« Etre inerte, c’est être battu »
Charles DE GAULLE (1890 - 1970) – Ancien président et toujours au combat
Les mauvais sondages de l’actuel président rappellent à quel point il est difficile de se faire réélire quand on est au pouvoir, surtout en France. Songeons que depuis 1981, et par le jeu des cohabitations et des alternances, aucun chef d’exécutif n’a jamais été reconduit dans une élection nationale. Les élections locales quant à elles sont souvent le théâtre d’un vote sanction contre le pouvoir en place, en témoignent les résultats calamiteux de la droite depuis 10 ans.
Or il est facile de critiquer depuis l’opposition le bilan d’une équipe sortante. D’autant plus celui de la majorité actuelle, qui n’a jamais réellement dominé son sujet face à la crise. Les derniers scrutins en Europe ont d’ailleurs été très durs pour les sortants, qui ont tous été sortis aussi bien au Royaume-Uni qu’en Grèce, au Portugal, en Italie ou en Espagne, qu’ils soient de droite ou de gauche. Donc pas de prime au sortant, mais plutôt de la déprime.
On peut certes s’interroger sur le courage qu’il y a à attendre depuis les bancs de l’opposition la noyade d’un gouvernement. Le 1er ministre François Fillon a d’ailleurs ce week end lors de la convention nationale de l’UMP chargé contre les socialistes « donneurs de leçons qui durant cinq ans ont commenté du haut des tribunes sans jamais aider leur pays ». C’est vrai que le PS n’a pas toujours joué dans l’opposition constructive qu’il s’était promis d’adopter.
Mais les démocraties ont besoin d’alternance. Quand les recettes d’un camp échouent, c’est qu’il est temps d’essayer celles de l’adversaire, même si ce sont les mêmes. Alors que règne une ambiance de fin de règne dans le pays, chacun notera une analogie entre les élections qui se préparent et la grande alternance de 1981 : un pouvoir de droite usé et impopulaire, une gauche qui a connu une longue période sans pouvoir, une sensation de fin de régime…
Or les parallèles sont nombreux entre les fins de mandats présidentiels de Valéry Giscard d’Estaing et de Nicolas Sarkozy : une crise économique (le choc pétrolier pour VGE ; la crise financière pour Sarkozy), des « affaires » (les diamants de Bokassa et la mort de Robert Boulin pour VGE ; l’affaire Woerth-Bettencourt et les « fadettes » pour Sarkozy), une même mobilisation du « peuple de gauche » quoiqu’aujourd’hui avec moins d’espoir en l’avenir…
Ce que nous enseigne le passé, c’est qu’en 1981 François Mitterrand n’avait pas hésité à présenter VGE comme « l’homme du passif », le renvoyant à son bilan. Tactique reprise par François Hollande lorsqu’il dit de Nicolas Sarkozy : « Il est le président sortant, je suis le prochain ». En 1981, VGE avait tenté de riposter en incarnant la crédibilité présidentielle. Tactique reprise par Nicolas Sarkozy avec son positionnement du « président protecteur ».
Mais basée sur un diagnostic erroné : en période d’élections les français ne veulent pas de la stabilité, qu’ils associent à de l’inertie, mais du changement - fut-il dans la continuité - ou une rupture, comme le fit Sarkozy en 2007. Ils veulent qu’on leur vende du rêve. Songeons au bide de l’affiche de VGE, « Il faut un président à la France », comme si lui-même ne l’était pas.
Il serait dangereux pour Nicolas Sarkozy d’adopter cette stratégie passive pendant que ses rivaux attaqueront son bilan. Ce serait être abattu avant même d’être battu. Ou dire « Bonjour tristesse » avant comme VGE de dire « Au revoir ».