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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 08:32

« L’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain »

 

Victor HUGO (1802-1885) - Ecrivain français et doux rêveur

 

 

François Hollande nous a vendu du rêve, et même du « rêve français ». Alors soyons bon public et rêvons. Nous sommes le 14 août, 100 jours après le 6 mai, presque un jour pour monter au ciel. C’est François Hollande qui a été élu, et il garde les pieds sur terre. Pas de liesse ni de Panthéon, mais une passation de pouvoirs sobre avec Nicolas Sarkozy. Comme le disait François Mitterrand à ses disciples en 1981, « c’est maintenant que les ennuis commencent ».

 

A peine a-t-il gagné les élections législatives avec une majorité de 372 députés que le nouveau président abroge certains projets-phare de son prédécesseur : le bouclier fiscal, les peines planchers, la réforme territoriale. Il ne reviendra pas sur la RGPP, la retraite à 62 ans ou la loi LRU sur les universités. Le passé, c’est le passé. Il est plutôt tourné vers l’avenir et veut être un président qui affronte les problèmes « en responsabilité », comme il dit.

 

Le nouveau président n’a pas changé la vie mais il a fait adopter le mariage homosexuel et le droit de vote des étrangers aux élections locales. La France s’est désengagée d’Afghanistan. Elle se désengage beaucoup en ce moment. L’Etat est en faillite et n’a plus les moyens de son train de vie. Le 1er ministre Jean-Marc Ayrault prépare en secret une augmentation générale de l’impôt sur le revenu et une réduction de moitié de la durée d’indemnisation des chômeurs.

 

En 1981, les socialistes promettaient plus d’Etat et de temps libre. En 2012, lendemains qui déchantent, ils préparent un Acte IV de la décentralisation renforçant le pouvoir des régions et ne refiscaliseront pas les heures supplémentaires, ce qui entérine de fait la mort des 35 heures. C’est la crise mais on en voit le bout. L’emploi repart un peu, moins grâce aux réformes du nouveau gouvernement qu’à la reprise de l’activité aux Etats-Unis.

 

L’Allemagne révise enfin son dogmatisme budgétaire : Angela Merkel s’est laissée tenter par François Hollande d’ajouter quelques articles - cela ne peut pas faire de mal - au traité sur la rigueur et de réfléchir - cela n’engage à rien - à une intervention de la BCE dans le financement de bons du trésor des Etats. La planche à billets pour qu’on recommence enfin à en compter dans nos poches. Et Hollande de sentir la fin de l’état de grâce et le début des ennuis, les vrais.

 

Allez, fini de rêver, redescendons sur terre. A trop faire de la politique-fiction, on perd le sens des réalités. Pensez à cette série estivale du Monde sur la crise où les auteurs s’étaient amusés à imaginer une faillite de la Société générale. Un journaliste anglais l’a lu, mais pas entre les lignes. Le lendemain, le cours de bourse de la Société générale plongeait. Trop drôle.

 

En fait, les français le 6 mai auront suivi la voie de la raison en réélisant Nicolas Sarkozy pour un 2ème mandat, comme ils l’avaient fait avec ses deux prédécesseurs. La fin de campagne a en effet inversé les sondages du début et révélé à quel point Sarkozy était plus crédible et expérimenté que Hollande. Les français n’ont pas voulu prendre le risque de repartir de zéro alors que la croissance était déjà en dessous, alors ils en ont repris pour cinq ans (Putain !).  

 

Le président a difficilement gagné les législatives avec 293 députés et devra ménager ses amis centristes. La TVA sociale a été votée et le PS a implosé comme la SFIO en 1969. Alain Juppé sera 1er ministre jusqu’à mi-mandat et passera la main au candidat de 2017. La politique politicienne est revenue et la crise s’en est allée, sans que personne ne l’ai jamais bien comprise. Le pire c’est que président de gauche ou de droite, on ne voit pas ce que cela a changé.

