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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 13:32

« Etre inerte, c’est être battu »

 

Charles DE GAULLE (1890 - 1970) – Ancien président et toujours au combat

 

 

Les mauvais sondages de l’actuel président rappellent à quel point il est difficile de se faire réélire quand on est au pouvoir, surtout en France. Songeons que depuis 1981, et par le jeu des cohabitations et des alternances, aucun chef d’exécutif n’a jamais été reconduit dans une élection nationale. Les élections locales quant à elles sont souvent le théâtre d’un vote sanction contre le pouvoir en place, en témoignent les résultats calamiteux de la droite depuis 10 ans.

 

Or il est facile de critiquer depuis l’opposition le bilan d’une équipe sortante. D’autant plus celui de la majorité actuelle, qui n’a jamais réellement dominé son sujet face à la crise. Les derniers scrutins en Europe ont d’ailleurs été très durs pour les sortants, qui ont tous été sortis aussi bien au Royaume-Uni qu’en Grèce, au Portugal, en Italie ou en Espagne, qu’ils soient de droite ou de gauche. Donc pas de prime au sortant, mais plutôt de la déprime.

 

On peut certes s’interroger sur le courage qu’il y a à attendre depuis les bancs de l’opposition la noyade d’un gouvernement. Le 1er ministre François Fillon a d’ailleurs ce week end lors de la convention nationale de l’UMP chargé contre les socialistes « donneurs de leçons qui durant cinq ans ont commenté du haut des tribunes sans jamais aider leur pays ». C’est vrai que le PS n’a pas toujours joué dans l’opposition constructive qu’il s’était promis d’adopter.

 

Mais les démocraties ont besoin d’alternance. Quand les recettes d’un camp échouent, c’est qu’il est temps d’essayer celles de l’adversaire, même si ce sont les mêmes. Alors que règne une ambiance de fin de règne dans le pays, chacun notera une analogie entre les élections qui se préparent et la grande alternance de 1981 : un pouvoir de droite usé et impopulaire, une gauche qui a connu une longue période sans pouvoir, une sensation de fin de régime…

 

Or les parallèles sont nombreux entre les fins de mandats présidentiels de Valéry Giscard d’Estaing et de Nicolas Sarkozy : une crise économique (le choc pétrolier pour VGE ; la crise financière pour Sarkozy), des « affaires » (les diamants de Bokassa et la mort de Robert Boulin pour VGE ; l’affaire Woerth-Bettencourt et les « fadettes » pour Sarkozy), une même mobilisation du « peuple de gauche » quoiqu’aujourd’hui avec moins d’espoir en l’avenir…

 

Ce que nous enseigne le passé, c’est qu’en 1981 François Mitterrand n’avait pas hésité à présenter VGE comme « l’homme du passif », le renvoyant à son bilan. Tactique reprise par François Hollande lorsqu’il dit de Nicolas Sarkozy : « Il est le président sortant, je suis le prochain ». En 1981, VGE avait tenté de riposter en incarnant la crédibilité présidentielle. Tactique reprise par Nicolas Sarkozy avec son positionnement du « président protecteur ».

 

Mais basée sur un diagnostic erroné : en période d’élections les français ne veulent pas de la stabilité, qu’ils associent à de l’inertie, mais du changement - fut-il dans la continuité - ou une rupture, comme le fit Sarkozy en 2007. Ils veulent qu’on leur vende du rêve. Songeons au bide de l’affiche de VGE, « Il faut un président à la France », comme si lui-même ne l’était pas.

 

Il serait dangereux pour Nicolas Sarkozy d’adopter cette stratégie passive pendant que ses rivaux attaqueront son bilan. Ce serait être abattu avant même d’être battu. Ou dire « Bonjour tristesse » avant comme VGE de dire « Au revoir ».

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 11:01

« Le temps travaille toujours contre ceux qui pensent le maîtriser »

 

Nicolas SARKOZY (1955) – Président de la République et jamais en retard

 

 

Bizarre, ce début de campagne. Où un seul candidat, François Hollande, colonise tout le champ médiatique laissé libre par ses adversaires. Où le tenant du titre, Nicolas Sarkozy, fait durer un vrai faux-suspense sur son envie de repartir au combat. « Drôle de campagne » en définitive, où l’on est en guerre contre l’autre sans vraiment se l’être encore déclarée.

 

La déclaration de campagne de Sarkozy, justement : certains l’attendent et d’autres vont même jusqu’à l’exiger pour l’équité de la campagne. Il est en effet injuste que le président puisse user de sa parole officielle sans qu’elle ne soit décomptée de son temps de parole de futur candidat. D’où les dernières dispositions du CSA, que chacun jugera ou non pertinentes. Surtout, il est injuste que le président continue à faire financer ses déplacements au frais de la princesse sans qu’ils ne soient comptabilisés dans ses futurs comptes de campagne.

 

Mais l’enjeu principal de cette déclaration de candidature est ailleurs. Voila plusieurs jours que François Hollande est seul à faire campagne sur le terrain et dans les médias. Certes ses propositions sont du coup les seules à être exposées au feu des critiques, mais il peut ainsi imposer ses thèmes de campagne. Et les piques de l’UMP, que Nicolas Sarkozy n’a donc pas encore à délivrer lui-même, ont eu peu d’effet contre lui.

 

Le candidat socialiste aura donc vécu un mois de janvier plutôt tranquille. L’absence de débat projet contre projet lui a même permis de prendre un avantage décisif sur son adversaire, or on sait d’expérience que les intentions de vote se cristallisent traditionnellement fin janvier ou début février. En répondant férocement au discours du Bourget, la droite a souligné bien involontairement qu’elle a perdu la main et qu’elle n’est plus que dans la réaction.

