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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 07:06

« Changez vos stratégies et tactiques, mais jamais vos principes »

 

John KESSEL (1950) – Ecrivain américain et à cheval sur les principes

 

 

Les jeux sont faits, rien ne va plus. C’est la panique à droite et dans le clan sarkozyste où l’on se demande bien comment on va pouvoir éviter la fessée. Le président lui-même redoute l’abattoir, la faute à des sondages moroses et à l’insolente réussite de son adversaire. Mais au casino comme dans la vie politique, la roue tourne et les dés sont constamment à rejeter.

 

Nicolas Sarkozy a peur car il a le vent de face : le rejet de sa personnalité, un bilan décevant, une crise qu’il n’a pas pu résoudre. Au contraire, son adversaire François Hollande a la main chaude et la baraka, mais c’est vrai qu’on aurait présenté une chèvre contre Nicolas Sarkozy - une vraie, pas qu’au sens figuré - qu’elle serait autant en position de gagner. Pourtant tout bon stratège doit avoir une botte secrète. Au risque de cirer les pompes, en voici une.

 

Sans dévoiler de secret de fabrication, une stratégie de campagne c’est un candidat avec une idée et un timing. Un tempo comme disent ceux qui ont le rythme. Nicolas Sarkozy a déjà choisi ce qu’il croit être son meilleur profil, celui du président protecteur, père tranquille de la nation qui rassemble et veille sur nous. D’où son discours devenu plus lisse, débité d’une voix d’outre-tombe au risque d’être inaudible et d’endormir tout le monde. Il veut paraitre serein.

 

Le problème, c’est que tout son corps dit le contraire. En 2007, Nicolas Sarkozy n’avait pas été élu par hasard. Sa personnalité forte et combative et son discours volontariste et réformateur avaient séduit les français. Sa réputation de nerveux soutenait l’idée qu’il serait un président de l’action. Avec le positionnement inverse du président qui gouverne jusqu’au bout vissé sur son trône, il ne gagnera rien, pas même un concours de circonstances.

 

Il a beau jouer sur le créneau de la crédibilité et de l’expérience, personne ne croit qu’il soit plus sage que François Hollande, que sa réputation de calculateur méticuleux précède. C’est d’ailleurs le talon d’Achille du candidat socialiste : grand favori des oracles sondagiers, il n’a aucune envie de dilapider son avance. Alors il évite de s’engager et se réfugie dans le ni-ni, ni austérité ni relance. Il simule et dissimule, et parle mou plus qu’il ne parle vrai.

 

Dès lors la stratégie gagnante pour Nicolas Sarkozy est claire. Il devra frapper fort et marquer les contrastes. Ne pas défendre son bilan indigent mais proposer un projet digeste dans une campagne éclair. Une blitzkrieg qui consisterait à lancer dès début mars son thème de campagne, n’importe lequel, pourvu qu’il parle à la France des campagnes et au vote populaire. Au risque de flirter avec l’extrême droite, mais on ne choisit pas toujours sa fiancée.

 

Contre un François Hollande qui joue la montre, Nicolas Sarkozy devra maîtriser le temps en faisant ce qu’il a toujours fait : le monopoliser et parler tout le temps, être offensif et agressif, imposer sa présence et s’imposer comme une évidence face à une crise où la pire décision serait l’indécision. « Moi ou le chaos », à savoir la dette de 345 millions d’euros du conseil général de la Corrèze dirigé par François Hollande, record de France en titre.

 

Enfin, le président devra cadrer sa campagne par une idée-phare, un projet de Big Society qui donne envie aux français et notamment à cette France silencieuse qui n’est séduite que par le bon sens et peu par le non-sens. Ceci sans prendre trop de hauteur, qui serait prise pour de la distance, d’où l’intérêt des visites de terrain à la Napoléon III du président-citoyen pour parler dans les yeux des français. Ce n’est pas gagné, mais le jeu en vaut la chandelle.

