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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 05:32

« On change d’optique quand on devient chef du gouvernement »

 

Léon BLUM (1872-1950) – Homme politique français et chef de l’opposition

 

 

Enfin nommé, le nouveau gouvernement est au travail depuis le jeudi de l’Ascension et s’apprête à descendre sur terre. Il devra mettre en pratique les belles promesses de la campagne et s’apercevra que les recettes dirigistes et collectivistes du socialisme à la française sont aussi adaptées aux défis de la crise que le Mercurochrome pour soigner un brûlé au troisième degré.

 

Pour une fois ce n’est pas la liste de Laurent Blanc que l’on attendait mais bien celle du gouvernement, qui fut longue à venir. Les tractations d’arrière-boutique ont abouti à une équipe qui ménage les susceptibilités, sauf celle de Martine Aubry. Le président a fixé ses conditions et exigé de la discipline, car un ministre doit être solidaire du bilan gouvernemental. Or combien crachent dans la soupe vers laquelle ils ont couru quand on les vire comme des malpropres ?

 

Pour l’heure, ils reçoivent la mallette. François Hollande a privilégié un gouvernement socialo-socialiste, sans communistes et presque sans verts, mais il y a déjà assez de courants au PS pour ne pas ajouter de la diversité à la division. Les remaniements viendront et jetteront à la poubelle les vedettes d’un jour. Les déçus de la première mouture - Bertrand Delanoë, André Vallini, François Rebsamen - auront leur chance et leur revanche dans la suite du quinquennat.

 

Jean-Marc Ayrault pourrait rester cinq ans, mais le gouvernement Ayrault I comme on l’appelle si peu poétiquement sera plusieurs fois raturé pour mieux souligner son délabrement. C’est comme sous la IVème République, où on faisait des arrangements entre ennemis et où les portefeuilles jouaient aux chaises musicales. L’instabilité des ministères était compensée par la stabilité des ministres, chacun goûtant à tout en fonction de considérations technico-tactiques.  

 

Il y a 34 ministres dont 17 hommes et 17 femmes. Le psychodrame de 2007 où il y eut 15 ministres dont 8 hommes et 7 femmes a été évité même si le critère de la compétence a été sacrifié sur l’autel de la discrimination positive. A quand des quotas pour les noirs, les pédés ou les gauchers ? Il y a 18 ministres de plein exercice et 16 ministres délégués. La différence est facile à comprendre, expliquée par Renaud Muselier quand il parlait de Dominique de Villepin qui fut son ministre de tutelle aux affaires étrangères : « Il fait tout, je m’occupe du reste ».

 

Car un ministre sans portefeuille n’a pas de pouvoir. Et que dire des secrétaires d’Etat, absents dans cette équipe mais si nombreux dans les précédentes, faisant atteindre des records de pensions ministérielles à payer : 56 sous Michel Rocard, 46 sous Pierre Bérégovoy, 41 sous Jean-Pierre Raffarin. Quitte à en inventer, comme avec André Henry au temps libre en 1981 ou Patrick Devedjian à la relance en 2009, pour que l’ouverture aille « jusqu’aux sarkozystes ».

 

Il y a les ministres d’Etat, mais c’est honorifique. Il y a des postes stratégiques comme le porte-parole - qui passe à la télé après le conseil des ministres - ou le ministre des relations avec le parlement. Là est le problème car il n’y a pas de relation à entretenir vu que le gouvernement agit sur ordre du président et non plus du parlement. En 1962, Michel Debré démissionnait sur décision de Charles de Gaulle qui gardera Georges Pompidou malgré la défiance du parlement. Ainsi le gouvernement Fillon III a démissionné tout seul après la victoire de François Hollande.

 

Le nouveau gouvernement est une fiction institutionnelle. Il procède de la majorité présidentielle mais ne repose sur aucune majorité parlementaire. Or il va légiférer seul à coup de décrets et d’ordonnances en attendant que les élections de juin donnent une majorité au changement. Alors à quoi bon dissoudre vu que le 1er ministre, président du conseil façon 2012, n’a plus rien à voir avec le parlement ? Il ne lui soumet plus sa responsabilité et le prive de son pouvoir essentiel, qui bien avant de faire la loi est celui de contrôler l’activité du gouvernement.

 

Les anglais disent du parlement qu’il peut tout faire, « sauf changer un homme en femme ». Les français eux y arrivent, mais seulement quand il s’agit de faire la composition du gouvernement. Car le discours de politique générale de Jean-Marc Ayrault le montrera : le gouvernement n’a pas besoin du vote de confiance du parlement-croupion et les députés seront des godillots en mal de reconnaissance tout juste bons à servir de chambre d’enregistrement.

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commentaires

M
Un peu pessimiste comme vision. Il suffit d'attendre les législatives et la gauche aura son parlement. Patience !
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