Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 01:15

« Economiser, non. Ne rien dépenser, oui »

 

Jules RENARD (1864-1910) - Ecrivain français et poupée qui fait non

 

 

Angela Merkel est un extincteur. Elle douche toute embellie d’enthousiasme si l’Europe croit sortir de la crise. Comme avec sa manie d’annoncer à chaque conseil européen qu’il n’en ressortira rien. Le 19 juillet 2011 : « Le sommet de la zone euro de jeudi ne donnera pas de résultat spectaculaire ». Le 15 août 2011 : « Il ne faut rien attendre de spectaculaire du sommet européen de cette semaine ». Le 23 mai 2012 : « Il n’y a aucune décision à attendre du conseil européen de ce mercredi ». Le 27 juin 2012 : « Je ne me fais pas d’illusion pour le sommet européen de vendredi ». Dommage qu’elle n’éteigne pas l’incendie de la dette avec.

 

La chancelière allemande est la nouvelle Margaret Thatcher, en dame de fer qui dit non au nom des intérêts de son pays. Elle ne veut ni relance, ni inflation et ni endettement. C’est pourquoi elle refuse la mutualisation des budgets nationaux et la levée d’un emprunt de la BCE. Mais la mûre de Berlin a des failles et le mur de Berlin qu’elle a érigé tombe. François Hollande, d’ordinaire si mou, a même arraché 120 milliards d’euros à jeter par les fenêtres.

 

Angela Merkel n’a pas la force de conviction de l’ancienne 1ère ministre britannique. Elle se laisse au contraire facilement convaincre et derrière une apparente rigueur toute allemande change étonnamment d’avis en fonction des circonstances. Mais toujours en retard. Il ne faut pas chercher ailleurs la lenteur de l’aide à la Grèce, le retard pris en Espagne et la passivité sur le dossier de la Libye. C’est pourquoi elle enchaine les échecs électoraux dans les Länders et craint l’échéance de sa réélection en 2013. A moins que d’ici là nous ne soyons tous morts.

 

Le Merkozy a vécu. Elle fait figure de grand-mère de l’Europe comme la reine Victoria puisqu’elle a été élue en 2005. Elle incarnait alors le renouveau de la démocratie-chrétienne allemande. Huit ans après le départ de l’historique Helmut Kohl, elle redonnait le pouvoir à la CDU en battant d’extrême justesse le social-démocrate Gerhard Schröder. Celui-ci avait lancé un grand plan pour restaurer la compétitivité et la croissance. Elle s’est contentée de suivre.

 

C’est un leader qui n’indique pas le cap. Comme tous les dirigeants contemporains, elle n’a d’opinion sur rien et encore moins de dogme. Elle est pragmatique, mais reste accrochée à la réalité de la veille alors qu’elle devrait davantage s’adapter aux changements qui frappent l’Europe et le monde en ce moment. Elle n’aura pas vraiment été à la hauteur et l’histoire retiendra d’elle qu’elle a dit non à l’Europe du sud qui avait absolument besoin d’aide.

 

Les agressions diplomatiques du ministre des finances Wolgang Schäuble contre la Grèce ont un temps attiré la sympathie de Bild. Mais elle est en train de perdre la bataille de l’opinion et de grimper à toute vitesse vers les sommets de l’impopularité. Elle avait pourtant été réélue triomphalement en 2009 dans un pays qui au contraire de la France est magnanime et conciliant avec ses dirigeants. Elle a changé son style de femme austère et neurasthénique, brillante et dévouée fonctionnaire de l’ex RDA. Elle a changé de coiffure par rapport à son apparition dans « Les Aventures de Rabbi Jacob » et montré son décolleté pour faire vomir.

