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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 07:25

« Nul vainqueur ne croit au hasard »

 

Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) – Philosophe allemand et trop cartésien

 

 

Tous les candidats se sont déclarés. Certains ont même déjà jeté l'éponge avant que ne soient donnés les premiers coups. Les sondages sont des indications cruelles qui ramènent vite sur terre ceux qui se sont trop bercés d'illusions. Chez les verts, on a l'habitude des coups de sonde. En 2002 ils retiraient Alain Lipietz à cause de ses mauvais sondages. En 2007 ils ne suivaient pas Nicolas Hulot qui avait eu peur de se ramasser. En 2012 ils pensent rappeler Eva Joly qui est sûre de se rater.

 

Il faut dire que les sondages sont le seul indicateur fiable qui permette aux candidats de mesurer l'efficacité de leur campagne. Avec les taux d'audience de la télévision, mais on ne vend pas un homme politique comme on vend un yaourt. Comme les meetings ne prêchent que des convaincus et des convertis de la première heure et comme les stratégies des partis s'élaborent en vase clos, le sondage est devenu un vote de tous les jours précieux pour anticiper le résultat du vote du jour J.

 

Et puis il y a aussi l'intuition. L'instinct. On dit souvent après coup d'un candidat qui a fait un bon résultat que c'est grâce à sa bonne campagne. Comme Valéry Giscard d'Estaing en 1974, que le film « Une partie de campagne » montre en homme d'État moderne proche des gens. Comme François Bayrou en 2002, inexistant dans les sondages et pourtant crédité de 6,8% le 21 avril notamment grâce à une claque donnée à un gamin qui lui faisait les poches.

 

Au contraire il y a les campagnes que l'on juge durement après que la défaite les ait condamnées. Chaban en 1974, Giscard en 1981, Balladur en 1995, Jospin en 2002. Pourtant personne n'y met jamais sa main au feu ni à couper avant le verdict final. Ainsi en 2007, alors que beaucoup de signes et de gaffes montraient que la campagne de Ségolène Royal n'allait pas être gagnante, personne n'a jamais misé avec certitude sur la victoire de Nicolas Sarkozy.

 

Les jeux ne sont pas encore faits cette année mais les paris sont ouverts. Et il y a à boire et à manger dans tout ce que l'on entend. Les uns voient François Hollande gagner sans problème. Les français le trouvent légitime, il ne fait pas d'erreur et le Bourget l'a mis sur de bons rails. Les autres voient revenir gros comme une maison Nicolas Sarkozy. Il a réussi sa déclaration de candidature, il impose ses thèmes et ses sondages s'améliorent.

 

Quand la réalité ne plaît pas, il suffit d'en inventer une autre. Les groupies des candidats adorent la méthode Coué, auscultant dans le ciel et le marc de café chaque signe d'amélioration et occultant chaque signe annonciateur d'une grosse défaite. Quand ce ne sont pas les candidats eux-mêmes qui font de l'auto-persuasion.

 

Le problème, c'est qu'on nous fait passer des pronostics pour des commentaires. Car les observateurs de la vie politique sont eux adeptes du pifomètre et de la technique du doigt mouillé. Prétendument neutres et à la prétention inégalée, ils donnent des avis pas toujours bien intentionnés sur les « dynamiques » de campagne et font des projections. Des conjectures. On ne leur a rien demandé.

 

Tout ça au hasard. A quand un pari sur les élections présidentielles sur BetClic.fr ? On en vient presque à regretter les sondages, qui s'ils ne détiennent pas la vérité donnent au moins une image fidèle de la situation du jour où ils sont réalisés. Ils font des pessimistes informés là où les prédictions ne font que des optimistes béats. Mais comme c'est la crise et qu'il n'y a ni pain ni Boursin, il fallait au moins qu'il y ait des jeux.

