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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 09:37

« Pour gagner une guerre, il faut trois choses : de l'argent, de l'argent et de l'argent »

 

NAPOLEON (1769-1821) – Empereur français et expert comptable 

 

 

On a beaucoup parlé de la règle des 500 signatures en disant qu'elle était un obstacle pour les petits candidats. Elle favorise en effet les partis ayant des élus, ceux qui sont dans « le système » comme dit le FN. Mais avec plus de 36000 maires, le FN ferait mieux de se demander si le vrai problème ne vient pas de la faible acceptation de ses idées chez les édiles.

 

On a moins parlé des règles financières de la campagne. Au-delà du seuil des 5% à partir duquel sont remboursées les dépenses de campagne, tous les candidats ne sont pas égaux au moment de recueillir de l'argent. Sans tomber dans les excès dépensiers des États-Unis où la législation est très libérale, les gros candidats ont dépensé en 2007 jusqu'à 20 millions d'euros. Pourtant les lois de 1988 et 1995 ont limité le plafond des dépenses ce qui devait instaurer un peu d'égalité.

 

Et un peu de sincérité. Les deux lois ont en effet vu le jour suite à des scandales de financement de la vie politique comme l'affaire Urba. Limiter les dons privés et faire payer le contribuable, mais la voilà la solution ! Il suffisait d'y penser. Chaque parti reçoit donc un subside en fonction de ses résultats aux élections et personne n'est plus tenté par la fausse facture ou le marché immobilier truqué. Voilà pour l'historique.

 

Le mieux est souvent l'ennemi du bien. Ces lois ont non seulement encouragé la multiplication des partis aux élections, alléchés par l'argent facile jeté par les fenêtres par un législateur dispendieux, mais surtout ont rendu les partis vulnérables à la conjoncture électorale. On pense au FN qui dit avoir été obligé de mettre la clé sous la porte après le semi-échec de 2007 en vendant son siège « Le Paquebot ». Pas idéal pour devenir capitaine.

 

Comme l'argent est le nerf de la guerre, les partis sont allés le chercher ailleurs. D'où les scandales à répétition de ces dernières années à droite. L'affaire Karachi montre que la campagne d'Édouard Balladur de 1995 n'a pas été financée que par des tee-shirts, mais aussi par des rétro-commissions illégales. L'affaire Bettencourt montre que la campagne de Nicolas Sarkozy de 2007 a pu être financée par les dotations généreuses mais illégales d'une vieille dame au grand cœur et à l'esprit dérangé.

 

Et que dire de Jacques Chirac et des accusations « abracadabrantesques » sur le financement du RPR. Robert Bourgi dit avoir financé ses dernières campagnes avec des tam-tam remplis de billets. Quand on veut des comptes ronds, il faut des bons amis.

 

Face à tous ces scandales qui montrent à quel point notre cadre législatif corsète notre compétition politique, ne serait-il pas plus sensé d'imiter l'exemple américain et d'aller vers plus de flexibilité ? Ceux qui veulent donner donnent, ceux qui doivent recevoir reçoivent, et on fait les bons comptes dans la légalité plutôt que d'avoir à se cacher dans des arrières-cours.

 

En parlant de bons comptes, il faudra aussi se pencher sur ceux du CSA, qui à force de compter les heures avec une rigidité d'appariteur en devient « antidémocratique ». Personne ne croit que Cap 21 ait autant de temps de parole que le PS, et pourtant il faudrait que chacun parle même pour ne rien dire dès qu'un parti serait trop bavard. Ou qu'il se taise à jamais.

 

De son côté, Nicolas Sarkozy avait lui déjà trouvé la parade. En se déclarant candidat le plus tard possible, il a fait d'une pierre deux coups en n'étant comptabilisé ni dans les dépenses de campagne - faisant payer ses déplacements officiels par les deniers publics - ni dans les temps de parole dans les médias. Sûrement une erreur de calcul.

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 11:17

« Les gens ne se dérangent que pour les élections qui ont un sens »

 

Jean-Christophe RUFIN (1952) – Écrivain français et partisan du moindre effort 

 

 

2012 est une année attendue par les suiveurs de la chose politique car c’est une année d’élections. Certains l’attendent même depuis 2007, notamment chez les battus du dernier tour qui se sont lamentés en comptant sur leurs doigts : « Putain, 5 ans ». Et bien ça y est, nous y sommes. On remet le couvert et le titre en jeu, avec les rituels habituels : déclarations de candidatures, campagne officielle, débat d’entre-deux-tours.

 

2012 est une année importante en France car il y a des élections présidentielles et des élections législatives, donc on renouvelle entièrement le pouvoir national et pas seulement à faible dose comme en 2011 avec le passage du Sénat à gauche qui n’était qu’un amuse-bouches. Ces élections devraient particulièrement passionner, parce que l’avenir du pays est en jeu, et aussi parce qu’elles viennent après des élections intermédiaires qui ont au contraire peu passionné.

 

On a même touché le fond sur certaines d’entre elles, avec des taux de participation de 40,6% aux élections européennes de 2009, 51,2% aux élections régionales de 2010 et 44,8% aux élections cantonales de 2011. Or les élections locales devraient davantage passionner les français car le pouvoir s’y joue aussi. Il s’y jouera d’autant plus que 2014 sera aussi une grande année d’élections avec des élections municipales, européennes, régionales et cantonales, excusez-moi du peu.

 

Ce sera alors l'occasion pour le perdant de 2012 de prendre un lot de consolation et une revanche sur le pouvoir en place qui d’ici là aura sûrement perdu de sa superbe. Ce sera peut-être l’occasion pour la droite de faire un carton et de récupérer les positions perdues localement depuis 2002. On se console comme on peut.