 

La femme qui faisait ses courses toute seule et qui n’aimait pas les papouilles de Nicolas Sarkozy devrait perdre comme les autres après José Socrates au Portugal, Georges Papandreou en Grèce, Gordon Brown en Grande-Bretagne, Silvio Berlusconi en Italie, José Luis Rodriguez Zapatero en Espagne et Nicolas Sarkozy en France. Il n’est pas sûr que la crise en soit la cause : le règne des dirigeants du monde se limite de plus en plus à 8 ans. De rares exceptions font durer le plaisir et reviennent quelque soit le pouvoir ou l’époque entre deux épisodes calmes.

 

Ce renouvellement des têtes politiques est le drame de l’Europe, qui perd sa dynamique à chaque changement de gouvernement. C’est l’ennui de l’Europe intergouvernementale mais l’Europe fédérale ne plaît pas. La solution intermédiaire de l’Europe bureaucrate en serait presque séduisante, mais il faudrait d’autres leaders qu’Herman Von Rompuy et José Manuel Durao Barroso pour en mener les institutions. A moins qu’Angela Merkel ne dise encore non.

Partager cet article
Repost0
3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 22:09

« Bien connaitre quelqu’un, c’est l’avoir aimé et haï »

 

Marcel JOUHANDEAU (1888-1979) – Ecrivain français et impopulaire par amusement

 

 

Elle est loin cette élection à la présidence du RPR de 1999. A l’époque, François Fillon s’était présenté avec l’espoir de succéder à son mentor Philippe Séguin et une ligne de gaulliste social qui lui donnait toutes ses chances. Il avait été sorti dès le 1er tour et a subi le chiraquisme plus qu’il ne l’a suivi. Ministre de Jean-Pierre Raffarin jusqu’en 2005, il a été écarté du gouvernement par Dominique de Villepin et s’est plaint de l’être alors que ses réformes seraient selon lui les seules dont on se souviendrait de Jacques Chirac. Un peu prétentieux, le garçon.

 

François Fillon est avant tout un homme discret. Il a été remis dans la lumière par son pacte secret avec Nicolas Sarkozy, « le meilleur de sa génération » selon lui. Mais c’était pour immédiatement se remettre dans l’ombre en étant un si effacé 1er ministre de l’hyperprésident, prompt à jouer les père-la-rigueur avec son air austère mais jamais à prendre les devants pour subir les risques du métier. Ses détracteurs l’accusent suffisamment de ne pas avoir mené une campagne présidentielle assez active pour défendre le bilan, ce qui est un doux euphémisme.

 

Il est le favori pour devenir président de l’UMP en 2012. Les années ont passé et il incarne désormais la droite modérée que tout le monde veut suivre après les excès de la fin du sarkozysme. Les anciens ministres le suivent pour se donner une bonne image et ménager leur avenir. Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et François Baroin ont un temps mis de côté leurs ambitions pour servir celui qui devrait mener l’opposition durant cinq ans. Il est le favori idéal : sérieux, propre sur lui et consensuel. Mais il n’est pas l’homme sans défaut qu’on veut décrire.

 

Jean-François Copé a clairement assumé le créneau de la droite décomplexée pour bien sûr prendre le contrepied. Il prône le courage face à la prudence pour souligner qu’il prend des risques là où son rival ne s’engage sur rien. Il rappelle qu’ils ont des parcours différents pour montrer qu’il reste fidèle à sa terre d’élection quand le sarthois bouge au grès des opportunités qui s’ouvrent. Il épouse toutes les familles politiques du chiraquisme par lequel il a longtemps juré au sarkozysme dont il est un converti de la toute dernière heure. Il veut du débat avec le racisme anti-blanc et de l’action avec le parti civique. Mais il se bat pour à peu près rien.

 

Le politiquement correct l’emportera sur le politiquement concret. Pourtant, François Fillon est un inconnu dans la maison de l’UMP tant on ne le connait pas. Il se dévoile peu et investit peu de lui-même dans son métier. C’est un homme politique à l’ancienne, qui connait ses dossiers et ne révèle sa vie au public dont il le prive qu’en cas d’élection. Il présente et représente bien. Pour le reste, ce n’est pas quand même très glamour comme chef de la droite. Mais que ceux qui croient à une opposition sans polémiques se détrompent et se ravisent.

