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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 14:33

« L’obstination est le chemin de la réussite »

 

Charlie CHAPLIN (1889-1977) – Acteur américain et homme battu

 

 

C’est une histoire pompée d’un western spaghetti qu’adorait raconter Michel Charasse du temps où il était moins sage. C’est celle d’un oiseau qui crie parce qu’il a froid. Une vache passe et lui pose alors une grosse bouse dessus. Or celle-ci le réchauffe et l’oiseau n’a plus froid.  Moralité : ce n’est pas parce que quelqu’un vous met dans la merde qu’il vous veut forcément du mal. Cette leçon pourrait servir aux battus inattendus des dernières élections législatives.

 

Des vedettes de la majorité sortante ont été sorties. A commencer par le sarkozyste historique Claude Guéant, battu de 334 voix par un dissident UMP dans une triangulaire suicidaire. En continuant par l’historique Michèle Alliot-Marie, victime de la lassitude de son électorat et d’un voyage en Tunisie qui l’avait déjà écartée du Quai d’Orsay. Et pour finir l’hystérique Nadine Morano, battue par les bobos des villes et par ses avances au FN.

 

Des stars de la politique nationale ont perdu ce qui était parfois leur dernier mandat. La madone des sondages Ségolène Royal enchaine une défaite de plus et n’est plus sur la bonne voie. L’irréductible centriste François Bayrou est réduit au silence par les siens et n’a plus qu’à se retirer en son Colombey ou son Ile de Ré, au choix. L’inénarrable Jack Lang manque son parachutage dans les Vosges, sûrement moins à cause du relief qu’à son âge qui frôle la limite.

 

C’est pour eux un mauvais moment à passer. Etre député est un minimum pour exister sur la scène nationale même si les parlementaires font de plus en plus le service qui va avec. Les branches pour se raccrocher sont rares. Un mandat local déjà acquis de maire ou de président d’exécutif local. C’est moins médiatique mais ça donne du travail. Un siège de député européen ou de sénateur. Cela n’a pas le même prestige mais c’est facile de se faire élire. Une fonction de secrétaire national dans son parti ou de secrétaire d’Etat au gouvernement. C’est un rôle de l’ombre auquel on est nommé mais c’est un beau tremplin pour être élu et retrouver la lumière.

 

Il n’y a pas de honte à perdre une élection. Même les plus grands l’ont connu. En 1958, François Mitterrand perdait son siège de député dans la vague de soutien au Général de Gaulle et se repliait en 1959 sur un mandat de sénateur. En 1968, Pierre Mendès France était emporté par la chambre bleu horizon et disait adieu au Palais-Bourbon. En 1981, François Hollande était battu par Jacques Chirac dans une circonscription de Corrèze où il perdrait aussi en 1993.

 

Les électeurs respectent de moins en moins leurs grands élus et en font de plus en plus des grands battus. En 1962, Michel Debré était rayé des listes électorales pour avoir été le 1er ministre de Charles de Gaulle. En 2002, Martine Aubry chutait à Lille et chialait en pensant au temps où le PS voulait qu’elle se présente aux élections présidentielles de 1995. En 2007, Alain Juppé perdait contre toute attente à Bordeaux à cause de l’abstention et du soleil arcachonnais.

 

Les élections législatives suivent souvent le résultat des élections présidentielles et cela se ressent dans les résultats individuels. En 1973, la gauche progresse et Georges Frêche et Pierre Joxe gagnent leur premier mandat tandis que René Pleven et Maurice Schuman perdent leur dernier. En 1993, le PS n’obtient que 52 députés et la rouste est fatale à Lionel Jospin et Michel Rocard. En 1997, le RPR manque sa dissolution et Jean-François Copé et Eric Raoult le paient.

 

Il n’est pas impossible de reprendre son siège après une défaite, mais on donne souvent la chance à un autre le coup d’après. Les battus doivent alors se battre pour rebondir et relancer leur carrière. Valérie Rosso-Debord devra se lancer à l’assaut de la mairie de Nancy en 2014 contre son ami André Rossinot. Renaud Muselier devra réussir son pari de gagner la mairie de Marseille en 2014 contre Patrick Menucci. Jean-Luc-Mélenchon devra reprendre la main sur le Front de gauche sans être à l’assemblée à l’image de son amoureuse Marine Le Pen avec le FN.

 

Tous les grands qui ont connu une défaite cuisante l’ont surmontée pour atteindre de nouveau les sommets. Valéry Giscard d’Estaing a perdu les élections présidentielles de 1981 et est reparti du bas de l’échelle pour refaire de la politique. Jacques Chirac a perdu tellement largement les élections présidentielles de 1988 que même Edouard Balladur se croyait autorisé à lui prendre la place pour celles de 1995. Nicolas Sarkozy s’est totalement viandé aux élections européennes de 1999 mais il s’est relevé pour gagner les élections présidentielles de 2007.

 

Reprenons donc l’histoire de l’oiseau dans la merde. Il est tellement content de ne plus avoir froid qu’il crie de joie. C’est alors qu’un loup l’entend, le sort de sa bouse et le croque. Moralité : ce n’est pas parce que quelqu’un vous sort de la merde qu’il vous veut forcément du bien. Et aussi : quand vous êtes dans la merde, fermez votre gueule. Et enfin : quand vous êtes battu, battez-vous en silence. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.

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commentaires

O
It is really interesting to read the story pumped from a spaghetti western adored Michel Charasse. Some unexpected things happened during last election and that may be the cause of this tragedy. This is really an inspirational story.
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C
Yeah, it's a story told in "My name is nobody", with Terence Hill and Henry Fonda.
L
C'est vrai que c'est étonnant : tous les plus grands ont connu au moins une humiliation électorale. L'essentiel est de se relever.
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  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
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