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6 août 2012 1 06 /08 /août /2012 03:44

« Il n’y a dans la nature que du noir et du blanc »

 

Francisco de GOYA (1746-1828) – Peintre espagnol et à la palette limitée

 

 

La France est raciste. Les blancs n’aiment pas les noirs et font des blagues sur eux. Les noirs ont peur des blancs et vivent à l’écart. La France est multiculturelle et non interculturelle. Elle a trop de nationalités différentes pour faire un melting pot. Or la république veut imposer l’uniformité et la conformité avec l’universalisme. Mais le communautarisme est la plus grande menace de ce temps et chacun par son comportement contribue à cette dynamique funeste.

 

C’est la quadrature du siècle. Au XIXème siècle, c’était la lutte des classes avec le prolétariat contre la bourgeoisie. Au XXème siècle, c’était le totalitarisme avec l’Etat contre la nation. Au XXIème siècle, ce sera le communautarisme avec les blancs contre les noirs. Les minorités veulent être égales et différentes. Elles ont besoin de sentiments de reconnaissance et d’appartenance. La nation serait une réponse car la France est un sentiment d’appartenance à une même communauté nationale. Mais il vaut mieux cultiver la différence que l’indifférence.

 

Le malaise de l’identité nationale en France vient de la difficulté à intégrer les immigrés sans les déraciner. Les fans de foot veulent que l’équipe de France gagne et ne supportent plus que ses joueurs soient plus blacks et beurs que blancs et qu’ils prient Allah au lieu de chanter la Marseillaise. L’affaire des quotas avait bien un relent raciste même si on a eu tort d’en faire plus qu’une question sportive. Les habitants des villes ne supportent plus de voir des femmes voilées dans la rue et des délinquants arabes dans le bus. Claude Guéant n’avait pas entièrement tort.

 

Le racisme antimusulman est une réalité en France. L’immigration serait une solution contre le vieillissement de la population. Mais le mélange ne prend pas. Une réforme du code de la nationalité devra trancher entre droit du sol et droit du sang. On est français en naissant en France ou de parents français. Mais pas pour aucun des deux. Or les naturalisations laissent les étrangers devenir français après cinq ans passés sur notre sol. Il faudrait que ce soit vingt ans.

 

Il y a les blancs et les noirs mais tout n’est pas blanc ou noir. La gauche veut montrer qu’elle est blanche comme neige quand elle s’insurge contre les dérapages verbaux et prône l’antiracisme, cette niaiserie des années 1980. La droite montre son racisme sans honte car elle n’a pas peur de montrer sa face sombre, quitte à en rajouter. Alors la gauche accuse la droite d’être raciste et la droite s’en défend vigoureusement. Eric Zemmour ne peut même plus dire que les voyous sont avant tout des arabes et des noirs, même si c’est vrai. Le débat tourne en rond quand on fait du fait de considérer qu’il y a plusieurs races le plus grand crime au monde.

 

Les racistes ne considèrent pas qu’il y ait une différence de races sur un plan naturel et scientifique mais bien sur un plan culturel et historique. Ils ne supportent pas que leur peuple se mélange avec d’autres parce qu’ils le pensent supérieur. Mais les antiracistes ne sont pas mieux. Il faut bien un fond de racisme pour décoder les pires allusions dans des propos voilés. Les bleus sont méchants avec les noirs mais les roses ne sont pas tout blancs et tout gentils.

 

La France passe son temps à donner des leçons et à défendre la diversité. Ailleurs, mais pas chez nous. Elle envoie des juifs par wagons entiers aux camps de concentration et passe son temps à s’en excuser. Elle récidive avec les roms et s’autoflagelle dans la critique en donnant la main à une commissaire luxembourgeoise idiote. Elle reproche aux Etats-Unis la ségrégation raciale qui a disparu depuis les années 1960 quand elle-même n’est pas foutue de régler la crise des banlieues, que l’émiettement des moyens de sa politique de la ville prolonge à perpétuité.

 

Il faut en finir avec les banalités qui encombrent notre débat public pour en faire de la bouillie pour chats. La France refuse que des sportives portent le voile en se basant sur ses valeurs et en niant le droit des pays dont c’est la culture à le faire chez eux. L’Europe rabâche que l’immigration est une chance alors que la crise prouve le contraire. Le monde est entre nos mains mais il nous échappe si on ne sait pas le saisir et le comprendre. La coexistence pacifique des peuples est plus enviable et envisageable que la communion conflictuelle. C’est une ambition bien grise et terne, mais nous vivons des temps de la même couleur.

