« Les grands faits de l’histoire se produisent toujours deux fois.
La première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce »
Karl MARX (1818-1883) – Philosophe allemand et révisionniste historique
L’histoire repasse les plats et ramène toujours au passé. C’est pareil en politique où ses hommes veulent reproduire ce qu’il leur a réussi. C’est la grande leçon qu’a voulu faire passer ce blog sur ces 100 jours de rase campagne : en général le présent c’est du passé, et en politique le présent c’est du passé qui recommence. L’expérience est un peigne pour les cheveux blancs mais les anciens ont toujours raison. Les écouter quand on est jeune, c’est gagner du temps.
Ces élections ont fait des clins d’œil à l’histoire politique française. François Hollande (28,63%) et Nicolas Sarkozy (27,18%) confirment la fin de l’effritement des favoris en recollant aux scores de Valéry Giscard d’Estaing (28,32%) et François Mitterrand (25,85%) en 1981. Marine Le Pen (17,90%) a obtenu le meilleur score de l’histoire du FN, qui dépasse pour la cinquième fois consécutive les 10%. Jean-Luc Mélenchon (11,11%) a ressuscité de nulle part les communistes et Georges Marchais. Jacques Cheminade (0,25%) a reparu 17 ans après (0,28%).
Nicolas Sarkozy a voulu s’inspirer du passé pour se faire réélire. Son modèle c’était la campagne-éclair de François Mitterrand de 1988, débutée le 22 mars par une lettre aux français et gagnée le 8 mai par 54% des voix. Mais en 2012 c’est François Hollande qui devrait gagner avec 54% des voix et il est amusant que le président se retrouve dans la position du Jacques Chirac de 1988, à quémander des voix à l’extrême droite pour rattraper son retard du 1er tour.
En fait cette campagne a dès le départ ressemblé à celle de 1981 car le temps était au changement. Le président a vite rappelé Valéry Giscard d’Estaing à son couchant quand il lui a piqué son slogan « La France forte » avant de recueillir son soutien et de dire à son tour « Au revoir ». Le socialiste a repris à François Mitterrand ses 110 propositions, son style oratoire et même son envie de gagner, donnant raison à Coluche qui voyait la gauche au pouvoir en 2012.
La gauche n’a pas pour autant résolu ses problèmes du passé. François Hollande fut 1er secrétaire du PS pendant 11 ans et n’a jamais réconcilié la 1ère gauche jacobine et la 2ème gauche girondine, ce que la division du référendum de 2005 a bien montré. Il n’a pas non plus résolu les guéguerres internes entre éléphants malgré son goût légendaire pour la synthèse qui consiste à régler les problèmes en les laissant pourrir. Sa victoire aux primaires a pour un temps éteint le feu du congrès de Reims, mais on doute qu’il perce un vrai leader sous ce mou-du-genou-là.
Il va néanmoins présider la France en suivant la référence du gouvernement de gauche plurielle de Lionel Jospin qui a sévi de 1997 à 2002. Une famille décousue unissant socialistes, communistes et verts pour panser les plaies du pays, il fallait oser. Après avoir usé de son droit d’inventaire en 1995, l’ancien 1er ministre croyait être élu sur son bilan en 2002. De même, François Hollande n’a pas compris que les français n’ont pas un si bon souvenir des 35 heures.
La droite est sans avenir. La politique de la terre brûlée de Nicolas Sarkozy va la laisser entièrement à reconstruire. La droite humaniste voudra forcer à rentrer le centre de François Bayrou qui avait résisté en 2002 à la création de l’UMP, parti majoritaire désormais dans l’opposition. La droite décomplexée a de beaux jours devant elle vu le score de l’extrême droite. Mais la guerre n’a pas attendu Jean-François Copé et François Fillon pour commencer.
Il n’est jamais bon de rappeler le passé. On reprend toujours la vague dans la gueule, tel François Bayrou croyant calmer Daniel Cohn-Bendit qui venait de lui dire qu’il ne serait jamais président en lui renvoyant ses écrits pédophiles. L’affaire Woerth-Bettencourt et le financement de la campagne de 2007 seront un boulet pour Nicolas Sarkozy comme le sont actuellement ses promesses non tenues sur la république irréprochable et le président du pouvoir d’achat.
Il vaut mieux regarder l’avenir et y croire. Imaginer un scénario et être confiant. Avoir le temps et l’ambition. Le nouveau gouvernement les aura, au moins au début. Et comme souvent il tombera de haut du haut des sondages de popularité. Le plus dur quand on est au pouvoir, c’est de faire confiance aux générations d’après. Mais il ne faut pas uniquement compter sur eux et dépenser en pensant qu’ils régleront la facture. Car demain, c’est déjà ici et maintenant.