« L’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain »
Victor HUGO (1802-1885) - Ecrivain français et doux rêveur
François Hollande nous a vendu du rêve, et même du « rêve français ». Alors soyons bon public et rêvons. Nous sommes le 14 août, 100 jours après le 6 mai, presque un jour pour monter au ciel. C’est François Hollande qui a été élu, et il garde les pieds sur terre. Pas de liesse ni de Panthéon, mais une passation de pouvoirs sobre avec Nicolas Sarkozy. Comme le disait François Mitterrand à ses disciples en 1981, « c’est maintenant que les ennuis commencent ».
A peine a-t-il gagné les élections législatives avec une majorité de 372 députés que le nouveau président abroge certains projets-phare de son prédécesseur : le bouclier fiscal, les peines planchers, la réforme territoriale. Il ne reviendra pas sur la RGPP, la retraite à 62 ans ou la loi LRU sur les universités. Le passé, c’est le passé. Il est plutôt tourné vers l’avenir et veut être un président qui affronte les problèmes « en responsabilité », comme il dit.
Le nouveau président n’a pas changé la vie mais il a fait adopter le mariage homosexuel et le droit de vote des étrangers aux élections locales. La France s’est désengagée d’Afghanistan. Elle se désengage beaucoup en ce moment. L’Etat est en faillite et n’a plus les moyens de son train de vie. Le 1er ministre Jean-Marc Ayrault prépare en secret une augmentation générale de l’impôt sur le revenu et une réduction de moitié de la durée d’indemnisation des chômeurs.
En 1981, les socialistes promettaient plus d’Etat et de temps libre. En 2012, lendemains qui déchantent, ils préparent un Acte IV de la décentralisation renforçant le pouvoir des régions et ne refiscaliseront pas les heures supplémentaires, ce qui entérine de fait la mort des 35 heures. C’est la crise mais on en voit le bout. L’emploi repart un peu, moins grâce aux réformes du nouveau gouvernement qu’à la reprise de l’activité aux Etats-Unis.
L’Allemagne révise enfin son dogmatisme budgétaire : Angela Merkel s’est laissée tenter par François Hollande d’ajouter quelques articles - cela ne peut pas faire de mal - au traité sur la rigueur et de réfléchir - cela n’engage à rien - à une intervention de la BCE dans le financement de bons du trésor des Etats. La planche à billets pour qu’on recommence enfin à en compter dans nos poches. Et Hollande de sentir la fin de l’état de grâce et le début des ennuis, les vrais.
Allez, fini de rêver, redescendons sur terre. A trop faire de la politique-fiction, on perd le sens des réalités. Pensez à cette série estivale du Monde sur la crise où les auteurs s’étaient amusés à imaginer une faillite de la Société générale. Un journaliste anglais l’a lu, mais pas entre les lignes. Le lendemain, le cours de bourse de la Société générale plongeait. Trop drôle.
En fait, les français le 6 mai auront suivi la voie de la raison en réélisant Nicolas Sarkozy pour un 2ème mandat, comme ils l’avaient fait avec ses deux prédécesseurs. La fin de campagne a en effet inversé les sondages du début et révélé à quel point Sarkozy était plus crédible et expérimenté que Hollande. Les français n’ont pas voulu prendre le risque de repartir de zéro alors que la croissance était déjà en dessous, alors ils en ont repris pour cinq ans (Putain !).
Le président a difficilement gagné les législatives avec 293 députés et devra ménager ses amis centristes. La TVA sociale a été votée et le PS a implosé comme la SFIO en 1969. Alain Juppé sera 1er ministre jusqu’à mi-mandat et passera la main au candidat de 2017. La politique politicienne est revenue et la crise s’en est allée, sans que personne ne l’ai jamais bien comprise. Le pire c’est que président de gauche ou de droite, on ne voit pas ce que cela a changé.