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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 22:15

« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent »

 

Victor HUGO (1802-1885) – Ecrivain français et lutteur gréco-romain

  

 

Cela n’a échappé à personne. Dans la guerre des chefs qui se joue pour la présidence de l’UMP, chacun des deux candidats compte ses soutiens. François Fillon rallie ses ex ministres. Cela va de Valérie Pécresse à Laurent Wauquiez en passant par François Baroin, pourtant bon ami du secrétaire général. Jean-François Copé rallie les ex collaborateurs de l’ancien président. Cela va de Brice Hortefeux à Henri Guaino en passant par Geoffroy Didier, de la France forte.

 

Les sarkozystes votent Copé. N’était l’étrange soutien de Christian Estrosi à l’ancien 1er ministre, tous les confrères de l’association des amis de Nicolas Sarkozy appuient le maire de Meaux dans sa conquête du parti. Tous pour les mêmes raisons. Ils l’ont vu à l’œuvre durant la campagne présidentielle, à soutenir activement le candidat de la droite et à organiser le parti de main de maître. Ils ont aimé son courage et son dévouement. L’aiglon Jean Sarkozy a même sous-entendu qu’il était dommage que tous n’aient pas autant mouillé la chemise. S’il le dit…

 

Le peuple de droite n’a pas renoncé à son Nicolas. C’est pourquoi il apprécie la posture de Jean-François Copé qui célèbre l’héritage sarkozyste au lieu de s’en distancier. Il incarne la droite volontaire qui a gagné en 2007 et personne ne lui reproche de faire campagne sur les thèmes qui ont faire perdre la droite décomplexée de 2012. Les militants savent que le racisme anti-blanc n’est qu’un chapitre repris par les médias sur tout un livre et que le pain au chocolat n’est qu’une demi-phrase piochée dans un discours d’une heure et demi. Ils savent tout cela.

 

Au lieu de la prudence de la droite modérée, il faut du courage. Jean-François Copé est le mieux placé pour mener la reconquête des territoires et la refondation de l’UMP car il prend des risques et donne de sa personne. Il est professionnel, productif et proactif. Il met tous les sujets qui fâchent sur la table cat il vaut mieux être précurseur que suiveur. Il a des convictions. Les sondages des sympathisants ne lui sont pas favorables et ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change votent pour son adversaire. Chacun ses goûts. Les sarkozystes seront toujours avec ceux qui font, osent et agissent. Pour 2014 ou 2017, Jean-François Copé le meilleur candidat.

 

Cette guerre des chefs est une drôle de guerre. Une guerre de position, sans mouvement et avec à peine plus de batailles d’opinion. Elle ne fait pas de blessés. Les deux prétendants ne sèment pas la division et n’affirment pas de différence de valeur ou de programme. Ils notent seulement des écarts de personne et de personnalité. François Fillon est un séguiniste social issu du local parachuté sur une terre d’élection en or. Jean-François Copé est un chiraquien pur jus émancipé de l’énarchie qui se bat sur une circonscription difficile. L’issue du scrutin pourrait être aussi drôle. Avec une élection à deux candidats, il est facile de tomber sur un score à 50-50 si la guerre est déclarée ou à 80-20 si tout le monde croit deviner l’improbable vainqueur.

 

Le moins drôle, c’est que cette élection rejoue le duel fratricide de 1995 entre Edouard Balladur et Jacques Chirac. Le premier a d’ailleurs apporté son soutien à François Fillon, ce qui ne porte pas forcément chance. La chiraquie est bien représentée avec Jean-François Copé, qui comme son vieux maitre croit davantage au terrain qu’aux prévisions hasardeuses des sondages. L’ironie du soir est que le clan sarkozyste va faire gagner le chiraquien historique. C’est normal.

