« Le treizième travail d’Hercule : trouver un emploi »
Roland TOPOR (1938-1997) – Écrivain français et au chômage technique
François Hollande est vraiment l’homme le moins chanceux du monde. Le chômage semblait enfin avoir reflué avec les chiffres du mois d’août, donnant ainsi raison à sa bien imprudente promesse « d’inversion de la courbe du chômage ». Et patatras, Pôle Emploi a dû retourner casaque et reconnaître que les statistiques étaient pipées à cause d’un bug informatique. L’inversion s’est retournée, et les bons chiffres sont devenus un prolongement de la courbe ascendante du nombre de chômeurs.
François Hollande s’était pourtant engagé à honorer sa promesse « avant la fin de l’année ». Il aura bien du mal. La croissance si nécessaire pour créer de l’emploi n’est pas au rendez-vous. Les carnets de commande des entreprises sont vides, les empêchant d’embaucher de la main d’œuvre. Il ne reste donc plus à Michel Sapin, ministre du travail et du chômage, qu’à faire de la méthode Coué en commentant la baisse de la hausse de la courbe telle une provocation de plus envers les chômeurs.
Le rêve du plein-emploi est bien loin tant la politique du gouvernement est en plein bug. Les accords de sécurisation de l’emploi signés en juin entre les partenaires sociaux ne font qu’asseoir la position dominante des travailleurs et fragiliser un peu plus celle des chômeurs. La seule stratégie de la gauche est de créer des emplois précaires de fonctionnaires à l’image des contrats d’avenir, version actualisée des emplois-jeune de Lionel Jospin qui s’arrêteront comme ils avaient commencé.
François Hollande espérait bien inverser artificiellement la courbe du chômage en trichant avec l’emploi public, mais même la conjoncture n’est pas de son côté. La France ne créera pas d’emploi tant qu’elle ne libéralisera pas le marché du travail, enfoncé et engoncé dans ses habitudes et ses rigidités. Son malheur, c’est que la crise n’est pas le moment idéal pour mener ce type de réformes. Celui du président, c’est que sa promesse non tenue va le poursuivre jusqu’au bout de son mandat.