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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 06:50

« Les grands faits de l’histoire se produisent toujours deux fois.

La première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce »

 

Karl MARX (1818-1883) – Philosophe allemand et révisionniste historique

 

 

 

L’histoire repasse les plats et ramène toujours au passé. C’est pareil en politique où ses hommes veulent reproduire ce qu’il leur a réussi. C’est la grande leçon qu’a voulu faire passer ce blog sur ces 100 jours de rase campagne : en général le présent c’est du passé, et en politique le présent c’est du passé qui recommence. L’expérience est un peigne pour les cheveux blancs mais les anciens ont toujours raison. Les écouter quand on est jeune, c’est gagner du temps.

 

Ces élections ont fait des clins d’œil à l’histoire politique française. François Hollande (28,63%) et Nicolas Sarkozy (27,18%) confirment la fin de l’effritement des favoris en recollant aux scores de Valéry Giscard d’Estaing (28,32%) et François Mitterrand (25,85%) en 1981. Marine Le Pen (17,90%) a obtenu le meilleur score de l’histoire du FN, qui dépasse pour la cinquième fois consécutive les 10%. Jean-Luc Mélenchon (11,11%) a ressuscité de nulle part les communistes et Georges Marchais. Jacques Cheminade (0,25%) a reparu 17 ans après (0,28%).

 

Nicolas Sarkozy a voulu s’inspirer du passé pour se faire réélire. Son modèle c’était la campagne-éclair de François Mitterrand de 1988, débutée le 22 mars par une lettre aux français et gagnée le 8 mai par 54% des voix. Mais en 2012 c’est François Hollande qui devrait gagner avec 54% des voix et il est amusant que le président se retrouve dans la position du Jacques Chirac de 1988, à quémander des voix à l’extrême droite pour rattraper son retard du 1er tour.

 

En fait cette campagne a dès le départ ressemblé à celle de 1981 car le temps était au changement. Le président a vite rappelé Valéry Giscard d’Estaing à son couchant quand il lui a piqué son slogan « La France forte » avant de recueillir son soutien et de dire à son tour « Au revoir ». Le socialiste a repris à François Mitterrand ses 110 propositions, son style oratoire et même son envie de gagner, donnant raison à Coluche qui voyait la gauche au pouvoir en 2012.

 

La gauche n’a pas pour autant résolu ses problèmes du passé. François Hollande fut 1er secrétaire du PS pendant 11 ans et n’a jamais réconcilié la 1ère gauche jacobine et la 2ème gauche girondine, ce que la division du référendum de 2005 a bien montré. Il n’a pas non plus résolu les guéguerres internes entre éléphants malgré son goût légendaire pour la synthèse qui consiste à régler les problèmes en les laissant pourrir. Sa victoire aux primaires a pour un temps éteint le feu du congrès de Reims, mais on doute qu’il perce un vrai leader sous ce mou-du-genou-là.

 

Il va néanmoins présider la France en suivant la référence du gouvernement de gauche plurielle de Lionel Jospin qui a sévi de 1997 à 2002. Une famille décousue unissant socialistes, communistes et verts pour panser les plaies du pays, il fallait oser. Après avoir usé de son droit d’inventaire en 1995, l’ancien 1er ministre croyait être élu sur son bilan en 2002. De même, François Hollande n’a pas compris que les français n’ont pas un si bon souvenir des 35 heures.

 

La droite est sans avenir. La politique de la terre brûlée de Nicolas Sarkozy va la laisser entièrement à reconstruire. La droite humaniste voudra forcer à rentrer le centre de François Bayrou qui avait résisté en 2002 à la création de l’UMP, parti majoritaire désormais dans l’opposition. La droite décomplexée a de beaux jours devant elle vu le score de l’extrême droite. Mais la guerre n’a pas attendu Jean-François Copé et François Fillon pour commencer.

 

Il n’est jamais bon de rappeler le passé. On reprend toujours la vague dans la gueule, tel François Bayrou croyant calmer Daniel Cohn-Bendit qui venait de lui dire qu’il ne serait jamais président en lui renvoyant ses écrits pédophiles. L’affaire Woerth-Bettencourt et le financement de la campagne de 2007 seront un boulet pour Nicolas Sarkozy comme le sont actuellement ses promesses non tenues sur la république irréprochable et le président du pouvoir d’achat.

 

Il vaut mieux regarder l’avenir et y croire. Imaginer un scénario et être confiant. Avoir le temps et l’ambition. Le nouveau gouvernement les aura, au moins au début. Et comme souvent il tombera de haut du haut des sondages de popularité. Le plus dur quand on est au pouvoir, c’est de faire confiance aux générations d’après. Mais il ne faut pas uniquement compter sur eux et dépenser en pensant qu’ils régleront la facture. Car demain, c’est déjà ici et maintenant.

