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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 08:34

 « Face aux grands périls, il n'est de salut que dans la grandeur »

 

Charles DE GAULLE (1890-1970) – Ancien président et grand électeur

 

 

Il n'y a plus de grands hommes, ceux dont les noms servent à intituler les rues. Ni même des hommes d'État mais simplement des hommes politiques les yeux rivés sur la prochaine élection et non sur les trente prochaines années. Ils ne montrent plus la voie mais suivent tels des moutons le sentier du peuple. Ils ne sortent plus par le haut des problèmes mais battent en retraite en rase campagne avec des solutions au ras des pâquerettes. Le leader du XXIème siècle ne raisonne plus mais navigue à vue.

 

Notre société a des attentes différentes en fonction des époques sur ce que doivent être ses grands hommes. Elle réclame parfois des héros à la Napoléon mais c'est rare. Le plus souvent, elle veut des pères tranquilles qui la rassurent, comme Clemenceau et Poincaré face à l'ennemi, Doumergue et Pinay face à la crise économique, ou Pétain et De Gaulle face à la crise politique. Des vieux sages voire des savants fous. Pas des demi-dieux ou des charmeurs charismatiques.

 

L'histoire, c'est un ensemble de causes générales fécondées par des événements particuliers. La tendance de fond est là, mais il manque le déclic pour la concrétiser. Les grands hommes sont ce déclic, des météores appelés à brûler leurs ailes pour leur pays et par goût du sacrifice. On appelle ça l'intérêt général, mais en réalité c'est de la recherche orgueilleuse de gloire personnelle. L'ambition et le destin. Le Général De Gaulle a toujours su que le sien était lié à la France, avec laquelle il était marié. François Mitterrand a toujours cru qu'il serait président de la république, et quand on veut on peut.

 

Mais le destin ne prévient pas quand il arrive et ne vient pas sur commande. Il tombe sur les hommes par accident et c'est là qu'ils doivent être à la hauteur. C'est le cas des guerres, qui ont révélé tant de grands hommes. C'est aussi le cas des crises, et si celle de 2008 n'a pas montré que Nicolas Sarkozy était un petit homme - il s'en sort avec la moyenne - elle a bien montré qu'il n'aurait pas sa place ni sur celle des Grands Hommes ni au Panthéon. Plutôt que de faire l'histoire, il préférait en raconter en grand amateur du storytelling, ces contes à dormir debout concoctés par sa plume Henri Guaino.

 

Il est difficile de se mettre à la place des grands hommes. « Un défaut qui empêche les hommes d'agir, c'est de ne pas sentir de quoi ils sont capables », disait Bossuet. On a toujours peur de ce qui paraît grand et de ce qu'ont fait nos pères, en pensant qu'on n'en sera pas dignes. Or ce qui est grand n'est pas toujours haut et rien n'interdit de faire mieux. Des grands hommes, on pourrait reprendre cette célèbre phrase de La Boétie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».

 

Or notre époque est aussi remplie de grands hommes qui cachent bien leur jeu, faux Rantanplan et vrais Rintintin. Ils ont du génie parce qu'ils font toujours l'inverse de ce que les gens attendent d'eux et c'est pour cela que ça marche. Qui ne s'est jamais demandé à propos des coups de folie et de génie de François Mitterrand : soit il est très fort soit il est très con ? Mais il ne suffit pas d'avoir du génie. Encore faut-il que les autres le sachent. Il faut écrire et construire sa légende. C'est ce qui fait la différence entre les grands de ce monde - Obama, Poutine ou Lula - et nos petits présidents français.

 

Le plus dur n'est pas de rentrer dans l'histoire. C'est d'y rester. Il n'est pas né celui qui redonnera à la France sa grandeur. Tout simplement car la France n'aura bientôt plus sa place dans la cour des grands. Là où certains de nos petits dirigeants étaient portés par le poids du pays, nos nouveaux maîtres devront être de taille pour pallier à sa perte d'influence. C'est une tuile qui est tombée sans prévenir. L'histoire évolue et les hommes la subissent.

 

Histoire de ne pas en rester là, il est temps de songer à la place des hommes dans le cours des choses, qu'ils soient petits ou grands. Le futur président de la république, ancien gros et vrai faux-maigre, devra se fixer trois priorités claires. Une : sortir la France de la crise en arrêtant l'embellie du chômage et en conciliant croissance et désendettement. Deux : sauver les fondements du système social français en y apportant l'altruisme en plus qui permet de partager les fruits de la prospérité et de réduire les inégalités. Trois : redonner au pays confiance en son avenir et en son destin et lui redonner une identité.

 

Peu importe que cela passe par un contrat de génération, un projet éducatif ambitieux ou un renouveau industriel. Cela va de soi, et l'important n'est pas de le dire mais de le faire et d'y arriver. Non, monsieur Hollande, vous ne serez jamais un grand homme. Mais si vous réussissez au moins un de ces trois défis, vous aurez au moins une grande place à votre nom.

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commentaires

U
Entre Nicolas le petit et ses talonnettes, et François le gros et sa mollesse, c'est vrai que notre époque manque de grands hommes.
Répondre
C
<br /> <br /> J'ai trouvé encore plus méchant que moi.<br /> <br /> <br /> <br />

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