EXCES DE CONFIANCE

9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 07:12

« On ne tombe jamais que du côté où l’on penche »

François GUIZOT (1787-1874) – Homme politique français et toujours du bon côté

Anosognosie. A privatif du grec nosognosie qui signifie perte de la mémoire. Jacques Chirac souffre de ce mal qui consiste à nier être malade et expliquerait ses dernières sorties loufoques. Comme son trait d’humour corrézien, qui l’a fait apporter publiquement son soutien à François Hollande. Cible de l’attaque, Nicolas Sarkozy n’a pas ri, lui qui pour éviter un procès à l’ancien président avait fait débloquer par l’UMP une contribution de 1,7 million d’euros.

Anosognosie. C’est à se demander si l’actuel président n’est pas lui aussi atteint tant malgré les sondages qui touchent des fonds abyssaux il continue à croire en sa réélection. Il faut dire qu’il est doué pour la méthode Coué, maniant plus ou moins habilement les déclarations en off aux journalistes pour afficher sa confiance et redonner espoir au peuple de droite. Quand il n’envoie pas ses compagnons de déroute Guaino & Guéant diffuser la bonne parole.

Il est comme ça, notre président. Sûr de lui et prêt à tout. C’est sa légendaire confiance en lui qui en 2007 l’avait fait promettre tant de réformes et de volontarisme et revendiquer la rupture avec le roi fainéant Jacques Chirac. Pas étonnant que ce dernier ait eu de la rancune, et que loin de l’avoir jetée à la rivière, il ait plongé dans l’anti-sarkozysme et délégué Thierry Rey, le père de son petit-fils, au soutien officiel de François Hollande.

On meurt toujours de ses excès. La vraie maladie de Nicolas Sarkozy, c’est son excès de confiance. C’est ce qui le fait dénigrer tous ceux qu’il ne juge pas à sa hauteur, des juges qui n’appliquent pas bien ses lois aux journalistes qui osent le prendre de haut, sans oublier les ministres inefficaces et les socialistes irresponsables. Le livre « Sarko m’a tuer » l’a bien dénoncé. On voit toujours la paille dans l’œil du voisin et pas la poutre dans le sien.

A force de donner des leçons à tout le monde, le président a donné envie aux autres de lui en donner une. Dont François Hollande, qui fait tout pour afficher son humilité et pour « se contrôler », comme disait son ancien mentor Lionel Jospin. En 1981, Marchais était « l’anti-Giscard ». En 2012, Hollande sera « l’anti-Sarkozy ». Excès de modestie et de méfiance en lui qui peut lui nuire tant les gens aiment les hommes politiques à la confiance communicative.

Mais il faut dire qu’au jeu de la fausse modestie et de la vraie arrogance, la gauche a peu de leçons à recevoir de la droite. Campée depuis dix ans dans l’opposition, elle a pu librement exercer son droit à la critique sans avoir beaucoup contribué à faire évoluer le débat par ses propositions. Elle avait mieux à faire, à se vautrer dans ses querelles internes et à faire marcher la machine à perdre, qui en 2007 s’était traduite par une très faible confiance en sa candidate.

François Fillon l’a récemment dénoncé et Jean-François Copé y passe son temps : la gauche aime elle aussi donner des leçons. Quitte à être plus dure et sectaire que la droite dure et sectaire qu’elle dénonce, elle promet de rétablir le partage et le progrès social sans cesse menacés par l’ennemi. Cette foi messianique est son excès de confiance.

Le pire, c’est que les gens y croient. C’est pour cela que leur vote est plus dur dans la sanction quand ils s’aperçoivent qu’une fois au pouvoir, la gauche est une droite comme les autres : elle doit se convertir au réalisme. C’est cet excès de confiance des électeurs dans les promesses de la gauche que François Hollande voudra éviter, c’est pourquoi aujourd’hui et jusqu’au soir des élections, il promettra peu.

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