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30 avril 2012 1 30 /04 /avril /2012 08:34

 « Face aux grands périls, il n'est de salut que dans la grandeur »

 

Charles DE GAULLE (1890-1970) – Ancien président et grand électeur

 

 

Il n'y a plus de grands hommes, ceux dont les noms servent à intituler les rues. Ni même des hommes d'État mais simplement des hommes politiques les yeux rivés sur la prochaine élection et non sur les trente prochaines années. Ils ne montrent plus la voie mais suivent tels des moutons le sentier du peuple. Ils ne sortent plus par le haut des problèmes mais battent en retraite en rase campagne avec des solutions au ras des pâquerettes. Le leader du XXIème siècle ne raisonne plus mais navigue à vue.

 

Notre société a des attentes différentes en fonction des époques sur ce que doivent être ses grands hommes. Elle réclame parfois des héros à la Napoléon mais c'est rare. Le plus souvent, elle veut des pères tranquilles qui la rassurent, comme Clemenceau et Poincaré face à l'ennemi, Doumergue et Pinay face à la crise économique, ou Pétain et De Gaulle face à la crise politique. Des vieux sages voire des savants fous. Pas des demi-dieux ou des charmeurs charismatiques.

 

L'histoire, c'est un ensemble de causes générales fécondées par des événements particuliers. La tendance de fond est là, mais il manque le déclic pour la concrétiser. Les grands hommes sont ce déclic, des météores appelés à brûler leurs ailes pour leur pays et par goût du sacrifice. On appelle ça l'intérêt général, mais en réalité c'est de la recherche orgueilleuse de gloire personnelle. L'ambition et le destin. Le Général De Gaulle a toujours su que le sien était lié à la France, avec laquelle il était marié. François Mitterrand a toujours cru qu'il serait président de la république, et quand on veut on peut.

 

Mais le destin ne prévient pas quand il arrive et ne vient pas sur commande. Il tombe sur les hommes par accident et c'est là qu'ils doivent être à la hauteur. C'est le cas des guerres, qui ont révélé tant de grands hommes. C'est aussi le cas des crises, et si celle de 2008 n'a pas montré que Nicolas Sarkozy était un petit homme - il s'en sort avec la moyenne - elle a bien montré qu'il n'aurait pas sa place ni sur celle des Grands Hommes ni au Panthéon. Plutôt que de faire l'histoire, il préférait en raconter en grand amateur du storytelling, ces contes à dormir debout concoctés par sa plume Henri Guaino.

 

Il est difficile de se mettre à la place des grands hommes. « Un défaut qui empêche les hommes d'agir, c'est de ne pas sentir de quoi ils sont capables », disait Bossuet. On a toujours peur de ce qui paraît grand et de ce qu'ont fait nos pères, en pensant qu'on n'en sera pas dignes. Or ce qui est grand n'est pas toujours haut et rien n'interdit de faire mieux. Des grands hommes, on pourrait reprendre cette célèbre phrase de La Boétie : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».

 

Or notre époque est aussi remplie de grands hommes qui cachent bien leur jeu, faux Rantanplan et vrais Rintintin. Ils ont du génie parce qu'ils font toujours l'inverse de ce que les gens attendent d'eux et c'est pour cela que ça marche. Qui ne s'est jamais demandé à propos des coups de folie et de génie de François Mitterrand : soit il est très fort soit il est très con ? Mais il ne suffit pas d'avoir du génie. Encore faut-il que les autres le sachent. Il faut écrire et construire sa légende. C'est ce qui fait la différence entre les grands de ce monde - Obama, Poutine ou Lula - et nos petits présidents français.

 

Le plus dur n'est pas de rentrer dans l'histoire. C'est d'y rester. Il n'est pas né celui qui redonnera à la France sa grandeur. Tout simplement car la France n'aura bientôt plus sa place dans la cour des grands. Là où certains de nos petits dirigeants étaient portés par le poids du pays, nos nouveaux maîtres devront être de taille pour pallier à sa perte d'influence. C'est une tuile qui est tombée sans prévenir. L'histoire évolue et les hommes la subissent.

 

Histoire de ne pas en rester là, il est temps de songer à la place des hommes dans le cours des choses, qu'ils soient petits ou grands. Le futur président de la république, ancien gros et vrai faux-maigre, devra se fixer trois priorités claires. Une : sortir la France de la crise en arrêtant l'embellie du chômage et en conciliant croissance et désendettement. Deux : sauver les fondements du système social français en y apportant l'altruisme en plus qui permet de partager les fruits de la prospérité et de réduire les inégalités. Trois : redonner au pays confiance en son avenir et en son destin et lui redonner une identité.

