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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 23:34

« Evitez soigneusement de faire du sport : il y a des gens qui sont payés pour ça »

 

Stephen LEACOCK (1869-1944) - Ecrivain canadien et sportif du canapé

 

 

Aujourd’hui s’ouvrent à Londres les XXXèmes Jeux Olympiques d’été de l’ère moderne. Si le sort l’avait voulu, ils auraient pu avoir lieu à Paris. Mais le 6 juillet 2005, le CIO en a décidé autrement dans la stupeur générale. La France ne manquait pas d’atouts : des stades déjà construits, des piscines prêtes à l’être, des vélodromes en chantier. Elle avait aussi d’indéniables handicaps, de son manque de pratique du lobbying aux grèves syndicales le jour de la visite des examinateurs en passant par le manque de cohésion autour de sa candidature.

 

La France n’est pas un pays très sportif. Le défaut de coopération de ses dirigeants ne se limite pas aux financements croisés et aux grands équipements mais touche aussi l’organisation de manifestations sportives. On comprend que les élus locaux n’aient aucun intérêt à dépenser leur précieux argent dans des équipements d’excellence pour l’accueil de grands événements sportifs quand la majorité de la population s’en désintéresse voire rejette frontalement le projet.

 

Alors la pratique sportive en France est le fait d’amateurs qui bénéficient de toutes les aides qu’ils souhaitent. Les clubs de cyclotouristes à la retraite ont leurs subventions, les enfants des écoles ont leur terrain de basket et les clubs de foot ont leurs plots et leurs chasubles. C’est heureux, mais cela dénote une mentalité bien française qui consiste à favoriser la massification du sport-loisir et non la recherche de l’excellence, seule porteuse de résultats et de médailles.

 

Tout a commencé en 1936. Alors réservé à une élite pour briller au plan international et réclamer l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne, le sport est devenu une pratique commune grâce au Front populaire et à son ministre de la paresse Léo Lagrange. De cette époque date la construction des stades de villes comme Bordeaux et Lyon qui ne seront remplacés que pour l’Euro 2016 mais aussi de nombreux courts de tennis, gymnases et piscines municipales. Pendant ce temps, l’Allemagne hitlérienne faisait du sport d’élite la vitrine de sa propagande.

 

Depuis la mentalité française ne s’est jamais bien éloignée de cet amateurisme éclairé et obscur, qui la fait se contenter de l’accès de tous au sport alors que le pays brille moyennement dans les compétitions et n’en retire aucun bénéfice d’image. Longtemps la France a récolté peu de médailles aux olympiades, notamment dans le sport roi de l’athlétisme qui signale l’état de santé sportive d’une nation. La France reste un pays exclusivement concentré sur le football où il obtient des résultats piteux et veut pratiquer une grande variété de sports sans se spécialiser.

 

Elle est forte pour organiser - la Coupe du monde, les championnats d’Europe, le Tour de France - mais pas pour gagner. Elle gave ses collégiens de handball sans le passer à la télé et les dégoûte de pratiquer en club à trop les sevrer d’heures de cours consacrées à la matière. Bernard Laporte voulait imiter le modèle allemand d’une après-midi de sport par jour mais il a vite été renvoyé à ses études. Mieux vaut un esprit sain qu’un corps sain ou les deux ensemble.

 

Ce sont des jeux interdits. La France n’est pas une nation sportive car elle n’en a ni la culture ni la motivation, ni la passion ni les résultats. Le sport est plutôt otage du discours politique, qu’il serve à vanter un bilan (Nicolas Sarkozy qui parade à la coupe du monde de rugby en 2007) ou à sanctionner un pays (François Hollande qui boycotte l’euro de football en Ukraine). Les gaffes de ministres dénotent l’importance qu’on lui accorde, du handball qui se joue au pied de Rama Yade aux brésiliens qui jouent en équipe de France de Chantal Jouanno.

 

Loin de l’idéal de Pierre de Coubertin, il est devenu un sujet de société au lieu de rester aux sportifs. Mediapart lance la polémique des binationaux et Roselyne Bachelot qualifie le hold up contre l’Irlande avec les mêmes mots que Léon Blum pour les accords de Munich de 1938 : « Je ressens un sentiment mitigé entre un lâche soulagement et une grande inquiétude ». Les autres pays ne font pas le même sport que cette France peu dynamique qui ressort parfois le bras vengeur. De la génération black blanc beur en 1998 au bus de Knysna en 2010, le sport incarne plus que jamais la décadence française et c’est pourquoi une bonne cuvée à Londres serait du meilleur goût.  

