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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 22:54

« La première partie de la vie se passe à désirer la seconde ;

la seconde à regretter la première »

 

Alphonse KARR (1808-1890) – Journaliste français et sur le départ

 

 

Martine Aubry doit bouillir intérieurement face à la prudence avec laquelle cette couille-molle de François Hollande et ce gros naze de Jean-Marc Ayrault appliquent son programme. En 2011, elle avait fait valider par les militants socialistes un projet que le nouveau président avait dû reprendre de force plus que de grès dans sa campagne après sa victoire à la primaire. Mais l’histoire s’est arrêtée là pour elle, qui s’est mise à l’écart et n’a pas paru dans les meetings.

 

Elle va quitter le poste de 1er secrétaire du PS. « Toutes les conditions sont réunies », ce qui signifie qu’elle a réussi à éloigner les hollandistes de sa succession et à imposer un proche, Harlem Désir ou Jean-Christophe Cambadélis. Un chef qui ferait moins bien qu’elle. Elle a de son côté confié avoir des idées pour la suite et il ne s’agit pas forcément d’ambitions publiques. La politique n’est pas le centre de son système solaire. Elle veut avoir une seconde vie. La vraie.

 

Elle revient de loin. En 1991, elle est jeune ministre du travail du gouvernement d’Edith Cresson. En 1995, les socialistes veulent qu’elle se présente aux élections présidentielles après que son père Jacques Delors ait renoncé mais le manque d’ambition est héréditaire. En 1997, l’égérie de la gauche redevient ministre de l’emploi dans le gouvernement de Lionel Jospin. On lui doit ce qui est la grande œuvre et la grande erreur de sa vie : les 35 heures. Sous prétexte de donner des acquis sociaux aux travailleurs, elle a sans concertation augmenté le temps de loisir des classes moyennes et réduit le pouvoir d’achat des classes populaires. C’est la gauche bête.

 

En 2002, elle a payé cette faute en perdant aux élections législatives deux mois après le coup de tonnerre du 21 avril. Elle est entrée dans sa traversée du désert et on l’a crue perdue pour la politique nationale. Elle s’est faite discrète et on ne l’a revue ni à Solferino ni à la radio. Elle n’était pas résignée pour autant. Mais comme elle est revenue par hasard, elle n’a jamais cru qu’elle pourrait se présenter aux élections présidentielles quand elle a pris le PS en 2008.

 

Les socialistes voulaient surtout éviter Ségolène Royal. Elle a gagné avec 50% des voix et 102 bulletins d’avance et personne ne pensait qu’elle aurait la légitimité suffisante pour mener la rénovation du parti et abolir les divisions internes. La gauche a pourtant gagné les élections présidentielles en 2012 et Martine Aubry croit que c’est en grande partie de sa faute. Elle ignore que la gauche ne pouvait que gagner après tant d’années et contre une droite en bout de course.

 

C’était sa seconde vie. On la croyait perdue et elle s’est retrouvée pour agir auprès des siens utilement. Elle ne regrette pas d’être restée et c’est pour cela qu’elle n’a pas entièrement dit adieu à son destin national. Elle se verrait bien 1er ministre à mi-mandat en recours ultime si les choses tournaient mal. Mais cette seconde vie est une vie parallèle. Elle croit avoir sauvé un PS qui « faisait pitié ». Elle a la critique facile avec les autres et l’éloge encore plus facile avec elle-même. Elle oublie que c’est le soir de sa défaite aux primaires que la victoire est née.

 

Elle ne voulait pas être présidente et cela tombe bien car les français ne voulaient pas qu’elle le soit. Elle ne pouvait d’ailleurs pas l’être. Elle est une femme, or les français élisent des hommes capables de mener des dures campagnes. Elle n’est pas populaire, car sa froideur légendaire fait ton sur thon avec son manque de talent oratoire qui la fait lire ses discours plus qu’elle ne les fait vivre à son auditoire. Elle n’aime pas se dévoiler, et elle ne montre sa vie privée qu’à contrecœur avec cette une de Paris Match que tout le monde a trouvé bizarre. Martine à la plage ou Martine à la campagne, ce n’est pas là où elle se la raconte le mieux.

 

Martine Aubry s’en va le cœur léger vers d’autres aventures car elle croit avoir accompli sa mission et « fait le travail ». Elle a restauré le PS pour en refaire un parti de gouvernement capable d’assumer le pouvoir. Elle a réveillé la ville de Lille qui commençait à somnoler après 18 ans sous Augustin Legrand et 28 ans sous Pierre Mauroy. Elle a reconquis le respect envers elle-même et c’est là l’essentiel. Mais avoir la conscience tranquille est un signe de mauvaise mémoire. Les socialistes retiendront ce qu’ils veulent de Martine Aubry, mais les français n’en retiennent que les 35 heures. Travailler moins pour produire moins, ou la plaie de l’économie.

