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11 novembre 2012 7 11 /11 /novembre /2012 23:11

« L’essentiel ce n’est pas ce que pense le comité Théodule, c’est ce que veut le pays »

 

Charles DE GAULLE (1890-1970) – Ancien président et vieux prénom

 

 

La France est un pays de mandarins. Elle ne jure que par les élites expertes et rejette le moindre avis qui émane de la société civile. C’est pourquoi ses dirigeants aiment tant passer leur temps dans des réunions interminables où il se discute de tout et ne se décide de rien. Ils font des comités de pilotage qui réunissent tous les acteurs qui ne comptent pas et multiplient les commissions pour étudier ce qui peut se faire mais qu’ils n’oseront jamais mettre en place.

 

« Le meilleur moyen de tuer une réforme c’est de faire une commission », disait Charles de Gaulle. François Hollande a déjà nommé un tas de rapporteurs pour mener des études sur ce qu’il n’a pas préparé avant d’être élu : la refondation de l’école pour Alain Dulot, le cumul des mandats pour Lionel Jospin, la compétitivité de la France pour Louis Gallois. Or il ne tient pas compte de leurs conclusions, ce qui questionne l’opportunité de les avoir lancés.

 

Le président n’a jamais rien inventé et la commissionite aigüe n’est pas sa trouvaille. Elle existait avant lui, à l’image de ces rapports sur la décentralisation et la réforme des institutions qui pullulent à chaque début de mandat. Nicolas Sarkozy en a usé et abusé, jusqu’à faire douter ceux qui l’avaient élu pour qu’il prenne des décisions et incarne la rupture : les moteurs de la croissance avec Jacques Attali, le rééquilibrage des pouvoirs avec Edouard Balladur, le plan de relance avec Alain Juppé et Michel Rocard. On est le fils de ses œuvres et de son époque.

 

Le futur Haut-conseil des territoires n’est qu’un avatar de plus de cette logique morbide consistant à empiler les travaux de burelains sur une table sans jamais en tirer les conclusions qui s’imposent. Il fera double voire triple emploi avec le Conseil économique et social qui délivre déjà de nombreux avis sur un ton impérial et impérieux même s’ils ne sont jamais suivis ni même lus par les analphabètes qui nous gouvernent. Ce sont ces gens-là mêmes qui se demandent comment ils pourraient réduire le train de vie de l’Etat et le déficit de la France.

 

Stop aux commissions sans missions ! Elles planchent des mois sur des sujets hautement importants pour mieux exonérer les dirigeants de le faire. Elles font le débat médiatique et n’apportent aucune amélioration car leurs conseils sont soit dilués soit purement ignorés. Il ne sert à rien de faire sa grosse commission. Or le réflexe de chaque nouveau président en début de mandat est d’en convoquer une là où on attend qu’il apporte du sens et porte une vision.

 

Ce ne sont plus les partis qui pensent. Pour réformer efficacement dans les 100 jours, un gouvernant est censé arriver avec un programme déjà prêt et des idées plein la tête. Or il laisse à d’autres le privilège de réfléchir à l’avenir de la France à sa place alors qu’il en a reçu le mandat par le peuple. La gouvernance par procuration, c’est le déni de démocratie. Même si c’est pour leur plus grand malheur, les français ont élu François Hollande pour qu’il applique ses idées et par celles de quelques personnalités people qu’il délègue pour décider en son nom.

 

Cette maladie des commissions est le mode à la mode pour faire régner la démocratie. Au nom de l’action publique négociée, il faut mettre autour de la table tous les acteurs légitimes d’une politique publique et discuter. Après moult palabres et bavardages, ils croient arriver avec la vérité révélée sur un problème alors que la solution est davantage le fait de choix politiques que de certitudes scientifiques. Cette concertation est un argument commode pour passer outre la consultation. La démocratie participative à la mode des experts, c’est avant tout et surtout la parole confisquée au peuple par des groupes de pression illégitimes ou mal intentionnées.

 

Il est temps que la France devienne enfin un pays libéral et cesse d’avoir une confiance si aveugle dans les lois et les règlements. On ne peut mener le comportement des gens par décret ou en décidant après avis conformes et contraires que les choses doivent changer. Les commissions se contentent trop souvent de diagnostics sans donner d’instruments réalistes et réalisables pour atteindre les objectifs. Ils voudraient la croissance obligatoire, la santé dans la constitution et la vie éternelle remboursée par l’Etat. C’est bien pour cela qu’il faut y renoncer.

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commentaires

C
Je souscrit parfaitement à cette démonstration efficace et percutante.
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