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4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 22:25

« Si vous avez confiance en vous-même, vous inspirerez confiance aux autres »

 

Johann Wolfgang von GOETHE (1749-1832) – Poète allemand et sûr et certain

 

 

La guerre des chefs est déclarée. François Fillon a déterré la hache de guerre le 30 juin en tweetant sa candidature. L’ancien 1er ministre a invoqué le soutien de Nicolas Sarkozy sans louer son héritage et est sorti de sa réserve après une campagne présidentielle discrète où il en aura surtout émis. Jean-François Copé n’a pas réagi, pas plus qu’à la candidature de NKM qui portera la voix des femmes dans ce duel de mâles dominants. Le match aura bien lieu mais le secrétaire général a un plan en tête pour sauver la sienne et reprendre la main.

 

Il s’est beaucoup investi dans la campagne présidentielle pour ne pas trop montrer qu’il désirait la défaite du président en vue de 2017. Il s’est nettement moins montré au cours de la campagne législative car il devait sauver sa peau à Meaux. Il ne veut pas se déclarer trop tôt, soi-disant pour ne pas rompre la cohésion de l’UMP. Aussi pour dénoncer l’attitude de division de ses adversaires. Il veut attendre la fin août pour la foire d’empoigne et pour lâcher son poste dans le parti. Avant de perdre ce pouvoir, il capitalise et fait campagne aux frais des militants.

 

C’est admirable de voir comment les stratégies des prétendants sont conditionnées par l’état du jeu politique. François Fillon est le challenger et doit attaquer. Jean-François Copé est le sortant et est attaqué. L’un doit rallier des soutiens. L’autre ne doit pas en perdre. Mais le jeu ne détermine pas les joutes. Il est possible d’innover et d’être créatif. En tant que n°1 de l’UMP, Jean-François Copé aurait pu imposer les règles de l’élection comme Martine Aubry le fit avec la primaire socialiste. Il aurait pu imposer ses débats comme quand il fit l’erreur de lancer celui sur l’identité nationale en 2009. C’est même sûrement à cause de ce précédent qu’il n’a pas osé.

 

Dans cette élection, il sera moins question de personnes que de valeurs. François Fillon et Jean-François Copé sont des chefs. Pas encore des leaders. Ils ne peuvent capitaliser sur leurs personnes car ils traînent des casseroles et des ennemis. Alors ils devront embrasser des valeurs actuellement en débat à droite. D’un côté, la droite dure et décomplexée qui a mené la rase campagne de 2012. De l’autre, la droite pure et modérée qui veut revenir aux vraies valeurs au risque de tomber dans la tiédeur centriste. La plus réactionnaire n’est pas celle qu’on croit.

 

L’issue de cette élection n’annonce rien de bon pour la droite. François Fillon a le plus de chances de gagner car il est populaire et consensuel. Mais il ne pourra pas gagner en 2017 pour ces mêmes raisons. La victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 avec un programme de droite assumé l’a prouvé : les français aiment les visions claires et franches. Jean-François Copé pourrait perdre son pouvoir même s’il recommence à compter des soutiens. C’est pourtant lui qui ferait le meilleur candidat pour 2017. Mais il ne serait pas sûr du tout de l’emporter.

 

C’est le choix entre deux inconvénients. D’un côté le candidat plus-que-parfait trop beau pour être vrai. Les médias lui trouveraient forcément des défauts et on irait de déception en déception. De l’autre le candidat de l’imparfait du présent qui ne satisfait personne mais qui a le plus grand potentiel. Songeons que pendant que François Fillon potassait ses dossiers seul à Matignon, Jean-François Copé travaillait le terrain avec son club Génération France.

 

Le pire de tout est à venir. Sauf surprise ou arrangement, l’un des deux sera président de l’UMP en novembre. Cela ne veut pas dire qu’il sera candidat du parti en 2017. Le battu restera une force de contre-proposition et d’opposition interne et l’UMP aura droit à la division due aux ambitions individuelles qui a si souvent sclérosé le PS. Il faudrait une campagne sans coup bas mais celui qui est en bas en donne toujours pour rejaillir. Le mode de scrutin évitera la majorité disqualifiée et les alliances contenteront tout le monde en donnant un rôle à chacun.