 

Peu importe que cela passe par un contrat de génération, un projet éducatif ambitieux ou un renouveau industriel. Cela va de soi, et l'important n'est pas de le dire mais de le faire et d'y arriver. Non, monsieur Hollande, vous ne serez jamais un grand homme. Mais si vous réussissez au moins un de ces trois défis, vous aurez au moins une grande place à votre nom.

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 08:13

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »

 

Nicolas BOILEAU (1636-1711) – Ecrivain français et critique à la dent dure

 

 

 

On peut tout penser. A condition de ne pas tout dire. Il y a certains débats tendancieux sur lesquels il ne faut pas dire n’importe quoi. Des sujets qui fâchent sur lesquels certains se lâchent. Le moindre propos raciste ou sexiste ameute l’arrière-garde inquisitrice et les chiennes de garde qui s’auto-érigent en tribunal public. Les blagues sur les tapettes et les arabes ne font plus rire. Georges Frêche, Christian Vanneste et Bruno Gollnisch l’ont appris à leurs dépens.

 

Et puis il y a les questions sur lesquelles les hommes politiques ne pensent rien car ils n’y pensent pas, n’ayant que des mots pour guérir ces maux. Ils sont sans vision, c’est pourquoi les citoyens sont encore plus dans le flou et ne voient pas bien où ils veulent en venir. Ils n’ont pas le courage de s’engager sur ces questions de société qui font de la politique un art noble, telle Simone Veil en 1974 résolvant sous les sifflets des machos la question de l’avortement.

 

Le prochain sur la liste est le mariage homosexuel car François Hollande n’a pas de complexes. Les oreilles du Vatican saignent mais elles saignaient déjà devant la crue de divorces de ces familles recomposées et décomposées. Les pédés n’alimenteront pas les naissances pour lutter contre le vieillissement de la France mais ils méritaient mieux que ce Pacs stigmatisant. La même idée a présidé à la proposition du droit de vote pour les étrangers aux élections locales.

 

Mais ce sont des faux problèmes, pas une question de vie ou de mort. Ainsi Eva Joly occupe son temps libre à proposer de légaliser le cannabis pour limiter le trafic de drogue et le trafic d’armes par-dessus le marché. Un pays qui snife du chite et fait le crack, c’est quand même stupéfiant. Il ne boit pas de vin mais fume du haschisch, fabriquant des loques humaines comme la Chine du XIXème siècle que les européens avaient droguée à coup d’opium.

 

Tout cela pour éviter ces sujets qui fâchent et qui vous font déraper un dîner de famille quand le tonton interpelle le beau-frère sur la politique. Or on est loin de l’apprêté des disputes sur l’affaire Dreyfus ou du courage de François Mitterrand abolissant la peine de mort. Les élus de notre temps inventent des droits sociaux pour faire plaisir et se barrent quand il faut trancher en s’abritant derrière le principe de précaution comme sur les OGM ou le gaz de schiste.

 

Pareil avec l’euthanasie. Les cas Vincent Humbert et Chantal Sébire n’ont abouti qu’à un texte provisoire qui sauve l’essentiel mais n’avance à rien, la loi Léonetti. Le droit à la mort digne est proclamé mais un médecin qui débranche son patient pour apaiser sa souffrance reste toujours un criminel aux yeux de la loi tant que celle-ci ne fixe pas clairement de responsabilité. Et François Hollande va botter en touche comme Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avant lui.

 

Plutôt que de résoudre ces problèmes, les gouvernants s’en créent d’autres. En votant la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, le petit père Combes et le brillant Aristide boutaient l’ennemi clérical hors de la république, faisant de la laïcité un combat plus qu’une garantie pour la liberté de conscience et l’intimité religieuse. Elle traque les infidèles qui ne respectent pas la religion laïque et stigmatise l’Islam avec la loi sur le voile de 2004 et la loi sur la burqa de 2010.

 

Sous prétexte de chasser les signes religieux ostentatoires, on a pointé du doigt ceux qui se cachaient pour mieux se montrer. On a rendu compliqué ce qui ne l’était plus, le curé de 1905 ayant déjà perdu la guerre des notables devant le maire, le notaire et le médecin. Mais le principe est resté, rigide et inamovible, défendu sans raison et sans raisonnement. Preuve qu’avec la laïcité, il vaut mieux être croyant que pratiquant.

 

Il faut des idées claires dans ces débats confus pour éviter le réformisme pervers. Défendre son opinion, car il y a bien une raison quand on croit avoir raison. Or à tout problème complexe il existe une solution simple… qui ne marche jamais.

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