 

Le projet qu’incarne François Fillon ne colle pas avec ce que doit être et faire l’UMP. Vaguement social et tendancieusement eurosceptique, il ferait doublon avec le nouveau parti centriste de l’UDI. Il condamnerait la droite à ne jamais faire de polémique contre la gauche pour ne pas décevoir ceux qui croient qu’on peut débattre sans se fâcher. Jean-François Copé incarne au contraire la volonté. Il sait que la descente se fait très vite et que la remontée est toujours difficile. Il a déjà tout calculé pour gagner les élections présidentielles dans cinq ans.

 

On ne sait pas pour qui votera ou voterait Nicolas Sarkozy. On sait juste qu’il a menacé François Fillon de faire relater publiquement son manque d’engagement lorsqu’ils formaient le tandem qui a gouverné la France s’il continue à remettre autant en cause l’héritage. Il reste des soutiens de poids à rallier. Alain Juppé a dit qu’il ne choisirait pas mais on sait que François Fillon n’aime pas les chiraquiens et qu’ils le lui rendent bien. Bruno Le Maire a tenté de jouer sa carte mais il devrait finir par se rappeler que le 1er ministre ne lui a pas accordé le ministère de l’économie qu’il désirait tant. Xavier Bertrand attend 2017 et devrait comprendre que le sarkozysme qu’il prétend servir a déjà choisi son camp. Il vote pour l’aide de camp.

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 01:13

« Ce n’est que quand il fait nuit que les étoiles brillent »

 

Winston CHURCHILL (1874-1965) – Homme politique britannique et clair obscur

 

 

C’était en 2008. Lessivés par deux mandats de George W. Bush, les américains élisaient Barack Obama 44ème président des Etats-Unis. C’était un message d’espoir que le monde a lu comme le signe qu’il peut toujours s’en sortir. Surtout les européens, qui si on les avait écoutés auraient voté à 80% pour le démocrate en croyant qu’il est de gauche alors qu’il est plus à droite que les libéraux du vieux continent. C’était aussi le premier président noir de l’histoire des Etats-Unis et le sacre d’une success story comme ce pays-continent les aime. Surtout pour les médias, qui n’ont pas vu que celui que les républicains appellent avec insistance « Hussein » pour l’assimiler à l’Islam fait partie des élites blanches et a très peu fait pour les afros. Se défendant d’être racistes, ils sont les premiers à juger un homme à la couleur de sa peau.

 

Nous sommes en 2012. Barack Obama va tenter de se faire réélire, mais les choses ont changé et ce n’est pas grâce à lui. Il a déçu. Elu en messie et Prix Nobel avant de n’avoir rien prouvé, le sauveur que le monde attendait a fait mentir son slogan de campagne « Yes we can ». Il n’a pas pu et n’a rien fait. Son mandat est une arnaque et son mythe une mystification. Sa mine moins réjouie qu’il y a quatre ans montre qu’il n’est pas fier de lui. Il croyait casser la baraque, or les électeurs seraient en droit de casser le Barack en novembre. Ils ne le feront pas.

 

Il n’a pas été à la hauteur de la crise économique. Après avoir critiqué les républicains qui n’étaient pas plus coupables que les démocrates, il a continué comme eux à arroser les banques de milliards pour les refinancer avant que la Fed ne fasse jouer la planche à billets. Pour quelques dollars de plus, la dette américaine continuait de s’envoler. Dans un pays où l’économie est l’alpha et l’oméga, il a laissé le chômage monter à 8%. Ce taux rêvé en France est honteux aux Etats-Unis. « It is the economy, stupid ». Barack Obama n’a pas fait le job.

 

Il n’a pas tenu le niveau sur les affaires internationales. Après un discours du Caire très remarqué où ceux qui avaient bien voulu le regarder comme un demi-dieu avaient applaudi ses quelques références douteuses à Cordoue pour appeler juifs et arabes à faire la paix, il n’a pas résolu le conflit israélo-palestinien. Pas plus qu’il n’a sorti l’Amérique du bourbier afghan et fait la guerre en Syrie. Le terrorisme islamique continue de sévir, incité par le recul des Etats-Unis.

