« Les affaires interminables sont celles où il n’y a pas de difficultés »
Napoléon BONAPARTE (1769-1821) – Empereur français et fort en affaires
On ne revient pas de si loin si facilement. Nicolas Sarkozy est à peine rentré que les affaires reprennent déjà. Les juges sont à ses portes, tel Jacques Chirac suite à son départ de l’Élysée où il vit les emmerdes voler vers lui en escadrilles : emplois fictifs du RPR, HLM de la ville de Paris, marchés publics d’Ile-de-France… Cette fois c’est au tour de Nicolas Sarkozy d’être assailli de dossiers qu’il prétend ne pas connaitre.
Le plus urgent est bien sûr l’affaire Bygmalion. Les mises en examen se multiplient, y compris jusque dans son premier cercle avec son ancien œil à l’UMP Éric Cesari. L’ex dirigeant de l’entreprise Bastien Millot est une grenade dégoupillée à l’instar de Jérôme Lavrilleux, qui font partie tous deux du clan de Jean-François Copé. Nicolas Sarkozy dit donc qu’il ne sait rien et qu’il les a laissés faire. On veut bien le croire.
Il y a alors deux possibilités. Soit ces fausses factures émises à l’ordre de l’UMP ont servi à maquiller un dépassement des comptes de campagne, et c’est illégal. Nicolas Sarkozy serait alors coupable de ne pas avoir maitrisé sa folie des grandeurs et ses dépenses. Soit les copéistes ont détourné de l’argent sur le dos de leur candidat afin de former un trésor de guerre pour une future campagne, et c’est de l’escroquerie. Nicolas Sarkozy serait alors victime et tirerait tous les bénéfices de cette trahison.
À qui profite le crime ?
Il y a aussi l’affaire Kadhafi, que des faux témoignages ne cessent de faire rebondir. Là encore une affaire de financement de campagne présidentielle, dans laquelle le dictateur libyen aurait financé illégalement la campagne de 2007 et en aurait été remercié par une visite curieuse la même année où il plantât sa tente dans la cour de l’Élysée. On oublie que Kadhafi n’a jamais vendu la mèche alors même qu’il était envahi en 2011… par Nicolas Sarkozy. Cela fait pschitt. Comme l’affaire Karachi sur la campagne d’Édouard Balladur en 1995, où rien n’accuse Nicolas Sarkozy.
L’affaire des écoutes est la plus anodine et paradoxalement celle qui pourrait lui faire le plus de mal. Dans leur volonté acharnée d’arracher des preuves sur toutes ces affaires, les juges ont mis l’ancien président sur écoute pendant une durée invraisemblable sans jamais rien trouver. Mais Nicolas Sarkozy a voulu leur échapper en achetant un autre portable au nom de Paul Bismuth puis en tentant de glaner des indications auprès d’un juge de la cour de cassation en échange d’une promotion. Le délit d’entrave à procédure judiciaire et de corruption de magistrat peut être facile à prouver. Une condamnation qui éliminerait le recours de la droite.
Cette succession d’affaires ne fait pas celles de Nicolas Sarkozy. Également menacé par l’enquête sur les sondages de l’Élysée, l’ex est en difficulté. Il s’en est cependant toujours sorti. Dans l’affaire Clearstream, il était victime d’une machination. Dans l’affaire Bettencourt, il a bénéficié d’un non-lieu. Mais cela nuit à son image. À qui profite le crime ? À ces juges du syndicat de la magistrature qui le détestent et qui refilent des dossiers confidentiels à la presse ? À l’Élysée qui agirait en sous-main ?
Qu’il soit permis d’en douter. François Hollande est trop naïf et ne trouverait même pas une corde pour se pendre. Il est clair par contre que ces affaires renforcent ses adversaires à l’UMP, notamment Alain Juppé et François Fillon. Persuadés qu’elles barreront tôt ou tard la route au retour de Nicolas Sarkozy, ils se préparent chacun de leur coté à prendre la suite en cas de mise en examen. Comme quand François Hollande s’était soudain retrouvé dans la peau du favori après l’inattendue mise hors course de DSK. Une mise en examen de Nicolas Sarkozy alors qu’il serait président de l’UMP serait un terrible coup porté au parti. Nicolas Sarkozy est sûr de son innocence, mais on a viré Jean-François Copé pour moins que cela. Le FN serait alors le grand vainqueur du retour aux affaires de Nicolas Sarkozy.