 

François Fillon n’a des poussées d’ambition que si les autres le piquent. Eric Woerth, Xavier Bertrand et Jean-Louis Borloo en savent quelque chose. Ils ont tous à un moment du dernier quinquennat lorgné sur le poste de 1er ministre et il aurait été logique qu’il change de tête à mi-mandat pour préparer la campagne présidentielle. Mais François Fillon a habilement joué pour rester incontournable. J’y suis, j’y reste. Et il n’est jamais plus inoffensif que quand on ne l’attaque pas. C’est pourquoi Jean-François Copé ne cesse de le flatter au contraire du gouvernement qui joue le jeu trop facile de critiquer son héritage. Il en sera forcément atteint.

 

Pour le pousser à la faute, il faut le pousser à politiser son discours. D’ordinaire très poli et policé, il devient agressif et désagréable quand il se défend. Lionel Jospin a plusieurs fois dénoncé son manque de délicatesse quand il mobilisait son passé de 1er ministre pour le décaniller. Eva Joly s’est plaint de la petite phrase tendancieuse qu’il lui a lancé pour souligner à raison qu’elle ne connait pas bien les coutumes locales. Rachida Dati ne peut plus se l’encadrer depuis qu’il lui a pris sa place sur sa circonscription parisienne aux élections législatives.

 

Il faut des gens vrais pour diriger des vrais gens. Or on n’est pas à l’abri d’une surprise avec François Fillon tant on le connait peu. Jean-François Copé a au moins l’avantage de miser sur la vérité et de se lire comme un livre ouvert. Il faut toujours se méfier d’un candidat qu’on a battu. Nicolas Sarkozy et François Hollande sont partis de loin avant de devenir président de la république. Jean-François Copé a tout perdu en 2007 avant de faire son club de mousquetaires. François Fillon était tricard il n’y a pas si longtemps. C’était en 1999, déjà dans l’opposition.

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 22:01

« On pardonne les infidélités, mais on ne les oublie pas »

 

Madame de LA FAYETTE (1634-1693) – Ecrivaine française et pétasse de salon

 

 

On croyait que 2012 serait une année de transition pour les verts. Et pourtant… Europe Ecologie - Les Verts a avec Eva Joly présenté la pire candidate de son histoire aux élections présidentielles or le parti a obtenu un meilleur score qu’en 2007 où on n’avait jamais autant parlé d’écologie. Il devait se fondre dans la nasse d’une gauche plurielle recyclée or il compte 18 députés et 2 ministres. C’est bien trop, surtout quand on sait ce qu’il pèse dans les urnes.

 

Parmi les escrocs, Cécile Duflot. L’ancienne secrétaire nationale est sûre de l’avoir bien mérité. En 2007, elle a su s’imposer au milieu des Noël Mamère, Dominique Voynet et autres José Bové qui font carrière dans le bureau politique de la formation écologiste. En 2009, elle a obtenu un hystérique 16,28% aux élections européennes. En 2011, elle a négocié avec le PS cet accord électoral aux petits oignons qui tel un coup d’Etat prend en otage la France. Mais ce n’est qu’un coup : au-delà de la satisfaction électorale, le développement durable n’a pas gagné.

 

L’imbroglio du traité européen révèle toute la malhonnêteté de la majorité au pouvoir, divisée entre des socialistes qui suivent leur président sans entrain et des verts qui choisissent quand ils apportent leur soutien au gouvernement. Il est impossible d’être fidèle à son parti et solidaire envers son gouvernement quand ils défendent deux positions inverses, et inconcevable de rejeter les règles budgétaires européennes tout en validant le budget national qui en suit les orientations. Mais pas pour les dignitaires écologistes. Ce qui n’est pas très digne, notamment pour la susnommée Cécile Duflot qui s’accroche « à sa place » de ministre car elle est bonne.

