« Nul vainqueur ne croit au hasard »
Friedrich NIETZSCHE (1844-1900) – Philosophe allemand et trop cartésien
Tous les candidats se sont déclarés. Certains ont même déjà jeté l'éponge avant que ne soient donnés les premiers coups. Les sondages sont des indications cruelles qui ramènent vite sur terre ceux qui se sont trop bercés d'illusions. Chez les verts, on a l'habitude des coups de sonde. En 2002 ils retiraient Alain Lipietz à cause de ses mauvais sondages. En 2007 ils ne suivaient pas Nicolas Hulot qui avait eu peur de se ramasser. En 2012 ils pensent rappeler Eva Joly qui est sûre de se rater.
Il faut dire que les sondages sont le seul indicateur fiable qui permette aux candidats de mesurer l'efficacité de leur campagne. Avec les taux d'audience de la télévision, mais on ne vend pas un homme politique comme on vend un yaourt. Comme les meetings ne prêchent que des convaincus et des convertis de la première heure et comme les stratégies des partis s'élaborent en vase clos, le sondage est devenu un vote de tous les jours précieux pour anticiper le résultat du vote du jour J.
Et puis il y a aussi l'intuition. L'instinct. On dit souvent après coup d'un candidat qui a fait un bon résultat que c'est grâce à sa bonne campagne. Comme Valéry Giscard d'Estaing en 1974, que le film « Une partie de campagne » montre en homme d'État moderne proche des gens. Comme François Bayrou en 2002, inexistant dans les sondages et pourtant crédité de 6,8% le 21 avril notamment grâce à une claque donnée à un gamin qui lui faisait les poches.
Au contraire il y a les campagnes que l'on juge durement après que la défaite les ait condamnées. Chaban en 1974, Giscard en 1981, Balladur en 1995, Jospin en 2002. Pourtant personne n'y met jamais sa main au feu ni à couper avant le verdict final. Ainsi en 2007, alors que beaucoup de signes et de gaffes montraient que la campagne de Ségolène Royal n'allait pas être gagnante, personne n'a jamais misé avec certitude sur la victoire de Nicolas Sarkozy.
Les jeux ne sont pas encore faits cette année mais les paris sont ouverts. Et il y a à boire et à manger dans tout ce que l'on entend. Les uns voient François Hollande gagner sans problème. Les français le trouvent légitime, il ne fait pas d'erreur et le Bourget l'a mis sur de bons rails. Les autres voient revenir gros comme une maison Nicolas Sarkozy. Il a réussi sa déclaration de candidature, il impose ses thèmes et ses sondages s'améliorent.
Quand la réalité ne plaît pas, il suffit d'en inventer une autre. Les groupies des candidats adorent la méthode Coué, auscultant dans le ciel et le marc de café chaque signe d'amélioration et occultant chaque signe annonciateur d'une grosse défaite. Quand ce ne sont pas les candidats eux-mêmes qui font de l'auto-persuasion.
Le problème, c'est qu'on nous fait passer des pronostics pour des commentaires. Car les observateurs de la vie politique sont eux adeptes du pifomètre et de la technique du doigt mouillé. Prétendument neutres et à la prétention inégalée, ils donnent des avis pas toujours bien intentionnés sur les « dynamiques » de campagne et font des projections. Des conjectures. On ne leur a rien demandé.
Tout ça au hasard. A quand un pari sur les élections présidentielles sur BetClic.fr ? On en vient presque à regretter les sondages, qui s'ils ne détiennent pas la vérité donnent au moins une image fidèle de la situation du jour où ils sont réalisés. Ils font des pessimistes informés là où les prédictions ne font que des optimistes béats. Mais comme c'est la crise et qu'il n'y a ni pain ni Boursin, il fallait au moins qu'il y ait des jeux.