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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 08:58

« Le public semble plus demandeur de premières idylles que de nouveaux talents »

 

Philippe BOUVARD (1929) – Journaliste français et amoureux du passé

 

Le renouveau, c’est Bruno ! C’est en tout cas ce qu’arborent fièrement les militants UMP qui soutiennent la campagne de Bruno Le Maire pour la présidence du parti. L’ancien ministre de l’agriculture est parti très tôt en campagne. Pas simplement en juin après la démission de Jean-François Copé mais dès 2012, et il s’est structuré un réseau de fans dans chaque fédération. Seul quadra parti dans la bataille, il a tout à y gagner. Y compris d’un score meilleur que prévu face à Nicolas Sarkozy.

 

Bruno le Maire a pris ses distances avec l’ancien président. Juste ce qu’il faut. D’un côté il l’égratigne un peu dans son livre sur son expérience du pouvoir. De l’autre il l’applaudit en réunion publique car il sent bien le vent des militants. Il ne faut pas insulter l’avenir. Sa candidature est une candidature de témoignage. Il sait qu’il n’a aucune chance de battre Nicolas Sarkozy. Par contre il sait qu’il a une chance de devenir son 1er ministre s’il réussit à peser assez dans la droite de demain.

 

Bruno Le Maire joue la carte du renouveau car il sait que paradoxalement, c’est ce qu’attendent aussi les militants. La stratégie est loin d’être idiote. Nicolas Sarkozy incarne le passé. Une partie de la droite et des français veut passer à autre chose. Il a eu sa chance. Alors autant se classer dans la nouvelle génération à qui il faut donner la sienne et qui ne veut pas être sacrifiée. Celle que veut constituer Nicolas Sarkozy en démarchant tant de jeunes qui ne sont pour lui que des faire-valoir.

 

Incarner le renouveau pour vieillir Nicolas Sarkozy

 

On l’a compris, le programme de Nicolas Sarkozy c’est tuer l’UMP. Drôle d’idée de se présenter à la tête d’un parti pour en annoncer la fin. C’est peut-être là que Bruno Le Maire peut amasser des voix. Il a promis de remettre l’UMP en ordre de marche. Il vante son honnêteté et son opposition au cumul des mandats comme pour faire contraste avec le passé. C’est toujours facile à dire quand on n’a jamais rien fait. On croirait entendre son ancien mentor Dominique de Villepin. Même dans la voix.

 

Le grand mérite de Bruno Le Maire, c’est qu’il a travaillé depuis des mois un projet et un programme pour l’avenir de la France. En coulisses, ce qui lui ressemble bien. Il a établi trois priorités pour l’avenir : la réforme de l’État, la lutte contre les déficits et l’éducation. Son grand problème, c’est qu’il est trop gentil et qu’il doit s’acheter un charisme. Preuve en est, il peine à rassembler des troupes suffisantes parmi des élus UMP en pleine sarkolâtrie. Mais courir les soutiens ne fait jamais une élection.

 

Il a les yeux bleus et écrit des romans comme personne, mais cela risque de ne pas être suffisant. Déjà les adversaires de sa génération, de François Baroin à Laurent Wauquiez en passant par NKM, se sont ralliés à Nicolas Sarkozy comme pour lui savonner la planche. Ils ont peut-être tort, tant l’ancien président a toujours mieux traité ses ennemis parce qu’ils savaient lui résister que ses amis parce qu’ils ne savaient pas l’amender. Or mieux vaut être maître chez soi qu’esclave chez l’autre.

 

Le problème des gens beaux c’est qu’ils vous rendent jaloux. Honnête, trop honnête, Bruno Le Maire a encore à faire s’il veut se fabriquer un destin présidentiel derrière cette campagne interne qu’on imagine n’être qu’un strapontin. Il devra se construire une relation avec les français, faite de hauts et de bas, de bonheurs et de douleurs. Il devra se décoincer, au risque d’être ridicule en voulant faire populo alors qu’il est surtout intello. Mais le renouveau passe toujours par sa propre remise en question. 

