit dirigiste, ce n’est pas l’intelligence. C’est l’énergie qui l’anime et qui le pousse tous les jours à vouloir changer la face du monde. Or François Hollande a à peine la majorité de sa politique et peine à faire la politique de sa majorité. Il est impotent et indolent. On lui mettrait du pâté et du foie gras sur la table qu’il se débrouillerait quand même pour choisir à tous les coups le pâté.

 

Son problème est que l’action publique est devenue trop lente pour rendre efficace son tempérament de réformiste. Elle subit une incohérence temporelle. Le choc de compétitivité n’entrera en vigueur qu’en 2014 or d’ici là, la crise aura largement eu le temps d’empirer ou de disparaitre. Il est temps de dire adieu aux faux réformateurs inutiles qui nous font perdre notre temps en étant élus sans même savoir ce qu’ils veulent faire. Plutôt que de mener des projets pour mener des projets, il faudra s’en tenir à quelques-uns symboliques et efficaces et les faire.

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21 décembre 2012 5 21 /12 /décembre /2012 23:35

« Dans l’Essonne, notre coréen national va avoir chaud aux plumes »

 

Alain MARLEIX (1947) – Homme politique français et découpeur de têtes

 

 

Jean-Vincent Placé a - on peut le dire - l’art de toujours être bien placé. Pendant que ses camarades d’Europe Ecologie - Les Verts souffrent le martyre au gouvernement, il critique tranquillement ce dernier en se demandant à voix haute s’il ne serait pas mieux pour le parti d’en sortir. Un appel à la désolidarisation gouvernementale qu’aura sûrement apprécié l’équipe dirigeante du PS, qui lui a accordé bien trop de concessions alors qu’il est un allié si peu fiable.

 

Il doit être un très fin négociateur si l’on en croit les avantages exorbitants qu’il a réussi à brigander aux socialistes. Une candidature libre de toute concurrence dans 60 circonscriptions aux élections législatives. Une promesse insensée de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production française d’électricité. Un droit à la critique intact avec un assentiment le plus total lors du refus de voter en faveur du TSCG. Il est des muselières qu’il est doux de porter.

 

Jean-Vincent Placé est toujours placé car il sait où il veut aller. Le coréen national est à l’image de sa formation, surtout depuis la candidature d’Eva Joly à l’élection présidentielle : il ne parle jamais d’écologie, et surtout pas en public. L’environnement est devenu pour les verts le cadet de leurs soucis car ils ont mieux à faire à se vautrer dans des bisbilles politiques sans envergure. Le président de leur groupe au sénat en est l’illustration et il sait faire preuve d’une habilité débordante à l’heure de se démarquer du bilan médiocre de la bouffonnerie socialiste.

 

Il bouffe à tous les ateliers. A la tête de son équipe volante, il conspire et trahit et inspire et trafique. Cet homme-là aura tout vendu : en vantant le modèle socialiste, avant de le jeter aux orties avec l’eau du bain. Bien plus que Pascal Durand, il est le vrai chef de file de ce parti pris au piège de ses propres contradictions. Il faut en effet être sacrément schizophrène pour aider Jean-Marc Ayrault à Paris et le décéder à Notre-Dame-des-Landes. Encore un cas épineux de conscience en forme de double contrainte : les deux solutions possibles sont deux impasses.

 

Les verts sont finalement prisonniers et piégés par les socialistes. Leur putsch a fait plouf et pschitt. Ce sont les communistes qui se sont bien mieux placés en profitant de leur position charnière au sénat. La gauche n’avait jamais eu la majorité. Ils préfèrent rester dans l’opposition et faire du chantage aux socialistes. Leurs votes aux côtés de l’UMP pour planter les budgets et les projets du gouvernement ne visent qu’à leur donner des avantages en nature : des lois, des élus et des sous. Voilà ce qui arrive quand on n’a la majorité qu’avec six sièges d’avance.

 

Et voilà ce qui devrait arriver si l’idée d’introduire 10% de proportionnelle aux élections législatives était entérinée. La majorité présidentielle serait alors otage de toutes et de chacune de ses composantes, même la plus petite. Ce n’est pas un hasard si avec leurs dix pèlerins et demi qui se battent en duel, les communistes ont plus de pouvoir que les verts et leurs dix-huit députés qui ne leur apportent guère mieux que du prestige. On pensait avoir en face et affaire à une chambre introuvable or les communistes sont plus royalistes que le roi et que les socialistes.

 

Cette surenchère à gauche ne va pas tarder à nuire à tous les français, même à droite. A force de retarder l’entrée en vigueur des projets, ils fragilisent la capacité de l’exécutif à mener des politiques contre la crise et le pays perd en crédibilité auprès des agences de notation. La lutte entre le Parti communiste et le Parti de gauche a fait une victime, le Parti socialiste. Main dans la main lors de la journée européenne contre l’austérité, les deux frères ennemis se tirent la bourre et dans les pattes pour dénoncer le plus la rigueur. Il faudrait les renvoyer au goulag.

 

Jean-Vincent Placé est - on peut le dire - le principal intéressé à ce que l’extrême gauche entre en guerre civile. Cela lui permettra au moins de retrouver du poids au bureau des plaintes tenu par ce gouvernement qui fait des concessions de tous les côtés pour maintenir son fragile pouvoir. C’est finalement un rigolo, mais dans le genre du fou-qui-repeint-son-plafond : on ne comprend pas toujours la blague. Il n’est maintenant plus le mieux placé pour faire la leçon. On dit qu’il est plus facile de partager les galères que les succès. Le contraire est plus évident.

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  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
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