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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 13:26

« Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne »

 

Jean-Pierre CHEVENEMENT (1939) – Déjà ministre et déjà plus candidat

   

 

Dans ses moments difficiles au début de la crise, Nicolas Sarkozy avait un remède pour se redonner du courage : se comparer à Barack Obama. « Quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console », disait-il. Ce réflexe trahit sûrement une obsession bien enfouie chez le président, qui vit difficilement que les français aient plus d’admiration pour un autre président que lui. L’interview conjointe du G20 visait en partie à compenser ce complexe.

 

Les français s’apprêtant peut-être à en élire un autre, d’autres moments plus pénibles l’attendent. La politique a horreur des sortants et leur réserve toujours la critique et la défaite, preuve en est la succession d’alternances et l’incapacité du pouvoir national à conquérir le pouvoir local depuis 1978. D’où la nostalgie du président, qui sent son heure et sa défaite proches. Certains disent même qu’il a pensé ne pas se présenter pour s’éviter une humiliation.

 

Et comme la politique a horreur du vide, tout le monde s’est empressé de lui trouver une solution de remplacement. Pas Jean-François Copé, il l’a déjà dit, lui ce sera 2017. Mais la droite a bien sûr pensé au 1er ministre François Fillon, dont la côte de confiance reste étonnamment haute malgré cinq ans dans l’enfer de Matignon. Mais son peu d’appétence pour la prise de risque et la médiatisation poussent à reconnaitre qu’il ne serait pas assez électoral.

 

Alors il y aurait bien Alain Juppé, « le meilleur d’entre nous », chevalier blanc de la droite revenu de nulle part après des déboires judiciaires qui l’ont tenu écarté de la route à l’Elysée, et un moment candidat pour suppléer le capitaine abandonné. C’était quand il n’était pas dans le gouvernement mais dans une opposition constructive qui permet d’ouvrir sa gueule.

 

Depuis qu’il a pris place à bord du Titanic, l’ancien 1er ministre et président de l’UMP l’a fermée et s’est mis au service de Nicolas Sarkozy, « candidat naturel » de la droite selon lui. Il sait surtout qu’en dépit de sondages flatteurs, il y a un pas entre être pressenti et être candidat. Robert Kennedy faisait toujours un carton dans les sondages. Jusqu’au jour où il s’est présenté.

 

En 1981, Jacques Chirac faisait contrepoids à Valéry Giscard d’Estaing. En 1988,  Michel Rocard fut pressenti pour suppléer François Mitterrand. En 2012, seul Dominique de Villepin peut donner le change à Nicolas Sarkozy, mais dans les tribunaux et pas dans les urnes.

 

Il n’y a donc pas d’alternative crédible à droite à l’hyper-président de la république, qui pendant cinq ans a fait le vide et concentré toute l’attention autour de lui. C’est cette raison même qui donne envie à beaucoup d’une alternance, faisant finalement de François Hollande un choix par défaut. Les autres choix à droite ayant tous leurs défauts, Nicolas Sarkozy en est lui-même devenu un alors qu’il aurait toujours du rester un premier choix.

 

Au contraire de l’idée reçue, les choix par défaut ont leurs qualités. En 1965, toute la gauche attendait Monsieur X, « l’homme au masque Defferre ». Finalement ce fut Mitterrand, et 16 ans plus tard la France en prenait pour 14. En 1995, Jacques Delors, alors à la Commission européenne dans une position comparable à celle de DSK au FMI, renonçait à saisir sa chance et laissait le champ libre à Lionel Jospin, qui prendrait le contrôle du PS.  

 

Donc Nicolas Sarkozy a deux solutions pour ne pas être le président d’un seul mandat. Redevenir lui-même, volontariste comme en 2007. Ou devenir un autre, et nous étonner.

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