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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 23:14

« Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme »

 

Saint AUGUSTIN (354-430) – Philosophe latin et pari de Pascal

 

 

Celui qui n’a jamais rien tenté n’a jamais rien réussi d’extraordinaire. Xavier Bertrand le sait, et il s’est lancé dans un drôle de pari alors que commence la guerre des chefs : ne pas se présenter à la présidence de l’UMP et se déclarer dès à présent candidat à la primaire du parti pour les élections présidentielles de 2017. Rien ne pouvait déranger le duel sans merci que vont se livrer Jean-François Copé et François Fillon. Alors les sous-chefs de la droite patientent.

 

Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Henri Guaino ont montré leur tête en espérant prendre de l’avance sur Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse et Christian Estrosi. Ils seront en service commandé pour un candidat pour peser ensuite sur les affaires du parti. Tous les ralliés qui veulent une place vont vers François Fillon, au risque que la valeur d’un soutien à l’ex 1er ministre ne se démonétise. Tous les militants suivent la campagne de terrain pugnace de Jean-François Copé, qui profite d’être secrétaire général pour cumuler le plus de parrainages.

 

Il est bon que les règles d’inscription à la bataille des idées de la droite soient strictes. En fixant un nombre excessivement élevé de signatures pour pouvoir concourir, les statuts du parti ont excellemment permis que la compétition se limite à deux candidats. C’est heureux. L’UMP évite au moins de tomber dans les guignolades du PS qui quand il laisse agir la démocratie organise des congrès portes ouvertes pour élire son 1er secrétaire. Les élections présidentielles devraient s’en inspirer et limiter le nombre de partis au lieu d’abolir la règle des 500 signatures.

 

Le scrutin s’annonce plus serré que prévu. Xavier Bertrand devrait être extrêmement courtisé et chouchouté pour donner son soutien à l’un des deux finalistes et faire preuve d’un peu plus de courage qu’Alain Juppé qui comme il a l’habitude ne s’exprime pas quand il y a un choix controversé à faire. Il sera tenté d’appeler à voter pour l’un des prétendants pour tester son aura dans le parti. En faisant basculer l’élection, il redeviendrait la clé de voûte de la droite.

 

Ce serait une grave erreur. Il vendrait sa peau dès le début du quinquennat alors que son intérêt est d’attendre que les choses se passent. Mal pour le gouvernement et mal pour l’opposition, afin de se poser en recours en 2017. L’ancien secrétaire général a assuré qu’il se présenterait même contre Nicolas Sarkozy à qui il doit tout, jusqu’à sa nomination à la tête de l’UMP en 2008. Mais l’ancien président a fait son temps. On le voit déjà préparer son retour du sarcophage à l’aide des derniers sarkophiles. Il serait dans l’intérêt de la droite qu’il se retire.

 

Xavier Bertrand est bien seul. Contrairement à Jean-François Copé, il n’a pas profité de sa passade à la tête du parti pour se forger un réseau d’élus dévots et dévoués. Comme François Fillon, il est resté enfermé dans les ministères et les ors du pouvoir et a dû jurer fidélité au président. L’ancien ministre de la santé est trop rassurant pour entraîner et trop gentil pour être honnête. Gentil Xavier Bertrand traîne une réputation de faux derche et de courtisan malhabile à la langue râpeuse. Il ne manque que de caractère, celui qui donne vraiment envie de gagner.

 

Il n’a pas l’instinct du tueur qui permet de mener les grandes carrières. C’est ce qui rend peu crédible sa déclaration de candidature pour 2017 : c’est trop loin et trop sinueux pour ses petites jambes. L’ancien ministre du travail reste sur des échecs. Il a passé la fin du mandat à annoncer à l’avance les mauvais chiffres du chômage avant de passer le relais à Michel Sapin. Il a difficilement été réélu député dans une circonscription picarde qui vire trop à gauche pour qu’il y reste sans danger. Il a perdu contre Christian Jacob au vote pour l’élection du président du groupe UMP à l’assemblée. Cela l’a refroidi avant de se présenter à la présidence de l’UMP.

 

Son pari est assez rationnel. Il n’a pas le choix : ne pouvant gagner cette année, il mise tout sur l’échéance suivante. C’était l’option de François Hollande lorsqu’il a quitté la tête du PS pour « se préparer » en vue des élections présidentielles. Il s’est fait oublier et a empoché la mise. Ce numéro fait rêver tout le monde. Mais Xavier Bertrand n’aura pas de choix. Entre François Fillon qui le considère « peut-être maçon mais sûrement pas franc » et Jean-François Copé qui le moque en « gentil organisateur », il n’a pas que des amis. Rejoindre l’un de ces deux hommes signerait sa défaite. Il devra donc suivre une troisième voie. Si possible la sienne.