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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 07:58

 « C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source »

 

Jean JAURES (1859-1914) – Ancien socialiste français et le pied marin 

 

 

On ne bâtit pas une maison en empilant des briques. Il faut d'abord bien construire les fondations pour partir sur des bases solides. C'est la même chose avec un parti politique. L'électeur ne comprendra rien au discours d'un parti si celui-ci ne propose pas une version unique de ses idées. D'où le développement affolant des éléments de langage, censés mettre de la cohésion et de la cohérence dans les prises de parole.

 

On parle souvent de fin des idéologies sous prétexte qu'il n'y aurait plus de différences entre la gauche et la droite. Les deux se sont converties au social-libéralisme : la liberté économique mais pas trop ; l'égalité sociale mais pas trop. Les consensus mous ne coûtent rien et rapportent gros. Tout se vaut et le seul moyen de se démarquer de l'adversaire est de concentrer le débat sur une proposition-choc, même mineure. L'UMP avec les tests ADN, le PS avec le changement de sexe.

 

Pourtant cette campagne a pris le parti d'un durcissement des positions. D'un retour aux sources. Nicolas Sarkozy en appelle aux valeurs éternelles de la droite (le travail, la famille, la patrie) quitte à faire la polémique : la lutte contre la fraude sociale, le bénévolat des chômeurs, le tout-nucléaire... Il faut bien renverser les esprits pour renverser la situation. L'augmentation du salaire des enseignants, électorat traditionnel de la gauche, n'est qu'une promesse provocante pour tromper son monde.

 

François Hollande pratique lui le discours moralisateur dont la gauche raffole quand elle dénonce les errements de la droite au nom des belles valeurs. Il faut marcher droit et les chiens de garde indiquent le bon chemin. Les socialistes sont revenus aux fondamentaux : la taxation des plus riches, le recrutement de fonctionnaires, la parité hommes/femmes... C'est du consensus mou, mais ça devrait fonctionner. Le PS de 2012 sera social, progressiste et démocrate. Ou ne sera pas.

 

L'important, c'est l'essentiel. Dans un contexte de crise et d'incertitude, les électeurs veulent des repères fixes auxquels se raccrocher pour voter sur l'avenir du pays. Ils ne veulent pas de la modération ou de l'union sacrée que nous vendent les centristes et Dominique de Villepin. Chacun doit affirmer ses positions plus durement que d'habitude et dire les choses pour de vrai : la gauche forte de Martine Aubry, la sortie du nucléaire des verts, la rigueur de François Bayrou, la droite dure de Jean-François Copé...

 

« Back to basics », disait Margaret Thatcher. Il ne s'agit plus de braconner chez le voisin mais bien de faire le plein de voix chez soi. D'où l'intérêt de se faire voir et que chacun reconnaisse les siens. On est loin des campagnes syncrétiques de François Mitterrand en 1988 avec le ni-ni ou de Jacques Chirac en 1995 avec la fracture sociale. Loin aussi des campagnes de Ségolène Royal vantant « l'ordre juste » et de Nicolas Sarkozy se réclamant de Jean Jaurès. C'était en 2007, il y a cinq ans. Une éternité.

 

On en vient presque à regretter ce temps béni où les partis piochaient à droite et à gauche sans respect des droits d'auteurs. On le savait et on lisait entre les lignes, l'essentiel se cachant dans les détails. Aujourd'hui que les campagnes des différents postulants sont dessinées à grands traits de stabilo, on y voit plus clair et à la fois plus obscur, car il est de plus en plus difficile d'adhérer pleinement à des programmes si maximalistes. La douche est forcément plus froide à la source qu'à l'embouchure du fleuve.

 

Les partis réclameront bien un droit au secret des sources, et ils ont bien raison. Quand on pense que certaines propositions de la droite et de la gauche viendront de leurs extrêmes, on se dit que le cœur de leurs programmes aurait besoin d'être ressourcé.