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10 février 2012 5 10 /02 /février /2012 07:18

« Retenez bien ce nom, vous n’en entendrez plus jamais parler »

 

Henri JEANSON (1900-1970) – Journaliste français et humoriste à 16 heures

 

 

Les élections présidentielles sont la pierre angulaire de la Vème République. Tout parti qui se respecte doit y présenter un candidat. C’est ce qui le fait exister. La caisse de résonance médiatique qu’offrent les deux semaines de campagne officielle vaut en effet toutes les opérations de promotion du monde. C’est pourquoi certains partis n’existent qu’une fois tous les cinq ans et viennent en habitués reprendre le panneau d’affichage qui leur est réservé.

 

C’est aussi un rendez-vous essentiel pour les partis les plus ambitieux. On se rappelle la stratégie du programme commun de François Mitterrand qui consistait à ne présenter qu’un candidat de gauche aux élections présidentielles. En passant son tour en 1974, le PCF signait aussi son arrêt de mort. Une mort lente qui depuis l’a vu rater d’autres élections - au niveau du résultat : 1,93% en 2007 - pour finir par s’en remettre à un social-traitre, Jean-Luc Mélenchon.

 

Bref, il y a une multiplication des candidatures qui obscurcit la clarté du débat : 12 en 1974, 10 en 1981, 9 en 1988 et 1995, 16 en 2002, 12 en 2007, peut-être 14 ou 15 en 2012. L’électeur a le choix car l’offre est large. Mais comment faire le bon quand on en a trop, et qu’il n’y a pas de confrontation entre les principaux projets de société ? On n’y comprend rien, rien.

 

De Marcel Barbu en 1965 à Eric Cantona en 2012 en passant par Guy Héraud en 1974 ou Gérard Schivardi en 2007, que de candidatures fantaisistes propices à des votes fantaisistes.  Ce n’est pas la règle des 500 signatures édictée en 1976 pour éviter cette course à l’échalote qui a solutionné le problème. La règle des 5%, seuil pour lequel sont remboursées les dépenses de campagne, dissuade plus sûrement ceux qui seraient tentés par un petit tour de présidentielle.

 

Au-delà de ce manège, l’orgie de candidatures a surtout des conséquences politiques désastreuses. Comme l’élimination de Lionel Jospin dès le 1er tour en 2002, victime de sept candidatures de gauche censées le rallier lors d’un 2ème tour qui n’eut jamais lieu. Instruits de cette expérience, Jean-Pierre Chevènement à gauche ou Jean-Louis Borloo à droite ont réfréné leurs envies pour ne pas pénaliser leur camp en 2012. Mais d’autres encore pourraient le faire.

 

Si la tendance des sondages qui annonce un vote utile en faveur des gros candidats se confirme, bon nombre de prétendants se traînant entre 0 et 1% (Boutin, Morin, Lepage, Poutou, les quatre Dalton de l’hilarité) pourraient se retirer. Mais personne ne croit qu’on en restera là car les électeurs aiment porter leurs voix sur ces sans-grades pour les encourager dans leur débauche, ce que les spécialistes appellent entre eux « effet underdog ».

 

Reste à savoir pourquoi dans notre bipartisme majoritaire tant de petites formations survivent encore au mépris de la sélection naturelle et continuent de tenter leur chance et de nous faire jouer avec le feu. La raison n’est pas bien loin, dans le manque de volonté des deux grands partis de gouvernement à mettre de l’ordre dans le bazar de l’offre politique. Tolérer des partis alliés est en effet le plus sûr moyen de compter des partis ralliés.

 

Combien de fois l’UMP s’est-elle plaint les soirs de branlée électorale que la formule du parti unique empêchait toute dynamique d’entre-deux-tours là où le PS laissait la vie sauve aux 118 partis trotskistes et recueillait le soutien des verts et de l’extrême gauche ? Si le souvenir des divisions des années 1990 reste là, elle a finalement replongé pour pouvoir au soir du 1er tour faire des additions. La quantité a encore été privilégiée par rapport à la qualité. Trop.  

