« L’union est un combat »
Maurice THOREZ (1900-1964) – Ancien secrétaire général du PCF et ancien combattant
On s’en doutait et même si on commence à en douter, Nicolas Sarkozy vit peut-être ses derniers jours de président et d’homme politique. Ses sondages de 2ème tour compromettent sa réélection et François Hollande pourrait cueillir la victoire la plus facile de l’histoire de la gauche dans des élections nationales. Il fallait être là, et la chance sourit toujours aux audacieux.
Les anti-sarkozystes primaires, bien qu’ils aient été actifs, ne sont pas la cause de cette mort annoncée. Le problème vient surtout de la déception des sarkozystes, ces 31% qui ont voté pour le candidat UMP en 2007 et qui d’une certaine manière sont les mêmes irréductibles à rester « favorables » au président dans les enquêtes de popularité. Mais le président est un combattant qui croit en son destin. Et le destin n’aide que ceux qui le méritent.
Combattant, Nicolas Sarkozy l’a toujours été. C'est son acharnement qui lui a permis d’arracher en 1983 la mairie de Neuilly dans les conditions que l’on sait. Il n’avait pourtant rien pour lui : ni l’énarchie, ni les réseaux, ni l’argent. C’est son bagou de maquignon qui lui a permis de s’imposer dans les cercles fermés de Jacques Chirac puis d’Edouard Balladur.
C'est enfin sa ténacité qui lui a permis de revenir dans le jeu en 2002 au ministère de l’intérieur malgré sa trahison de 1995 et de rapidement s’imposer comme le seul candidat légitime de la droite pour les élections de 2007, vu qu’il y pensait même « pas qu'en se rasant ». Et c'est à force de batailler qu'il a réussi à convaincre les français qu’il était incontournable.
Ministre de l'intérieur, ce n’est pas par hasard qu’il a toujours aimé ce rôle. C’est celui du « premier flic de France », le combattant qui se met à dos la jeunesse gaucho-anarchiste et qui aime ça. C’était un poste stratégique après la campagne de 2002 où la droite avait promis de remédier au laisser-aller insécuritaire du quinquennat Jospin. L'objectif fut plutôt atteint.
Or c’est à peu près la seule position où l’on peut à la fois être ministre d’Etat et parler le langage de la racaille, promettant de « nettoyer au karcher » les banlieues de leurs délinquants. C’est dans ce ministère que Nicolas Sarkozy a le mieux exprimé son talent et son énergie, bien qu’elle lui joue parfois des tours quand elle devient de l’impulsivité. Le problème c’est qu’il avait sûrement plus vocation à devenir ministre de l’intérieur que président de la république.
On dénonce souvent l’hyper-président mais ne vaudrait-il pas mieux en vouloir au semi-président ? Car le quinquennat a bien révélé que les questions de sécurité et d'ordre public sont les seules qu’il affectionne et maitrise vraiment. A l’image de son programme de campagne où il déclare la guerre à l’immigration illégale et à la fraude sociale. Au risque de diviser.
Il y a des hommes politiques comme ça qui ne connaissent qu’un seul langage pour parler au peuple. Dominique de Villepin aurait aimé être ministre des affaires étrangères toute sa vie car il ne connait que ce parler grandiloquent qui sied d’ailleurs assez mal aux diplomates et ambassadeurs. Sarkozy, lui son truc, c'est cliver. C'est pourquoi sa stratégie d’incarner l’apaisement et l’union de tous les français, celle du président protecteur, résonne si faux.
Ces élections sont son dernier combat, électoral du moins. Il ne s’avoue pas vaincu mais il s’est déjà prévu une reconversion où il continuera à batailler. Il ne lâche jamais rien. Et il fera mine de ne pas être atteint par un échec, voire même de l’avoir prévu dans son long parcours.
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