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 07:02

« Je suis toujours la ligne droite mais je change parfois de ligne droite »

 

Armand SALACROU (1899-1989) - Ecrivain français et de droite s’il en a le droit

 

 

La guerre des chefs à droite a basculé. Jusqu’ici l’horizon indépassable de l’élection du président de l’UMP se résumait à un duel des frères ennemis Jean-François Copé et François Fillon. L’un est secrétaire général et l’autre est candidat. A présent ils sont trois à se présenter sur la ligne de départ puisque Nathalie Kosciusko-Morizet s’est lancée dans la course. Elle a un slogan concis et précis : la France droite. On imagine les jeux de mots grivois que cela donnera.

 

Il s’agit d’une troisième voie proposée aux sympathiques sympathisants de droite alors que tout annonçait un duel. NKM n’ignore pourtant pas qu’en politique les choix sont toujours binaires. Entre la droite et la gauche, le centre n’a pas sa place. Entre les pour et les contre, les indécis sont indécents. Entre la droite décomplexée et la droite modérée, la droite de droite ne veut rien dire. Or NKM veut la faire parler car elle sait que la droite décomplexée n’est pas si décomplexée et que la droite modérée n’est pas si modérée. Alors sans complexes mais avec modération, elle avance son programme qu’elle avait déjà écrit dans une diatribe contre le FN.

 

C’est une femme et c’est là son seul atout. La parité revient à la mode et elle pourrait profiter du massacre entre mâles dominants. Rachida Dati a appelé à une candidature féminine et Valérie Pécresse pourrait lui apporter son soutien. En 1999, Michèle Alliot-Marie prenait la tête du RPR face aux mecs. C’est bien d’être candidat et de prendre position, ce que n’a pas osé faire Laurent Wauquiez qui s’est rallié trop tôt à François Fillon. Ne serait-ce que pour l’avenir.

 

Issue d’une famille d’élus dont son grand-père Jacques, gaulliste historique et chiraquien hystérique, elle a eu une année 2012 difficile avec une victoire d’extrême justesse aux élections législatives. Alors elle revit et elle en profite. Mais elle n’a pas que des amis à droite. Elle était la protégée de Nicolas Sarkozy en 2007 - ayant même pu faire un tour de cheval avec lui - et fut sa porte-parole de campagne en 2012. On la dit en partie responsable de l’échec de la droite du fait de son profil trop bobo qui ne parle pas à la France d’en bas et à la droite jambon-beurre. Jean-Louis Borloo, qui l’a eu comme secrétaire d’Etat à l’écologie, la traite de « petite peste ».

 

La France droite qu’elle propose, c’est la remise en valeur des idées de la droite. NKM croit que le programme de 2007 est encore d’actualité même s’il aura été peu appliqué. Nicolas Sarkozy a fait l’erreur de ménager le peuple de gauche au lieu de satisfaire l’électorat de droite. Il faut donc le remettre en place pour les années qui viennent. Travailler plus pour gagner plus : la richesse vient de l’effort et du mérite. L’identité nationale : la France n’est forte que si elle sait d’où elle vient et où elle va. Ensemble tout devient possible : l’avenir s’écrit ici et maintenant.

 

On voit le fossé qui sépare ces belles intentions du programme présidentiel atrabilaire et réactionnaire de 2012. Dans la panique d’une défaite annoncée, la droite a ressorti ses pires instincts sans voir les effets électoraux pervers à long terme. Tout un travail de socialisation est à refaire. On a parlé d’assistanat et de fraude sociale, de paresse et de vrai travail, d’immigration et de viande halal. Les leaders de la droite ont suivi sans cautionner la tactique Buisson. Or ce sale jeu idéologique cache surtout un grand vide programmatique après cinq ans d’échecs.

 

On parle de revoir les valeurs de la droite et de faire le choix entre la droite dure et la droite humaine. La refondation passerait par un retour en arrière sur les mots qui font que l’on est de droite. Or la reconstruction sera programmatique avant d’être idéologique et pratique avant d’être idéale. Il faut recommencer à avoir des idées pour la France et à les traduire en actions concrètes avec des politiques publiques crédibles et réalisables. Il faut un axe et un message global pour rendre cohérent cet ensemble et le faire partager aux français. Il faut un leader incontesté et entraînant pour lui donner corps et l’incarner. La reconquête est à ce prix.

 

C’est pourquoi on doute fort des chances de NKM de prendre la présidence de l’UMP en novembre. Il lui manque la personnalité, l’audace et le charisme qui font les grands projets et les grands destins. Elle n’aurait pas la présence nécessaire pour mener une opposition digne de ce nom qui ait un chef et conteste les mauvais choix socialistes. Elle n’aurait pas le coffre suffisant pour mener une campagne longue et dure devant les français en 2017, n’ayant pas assez vécu et enduré en politique. D’ailleurs, elle n’aura pas le courage et la volonté d’aller au bout et ralliera la France droite à l’un ou l’autre des deux camps. Plutôt l’un que l’autre.