 

Rappelons que l’une des bases de la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 fut sa capacité à maîtriser l’agenda et à imposer ses thèmes de campagne : le pouvoir d’achat, l’identité nationale, le « travailler plus pour gagner plus »… Cette année, rien de tout cela. Il semble toujours avoir un train de retard et être à la remorque du candidat socialiste. Et à force d’être toujours en retard d’une idée, il finira forcément par arriver en retard au rendez-vous du 6 mai.

 

Dans une déclaration de candidature, le moment compte beaucoup. Il y a les adeptes de la course de lenteur, comme Jacques Chirac et Lionel Jospin en 2002 (qui s’étaient déclarés respectivement le 11 et le 20 février). C’est la tactique de François Mitterrand en 1988, qui ne s’était déclaré que le 22 mars et que Nicolas Sarkozy compte imiter pour montrer qu’il sera « président jusqu’au bout ». Mais cette stratégie ne marche que si c’est le président sortant qui a de l’avance dans les sondages, tout le contraire de ce qui se passe aujourd’hui.

 

Alors pour rattraper le coup il y a la forme. Exemple à ne pas suivre : Edouard Balladur, alors soutenu par Nicolas Sarkozy, qui se déclare candidat en 1995 depuis les dorures de Matignon dans un style trop solennel. Bons élèves au contraire : Mitterrand en 1988 lors d’une interview télévisée avec des journalistes (que Nicolas Sarkozy serait bien inspiré d’imiter ce dimanche) ou Chirac en 2002 lors d’une visite présidentielle en Avignon. Le but, c’est de tomber à pic… avec le risque que tout tombe à l’eau.

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 11:49

« On devrait toujours être amoureux : voila pourquoi on ne devrait jamais se marier »

 

Oscar WILDE (1854-1900) - Ecrivain britannique et célibataire endurci

 

 

C’est une petite phrase qui a fait grand bruit : « En cas de défaite, vous n’entendrez plus parler de moi ». En se confiant ainsi en off à quelques journalistes, le président Sarkozy a dit tout bas ce que tout le monde pensait tout haut, à savoir qu’il devrait plutôt penser à sa reconversion qu’à sa réélection, tant ses chances paraissent aujourd’hui compromises.

 

Au fond, tout le monde connait les raisons de cette déroute qu’on lui annonce : Nicolas Sarkozy est le président qui termine son mandat avec la plus forte côte d’impopularité de toute la Vème République, les derniers chiffres ne le créditant que de 36% d’opinions favorables. Il faut pourtant se souvenir qu’au début de son mandat, Nicolas Sarkozy a bénéficié jusqu’à 67% d’opinions favorables, un pactole chèrement acquis après cinq ans de suractivité au ministère de l’intérieur qui avaient suscité l’espoir d’une vraie « rupture » chez beaucoup de français.  

 

Alors comment expliquer une telle dégringolade ? Tout simplement en lisant les chiffres et en observant l’évolution des courbes de popularité. Où l’on voit que Nicolas Sarkozy se traîne à 36% d’opinions favorables depuis déjà janvier 2008. Il n’est guère descendu plus bas mais n’a jamais réussi à remonter la pente, même lorsqu’il a tenté de se représidentialiser.

 

En fait les français n’en veulent pas tellement à son bilan face à la crise, qui s’il est mauvais (le chômage, la dette, le mal-logement, la perte du Triple A), ne l’est pas plus que celui des autres dirigeants de ce monde. Le président pourrait même se vanter - et il ne se gênera pas pour le faire - de quelques vrais succès : la présidence française de l’Union européenne, la réforme des retraites, le Grenelle de l’environnement, la gestion de la crise en Géorgie…

 

Non, le plus frappant, c’est qu’après un moment d’état de grâce - que connait tout président nouvellement élu - allant jusqu’à novembre 2007, le divorce entre le président et les français fut très brutal. C’est la théorie des 100 jours. Un président fraichement élu bénéficie souvent d’un temps de bienveillance de la part de l’opinion publique que l’on appelle aussi « lune de miel » et où il peut faire à peu près ce qu’il veut.

 

L’élection présidentielle étant la rencontre d’un homme et d’un peuple, il est normal que pendant un certain temps les deux fassent bon ménage. Le drame, c’est qu’en devenant le mari de la France, tout nouveau président sait qu’il va se retrouver fort marri quand viendront les lendemains de noces. Soudain le peuple ouvre les yeux et oublie sa ferveur de la veille. La critique se fait plus dure, et la chute pour l’élu de son cœur aussi.

 

L’impopularité structurelle de Nicolas Sarkozy s’explique par cette déception, par ce dépit amoureux. Il faut dire que le président y a mis du sien : le bling bling, le « Casse-toi, pov’ con », l’affichage de la vie privée avec Carla, l’hyperprésidence, le recul du pouvoir d’achat… Les français ont voulu divorcer de ce président qui ne faisait pas assez président.

 

C’est sûrement à ce moment-là du quinquennat, entre novembre 2007 et janvier 2008, qu’il a définitivement perdu les élections de 2012. Il n’y a qu’à songer au désamour et à la démobilisation de son propre électorat, dérouté par tant de bruit et si peu de fond. Or, c’est une escalade de l’Everest par la face nord qui attend le président si le 22 avril prochain ceux qui l’ont tant aimé ne se déplacent pas à la mairie pour prolonger l’union signée il y a cinq ans.

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