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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 13:30

« Aimez ceux que vous commandez. Mais sans jamais le leur dire »

 

Antoine de SAINT-EXUPERY (1900-1944) – Ecrivain français et volant en rase-mottes

 

 

Le président actuel n’a jamais fait l’affaire. Il croyait incarner la rupture et inventer une nouvelle présidence. Les français n’étaient pas prêts et n’ont pas aimé. Ils n’ont pas supporté les gesticulations incessantes de ce lapin Duracell élu à une fonction censée incarner la sagesse et la maîtrise de soi. Il était trop actif pour rester en place cinq ans de plus, or c’est rendre un piètre hommage à l’électeur que de s’empresser d’appliquer le programme pour lequel il vous a élu.

 

Le président qu’il nous faut n’est peut-être pas celui qui sera élu le 6 mai 2012 mais ce n’était pas celui que nous avons élu le 6 mai 2007. Dans les sondages qui testent les attentes des français auprès d’un président, la proximité arrive toujours loin devant le courage, l’honnêteté ou l’efficacité. Les gens veulent un président proche d’eux, d’où le succès d’émissions intimistes à la télévision où le premier monsieur nous reçoit en son salon de l’Elysée entre le bol de noix de cajou et le verre de porto, comme à la maison. On perd le mystère, mais c’est la téléréalité.

 

En vrai les campagnes présidentielles sont la rencontre entre un homme et un peuple. Les candides enfilent leurs bottes de sept lieux et mettent les mains dans le cambouis, labourant le terrain et serrant les pognes de la foule. Georges Pompidou, François Mitterrand et Jacques Chirac ont adoré y prendre des bains. Il faut aimer la France pour être élu, et la sillonner à travers champs est le meilleur chant qu’on puisse lui faire. Cela donne des campagnes usantes.

 

Elles le sont aussi surtout pour la pression psychologique qui y règne. C’est la marche ultime sur la route des rêves de gloire, et tous les coups sont permis. Il faut toujours être sur ses gardes et ne jamais crier victoire ou se croire battu d’avance. Mais c’est souvent le plus fort qui l’emporte. Pour les perdants, il est toujours possible contrairement aux Etats-Unis de retenter sa chance le coup d’après. Voire le coup d'encore après. François Mitterrand et Jacques Chirac ont eu besoin de trois essais mais la ténacité paie toujours et les français aiment la récompenser.

 

Certes ils veulent un président sincère et pas manipulateur. Un président pédagogue qui s’explique et fait comprendre et pas un technicien misanthrope. Un président issu du terroir et lié à l’histoire du pays et pas un opportuniste avide de pouvoir et d’argent. Mais ils veulent surtout un président qui revient de loin et qui a fait preuve d’assez d’abnégation pour mériter sa récompense. Un homme qui ne s’arrête pas au premier échec mais qui surmonte la déception et sait éprouver la honte. La vengeance est un plat qui se mange froid et le ventre vide.

 

Il faut rebondir comme sur un trampoline. Seuls ceux qui ont souffert sont légitimes pour prétendre au trône. François Mitterrand disait qu’il fallait vingt ans pour faire un président et qu’il fallait y penser tout le temps, même en mettant ses chaussettes. Nicolas Sarkozy a dit bien fièrement qu’il y pensait « pas seulement en se rasant ». L’ambition personnelle est appréciée, même si elle est égoïste. Le film « La conquête » le montre : l’orgasme d’une carrière politique, c’est la conquête du pouvoir. L’exercice de l’Etat c’est une petite mort, car ça retombe très vite.

 

Prétendants à l’Elysée, oubliez le charisme d’un Jean Lecanuet et ses dents blanches ou le charme d’un Arnaud Montebourg et son « bonjour » qui plaît aux femmes. Les français préfèrent les vieux sages maladroits et mal à gauche à la François Mitterrand. Oubliez le savoir technicien ou la compétence car il ne faut pas être un bourrin de bureau ou un bourreau de barreau pour attirer les foules. Sinon Alain Juppé ou Laurent Fabius seraient déjà élus. Il faut simplement aimer les français, leur porter de l’attention et leur donner du temps sans faire le médecin pressé. « Aimer les gens là où d’autres aiment l’argent », comme dirait l’autre.

 

Le président qu’il nous faut n’est certainement pas le président idéal. Mais même en période de crise, personne ne rêve de l’homme providentiel ou de Superman. Juste d’un homme politique censé qui file dans le bon sens. A la limite, après avoir eu en d’autres temps Félix Faure décédé en plein orgasme, Paul Deschanel sautant du train en pyjama ou René Coty élu au 13ème tour, les français n’ont plus peur du ridicule. Alors va pour François Hollande.

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commentaires

B
Hollande le président qu'il nous faut ? On croit rêver (oh oh oh)...
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