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 22:03

« En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées »

 

Raymond DEVOS (1922-2006) – Humoriste français et roi du pétrole

 

 

Le prix du gazole est à 1,46 euros le litre. Durant la campagne, François Hollande avait assuré qu’il pouvait facilement le stabiliser et s’était même permis de ridiculiser Nicolas Sarkozy qui par erreur avait dit que l’Etat payait le carburant à la place des entreprises. Aujourd’hui, il est confronté à la dure réalité du pouvoir et de l’échec. Le gouvernement ne baissera le prix de l’essence que de 6 centimes. Un plein de 50 litres coûtera 70 euros à la pompe au lieu de 73.

 

Tout ça pour ça. La France s’est emballée durant une semaine pour une mesurette sans envergure qui ne méritait même pas un entrefilet dans un journal du soir. Le gouvernement croyait plafonner le prix du carburant mais celui-ci provient d’un marché international qui ne dépend pas de lui. La France est condamnée depuis le choc pétrolier de 1973. En 2008, le baril avait déjà grimpé au rideau des 146 dollars à cause du rationnement de la méchante OPEP.

 

L’effort va porter sur les taxes et les marges. L’Etat réduira la TIPP que Lionel Jospin avait rendu flottante avec un résultat mitigé pour un coût de mise en œuvre faramineux. Il faut dire que la moitié du prix de l’essence est due aux taxes mais l’Etat en a un grand besoin surtout en période de désendettement. Le pétrole a l’avantage pour le trésor public d’être un produit addictif et non substituable : son prix a beau augmenter, sa demande ne varie pas. Génial.

 

On a accusé les distributeurs de tous les maux et avec tous les mots. Le PDG de Total Christophe de Margerie a été sommé de s’expliquer or il a peu de marges de manœuvre pour continuer à faire des marges et du profit. Ne pouvant produire à perte, les stations-service vont faire un geste qui ne pourra durer plus de trois mois sous peine de les étrangler. Il faudra éviter de faire le plein par la suite car les prix risquent de brutalement augmenter de 6 centimes…

 

Les socialistes ont menti durant la campagne. Ils veulent à tout prix relancer le pouvoir d’achat des français mais proposent des projets plus médiatiques que pertinents. L’euro faible renchérit les exportations après des années de répit or c’est l’occasion avec la crise de changer de comportement. Il serait enfin temps d’appliquer la croissance verte dont on parle tant. Mais les écologistes sont au gouvernement pour faire Joly. Il existe pourtant de vraies solutions.

 

La France ne doit pas rester esclave des pays producteurs de pétrole. Elle doit améliorer sa recherche pour fabriquer des voitures moins voraces en énergie et des produits chimiques de synthèse alternatifs pour les usages secondaires du pétrole. Elle doit mettre sous pression avec d’autres pays l’oligopole des producteurs pour créer un choc d’offre qui abaisse les prix. Elle doit développer son potentiel de raffinage au lieu de prospecter le gaz de schiste et l’offshore.

 

L’énergie pèse dans la balance commerciale de la France mais elle doit en importer. Par contre, aucun règlement n’oblige à faire payer le même prix à tout le monde. Les ruraux qui ont besoin de la voiture ne devraient pas payer autant que les urbains qui ont l’alternative des transports en commun. C’est une action à mener sur du long terme mais la gauche bête préfère pondre une usine à gaz qui favorisera davantage les classes moyennes que les classes populaires.

 

Les bouffons du pétrole ont encore frappé. Le gouvernement promet des mesures plus pérennes pour la suite et c’est l’aveu qu’il est déçu de ses propres idées. Il renie beaucoup ses engagements en ce moment : le Smic ne doit plus être doublé, le nucléaire est redevenu une énergie d’avenir et le traité européen doit comporter la règle d’or. Nicolas Sarkozy a eu raison trop tôt en traitant François Hollande de menteur. A moins qu’il ne se soit menti à lui-même. 