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 01:49

« Cueille le jour présent, en te fiant le moins possible au lendemain »

 

HORACE (65-8 av. J-C) – Poète latin et être en devenir

 

 

Jean-François Copé est en campagne. Le secrétaire général de l’UMP fait un meeting par jour pour rattraper son retard présumé sur François Fillon dans les sondages. Il n’a même pas abandonné son poste pour mettre toutes les chances de son côté, or un capitaine ne quitte pas le navire en pleine tempête. Pendant ce temps, l’amiral de France François Hollande fait le mort et va lentement. Le président a promis qu’il résoudrait la crise et réduirait le chômage laissé par Nicolas Sarkozy. Mais pas avant 2014. Il faudrait lui rappeler qu’il a été élu en 2012.

 

Il déçoit et c’est ce qu’on attendait de lui. Il ferait du pétrole qu’il arriverait même à le vendre à perte. Or il faudra bien que la droite lui trouve un adversaire en 2017. Le spectre de Nicolas Sarkozy revient avec insistance, mais ce ne sera qu’une mode passagère. Jean-François Copé a un parti-pris clair pour devenir président de l’UMP : il met ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy pour piétiner François Hollande en 2014. La suite, c’est de la fiction tant c’est loin.

 

Comme l’ancien président, c’est quelqu’un qu’on peut détester et donc adorer. Il remet constamment le sujet de l’immigration sur la table pour incarner cette droite dure qu’il appelle par provocation la droite décomplexée. Sa mauvaise foi légendaire ne laisse ni indifférent ni satisfait. C’est ce qui fait sa force. On ne peut pas détester François Fillon, trop consensuel et trop prudent. Or pour gagner une élection présidentielle, il faut être courageux et prendre des risques. Il ne faut pas vouloir être aimé, car gouverner c’est être impopulaire. Les français ont une capacité très grande à oublier leurs colères et leurs querelles. Ils pardonnent à ceux qui ont surpassé leurs échecs. C’est pourquoi Jean-François Copé est le meilleur candidat pour 2017.

 

Il a pris le contrepied de ce qu’on attendait de lui. C’est là tout son génie. On l’attendait agressif envers François Fillon, or il porte toutes ses attaques contre François Hollande dont il sait qu’il sera son vrai rival sur la route élyséenne. On croyait qu’il afficherait ses ambitions pour 2017, or il prépare une opération reconquête pour les élections municipales de 2014. On le pensait clivant, or il veut rassembler. Ce serait le chef de parti idéal, un président pour 2014.

 

Les deux chefs de guerre ont beau dire qu’il n’y aura ni vainqueur ni vaincu, il y aura quand même un gagnant et un perdant. En étant si largement favori, François Fillon rend un fier service à Jean-François Copé en l’obligeant à faire une campagne de terrain active. Face à la stratégie du favori qui accumule les soutiens et qui ne marche jamais, le secrétaire général parle au pays réel des militants et prépare ses troupes au vote. Les élections donneront une surprise.

 

Il veut être pédagogue et mettre en valeur ses idées pour les faire comprendre. Sans petites phrases, il veut participer à la refondation de la droite et de ses valeurs que la campagne présidentielle et le dernier quinquennat ont écornées. Il a déjà parfaitement organisé le combat électoral, même si le résultat ne fut pas au rendez-vous. Il ne veut pas récidiver en novembre. Il sait qu’il est temps d’adoucir son image et sa réputation après n’avoir rien fait pour les embellir.

 

Il reste deux mois de campagne et Jean-François Copé doit commencer à perdre espoir. Sa défaite semble inéluctable et François Fillon n’a même pas besoin d’être présent dans les médias ce qui l’arrange vu l’état de sa cheville. N’était une heureuse allusion au travail qu’il faut relancer pour éviter le déclin, il mène presque une non-campagne tant il annihile toute esquisse de polémique et noie toute bribe d’engueulade. C’est pourquoi Jean-François Copé a intérêt à monter le ton. Face à la paix des braves au PS, qui oublie qu’il a commencé à gagner quand la compétition de la primaire a commencé, il faut une guerre des chefs. Et un vrai affrontement.

 

En période de crise, les gens fuient plus que d’habitude les fausses évidences. François Fillon est favori pour être président de l’UMP en 2012, or il n’a jamais rien fait pour être incontournable dans le parti. Pour être président en 2017, il faudra faire ses preuves et ne pas se contenter d’un avis de départ favorable. Alors que son bilan comme chef du gouvernement n’est pas idéal, celui de Jean-François Copé comme chef de parti est défendable et il a un projet pour 2014. C’est pourquoi il doit être élu président. Pour être plus qu’un chef, un leader.