 

Mais revenons à 2012, où d’ailleurs il n’y aura pas d’élections locales. Ce sera aussi une année d’élections internationales. Sans faire un trop long tour du monde et sans forcément passer par le Sénégal, remarquons qu’en plus de la France le 6 mai, la Russie le 4 mars et les États-Unis le 6 novembre auront aussi leurs élections présidentielles, qui dans les deux cas risquent d'être des réélections présidentielles.

 

En Russie, Vladimir Poutine, bien qu’il ait délégué pour quatre ans la fonction à Dmitri Medvedev - sosie parfait de Nicolas II - devrait le détrousser de la même manière et redevenir président. C’est le luxe des démocraties autoritaires que de se donner une illusion d’alternance alors même que l’on sait le vote serré à double tour et peu serré dans les urnes. Pas sûr que le peuple ait attendu avec impatience ces élections du renouvellement et non du renouveau.

 

Aux États-Unis, Barack Obama devrait être réélu, probablement face à Mitt Romney qui représentera le parti républicain. Son bilan face à la crise semble potable surtout avec l'embellie récente de l’emploi outre-Atlantique. Il a la chance d’avoir le calendrier qui joue pour lui et des adversaires qui jouent les uns contre les autres. En France, Nicolas Sarkozy ne devrait pas en reprendre pour cinq ans. C’était d'ailleurs le souhait de sa femme Carla, et on n'est pas loin de le vouloir aussi.

 

Il y aura la tentation pour le perdant de 2012 de passer son temps d'ici 2017 à exercer le ministère de la parole et de la critique. Or le quinquennat qui s’achève devrait nous apprendre à profiter du temps présent pour résoudre nos problèmes du jour plutôt que de rêver aux miracles du lendemain. Peut-être alors que les élections ne seront plus l’habituel piège à cons de ceux qui croient les promesses et croient avoir vu le messie.

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 07:54

« L’important, c’est de participer »

 

Pierre de COUBERTIN (1863-1937) – Rénovateur des jeux olympiques et beau joueur

 

C’est avec fierté que la gauche est ressortie le 16 octobre 2011 des primaires socialistes. La fierté d’avoir participé à un processus démocratique d’ampleur sans précédent en France et d’avoir donné une leçon à la droite, qui a tant raillé l’idée et qui espérait tant qu’elle tourne au jeu de massacre. Le PS en est sorti grandi et a crée une dynamique positive pour son candidat.

 

Les leaders de la droite - sauf J-F Copé qui avec mauvaise foi a dit que deux millions de votants, c’était à peine 4% des français - ont reconnu que la primaire fut une bonne séquence pour le PS, mais qu’il devrait confirmer. La suite les a refroidis. De là à en faire la révolution que les socialistes veulent nous faire gober, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas.

 

Tout d’abord parce que ce ne sont pas eux qui les ont inventé mais les Etats-Unis, où les traditions politiques sont différentes. Copier était un risque vues les rivalités entre ténors au PS : elles auraient pu mettre sur la place publique toutes ses querelles internes et lancer la machine à perdre. Une aubaine pour la droite qui a failli se concrétiser avec l’attaque burnée de Martine Aubry sur la « gauche molle ». Mais les six postulants furent sages et les débats soporifiques.

 

Ensuite ce n’est pas la première fois qu’un tel processus a lieu en France. L’ampleur n’y fut pas mais les verts ont organisé leur primaire avant celle du PS. Le reste de la gauche n’y fut pas mais le PS avait déjà organisé un vote de ses militants en 2006 avec la victoire de Ségolène Royal sur DSK et Laurent Fabius et en 1994 avec celle de Lionel Jospin sur Henri Emmanuelli.

 

Il n’y eut que l’idée et pas la mise en pratique, mais en se réunissant en 1992 au sein de l’Union pour la France (UPF), le RPR de Jacques Chirac et l’UDF de Valéry Giscard d’Estaing avaient déjà pensé réaliser une primaire commune, avant même donc les socialistes.

 

Enfin on ne saurait faire d’une primaire organisée dans un parti politique, quelle qu’ait pu être son ampleur, l’élément principal d’une élection nationale à deux tours qui a lieu six mois plus tard avec tous les partis du spectre politique. La primaire est secondaire car l’essentiel est ailleurs, dans la manière dont le parti transforme l’essai de cette expérience.

 

Le PS a utilisé l’événement pour dénoncer l’obscurantisme démocratique de l’UMP, qui n’a pas eu le courage de se payer le ridicule d’une primaire entre le président sortant et un faire-valoir. Merci pour l’économie de papier. C’est oublier avec mauvaise foi qu’aux Etats-Unis, le parti du président sortant et candidat à un second mandat n’en organise pas et laisse le parti adverse se dépêtrer dans ses querelles internes comme le Parti républicain actuellement.

 

Quand on a un chef légitime, on n’a pas besoin d’en choisir un au hasard. C’est là qu’est tout le problème. La droite a rarement besoin d’organiser des primaires car quand ce n’est pas son président qui se représente, son leader bénéficie d’une légitimité incontestable pour porter ses couleurs. Pensons à Jacques Chirac au RPR en 1995 ou à Nicolas Sarkozy à l’UMP en 2007, que certains voulaient opposer à Michelle Alliot-Marie dans une primaire de convenance.

 

Au PS on n’invente pas de candidat bidon car on a déjà du mal à en trouver un qui fasse l’unanimité. Mis à part François Mitterrand, aucun 1er secrétaire ni sous la SFIO ni sous le PS n’a pu se présenter aux élections présidentielles. Guy Mollet en 1965, Henri Emmanuelli en 1995, François Hollande en 2007, Martine Aubry en 2012, tous maudits. Au PS, le 1er secrétaire est secondaire et les primaires sont le principal. Mais vraiment qu’au PS…

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