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 07:04

« La fin du monde n’est pas encore pour demain »

 

TITE-LIVE (59 avant JC - 17 après JC) – Historien romain et toujours en vie 

 

 

La phrase avait paru un peu ridicule à l'époque tant elle venait à contretemps. Le 20 janvier 2008, encore dans sa campagne de 2007 et déjà dans celle de novembre pour le poste de 1er secrétaire du PS, Ségolène Royal se lâche sur les premières difficultés du gouvernement : « Sarkozy est installé dans une ambiance de fin de règne ». Il faut dire qu'elle s'y connait, elle qui fut pour la première fois ministre en 1992, en pleine fin de règne de François Mitterrand.

 

Le pouvoir connait en France le syndrome de la fin de règne quand il commence à se lasser et à lasser le peuple. L'Elysée devient un enfer d'ennui et le président fait de la figuration. Le peuple, voyant bien que le pouvoir vacille, aspire à du changement car il ne supporte pas de ne plus avoir de maître à qui se soumettre. Voilà donc le renouvellement du pouvoir avec ses cérémonies de passation, et les fins de règne se succèdent tels des hivers après les printemps.

 

Nicolas Sarkozy est en train de connaitre sa fin de règne. Certes elle n’avait pas commencé en 2008, mais quand même bien vite après. Pas tellement à cause de la crise, mais à cause d'effets d'annonce avortés, de reculades incontrôlées, de marches arrières notoires.

 

Où est passée la politique de civilisation, concept jeté au hasard lors des vœux de 2008 ? Que fit le président qui fait tout quand éclatât la révolte en Tunisie ? Qu'est devenue la réforme de la dépendance, grande affaire du quinquennat, sinon une retraite en rase campagne devant les impératifs de la rigueur ? A quoi a servi le débat sur l'identité nationale, sinon à diviser les français ? Qu'en est-il de la démocratie irréprochable, alors que se multiplient les affaires ?

 

En un mot, comment Nicolas Sarkozy, pourtant fin politique, n'a-t-il pas vu que toutes ces fausses notes et ces couacs pouvaient lui nuire et décevoir tous ceux qui avaient cru en lui ? Mais pour cela, il aurait fallu que quelqu'un lui résiste pour le sauver de lui-même. Or l'Elysée est une tour d'ivoire où l'on croit concentrer tout le pouvoir alors que l'envie de le garder vous l'enlève, obligé que vous êtes de suivre les courants de l'opinion pour mieux la satisfaire.

 

Personne dans l'entourage du président ne l’a initié aux vertus de la modestie, malgré des résultats économiques et un désamour des français qui ne poussaient pas à la fanfaronnade. Sans tambours ni trompettes, le pouvoir doit être discret et efficace, tel « l'Etat modeste » promis en 1995 par Jacques Chirac et jamais vraiment appliqué ou plus sûrement ces rassurants personnages qui jalonnent notre histoire, Antoine Pinay et autres Gaston Doumergue.

 

Car l'opposition est souvent moins discrète pour dénoncer les excès d'autoritarisme. En 1964, François Mitterrand publiait « Le coup d'Etat permanent » pour accuser la concentration du pouvoir par De Gaulle au détriment des partis. En 2008, François Bayrou sortait « Abus de pouvoir » pour se plaindre de la collusion entre le pouvoir sarkozyste et le pouvoir médiatique, sans pour autant tomber dans la caricature du fascisme hitlérien de l’anti-sarkozysme primaire.

 

On ne s'appuie que sur ce qui nous résiste. Une bonne opposition permet de mieux affirmer ses positions, la démocratie étant faite de pouvoirs et de contre-pouvoirs. Or le pouvoir ne supporte pas de passer son tour. En 1962, Gaston Monnerville accusait De Gaulle de « forfaiture » pour avoir osé faire basculer le pouvoir du parlement vers le gouvernement. En 2011, François Baroin accusait la gauche d'être revenue au pouvoir « par effraction » en 1997.

 

Les passations de pouvoirs sont parfois difficiles, mais bien moins que les fins de règne. Et le pouvoir s’use quand on ne s’en sert pas. Plus dure sera la chute.

