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9 août 2012 4 09 /08 /août /2012 01:53

« Le centre, variété molle de la droite »

 

François MITTERRAND (1916-1996) – Ancien président et faux homme de gauche

 

 

Le centre n’est pas une force politique gagnante en France. Il n’a jamais eu le pouvoir sous la Vème République à part avec Valéry Giscard d’Estaing en 1974, mais il était soutenu par la droite. Le fait que tous ses successeurs aient gouverné au centre ne change rien. Dans les autres démocraties parlementaires européennes, le centre est parfois élu même si les libéraux anglais n’ont plus le pouvoir depuis 1918 et le centre gauche italien est en crise permanente. La raison est simple à trouver : le centre politique n’a pas de classe sociale pour vivre électoralement. La gauche a les pauvres et les bobos et la droite a les riches et les beaufs. Le centre n’a rien.

 

François Bayrou a tout essayé. En 2002, il a fait voler l’UDF de ses propres ailes en refusant d’entrer à l’UMP et il s’est abstenu pendant tout le mandat. En 2007, il a atteint un suffrage record de 18,57% et a voulu lancer le Modem. Tous ses acolytes anonymes l’ont lâché parce qu’il virait déjà à gauche pour draguer l’électorat bobo. En 2012, ses cinq ans de mutisme ne furent pas rattrapés par l’idée sans suite du produire en France et sa stratégie personnelle a échoué. Son vote pour François Hollande a acté la division du centre. Il faut retrouver l’union.

 

En 1976, Valéry Giscard d’Estaing écrivait « Démocratie française » pour encourager le centre à incarner un programme politique humaniste et libéral. De gauche et de droite, les deux en un. Or le centre n’a jamais su choisir entre les deux et sa tentation sociale peine à masquer son naturel conservateur. Il est divisé entre démocrates-chrétiens et libéraux, qui s’ils partagent le même sigle ont peu d’atomes crochus. Les uns veulent la morale, les autres la croissance.

 

Le grand exemple de centre uni et démocratique vient de la IVème République, quand le MRP faisait la troisième force avec les socialistes pour contrer les communistes et les gaullistes. Maurice Schuman, Jean Monnet ou Georges Bidault lui ont permit de marquer l’histoire de la construction européenne. Mais le changement de mode de scrutin en 1958 a aboli la troisième force. En 1965, Jean Lecanuet était le troisième homme. En 1967, le MRP disparaissait.

 

Depuis le centre n’a cessé de reculer. Il n’est plus au centre de l’attention, étant victime plus que bénéficiaire de ses alliances locales alors qu’il devrait grignoter à droite. C’est en cela que consistait le viol de 1974. Alors que le pays est au centre et reste un marais indéterminé de tradition radicale, il vote à droite ou à gauche pour se donner l’illusion d’avoir un avis. La renaissance passe donc par un repositionnement à droite pour contrer la droitisation de l’UMP.

 

Le renouveau passe aussi par la découverte d’un nouveau leader. Or le Modem n’a pas assuré sa succession. Le Nouveau Centre n’a pas confiance en Hervé Morin. Les modérés de droite n’ont que Jean-Pierre Raffarin. Il reste donc deux options à peine réalistes. D’un côté, le parti radical valoisien peut proposer Jean-Louis Borloo si celui-ci se décide enfin à être moins borloodique. De l’autre, l’Alliance centriste de Jean Arthuis a des idées mais pas la notoriété.

 

La seule solution viable serait de reformer l’UDF comme un grand parti du centre pour à la fois prendre exemple et contrer l’UMP. La place du centre droit est vide en ce moment en France. Or ce mariage de raison entre les centristes devrait se faire à l’assemblée pour former un groupe parlementaire. A condition de ne pas s’abstenir et de voter contre le gouvernement tout en usant d’arguments différents de ceux de l’opposition. C’est pour cela que la thèse de l’homme fort est la plus viable. Ce sont les différences de personnes qui justifient les différences de partis et non l’inverse. Jean-Louis Borloo aurait enfin un rôle à sa mesure. Il n’osera pas.

 

Alors comme d’habitude, les centristes viseront moins l’union du centre que l’union au centre. Ils voudront former un gouvernement en prenant les meilleurs de gauche et de droite parce qu’ils n’ont personne à proposer, or ils n’aiment pas qu’on leur impose une autre voie que la médiane. C’est ce manque de pragmatisme qui leur coûte cher dans les urnes et les empêche de faire évoluer leurs opinions pourtant floues au grès des vents électoraux et des temps politiques. On ne pense pas en 2012 comme en 1946. Or les centristes croient qu’on ne fait un parti ensemble que si on pense la même chose. Et même sur ça, ils ne sont pas d’accord.

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commentaires

R
Il faut être bien optimiste pour croire que le centre va se réunir.
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  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
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