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 08:19

« Une fois que l’on a dépassé les bornes, il n’y a plus de limites »

 

Alphonse ALLAIS (1854-1905) – Humoriste français et comique de répétition

 

 

Tous les sondages le montrent, une partie importante du corps électoral rejette Nicolas Sarkozy. En tout cas assez pour compromettre sa réélection. Le taux de popularité très bas du président et la faible adhésion aux réformes qu’il a engagées en politique intérieure en sont la cause. Pourtant, le sentiment sur son bilan en politique extérieure est beaucoup plus favorable.

 

Il faut reconnaitre que par son volontarisme il a su récolter quelques succès hors de nos frontières : la présidence française de l’Union européenne, la gestion de la crise en Géorgie, l’intervention militaire en Libye... Même si cela ne doit pas faire oublier certains vrais échecs comme la passivité devant la révolution tunisienne, les négociations stériles avec l’Allemagne sur le dossier grec, les différends diplomatiques avec la Chine, le Mexique ou la Turquie

 

Passons. Comme beaucoup de présidents avant lui, Nicolas Sarkozy a inexplicablement été beaucoup plus crédible à l’export que sur le marché domestique, où la critique est toujours plus forte. Jacques Chirac était dans le même cas, fort face à l’invasion des Etats-Unis sur l’Irak en 2003 et faible face aux émeutes de banlieues en 2005. Nul n’est prophète en son pays.

 

Le rôle de président fascine. Commander in chief à l’américaine, il représente la France à l’étranger. C’est pourquoi on vérifie toujours inconsciemment le physique d’un candidat avant de voter pour lui. Il est le chef des armées et seul son index peut presser le bouton nucléaire. Il est président sans frontières, s’occupant à la fois de politique intérieure et de politique extérieure, le « domaine réservé » délimité par De Gaulle au début de la Vème République.

 

Un président qui s’affaire aux affaires étrangères en ressort toujours grandi, peut-être parce qu’elles sont trop étrangères au peuple de la rue pour qu’il ne la critique avec autant d’arguments que la politique interne. Pour reprendre la main sur son 1er ministre Michel Rocard, François Mitterrand utilisât habilement durant la 1ère Guerre du Golfe sa position de chef de guerre. Mais l’avait-il vraiment perdue ? Les vieux singes gardent toujours le doigté.

 

A ce jeu, Nicolas Sarkozy a oublié d’enlever ses moufles. Son intuition de « faire plus président » était la bonne. On se rappelle de son attitude digne sous la pluie lors de l’hommage militaire aux sept soldats morts en Afghanistan en juillet dernier. On l’a vu mettre à profit ses meetings internationaux du G20 et ses interviews communes avec les grands de ce monde pour renforcer sa légitimité de président. Etre président sans frontières aurait pu être la clé du succès.

 

Mais il n’a certainement pas retenu les leçons de ses pairs. Si De Gaulle avait fait de la politique extérieure son domaine réservé, c’était pour s’y consacrer exclusivement et délaisser la politique intérieure, cette « intendance » qui n’était pas son fort, à son 1er ministre Georges Pompidou. Si Napoléon refusait d’une femme qu’on « la somme », c’était parce qu’il ne captait pas toutes les finesses du jargon juridique. Même les plus grands ne sont pas forts en tout. 

 

Nicolas Sarkozy lui a voulu être tout à la fois : président de la république, 1er ministre, ministre, mais aussi préfet et chef de service… Hyperprésident quoi. Au risque de n’être rien du tout. Il aurait pu valoriser son bilan de politique extérieure et espérer une réélection s’il avait d’entrée reconnu avoir quelques points faibles, manière habile de souligner ses points forts.

 

Au lieu de ça, il a tenté de nous faire croire qu’il était Superman. Et pendant ce temps-là, on se bidonnait devant des vidéos de « comiques » étrangers le tournant en dérision.  

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