 

Il a mal passé la barre sur le plan social. Dans le pays de la liberté d’entreprendre, il a réussi à faire adopter un brouillon de système de sécurité sociale publique. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le budget fédéral, mais les classes moyennes qui jusqu’ici n’étaient pas couvertes - au contraire des classes populaires - le remercient. Mais même l’Obamacare ne fait pas l’unanimité. Passé difficilement entre les griffes des juges de la Cour suprême, il continue de faire dégueuler les conservateurs qui vomissent à la vue de l’Etat-pieuvre à l’européenne. Le Léviathan socialiste n’est pourtant jamais qu’un avatar du Welfare State à l’américaine.

 

Un Obamagate est né de la personne de Barack Obama. Très à l’aise pour donner des leçons, il l’est moins pour les mettre en pratique. Entouré de conseillers en extase devant son charisme de Timothy Geithner à Rahm Emanuel en passant par David Axelrod, il est indécis et imprécis. Voulant faire des concessions à ses adversaires pour qu’ils l’aident à sortir de la crise, il a donné une image de faiblesse qui se paie cher outre-Atlantique. Le prix du compromis.

 

Les républicains auraient presque leur chance. Mais leur comportement irresponsable après leur victoire aux élections de mi-mandat les sanctionnera. En refusant la main tendue du président, ils ont coûté aux Etats-Unis le triple A en 2011 qui malgré la profondeur des déficits est tombé pour des raisons bassement politiques. Surtout leur candidat Mitt Romney ne fait pas l’affaire. Il est si peu charismatique qu’il s’est fait voler la vedette par Clint Eastwood lors de son investiture. Il est riche comme un homme d’affaires mais les électeurs ne voient en lui que le voleur de Wall Street à occuper que Barack Obama n’a pas su mater. Il est en ticket avec Paul Ryan du Tea party pour équilibrer son excès de modération et pousser les gens à voter pour lui. C’est son plus sûr handicap tant les néoconservateurs continuent de polluer le parti républicain.

 

Barack Obama a de la chance. Une deuxième chance du moins. Car son second mandat a intérêt à être bien meilleur que le premier s’il veut vraiment rester dans l’histoire et ne pas avoir été seulement une illusion d’optique. En cette année d’élections, on parle bien moins des élections américaines et cela n’est pas dû qu’au déplaisir de la rase campagne française. Quelque chose s’est cassé qui sera difficile à recoudre. Barack Obama, l’homme qui voulait être aimé, se voyait en John Kennedy alors qu’il n’est encore qu’un Jimmy Carte en réélections présidentielles.

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 23:01

« Je vous demande de vous arrêter »

 

Edouard BALLADUR (1929) – Ancien 1er ministre et candidat malheureux

 

 

C’est l’été et on a tous bien le droit à une récréation. Et il n’y a rien de mieux que de se replonger dans des souvenirs de campagne pour en extirper les exemples et contre-exemples de ce qu’il faut faire et ne pas faire. Les conseillers en communication sont maintenant implantés dans les staffs des candidats. Ils ont des idées brillantes quoique baroques ou loufoques pour les faire gagner, mais certaines sont restées dans l’histoire. Voici un tour d’horizon pour s’amuser.

 

L’histoire ne retient heureusement pas que les idées qui marchent mais il faut les suivre, tels les slogans qui captent l’air du temps. En 1981, François Mitterrand s’affiche avec la célèbre formule « La force tranquille » de Jacques Séguéla et le clocher d’une église de campagne : il a rassuré les français. En 2007, Nicolas Sarkozy utilisait le slogan « Ensemble tout devient possible » pour incarner le rassemblement du pays autour de sa droite volontariste : plus de la moitié l’a suivi. En 2012, François Hollande répétait clairement que « Le changement c’est maintenant » pour faire savoir qu’il y aurait une alternance : le peuple l’a compris et l’a cru.