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 09:12

« Que le meilleur perde, mais pas trop souvent »

 

Antoine BLONDIN (1922-1991) - Journaliste français et toujours pour le meilleur

 

 

Une carrière politique tient à peu de choses. C’est la conjonction de causes profondes et de circonstances occasionnelles. Le talent, sans un brin de chance, n’y est vite qu’une mauvaise habitude. Combien d’hommes politiques ont vu leur destin se briser à cause du mauvais sort ? Prenez DSK, qui devait débuter le 28 juin 2011 (28/06) sa promenade de santé sur le chemin de l’Elysée et qui fit une sortie de route dans la chambre 2806 du Sofitel de Manhattan.

 

Mais bien souvent le destin d’un homme d’Etat laisse moins de chance au hasard. C’est le meilleur qui gagne, en tout cas en général. La liste est longue des hommes politiques français qui ont bâti leur carrière à la force du poignet. Nicolas Sarkozy en est certainement, lui qui à 28 ans prenait la mairie de Neuilly à l’expérimenté Charles Pasqua. Coup d’essai, coup de maître.

 

Dans une profession monopolisée par les huiles des grandes écoles et les stars du petit écran, le parrainage a encore sa place et permet le renouvellement des générations. Qu’aurait été la carrière de Jacques Chirac sans le bon père Queuille et la transmission de son fief corrézien ? Les héritages transgressent même parfois les frontières politiques, comme quand Jacques Chirac adoube François Hollande avec son sens de l’humour si particulier.

 

Mais pour se faire sa place, il faut souvent la prendre à quelqu’un. C’est pourquoi la vie en général et la politique en particulier ne sont qu’une succession de conflits entre générations, où le plus jeune veut la place que le plus vieux se refuse à lâcher. « Le vieux », c’était un surnom de François Mitterrand, homme du passé qui a longtemps encombré la voie des hommes d'avenir, Jacques Chirac au RPR et Lionel Jospin au PS, qui auront à la fin le droit d’inventaire.

 

Conflit récurrent au PS, où les quadras sont la génération sacrifiée sur l’autel du cimetière des éléphants. Pourtant les affrontements à la vie à la mort les plus passionnants demeurent bien ceux entre hommes politiques d'une même génération. Songeons aux matchs aller-retour de nos élections présidentielles : VGE – Mitterrand 1-1 ; Chirac – Jospin 2-0.

 

L’histoire politique française foisonne de ces duels de personnalités. Si elle retient les deux noms, c'est peut-être qu'il n'y a ni gagnant ni perdant. Adolphe Thiers et François Guizot, Léon Gambetta et Jules Ferry, Georges Clemenceau et Aristide Briand (le premier disant du second : « Même quand j'aurai un pied dans la tombe, j’aurai l’autre dans le derrière de ce voyou »), Edouard Herriot et Edouard Daladier… Duels pour l’histoire, histoire de duels.

 

L’affrontement qui va avoir lieu cette année entre Nicolas Sarkozy et François Hollande en est un de plus. Tout deux nés dans les années 1950, ils ont éclos à la politique nationale dans les années 1990 et ont été en même temps chefs de leur parti dans les années 2000. On ne saurait imaginer deux caractères plus éloignés (la fougue et le caractère contre le calme et la modération), mais ils symbolisent bien dans leur camp la génération dont ils portent les espoirs.

 

Mais finalement, les rivalités entre frères ennemis d’une même famille politique ne sont-elles pas les plus dures ? VGE contre Chirac, Rocard contre Mitterrand, Jospin contre Fabius… Cela peut finir en guerre de tranchée, comme entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin - avec le croc de boucher en plus - ou entre les éléphants du PS qui dix ans durant se sont déchirés pour le contrôle de la tour d'ivoire. Tout ça pour finir sur une gauche molle.

 

Il arrive même que le papa et la maman, François Hollande et Ségolène Royal, en arrivent à se disputer pour savoir qui aura à se coltiner la garde des enfants.

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