EN RANGS DISPERSES

« Un prince n’est sujet qu’aux lois de sa province »

Robert GARNIER (1545-1590) – Poète français et écrivant seul dans son coin

Il n’y a pas de campagne législative. Il n’y a que des campagnes législatives. Avant de se retrouver sur les bancs de l’assemblée et dans les rangs de l’hémicycle pour un été de session parlementaire extraordinaire, les députés sortants et ceux qui aspirent à l’être font campagne en rangs dispersés pour gagner leur siège. Chacun pour soi, ils sillonnent leur circonscription et ne s’occupent pas des débats nationaux. C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’y a pas de débat national.

Le 1er ministre Jean-Marc Ayrault réclame ainsi une majorité législative pour gouverner depuis sa 3ème circonscription de Loire-Atlantique où il a demandé un vote de confiance à ses électeurs. Il devrait passer facilement, ayant reçu le soutien de Martine Aubry qui distribue les investitures et n’est pas candidate après sa défaite dans la 5ème circonscription du Nord en 2002.

On ne saurait en dire autant des ministres. Ils sont 26 à risquer une démission en cas de défaite. Le combat sera rude mais est gagnable pour Benoit Hamon dans la 11ème circonscription des Yvelines, Aurélie Filippetti dans la 1ère circonscription de la Moselle et Stéphane Le Foll dans la 4ème circonscription de la Sarthe, ancien territoire d’élection de François Fillon.

Celui-ci devrait d’ailleurs réussir son parachutage dans la 2ème circonscription de Paris. Elle est réservée à la droite et le plus dur était d’écarter Rachida Dati. C’est pourquoi Claude Guéant et Henri Guaino ont soigneusement choisi leur point de chute. Les deux autres chefs de la droite devraient aussi passer. Jean-François Copé est favori dans la 6ème circonscription de Seine-et-Marne. Xavier Bertrand devrait gagner dans la 2ème circonscription de l’Aisne.

Alain Juppé a déjà renoncé. Il avait perdu en 2007 dans la 2ème circonscription de la Gironde, un territoire de moins en moins favorable à la droite. Il n’a pas pris le risque d’être écarté des affaires de l’UMP comme Nathalie Kosciusko-Morizet dans la 4ème circonscription de l’Essonne, Laurent Wauquiez dans la 1ère circonscription de Haute-Loire ou Guillaume Peltier dans la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire. Najat Vallaud-Belkacem a fait de même à gauche.

On suivra le parcours des anciens ministres qui pourraient être sanctionnés pour leur gestion des affaires comme Hervé Morin et Michèle Alliot-Marie ou pour leurs affaires de gestion comme Eric Woerth et Georges Tron. Ce sera difficile pour la droite populaire en PACA avec Thierry Mariani, Lionnel Luca ou Eric Ciotti. Ils pourraient payer cher leurs apéritifs saucisson - vin rouge mais cela permettra le renouvellement des générations d’élus.

On suivra aussi les autres partis. On verra qu’il vaut mieux pour un centriste être investi par l’UMP : le Nouveau Centre s’en tirera mieux que le Modem. François Bayrou devrait ainsi être battu dans la 2ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques. On observera qu’il ne suffit pas pour les verts d’obtenir le soutien du PS pour gagner. Ils ne gagneront pas toutes les circonscriptions qu’ils ont mendiées, même si Cécile Duflot devrait quand même s’imposer.

On suivra avec passion le combat front contre front dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Il y aura un perdant de marque voire deux puisque c’est le candidat socialiste qui pourrait l’emporter. Mais la nouvelle née des Le Pen au prénom prédestiné, Marion-Maréchal, pourrait laver l’honneur familial du bas de ses 22 ans en gagnant la 3ème circonscription du Vaucluse, terre d’élection de son grand-père.

On se présente toujours là où on est sûr de gagner. C’est pourquoi les partis casent les femmes sur des circonscriptions ingagnables et se vantent d’appliquer la parité. Ségolène Royal pensait pourtant avoir bien choisi en s’auto-parachutant dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime. Mais les terrains favorables créent de l’ambition et de la désunion. La folle du Poitou devra se cogner un socialiste dissident, et c’est un troisième larron qui pourrait en profiter.

Une campagne législative, c’est un sprint et un marathon. Il faut visiter le plus de villages possibles en trois semaines et les convaincre qu’on ne pense qu’à eux. On ne s’étonne donc pas que la campagne vire aux pronostics de petits chevaux. Roi de Prusse dans la 1ère par-ci, Général du Pommeau dans la 4ème par-là. Or on sait bien que les candidats n’y vont qu’avec des visées nationales. Dommage qu’ils en parlent si peu. Cela devrait donner en termes de députés : PS 280, UMP 210, NC 25, PCF 15, Verts 15, PRG 10, DVG 10, DVD 10,  Modem 2, FN 0.

Comments

[Ribéry]

Bon résumé de la situation.