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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 01:23

« Les mentalités sont plus difficiles à changer que l'ordre politique »

 

Paul GUTH (1910-1997) – Essayiste français et sale d’essayage

 

 

Le français moyen est moyen en tout et excellent nulle part. Il aspire toujours au départ à la perfection et est capable de l’atteindre. Mais il ne va jamais au bout et se contente toujours du banal au lieu de viser au plus haut. Donc il vote pour un président normal, pour mieux s’en plaindre ensuite. Il serait malheureux s’il était bien dirigé puisqu’il n’aurait personne à critiquer pour se consoler de ses propres erreurs. Sa mentalité est petite et elle n’a pas de mental. Jamais.

 

On le voit sur la politique du gouvernement. Les ministres annoncent avec tambours et trompettes de grandes réformes et retirent des tambouilles trompeuses avant même de les avoir engagées. Ils ne font les choses à moitié et ne lancent des dispositifs que pour se donner bonne conscience. Il en est ainsi sous la gauche ou la droite des emplois-jeune, des coups de pouce au Smic et de la prime à la casse. On arrose l’administré même si c’est une hérésie économique.

 

En France, le peuple n’a jamais raison mais il a toujours le dernier mot. Il veut des réformes mais jamais celles du gouvernement, sûrement parce qu’elles ne viennent pas de lui et plus sûrement parce qu’elles sont toujours contre quelqu’un. Il se gargarise de changement mais n’est jamais prêt à l’affronter. C’est le drame de la crise : le pays aurait pu en sortir depuis longtemps s’il avait dès le départ consenti quelques sacrifices sous forme de baisses de salaires et de prestations sociales et d’augmentation d’impôts et de prix. Au lieu de cela, il préfère faire durer le déplaisir et la douleur morale. Ni libéral ni social, il est intolérant au risque.

 

On le voit sur le plan économique. Il faut de la relance, mais avec l’argent des autres. La France est un pays de rentiers : elle préfère l’épargne à l’investissement et le collectionneur à l’entrepreneur. Elle considère le coffre à pognon sous le matelas comme la vertu suprême alors que ce sont les cigales qui dépensent et consomment qui font tourner l’économie. Elle pratique l’économie des anges, soutenant artificiellement l’activité à coup de subventions et les chômeurs à coup d’allocations. Le diable en personne : des politiques conjoncturelles et non structurelles.

 

Jamais elle ne se remet en question. Le gouvernement parle de redressement productif mais il n’est pas né le premier qui fera l’effort pour redonner de l’entrain à la lourde machine bureaucratique censée ranimer les forces mortes de la nation. On dirait que le pays a toujours vécu avec une croissance molle, un chômage fort et une dette imprescriptible. Il faut mener des réformes de structure comme l’a fait l’Allemagne. Mais le pays est mou comme son président.

 

On le voit dans les affaires militaires. La victoire en Libye est l’exception qui confirme la règle, qui veut que notre armée ne soit bonne qu’à jouer les casques bleus et non à gagner des victoires décisives comme à la grande époque. Elle se satisfait de quelques zones à démocratiser en Afghanistan qui sont autant de chiures de mouches sur les cartes d’Etat-major. Elle pleure au moindre mort et ne veut pas faire la guerre. Cela dit, les allemands non plus. Tout fout le camp.

 

La France est dépressive et maniaco-dépressive. Elle fête ses défaites tel un syndrome d’Alesia qui l’empêche de passer sous silence ses Azincourt, Waterloo et Dien Bien Phu. Il faut aimer les débâcles mais aussi les succès. Pour ne pas parler que de défauts, le pays subit parfois le syndrome de Gergovie et en fait des tonnes sur Marignan, Valmy et Austerlitz. La tentation sedanaise revient néanmoins bien vite et la sinistrose décliniste avec. La France a bien choisi le coq comme emblème puisque c’est le seul animal qui peut chanter les pieds dans la merde.

 

Il en est ainsi. Avec la crise, le peuple de France moque plus que jamais ses voisins qui souffrent plus que lui et s’incline devant ces nations qui sous prétexte qu’elles sont moins mal se permettent de nous faire la leçon. On retrouve bien là le français moyen, fort avec les faibles et faible avec les forts. Il ne respecte personne mieux que ceux qui ont un diplôme et ne méprise jamais sauf ceux hiérarchiquement inférieurs. Se prétendant ouvert sur le monde mais en réalité bien reclus sur lui-même, le français est faible. Il a une petite mentalité, mais il devra grandir.

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commentaires

C
Vous ne devriez pas cracher comme ça sur les français. Vous en aurez besoin pour réussir la reconquête à l'UMP.
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