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 01:48

« C’est une habitude bien française que de confier un mandat aux gens

et de leur contester le droit d’en user »

 

Michel AUDIARD (1920-1985) – Dialoguiste français et fieffé menteur

 

 

Il y en a qui cumulent. Certains élus le sont trop et ont trop de mandats pour pouvoir les exercer tous convenablement. Ils égrènent leurs fonctions comme un palmarès qui montre leur pouvoir et leur influence. Les super-cumulards sont de tous bords. A droite, Jean-François Copé était à la fois ministre, maire, président de communauté d’agglomération, conseiller régional et avocat. A gauche, Arnaud Montebourg est ministre, président de conseil général et secrétaire national au PS. Mais souvent les présents sont les absents. Les électeurs en veulent de plus en plus aux cumulards et des élus comme Alain Juppé ou Bertrand Delanoë l’ont compris.

 

Longtemps les hommes politiques se sont accrochés à cette tradition bien française. Il n’y a en effet que dans ce pays qu’on voit l’élite politique ne jamais se contenter d’une fonction. Elles ne sont sûrement pas assez prestigieuses car aux Etats-Unis on est sénateur ou gouverneur. En France, la figure politique centrale est le député-maire. C’est non négociable : il faut un pied dans la glaise du local pour connaitre le terrain et une main dans le cambouis du national pour être influent à Paris. On oublie que le député représente la nation et non ses électeurs.

 

On voit les conflits d’intérêt qu’engendre le cumul. Un ministre dirigeant une collectivité locale a la main sur des dossiers nationaux pour favoriser son territoire, au détriment des autres. L’absentéisme des députés est une honte pour la république et les empêche de bien faire leur travail. On sait les élus politiques enclins à s’accorder des avantages, des pensions aux salaires en passant par les impôts. Mais les électeurs sont complices car loin de sanctionner les cumulards, ils les réélisent. D’où le cumul dans le temps et les records de longévité des maires : Chaban-Delmas 48 ans à Bordeaux, Herriot 47 ans à Lyon, Defferre 34 ans à Marseille.  

 

La tendance recule grâce à des tentatives. En 1997, la jurisprudence Jospin interdisait à un ministre de diriger aussi un exécutif local et François Hollande l’a reprise. En 2004, Jacques Chirac défendait à Nicolas Sarkozy d’être à la fois ministre et président de l’UMP et Nicolas Sarkozy l’a reprise pour Jean-François Copé. En 2000, la loi prohibait de diriger deux exécutifs locaux, bénissant le profil de député-maire. Mais l’hypocrisie demeure : il reste possible d’être premier adjoint et de cumuler par procuration or seuls les députés européens sont obligés d’abandonner leur dernier mandat s’ils veulent en conquérir un de trop à des élections.

 

Les mensonges se cumulent alors. En 2010, les socialistes de Martine Aubry ont promis d’instaurer le mandat unique et l’ont voté dans leur projet. Mais ils ne pouvaient pas l’appliquer car ils se seraient tirés une balle dans le pied et auraient donné un coup de main à l’adversaire en étant seuls à ne présenter que des candidats nouveaux. François Hollande a longtemps fait le zig zag sur cette question comme sur d’autres mais il finira par voter une loi sûrement aussi bête que celle de 2000 sur la parité qui croyait naïvement créer des femmes politiques par décret.

 

Comme tant d’autres, il dit avoir « évolué » mais il sait que c’est dans l’air du temps. Les élus ne pourront plus être partout et devront se suffire à eux-mêmes. La nouvelle génération l’accepte et veut plus de parité et de diversité. Mais les carrières locales perdront en prestige car être seulement député ou maire n’offrira plus de poids national. La vraie révolution aurait été d’abolir des mandats plutôt que d’en éliminer le cumul. Au lieu de cela, le mandat unique va accentuer la séparation entre élus locaux et nationaux, qui mèneront deux carrières séparées.

 

Cette loi de fausse vertu ment matin et soir en simulant qu’elle en finira avec le cumul des mandats. Les élus iront chercher leurs hochets ailleurs, dans les partis. A gauche, Benoit Hamon a percé car il était porte-parole du PS et non pas parce qu’il était député européen. A droite, Valérie Rosso-Debord s’est révélée car elle était déléguée générale adjointe de l’UMP et non pas parce qu’elle était député. Que le gouvernement ignore qu’on n’élimine pas les ressources politiques mais qu’on ne fait que les redistribuer serait plus qu’une faute, un crime.

 

La solution passe moins par une loi idiote que par deux choix. D’un côté, une discipline des partis pour répartir les fonctions et les investitures. Aux jeunes les postes de secrétaires nationaux dans les fédérations et aux vieux les mandats électifs dans les urnes. De l’autre, une décentralisation raisonnée avec la réduction du nombre de collectivités territoriales pour donner plus de pouvoir aux élus locaux et l’envie de s’en contenter. Comme aux Etats-Unis, où diriger un Etat ne veut pas forcément dire être président. Ce serait la fin du cumul des mandats et des mensonges.

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