« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait »
Mark TWAIN (1835-1910) – Ecrivain américain et cousin de Shania
Et s’il réussissait ? Telle est la question qui ne devrait pas tarder à hanter la droite d’ici peu de temps si François Hollande continue ainsi de rassembler les petits succès et d’éviter les gros couacs. L’accord entre syndicats et patronat sur le contrat de travail, l’opération militaire au Mali, le vote du mariage pour tous… Autant de bons points que le président, en grand amateur de sport, a su marquer pour commencer l’année 2013. Cela ne fait pas oublier les points noirs ni remonter sa côte de popularité à 40%. Mais c’est de la confiance accumulée pour 2017.
Et s’il réussissait ? François Hollande a tellement raté son entrée en matière qu’on voit mal comment il ne pourrait pas relever le niveau d’ici la fin. Son début de mandat fut marqué par l’inaction et l’indécision. Sa dernière ligne droite pourrait être sauvée par un redressement de la conjoncture économique. Personne ne croit que sa taxe à 75% sur les ultra-riches ou ses 60000 postes d’enseignants supplémentaires sauveront la patrie en danger. Mais tous craignent qu’il n’ait la chance de tomber sur une période de croissance au contraire de son prédécesseur.
Et s’il réussissait ? On a tous douté des facultés de François Hollande à devenir un chef. On a besoin d’un capitaine qui tienne la barre dans la tempête, or il n’a rien d’un Magellan. Mais c’est un faux mou. Sa fermeté comme chef des armées dans le dossier malien l’a prouvé. Celui qu’on annonçait être un président normal, modeste et banal se révèle à l’usage capable de charisme. Presque d’héroïsme. Qu’importe que ce ne soit que de la poudre aux yeux et que la fermeté des mots n’ait d’égale que la faiblesse des actes. Il assure, ou fait semblant d’assurer.
Et s’il réussissait ? Tout le monde le sous-estimait et s’attendait à ce que lui gicle dans les mains le sang de l’échec. Or une fois de plus, il fera tout pour se les laver. Il ne prend aucune décision impopulaire pour ne pas faire de mécontents, tel un doux despote qui amuse et abuse son peuple. Il n’a pas créé d’illusion pour ne pas créer de désillusion. Il n’assume qu’à moitié la position de président actif plongé dans le quotidien et préfère celle de président arbitre protégé par le long terme et par son 1er ministre. C’est un gros malin, doublé d’un fin manœuvrier.
Et s’il réussissait ? François Hollande a au moins l’avantage d’être moins fougueux que Nicolas Sarkozy et moins direct que Jean-François Copé. Cela lui donne toujours la possibilité d’utiliser une de ces stratégies de billard à trois bandes qui l’ont si souvent aidé par le passé. Tel le bouchon balloté au grès des courants, il sent mieux que quiconque le sens du vent d’opinion et saura en jouer le moment venu. Ses incantations inutiles et son attentisme navrant n’y feront rien : il n’y aura pas d’anti-hollandistes primaires comme il y eut des anti-sarkozystes primaires.
Et s’il réussissait ? Il faut oublier la campagne et les promesses non tenues. On est passé à l’heure du bilan après celle du projet. Or la comparaison avec celui de Nicolas Sarkozy est cruelle : il ne fait pas pire. Il fait même pareil : du chômage en hausse, des couacs à gogo, des scandales avec sa femme, des guerres en papier, des réformes révolutionnaires en carton et des chiffres de l’insécurité constamment en hausse. L’UMP dit qu’il met la France à genoux, or elle manque trop d’entrain et subit trop de défiance pour arriver à inverser le jugement des français.
Et s’il réussissait ? En France, personne n’aime le président mais l’impopularité relative de François Hollande restera toujours flottante. Elle ne prêtera pas à conséquences sur le plan électoral. Le danger viendra comme souvent de l’intérieur. Le président semble maîtriser le PS comme à la grande époque, or les vrais déçus du hollandisme sont à gauche. Avant que ne s’officialise la division avec les autres forces de la majorité aux élections présidentielles de 2017, Jean-Luc Mélenchon et Jean-Vincent Placé auront le temps de lui faire du tort par leur parole.
Et s’il réussissait ? François Hollande peut être réélu en 2017 par défaut. Les français s’apercevraient qu’il serait la moins mauvaise des solutions, dans la consternation générale. S’il a su gagner par accident en 2012, pourquoi ne gagnerait-il pas par hasard en 2017 ? Il faudrait alors lui trouver un défaut, un point noir dans son bilan comme ce chômage qui fait un millier de nouvelles victimes chaque jour et qui est jusqu’ici son grand constat d’échec. Ou alors il faudrait lui trouver un rival, qu’on désire plutôt que de seulement le tolérer. Et s’il revenait ?