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 09:28

« Gouverner, c’est choisir »

  

Pierre MENDÈS FRANCE (1907-1982) – Homme politique et homme de gauche  

  

La vie politique française est parfois faite de moments où tout s’arrête sous l’effet d’un homme. Exemple avec le « moment Mendès », période finalement assez courte au cours de laquelle Pierre Mendès France dirigea la France avec cette rigueur morale qui en fait aujourd’hui encore un modèle pour la gauche. Exemple avec le « moment Rocard », lorsqu’au début du second septennat de François Mitterrand la deuxième gauche put enfin exercer le pouvoir et faire ses réformes. Ces deux hommes sont les modèles de Manuel Valls. Or c’est à son tour de vivre son moment.  

      

La méthode Valls c’est avant tout sa posture d’autorité, qui tranche avec la mollesse de François Hollande. Avec ses coups de mentons et sa testostérone, le 1er ministre a su instiller dans l’opinion l’image d’un homme de convictions, prêt à mener les réformes qui s’imposent pour le pays quel que soit le prix à en payer. Ses appels à la responsabilité des frondeurs ou son dernier remaniement avec l’éviction d’Arnaud Montebourg ont assis cette image. Même Martine Aubry l’appelle à « se décrisper ».

   

Manuel Valls c’est surtout un as de la com. Il sait y faire avec les médias, lui qui fut l’attaché presse de Lionel Jospin lorsque ce dernier était à Matignon. Sa tactique d’hyperprésence médiatique a rappelé celle de Nicolas Sarkozy, qui lui aussi avait choisi l’intérieur pour montrer aux français combien il s’occupait d’eux. Malgré des résultats modestes, son état de lévitation dans les sondages en a fait l’unique choix comme chef de gouvernement lorsqu’il a enfin réussi à éliminer Jean-Marc Ayrault.

   

Beaucoup de faire-savoir, peu de savoir-faire

     

Si seulement ses résultats économiques étaient à la hauteur de ses passages à la télé… En assumant une ligne sociale-démocrate ou sociale-libérale, Manuel Valls a concrétisé le virage pris en 2014 par François Hollande avec l’annonce du pacte de responsabilité. Baisser les charges des entreprises pour renforcer leur compétitivité, c’est aux yeux de la gauche un cadeau intolérable fait aux patrons. Et un sacrilège quand cette politique est menée par l’homme le plus à droite du PS, qui dit « aimer les entreprises » et qui nomme un banquier de Rothschild à la tête de l’économie.  

 

 

 

 

D’où la grogne des frondeurs. La gauche n’a pas été élue en 2012 sur ce programme que la droite n’a pas eu le courage de mener en dix ans. Ce n’est pas son ADN et ses militants ne sont pas sur cette ligne, sur laquelle Manuel Valls n’avait recueilli que 5 % des voix à la primaire de 2011. Aujourd’hui il savoure. Lorsqu’elle était 1re secrétaire, Martine Aubry l’avait sommé de quitter le parti s’il ne reniait pas son vœu d’en finir avec les 35 heures. Les temps ont bien changé, la roue a bien tourné.

 

Alors que se profile la menace d’une scission du PS lors de son congrès en 2015, deux scénarios se présentent à Manuel Valls. Soit il réussit et ce sera le sauveur de la France et de cette république qu’il aime tant louer dans ses discours. Il serait le candidat naturel de la gauche en 2017. Soit il échoue et c’est la fin de sa carrière. La gauche de la gauche ne lui pardonnerait pas d’avoir ainsi dénaturé ses rêves. L’hypothèque serait levée et l’enfer de Matignon aurait sauvé François Hollande. 

