« Trop d’impôt tue l’impôt »
Arthur LAFFER (1940) – Economiste américain et le temps ne lui fait rien
Les français n’aiment pas payer d’impôts. C’est sûrement pour cela que le pays est un champion mondial de la fraude fiscale. Il est la deuxième contrée en taux d’imposition après la Suède, ce qui a de quoi décourager quand on voit ce que les élus foutent avec nos sous. Reprenant le clivage américain entre républicains et démocrates, la droite et la gauche se sont bien séparées sur le problème de l’impôt : l’une veut les baisser et l’autre veut les augmenter.
Qu’importe que les impôts locaux explosent quelle que soit la couleur politique et que le taux national soit le même sous tous les gouvernements. La droite n’a pas voulu les élever même pour les riches et la gauche s’apprête à le faire même pour les pauvres. La différence se fait dans le choix des impôts et des taux, qui incarne un vrai choix politique et économique. Mais avec l’alternance, l’instabilité fiscale frappe la France. On va finir par croire que le fait que tous nos hommes politiques soient issus de la cour des comptes y est pour quelque chose.
En 2007, Nicolas Sarkozy baissait les impôts pour relancer le pouvoir d’achat. Des plus modestes avec la défiscalisation des heures supplémentaires et l’allègement des droits de succession. Mais aussi des plus riches - et c’est ce que tout le monde a retenu - avec le bouclier fiscal. La loi TEPA qui regroupait les mesures du paquet fiscal connait un été meurtrier et sera abolie par le gouvernement socialiste. Les ménages devront renoncer à 400 euros de salaire par an arrachés à la sueur de leur front et les riches devront rendre 75% de leur fortune à l’Etat.
C’est vrai, la crise change pas mal de choses. De droite ou de gauche, le gouvernement rechigne à baisser les dépenses. Mais tous savent au moins qu’il faudra augmenter les impôts. Reste à savoir lequel, or cela a des conséquences en termes de justice sociale. C’est le dilemme du bon impôt : plus qu’un outil pour recueillir des recettes, l’impôt est un instrument qui redistribue les richesses dans un pays et favorise certaines catégories de population contre d’autres. Il faut toujours des gagnants et des perdants. Les impôts idiots n’existent pas, ou plus.
On ne découvre pas l’Amérique et on n’invente pas la roue. La révolution américaine, c’est une révolte contre la Grande-Bretagne de colons qui payaient trop d’impôts par rapport à la métropole, notamment sur le thé, d’où le Boston Tea Party qui donne son nom au parti de droite américaine. La révolution française, c’est une révolte des bourgeois contre les nobles qui a fait passer les impôts du peuple vers les rentiers. François Hollande n’exclut aucune solution.
La droite voulait augmenter la TVA sur les consommateurs. Elle est rémunératrice mais frappe autant le smicard que le rentier. Elle voulait réduire l’impôt sur les sociétés pour les entreprises. Il plombe la compétitivité or cela aurait dopé la production donc la consommation et l’embauche donc le pouvoir d’achat. La gauche veut augmenter la CSG qui pèse sur tous les revenus. Elle rapporte beaucoup mais touche le salarié autant que le pensionnaire de retraite ou l’allocataire du chômage. Elle veut chasser les niches fiscales qui laissent tant de français bien renseignés échapper à l’impôt. Elle ignore que ces dispositifs hétéroclites et hétérogènes ont tous une raison d’être valable.
Au final personne ne parle d’augmenter l’impôt sur le revenu qui reste le socle de la fiscalité française et encore moins de l’étendre aux classes populaires même si c’est pour payer 10€, afin qu’ils soient intégrés à l’effort national contre la crise. Tout juste la gauche se hasarde à demander une taxation du capital mais la droite a déjà échoué à instaurer une taxe sur les transactions financières. Or le gouvernement se prend pour le coq qui par son chant fait lever le soleil et pour le vent alors qu’il n’est que la girouette. Sachant que le poing fiscal est déjà très élevé en France, il devra agir plutôt que de réfléchir. Et éliminer plutôt que de choisir.