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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 08:13

« Quand on est cuit, on n’est plus cru »

 

Pierre DAC (1893-1975) – Humoriste français et joueur de mots

 

Décidément, François Hollande a bien du mal à construire un récit national pour son mandat. Piètre conteur, il accumule les concepts technocratiques pour tenter de donner du rythme à son action et c’est à chaque fois l’échec assuré. On pense à l’inversion de la courbe du chômage, au retournement de la crise, à la boîte à outils. Un vrai concours d’improvisation. À l’heure où le parlement vote le budget, il est temps de revenir sur une autre de ses idées que personne n’a compris : les pactes.

 

Il y a d’abord le pacte de compétitivité, appellation anachronique pour englober le crédit d’impôt compétitivité emploi. Le CICE est une mesure inspirée par le rapport Gallois, censé soutenir les entreprises soumises à la concurrence internationale. L’idée est bonne, l’application désastreuse. D’abord le principe d’un crédit d’impôt, souvent incompréhensible pour la plupart des entreprises surtout les petites PME. Ensuite le dispositif a profité à des secteurs protégés comme la grande distribution ou la banque, l’effet de levier se transformant alors en effet d’aubaine. Enfin la mise en œuvre est inexplicablement lente, les premières aides arrivant à peine en 2014.

 

Il y a ensuite le pacte de responsabilité, révolution copernicienne pour la gauche française engagée le 14 janvier. L’idée est simple : il s’agit de baisser les charges patronales pour qu’en échange les entreprises s’engagent à embaucher. C’est du donnant-donnant. Ou du gagnant-gagnant. D’où l’idée du pacte, projet-phare du mandat censé à la fois réduire le chômage et relancer la compétitivité. La gauche hurle après ce virage social-libéral et ces cadeaux aux patrons et aux actionnaires.

 

Le pacte de responsabilité ne marchera jamais

 

Il n’y a pourtant pas de quoi. Depuis des mois on parle du pacte et il n’y a pas de résultats, et pour cause : il n’est pas encore entré en vigueur faute d’autorisation budgétaire. Voilà comment on perd un an dans notre pays, en faisant des annonces dont le financement n’a pas encore été voté. Ou quand l’action publique ne suit pas le rythme de l’activité économique. Or le pacte devrait peiner à décoller car dans sa culture social-démocrate de la négociation dans le dialogue, François Hollande a voulu que les partenaires sociaux discutent dans chaque branche de ses modalités pratiques d’application. Voilà ce qui arrive quand on élit président Olof Palme.

 

Le pacte de responsabilité ne marchera jamais. D’abord à cause du manque de volonté de ses participants, malgré les Pin’s de Pierre Gattaz. Ensuite à cause de l’absence de financement de la mesure, 50 milliards d’euros d’impôts en moins qui sont autant de milliards d’euros de dépenses à économiser. Enfin à cause de son non-sens économique, car à chaque outil ne doit correspondre qu’un seul objectif. Il ne faut vraiment rien connaitre à l’économie pour penser qu’elle fonctionne par des marchandages alors qu’elle dépend des carnets de commande. On attend trop du pacte de responsabilité. La majorité fragile du gouvernement devrait l’achever.

 

Il y a enfin le pacte de solidarité, supplétif utile pour calmer les troupes socialistes après la déroute des élections municipales. Où de manière très contradictoire on a tiré pour enseignement qu’il fallait une politique plus à gauche alors que le peuple avait voté à droite. Or il n’y a rien de concret derrière cette appellation avenante. Quelques petits cadeaux mesquins de 8 euros aux retraités ou aux faibles revenus. Des dépenses nouvelles qui appelleront des impôts nouveaux. Rien de sérieux.

 

On attend toujours des actes après les pactes. Des résultats après les annonces. C’est ce qui fait le plus défaut à François Hollande, qui mène la politique de son adversaire non pas pour relever le pays mais pour mettre la droite en difficulté. Une triangulation des Bermudes. L’homme politique prendra toujours chez lui le dessus sur l’homme d’État. En s’y prenant comme un branque, il va échouer et délégitimer cette voie. C’est bien le plus grand mal qu’il pouvait faire à notre futur programme.

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