 

La politique est assiégée par la communication, le marketing et la publicité. En 1965, Jean Lecanuet faisait une campagne tonitruante qui poussera De Gaulle au ballotage avec ses belles dents blanches. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing faisait pour la première fois appel à un publicitaire avec Thierry Saussez pour faire une campagne à l’américaine sur les traces de John Kennedy. En 1981, François Mitterrand rabotait ses canines qui lui donnaient l’air cruel pour amadouer la France anti-communiste. Ségolène Royal l’imitera quelques années plus tard.

 

François Mitterrand illustre bien comment la politique a pris au sérieux l’image et le paraitre. En 1965, il passait à la télévision comme il passait en meeting : avec trop de variations dans la voix et de gestes déplacés. En 1974, il payait d’une défaite son retard dans la maitrise de l’écran après son débat contre Valéry Giscard d’Estaing et sa formule assassine « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». En 1981, il lui rendait la pareille avec « l’homme du passif » et son opération Roosevelt pilotée par Jacques Pilhan, pour endosser l’habit du vieux réformateur face au jeune monarque éloigné du peuple. En 1988, son calme avait raison de Jacques Chirac.

 

Jacques Pilhan est le grand nom de la communication électorale en France. Il a importé le concept d’écriture médiatique en l’appliquant à l’ancien président socialiste avec l’opération Jupiter, en faisant un dieu qui ne descendait que rarement de son olympe élyséen. Il a signé la campagne victorieuse de Jacques Chirac en 1995 sur le thème de la fracture sociale. Il tenait son inspiration des Etats-Unis. En 1980, Ronald Reagan gagnait à coup de formules et de répliques de cinéma. En 1988, George Bush gagnait grâce au cynisme de Lee Atwater. En 2000, George W. Bush était élu grâce à Karl Rove qui l’emmenait vers la droite conservatrice.

 

Chaque candidat a son gourou. Barack Obama a David Axelrod. Nicolas Sarkozy avait Henri Guaino, sauf si Patrick Buisson reprenait la main. DSK avait Stéphane Fouks, la preuve que les échecs sont possibles. Certains passent à la postérité. En 1981, Valéry Giscard d’Estaing collait sur son affiche « Il faut un président à la France » comme si lui-même ne l’était pas. En 2007, Ségolène Royal prenait la formule féministe « La France présidente » mais elle n’évoque rien de concret politiquement. En 2012, Nicolas Sarkozy prenait le terme « La France forte » mais c’était faible pour incarner un vrai projet qui compense son bilan globalement négatif.

 

Une bonne campagne allie plusieurs facteurs. Il faut bien se positionner par rapport à sa personnalité. En 1988, Jacques Chirac sortait une série d’affiches qui le mettait trop en valeur par rapport à la mauvaise opinion qu’avaient de lui les français après deux ans de cohabitation. Il faut bien se positionner par rapport à l’adversaire. En 2012, François Hollande a trouvé la faille avec son idée du président normal face aux excès du président sortant. Il faut bien se positionner par rapport au contexte. En 2002, Lionel Jospin voulait « présider autrement » mais les français l’avaient vu gouverner pendant cinq ans et n’avaient pas été tentés par l’expérience.

 

Il y a des recettes pour réussir ou rater une campagne. Mais elle ne fait pas tout : la force du parti, la dynamique électorale et le talent du candidat sont aussi importants qu’un slogan réussi, une jolie affiche ou une belle réplique. Cela compte aussi. En 1974, Jacques Chaban-Delmas perdait parce qu’il était parti trop tôt. En 1995, Jacques Chirac gagnait parce que tout le monde croyait que son slogan était « Mangez des pommes ». En 2002, Noël Mamère faisait un bon score avec un bon mot, « Les pieds sur terre ». Mais comme aujourd’hui on pastiche les affiches, les spin doctors se risquent de moins en moins à de l’originalité. C’est dommage.

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