« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent »
Victor HUGO (1802-1885) – Ecrivain français et lutteur gréco-romain
Cela n’a échappé à personne. Dans la guerre des chefs qui se joue pour la présidence de l’UMP, chacun des deux candidats compte ses soutiens. François Fillon rallie ses ex ministres. Cela va de Valérie Pécresse à Laurent Wauquiez en passant par François Baroin, pourtant bon ami du secrétaire général. Jean-François Copé rallie les ex collaborateurs de l’ancien président. Cela va de Brice Hortefeux à Henri Guaino en passant par Geoffroy Didier, de la France forte.
Les sarkozystes votent Copé. N’était l’étrange soutien de Christian Estrosi à l’ancien 1er ministre, tous les confrères de l’association des amis de Nicolas Sarkozy appuient le maire de Meaux dans sa conquête du parti. Tous pour les mêmes raisons. Ils l’ont vu à l’œuvre durant la campagne présidentielle, à soutenir activement le candidat de la droite et à organiser le parti de main de maître. Ils ont aimé son courage et son dévouement. L’aiglon Jean Sarkozy a même sous-entendu qu’il était dommage que tous n’aient pas autant mouillé la chemise. S’il le dit…
Le peuple de droite n’a pas renoncé à son Nicolas. C’est pourquoi il apprécie la posture de Jean-François Copé qui célèbre l’héritage sarkozyste au lieu de s’en distancier. Il incarne la droite volontaire qui a gagné en 2007 et personne ne lui reproche de faire campagne sur les thèmes qui ont faire perdre la droite décomplexée de 2012. Les militants savent que le racisme anti-blanc n’est qu’un chapitre repris par les médias sur tout un livre et que le pain au chocolat n’est qu’une demi-phrase piochée dans un discours d’une heure et demi. Ils savent tout cela.
Au lieu de la prudence de la droite modérée, il faut du courage. Jean-François Copé est le mieux placé pour mener la reconquête des territoires et la refondation de l’UMP car il prend des risques et donne de sa personne. Il est professionnel, productif et proactif. Il met tous les sujets qui fâchent sur la table cat il vaut mieux être précurseur que suiveur. Il a des convictions. Les sondages des sympathisants ne lui sont pas favorables et ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change votent pour son adversaire. Chacun ses goûts. Les sarkozystes seront toujours avec ceux qui font, osent et agissent. Pour 2014 ou 2017, Jean-François Copé le meilleur candidat.
Cette guerre des chefs est une drôle de guerre. Une guerre de position, sans mouvement et avec à peine plus de batailles d’opinion. Elle ne fait pas de blessés. Les deux prétendants ne sèment pas la division et n’affirment pas de différence de valeur ou de programme. Ils notent seulement des écarts de personne et de personnalité. François Fillon est un séguiniste social issu du local parachuté sur une terre d’élection en or. Jean-François Copé est un chiraquien pur jus émancipé de l’énarchie qui se bat sur une circonscription difficile. L’issue du scrutin pourrait être aussi drôle. Avec une élection à deux candidats, il est facile de tomber sur un score à 50-50 si la guerre est déclarée ou à 80-20 si tout le monde croit deviner l’improbable vainqueur.
Le moins drôle, c’est que cette élection rejoue le duel fratricide de 1995 entre Edouard Balladur et Jacques Chirac. Le premier a d’ailleurs apporté son soutien à François Fillon, ce qui ne porte pas forcément chance. La chiraquie est bien représentée avec Jean-François Copé, qui comme son vieux maitre croit davantage au terrain qu’aux prévisions hasardeuses des sondages. L’ironie du soir est que le clan sarkozyste va faire gagner le chiraquien historique. C’est normal.
Le projet qu’incarne François Fillon ne colle pas avec ce que doit être et faire l’UMP. Vaguement social et tendancieusement eurosceptique, il ferait doublon avec le nouveau parti centriste de l’UDI. Il condamnerait la droite à ne jamais faire de polémique contre la gauche pour ne pas décevoir ceux qui croient qu’on peut débattre sans se fâcher. Jean-François Copé incarne au contraire la volonté. Il sait que la descente se fait très vite et que la remontée est toujours difficile. Il a déjà tout calculé pour gagner les élections présidentielles dans cinq ans.
On ne sait pas pour qui votera ou voterait Nicolas Sarkozy. On sait juste qu’il a menacé François Fillon de faire relater publiquement son manque d’engagement lorsqu’ils formaient le tandem qui a gouverné la France s’il continue à remettre autant en cause l’héritage. Il reste des soutiens de poids à rallier. Alain Juppé a dit qu’il ne choisirait pas mais on sait que François Fillon n’aime pas les chiraquiens et qu’ils le lui rendent bien. Bruno Le Maire a tenté de jouer sa carte mais il devrait finir par se rappeler que le 1er ministre ne lui a pas accordé le ministère de l’économie qu’il désirait tant. Xavier Bertrand attend 2017 et devrait comprendre que le sarkozysme qu’il prétend servir a déjà choisi son camp. Il vote pour l’aide de camp.