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 10:20

 « Mieux vaut arriver cinq ans en avance que cinq minutes en retard »

 

Jacques CHABAN-DELMAS (1915-2000) – Ancien 1er ministre et un peu trop ponctuel

 

 

Les hommes politiques qui ont les meilleures carrières occupent souvent les meilleurs postes. Ils ont du pouvoir car ils sont partout, malades de ce cumul des mandats qui rend si peu recommandable notre démocratie. Être élu à plusieurs fonctions à la fois leur permet en effet d'être présents dans les discussions et d'avoir un poids dans les décisions. Celui qui sort de ce cercle fermé ne paraît pas sur la photo, et il ne s'en sort pas.

 

La république déborde de ces élus qui se sont fait à la force du poignet et qui ont accumulé beaucoup de pouvoir entre leurs seules petites mains. Il y a bien sûr les grands cumulards comme Jacques Chaban-Delmas ou André Labarrère. Mais aussi les présidents de la république. François Mitterrand fut onze fois ministre sous la IVème République, sénateur, député, maire, président de l'UDSR et 1er secrétaire du PS avant d'être élu en 1981 à la fonction suprême.

 

Jacques Chirac a longtemps cumulé responsabilités nationales (1er ministre, député), locales (maire de Paris) et partisanes (président du RPR) d'avant d'atteindre à son tour le graal. Et que dire de Nicolas Sarkozy, qui non content d'être maire, député et président de conseil général, cumulait aussi ses fonctions de ministre avec la présidence de l'UMP, un tort selon Jacques Chirac. La tactique semble bonne, quand on voit comment Jean-François Copé cumule et accumule les mandats.

 

Les problèmes d'absentéisme et de conflits d'intérêt n'y feront rien. Le raisonnement dominant chez les hommes politiques ambitieux est qu'il faut être très présent pour ne pas être absent le jour des élections présidentielles. Pensons à François Hollande, qui après son retrait de la direction du PS aurait complètement disparu de la circulation s'il n'était pas resté député et président de conseil général. Demandez à Villepin ou Bayrou s'il n'est pas important d'avoir un siège d'avance où s'asseoir.

 

Pourtant, être trop présent peut amener à être absent au seul concours qui compte, les élections présidentielles. Tout se joue sur la nature des fonctions occupées. Il est entendu que les hyper-cumulards auront de plus en plus de mal à faire gober aux électeurs qu'ils seront gagnants à les faire travailler plus. Mais pour ceux qui n'occupent qu'une seule fonction éminente, se retirer est un risque politique. Voilà pourquoi Jacques Delors, n°1 du top 50 en 1994, ne s'est pas présenté en 1995 et est resté à la Commission européenne.

 

Cela explique aussi la non-candidature de Dominique Strauss-Kahn, archi-favori des élections anticipées de 2011 et grand absent des élections anti-Sarko de 2012. Directeur général du FMI, il n'a jamais résolu le dilemme cornélien qui se présentait à lui : démissionner de sa fonction et risquer de tout perdre aux élections présidentielles voire aux primaires socialistes ; ou rester à son poste et renoncer à une chance inespérée de devenir président de la république.

 

Il n'a jamais choisi, ou trop tard. Quand les hommes ne décident pas des circonstances, ce sont les circonstances qui finissent par décider pour eux. L'affaire du Sofitel a décidé pour lui en l'écartant des deux fonctions, le rendant plus absent que jamais. Une absence que l'on ne saurait oublier dans ces élections, tant le spectre d'une candidature DSK avait fini par être présent dans la tête des électeurs. On a appris à vivre sans.

 

Mais Nicolas Sarkozy n'hésitera pas à souligner que la candidature de François Hollande est un choix par défaut. Il l'a d'ailleurs déjà fait. Mais la question n'est plus de savoir si le représentant socialiste est un rigolo ou un rival sérieux. Il est là, bien présent. Et cela, le président l'a bien présent à l'esprit.

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Entre deux meetings, Nicolas Sarkozy recommence ses conférences grassement payées à l'étranger. Cela pourrait le desservir. 

 

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