 

Même s’il vit un bon moment, Manuel Valls est confronté à la réalité du pouvoir. Celle où les politiques économiques prennent du temps à produire leurs effets. Celle où la gauche moderne et consciente des réalités reste un ovni. Celle où la posture et la com ne font pas tout. Preuve que le moment Valls est une parenthèse sur le point de se refermer, le dernier vote de confiance : il n’a plus de majorité absolue pour soutenir sa politique. Cette confiance relative, c’est bel et bien le début de sa fin.

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 08:18

    « C’est pas facile »

 

François HOLLANDE (1954) – Président de la république et trop dépressif  

 

François Hollande tenait ce jeudi sa quatrième conférence de presse depuis son accession à l’Élysée. Une causerie au coin du feu dont on ne retiendra rien, tant il n’avait rien à vendre ni à  annoncer. C’est plutôt l’image d’un président dépressif et résigné qui restera, puisqu’il a passé son temps à s’excuser là où on attendait qu’il calme nos doutes au lieu d’exprimer les siens. Sa politique aura des résultats, « j’espère avant 2017 » : pour la première fois, son optimisme a montré des failles.


Malgré une politique jusque-là illisible pour les français tant elle accumulait de virages, de tournants, de retournements et de zigs-zags, François Hollande avait toujours tenu bon dans l’affirmation de sa ligne. « Je sais où je vais ». Ce n’est plus le cas. Sa politique économique n’a pas inversé la courbe du chômage. Sa politique fiscale n’a fait qu’aggraver les déficits. Pris dans une suite d’événements qu’il ne maîtrise pas, François Hollande n’est plus que le simple chroniqueur de ses échecs.  

 

 

Alors que son annonce d’une intervention en Iraq devait le représidentialiser, il n’a fait que se déresponsabiliser. Toujours avec cet art de l’esquive qui lui est si propre. Il est président, pas candidat. Il parle de l’international, pas du privé (ce qui ne l’empêche pas de parler du privé lors d’un sommet international). Il est resté fidèle à son discours du Bourget, puisqu’après n’avoir pas redressé le pays il s’apprête à redistribuer un argent qu’il n’a pas. Alors que la fronde à gauche se fait de plus en plus pressante, il dit vouloir être « un président jusqu’au bout ». Nous allons donc encore devoir le subir trois ans, lui président dont la parole n’imprime plus. 


Le plus mauvais président de la Ve République


La vérité est triste à dire, mais François Hollande est sans doute le pire président de l’histoire de la Ve République. Il n’y a qu’à recompter tous les problèmes accumulés depuis son accession au pouvoir : manque d’autorité, promesses politiques trahies, résultats économiques catastrophiques, multiplication des affaires, déballage de la vie privée. Ce n’est plus « Moi président de la république », c’est « Mou président de la république ». Monsieur 13 % se prenait pour François Ier où pour le Pape François, le « Pape des pauvres ». Ni l’un ni l’autre, François Hollande c’est François dernier !


Les appels à la démission se multiplient et il ne s’agit pas d’ajouter à la démagogie. Mais tout de même, on se demande comment il pourrait finir son mandat tant il lui arrive une merde chaque jour. La rentrée a été exemplaire à cet égard pour celui qui est sans doute l’homme le moins chanceux du monde : quand ce n’était pas le livre de Valérie Trierweiler, c’était le scandale Thomas Thévenoud ou les sauts d’eau sur la gueule sur l’Île de Sein. Souvenez-vous des chiffres du chômage d’août 2013, qui inversaient la courbe avant d’être aussitôt démentis par une erreur informatique…


N’en jetez plus. C’est peut-être pour son bien que François Hollande devrait partir. Il n’était pas taillé pour la fonction. Trop pépère, trop louvoyeur, trop dans cette synthèse qui est peut être très utile pour gouverner la rue de Solferino mais n’est d’aucun secours pour gouverner la France. Le pays est dans une crise politique telle qu’on se demande comment il pourrait rester dans cet état encore trois ans. Putain trois ans ! Il serait donc dans l’intérêt de tous que la cuvée François Hollande 2014 soit la dernière. Et qu’on ne soit pas obligé de couler définitivement avec lui.

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