 

Daniel Cohn-Bendit - qui ne fait pas de politique pour l’argent, lui - en a assez des incohérences et tire sa révérence. Le parti dérive vers le gauchisme et veut une autre Europe. Lui veut juste l’Europe et a renoncé au gauchisme. Et à la gauche. Le leader de Mai 68 trace sa voie seul. Le succès de 2009 était en grande partie sa faute et il serait capable de récidiver tant il reste populaire auprès des français même depuis l’Allemagne. Il est dommage qu’il n’en tire pas jusqu’au bout les conséquences en se présentant lui-même aux élections présidentielles.

 

Cécile Duflot a eu ce qu’elle voulait. Un maroquin et un siège à l’assemblée. Elle ferait mieux de démissionner mais elle n’a pas de fierté. Après le hold up au PS, elle prépare un autre viol. Cette francilienne citadine aux goûts de bobo et aux idées qui vont avec veut gagner la mairie de Paris en 2014. Bertrand Delanoë lui a préparé le terrain avec le Velib’ mais il a aussi mis Anne Hidalgo sur orbite pour lui succéder. On plaint déjà les automobilistes parigots.

 

Cette porteuse de jeans et de robes est jeune et physiquement potable, ce qui en fait un ovni dans le milieu politique si on ajoute que c’est une femme. Elle passe correctement dans les médias et commence à se faire connaitre et reconnaitre. Mais elle a un problème, plus grave encore que son regard bovin : l’agacement qui monte dans l’opinion contre l’écologie punitive et politicienne des verts et qu’elle ne voit pas. Ayant exploité la faiblesse du PS sur les questions environnementales, ils ont fondé un parti pour mieux appeler à voter socialiste au 2ème tour. L’écologie de droite avec Alain Juppé, Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno doit les mater.

 

Ils n’ont pas parlé d’écologie durant la campagne présidentielle et avalent les couleuvres des socialistes sur l’austérité. Mais ils ont pris leur revanche bien involontairement grâce à leur bêtise. Leurs tactiques de billard à trois bandes sur le TSCG sont un drame pour la cohésion de la majorité parlementaire. Leurs déclarations inacceptables sur la légalisation du cannabis sont autant d’appels à la délégitimation du gouvernement. Leurs critiques sur l’expulsion des roms sont des arguments en or pour l’opposition qui n’espérait pas un soutien si précieux.

 

Cécile Duflot, c’est du flou et c’est du flan. Elle n’a pas l’épaisseur d’une  feuille de papier à cigarette de conviction et c’est pour cela qu’elle ne voit pas d’inconvénient à dire oui en pensant non. Après cette escroquerie du traité européen qui viole manifestement le contrat de confiance avec les socialistes, elle n’est plus en pole position pour parler. Mais elle préfère garder sa muselière et être une ministre du logement inactive condamnée à perdre tous ses arbitrages. Et c’est Pascal Durand qui a récupéré le capitanat des Pink Floyd de l’écologie.

Partager cet article
Repost0

À Propos De En Rase Campagne

  • : En rase campagne
  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
  • Contact

L'EMPREINTE CARBONE

Projet de loi de finances : se serrer la ceinture ou baisser son froc devant Bruxelles, telle est la question. 

 

Retrouvez tous les billets "L'empreinte carbone" 1 2 3 4 5 6 7 

AU RAS DES PÂQUERETTES

Poisson d'avril de Ségolène Royal : les autoroutes gratuites le week end. Mais qui peut contrôler ce qui se passe dans son cerveau ? 

 

Retrouvez tous les billets "Au ras des pâquerettes" 1 2 3 4

DU CARBONE DANS LA CERVELLE

Entre deux meetings, Nicolas Sarkozy recommence ses conférences grassement payées à l'étranger. Cela pourrait le desservir. 

 

Retrouvez tous les billets "Du carbone dans la cervelle" 1 2 3 4 

Les Idees De En Rase Campagne