« Pour gagner une guerre, il faut trois choses : de l'argent, de l'argent et de l'argent »
NAPOLEON (1769-1821) – Empereur français et expert comptable
On a beaucoup parlé de la règle des 500 signatures en disant qu'elle était un obstacle pour les petits candidats. Elle favorise en effet les partis ayant des élus, ceux qui sont dans « le système » comme dit le FN. Mais avec plus de 36000 maires, le FN ferait mieux de se demander si le vrai problème ne vient pas de la faible acceptation de ses idées chez les édiles.
On a moins parlé des règles financières de la campagne. Au-delà du seuil des 5% à partir duquel sont remboursées les dépenses de campagne, tous les candidats ne sont pas égaux au moment de recueillir de l'argent. Sans tomber dans les excès dépensiers des États-Unis où la législation est très libérale, les gros candidats ont dépensé en 2007 jusqu'à 20 millions d'euros. Pourtant les lois de 1988 et 1995 ont limité le plafond des dépenses ce qui devait instaurer un peu d'égalité.
Et un peu de sincérité. Les deux lois ont en effet vu le jour suite à des scandales de financement de la vie politique comme l'affaire Urba. Limiter les dons privés et faire payer le contribuable, mais la voilà la solution ! Il suffisait d'y penser. Chaque parti reçoit donc un subside en fonction de ses résultats aux élections et personne n'est plus tenté par la fausse facture ou le marché immobilier truqué. Voilà pour l'historique.
Le mieux est souvent l'ennemi du bien. Ces lois ont non seulement encouragé la multiplication des partis aux élections, alléchés par l'argent facile jeté par les fenêtres par un législateur dispendieux, mais surtout ont rendu les partis vulnérables à la conjoncture électorale. On pense au FN qui dit avoir été obligé de mettre la clé sous la porte après le semi-échec de 2007 en vendant son siège « Le Paquebot ». Pas idéal pour devenir capitaine.
Comme l'argent est le nerf de la guerre, les partis sont allés le chercher ailleurs. D'où les scandales à répétition de ces dernières années à droite. L'affaire Karachi montre que la campagne d'Édouard Balladur de 1995 n'a pas été financée que par des tee-shirts, mais aussi par des rétro-commissions illégales. L'affaire Bettencourt montre que la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007 a pu être financée par les dotations généreuses mais illégales d'une vieille dame au grand cœur et à l'esprit dérangé.
Et que dire de Jacques Chirac et des accusations « abracadabrantesques » sur le financement du RPR. Robert Bourgi dit avoir financé ses dernières campagnes avec des tam-tam remplis de billets. Quand on veut des comptes ronds, il faut des bons amis.
Face à tous ces scandales qui montrent à quel point notre cadre législatif corsète notre compétition politique, ne serait-il pas plus sensé d'imiter l'exemple américain et d'aller vers plus de flexibilité ? Ceux qui veulent donner donnent, ceux qui doivent recevoir reçoivent, et on fait les bons comptes dans la légalité plutôt que d'avoir à se cacher dans des arrières-cours.
En parlant de bons comptes, il faudra aussi se pencher sur ceux du CSA, qui à force de compter les heures avec une rigidité d'appariteur en devient « antidémocratique ». Personne ne croit que Cap 21 ait autant de temps de parole que le PS, et pourtant il faudrait que chacun parle même pour ne rien dire dès qu'un parti serait trop bavard. Ou qu'il se taise à jamais.
De son côté, Nicolas Sarkozy avait lui déjà trouvé la parade. En se déclarant candidat le plus tard possible, il a fait d'une pierre deux coups en n'étant comptabilisé ni dans les dépenses de campagne - faisant payer ses déplacements officiels par les deniers publics - ni dans les temps de parole dans les médias. Sûrement une erreur de calcul.