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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 22:54

« La première partie de la vie se passe à désirer la seconde ;

la seconde à regretter la première »

 

Alphonse KARR (1808-1890) – Journaliste français et sur le départ

 

 

Martine Aubry doit bouillir intérieurement face à la prudence avec laquelle cette couille-molle de François Hollande et ce gros naze de Jean-Marc Ayrault appliquent son programme. En 2011, elle avait fait valider par les militants socialistes un projet que le nouveau président avait dû reprendre de force plus que de grès dans sa campagne après sa victoire à la primaire. Mais l’histoire s’est arrêtée là pour elle, qui s’est mise à l’écart et n’a pas paru dans les meetings.

 

Elle va quitter le poste de 1er secrétaire du PS. « Toutes les conditions sont réunies », ce qui signifie qu’elle a réussi à éloigner les hollandistes de sa succession et à imposer un proche, Harlem Désir ou Jean-Christophe Cambadélis. Un chef qui ferait moins bien qu’elle. Elle a de son côté confié avoir des idées pour la suite et il ne s’agit pas forcément d’ambitions publiques. La politique n’est pas le centre de son système solaire. Elle veut avoir une seconde vie. La vraie.

 

Elle revient de loin. En 1991, elle est jeune ministre du travail du gouvernement d’Edith Cresson. En 1995, les socialistes veulent qu’elle se présente aux élections présidentielles après que son père Jacques Delors ait renoncé mais le manque d’ambition est héréditaire. En 1997, l’égérie de la gauche redevient ministre de l’emploi dans le gouvernement de Lionel Jospin. On lui doit ce qui est la grande œuvre et la grande erreur de sa vie : les 35 heures. Sous prétexte de donner des acquis sociaux aux travailleurs, elle a sans concertation augmenté le temps de loisir des classes moyennes et réduit le pouvoir d’achat des classes populaires. C’est la gauche bête.

 

En 2002, elle a payé cette faute en perdant aux élections législatives deux mois après le coup de tonnerre du 21 avril. Elle est entrée dans sa traversée du désert et on l’a crue perdue pour la politique nationale. Elle s’est faite discrète et on ne l’a revue ni à Solferino ni à la radio. Elle n’était pas résignée pour autant. Mais comme elle est revenue par hasard, elle n’a jamais cru qu’elle pourrait se présenter aux élections présidentielles quand elle a pris le PS en 2008.

 

Les socialistes voulaient surtout éviter Ségolène Royal. Elle a gagné avec 50% des voix et 102 bulletins d’avance et personne ne pensait qu’elle aurait la légitimité suffisante pour mener la rénovation du parti et abolir les divisions internes. La gauche a pourtant gagné les élections présidentielles en 2012 et Martine Aubry croit que c’est en grande partie de sa faute. Elle ignore que la gauche ne pouvait que gagner après tant d’années et contre une droite en bout de course.

 

C’était sa seconde vie. On la croyait perdue et elle s’est retrouvée pour agir auprès des siens utilement. Elle ne regrette pas d’être restée et c’est pour cela qu’elle n’a pas entièrement dit adieu à son destin national. Elle se verrait bien 1er ministre à mi-mandat en recours ultime si les choses tournaient mal. Mais cette seconde vie est une vie parallèle. Elle croit avoir sauvé un PS qui « faisait pitié ». Elle a la critique facile avec les autres et l’éloge encore plus facile avec elle-même. Elle oublie que c’est le soir de sa défaite aux primaires que la victoire est née.

 

Elle ne voulait pas être présidente et cela tombe bien car les français ne voulaient pas qu’elle le soit. Elle ne pouvait d’ailleurs pas l’être. Elle est une femme, or les français élisent des hommes capables de mener des dures campagnes. Elle n’est pas populaire, car sa froideur légendaire fait ton sur thon avec son manque de talent oratoire qui la fait lire ses discours plus qu’elle ne les fait vivre à son auditoire. Elle n’aime pas se dévoiler, et elle ne montre sa vie privée qu’à contrecœur avec cette une de Paris Match que tout le monde a trouvé bizarre. Martine à la plage ou Martine à la campagne, ce n’est pas là où elle se la raconte le mieux.

 

Martine Aubry s’en va le cœur léger vers d’autres aventures car elle croit avoir accompli sa mission et « fait le travail ». Elle a restauré le PS pour en refaire un parti de gouvernement capable d’assumer le pouvoir. Elle a réveillé la ville de Lille qui commençait à somnoler après 18 ans sous Augustin Legrand et 28 ans sous Pierre Mauroy. Elle a reconquis le respect envers elle-même et c’est là l’essentiel. Mais avoir la conscience tranquille est un signe de mauvaise mémoire. Les socialistes retiendront ce qu’ils veulent de Martine Aubry, mais les français n’en retiennent que les 35 heures. Travailler moins pour produire moins, ou la plaie de l’économie.

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