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 22:59

« Tout ce qui a été faible ne peut jamais être absolument fort »

 

Blaise PASCAL (1623-1662) – Philosophe français et fort en maths

 

 

C’est la nouvelle mode à droite : on fait des courants et on se fait la guerre avec. Jean-François Copé veut que l’UMP reconnaisse enfin l’existence de factions alors qu’elle a toujours résisté jusque-là. Il s’agit de piéger François Fillon, qui dans son jardin de la droite modérée a la France droite de NKM et les groupies de Bruno Le Maire pour l’élection du nouveau président du parti. Tout se jouera sur la personnalité mais les personnages de second rang en profiteront. Même chez la droite dure, qui sous l’impulsion de Guillaume Peltier a lancé la droite forte.

 

Elle réunit ceux les rares qui osent mettre leurs parties sur la table. Ils veulent imiter la droite populaire de Thierry Mariani, Lionnel Luca et Eric Raoult. Ce clan des siciliens est de droite et l’assume jusque dans la reprise du slogan perdant de la France Forte qui a constitué pour le peuple de droite la pire rase campagne de l’histoire. La droite forte, c’est avant tout la reprise des valeurs du vrai travail, de la lutte contre l’assistanat et de l’identité nationale.

 

C’est la ligne Buisson qui a fait école. Avec encore le même calcul cruellement efficace et bassement électoraliste : les français ont besoin d’identité, d’ordre et de sécurité. Il faut donc leur en vendre quitte à en rajouter et à les monter les uns contre les autres. Travailleurs contre assistés, nationaux contre étrangers, riches contre pauvres. Il faut tout promettre à tous et contre tous. C’est la vieille stratégie du bouc émissaire : pour se sentir fier de soi, il faut un autre à rabaisser et accuser. Cela a mené aux pires génocides de l’histoire. C’est ce type d’arguments fallacieux que les tenants de la droite forte veulent entendre pour se faire de la publicité.

 

Tout le monde a compris que les idées ont leur importance mais que l’essentiel est dans le nom des prétendants. Les aspirants au leadership de la droite vont faire comme au PS où les courants ont toujours servi à justifier pudiquement les tueries minables et interminables entre éléphants. C’est d’ailleurs quand Martine Aubry a parlé de gauche molle et de gauche forte que le débat a pris fin. Elle n’a pas compris qu’il n’est pas bon de trop afficher sa couleur politique. Cela effraie les indécis de l’autre bord. François Hollande en a d’ailleurs fait sa botte secrète.

 

On voit Hervé Mariton lancer un mouvement et se targuer d’avoir des idées alors qu’il n’a pas un échantillon sur lui. Même si elles ont du succès, celles de la droite forte lui nuiront à terme comme elles furent fatales à d’autres. Jean Royer croyait gagner des voix aux élections sur des valeurs morales conservatrices mais les français le trouvaient trop réactionnaire. Charles Pasqua n’a jamais existé par lui-même au RPR car il était trop à droite et ce n’est que quand il s’est émancipé pour créer le RPF qu’il a enfin pris son envol. Alain Madelin a voulu défendre les idées libérales et anti-étatistes à l’américaine en France mais les français n’y étaient pas prêts.

 

La liste est large de Charles Millon à Alain Carignon en passant par Philippe de Villiers de ces intrigants trop à droite qui auraient dû calmer leurs envies. Nicolas Sarkozy a longtemps passé pour un ultralibéral xénophobe et sécuritaire. Il a nuancé et noyé son discours et il a fini par être élu président. Il en est même devenu tout mou tout doux. La droite forte ne pourra s’empêcher de reprendre les thèses du FN sur l’immigration parce qu’elle les pense justes et vraies et ce n’est pas parce que Le Pen dit que le soleil est jaune qu’il faut dire qu’il est bleu. Mais on ne gagne pas toujours en ayant le mauvais rôle. Il faut quand même être populaire.

 

La droite affiche sa préférence partisane or ce n’est pas sa tradition. Elle est populiste donc elle veut séduire tout le peuple et pas seulement ses électeurs. Cela montre qu’on est bien en pleine guerre interne à l’UMP pour prendre le pouvoir. Il sera ensuite temps de reparler de la France, de réformer ce qu’il faut et de conserver ce qui vaut. Mais à trop aimer son parti, on peut se faire haïr de la majorité et rester dans l’opposition. C’est une erreur de débutant.

 

La droite forte veut muscler le discours de l’UMP or elle l’affaiblit en le divisant. Le parti minoritaire se renforcerait s’il renonçait à ces courants. Il s’éviterait la honte d’utiliser les idées des extrêmes et le ridicule des bigotes coincées. Contre toute la tradition de la droite, on veut chercher dans l’idéologie ce qu’on a toujours trouvé dans le pragmatisme. L’issue en est connue et reconnue : le vainqueur de la guerre des chefs sera Jean-François Fillon. Deux en un.

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