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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 06:00

« La gloire ne se donne qu’à ceux qui l’ont toujours rêvée »

 

Charles DE GAULLE (1890-1970) – Ancien président de la république et glorieux ancien

  

  

Aujourd’hui c’est jour de vote et jour de gloire pour la démocratie. Il n’était pas évident il y a deux siècles que les citoyens éliraient un jour leurs dirigeants avec un petit bout de papier dans un isoloir. Mais les despotes pensèrent qu’il valait mieux que le peuple manifeste sa colère dans les urnes que dans la rue, manipulant le vote et lui faisant perdre ses lettres de noblesse démocratiques. C’est pourquoi certains pensent encore que les élections sont un piège à cons.

 

Pas François Hollande, pour qui c’est le grand jour même si c’est par le plus grand des hasards. Personne à part lui - mais il bluffait - ne lui prédisait un 10 mai, surtout pas après qu’il ait renoncé à se présenter aux élections de 2007 et à diriger le PS en 2008. La chute de DSK l’a sauvé et la disgrâce de Nicolas Sarkozy l’a sacré. Mais ce sera un vainqueur par défaut et par accident, obligé de s’excuser d’avoir gagné et de promettre de ne pas recommencer.

 

Mais il se présentera en 2017 car il se contente de peu mais désire beaucoup. Il prendra ce qu’il y aura à prendre et se goinfrera de pain tant qu’il sera blanc. Il a le vent en poupe et est conscient que cela ne va pas durer. Qu’il a été élu sur un rejet de Nicolas Sarkozy et parce qu’il incarnait l’alternance. Pas pour ses qualités personnelles. Mais il est élu, et c’est l’essentiel.

 

Il n’est peut-être pas digne de recevoir ce don. Car dans ces élections courues d’avance où il était facile de miser sur le bon cheval, il se sera peu engagé et n’aura pas pris de risques avec sa large avance dans les sondages qu’il a gérée en bon père de famille. La gauche était attendue au tournant de la crédibilité or il portait sur ses lunettes cette image de sérieux qui rassure ceux qui craignent la dépense. Les marchés ne devraient pas paniquer comme en 1981 quand François Mitterrand s’était aventuré à promettre des nationalisations et de l’inflation.

 

Il en a dit le moins possible et détalé comme un lapin face à Nicolas Sarkozy qui croyait le débusquer. Son programme est pourtant réaliste et comporte même des hausses d’impôts, même si la taxation à 75% des riches est confiscatoire et le financement des 60000 enseignants hasardeux. Il savait qu’en détaillant trop il s’exposerait et perdrait des voix. Il a donc déposé ses propositions dès janvier et n’a plus bougé après pour que les gens aient le temps de les oublier.

 

« On gagne toujours à jouer cartes sur tables, surtout quand on a la réputation de cacher son jeu », disait Isaac Asimov. Hollande le manœuvrier a risqué une campagne à l’économie, mais la droite n’a pas su le dénoncer et préféré railler sa fausse mollesse. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Le socialiste a fait comme ses camarades européens d’opposition, de gauche comme de droite : il s’est laissé porter par la vague de la crise et a attendu qu’elle noie le président, faible de son bilan parce qu’il n’a pas fait ses devoirs et faisant l’unanimité contre lui.

 

Difficile de dire si la gauche a menti pour revenir au pouvoir. Toute élection est un jeu de manipulation où il faut tromper sans se faire prendre. Elle avait sa rhétorique du grand soir révolutionnaire, surtout avec la bonne campagne de Jean-Luc Mélenchon, mais elle présentera au grand jour un programme réformiste. François Hollande veut faire les choses bien, dans l’ordre, les unes après les autres. Comme Lionel Jospin dans le temps. Il avait la carrure d’un 1er ministre ou d’un idéologue de bureau. Pas d’un président charismatique et populiste.

 

Le socialiste a assez endormi son monde, bonne nuit les petits. Il attend la victoire de ce soir pour passer à l’action, mais il ne passe pas pour un survolté. « On gagne puis on voit », disait Napoléon. Or une victoire moins large que prévu lui enlèverait d’emblée de la légitimité, sans parler d’une victoire étriquée aux élections législatives qui montrerait que le pays reste à droite et qu’il n’a basculé que sur le rejet d’un seul homme. Cela n’a pas empêché Carbone 12 de s’être bien amusé durant cette campagne. Au revoir, et n’oubliez pas d’aller voter.

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commentaires

D
Ce soir les socialos feront la fête. Mais demain, la folie retombera et il sera temps de dire la vérité aux français.
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C
<br /> <br /> Faut pas être déçu comme ça.<br /> <br /> <br /> <br />

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