 

Les luttes fratricides à droite ne sont pas une tradition. Tout simplement parce que le cas ne s’est jamais présenté. Cela pourrait changer avec ces candidats qui croient de manière égale en leurs chances. C’est là un défaut du parti unique, qui en plus d’épuiser les réserves de voix aux élections tue la tendance centriste de l’UDF et un poste de président dissident de consolation. La contestation est passée à l’intérieur au lieu de l’extérieur. Or des deux droites c’est une droite sûre, respectable et respectée, qui devra s’imposer si la droite veut réussir la reconquête en 2017. Le problème du congrès de novembre, c’est bien ce qui se passera après.

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 23:23

« La peur de l’ennemi détruit jusqu’à la rancune à son égard »

 

Fiodor DOSTOÏEVSKI (1821-1881) – Ecrivain russe et vengeur masqué

 

 

La France s’ennuie. Elle a voté socialiste et pour la peine s’est pris un été maussade sur la gueule. La gauche est revenue au pouvoir et elle ne compte pas s’en servir. En tout cas pas pour l’instant. Christian Estrosi a trouvé le mot juste quand il a taxé François Hollande d’hypo-président là où les médias dénonçaient en Nicolas Sarkozy un hyper-président. Pour l’instant, François Hollande n’a rien fait. Il ignore que c’est dans les 100 jours qu’on réforme un pays.

 

Sa mollesse y est pour beaucoup mais elle n’explique pas tout. Le calendrier électoral et les formalités institutionnelles sont aussi en cause. Il a nommé un gouvernement le 15 mai mais il n’avait pas de parlement pour valider ses lois. Il aurait pu faire plus de décrets. Il a gagné les élections législatives le 17 juin mais les députés n’ont retrouvé leur siège que le 26 juin. Il aurait pu faire des annonces. Or il s’est terré dans la modestie et a laissé faire Jean-Marc Ayrault.

 

Il l’avait et il l’a fait. François Hollande est un président normal voire banal. Il prescrit la discrétion et se proscrit la moindre blague car il sait que cela le fait déraper. Comme d’autres avant lui, il s’est fait tiédir par la fonction présidentielle. Valéry Giscard d’Estaing était un jeune libéral dynamique avant de devenir un vieux meuble Louis XV. François Mitterrand était un facétieux coureur de jupons avant de devenir un trop sage père de la nation. Jacques Chirac était un charmeur blagueur avant de laisser couler son discours sans sens. Seul Nicolas Sarkozy a résisté à la momification du corps du roi, mais il a craqué en 2010. Ça sentait la fin de règne.

 

Le choc réformiste ne va donc pas tomber sur la France en 2012. François Hollande disait qu’il était le prochain président mais il était avant tout le suivant. D’une longue liste de chefs d’Etat inertes et ineptes incapables de saisir la dimension historique des événements qui les frappent et les élèvent. La crise est une chance inestimable d’entrer dans les livres d’histoire et de réformer pour de bon cette pauvre France. Mais François Hollande a lui aussi renoncé à la postérité - ce discours aux asticots - et préfère la petite porte. Il est vraiment trop modeste.

 

L’été est ennuyeux car il manque de réformes. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing votait la majorité à 18 ans, le divorce par consentement mutuel et la loi IVG. En 1981, François Mitterrand faisait adopter la retraite à 60 ans, la semaine de 39 heures et la cinquième semaine de congés payés. En 2007, Nicolas Sarkozy faisait décréter le bouclier fiscal, la défiscalisation des heures supplémentaires et la baisse des droits de succession. En 2012, François Hollande n’a rien prévu. Il ne fait qu’annuler les réformes de son contre-exemple. Elles furent le péché originel du président sorti en 2012. Ce sera le péché originel du président entrant en 2017.

 

Néanmoins le parlement a fini par se mettre au travail. La gauche veut mettre en œuvre son projet, même s’il est vague et inexistant. Elle a voté une baisse du salaire des fonctionnaires et une hausse ridicule du Smic. Elle a voté une hausse de l’impôt sur la fortune et un taux d’imposition de 75% pour les millionnaires. Elle va revenir sur la réforme territoriale comme elle est revenue sur la retraite à 62 ans. Le balancier idéologique repart à gauche après que la droite ait infligé ses mesures. Dans les deux cas, il est souvent assez peu question de la France.

 

On parle de session parlementaire extraordinaire quand le parlement est ouvert en dehors des horaires habituels. Créée en 1995, elle a bien servi en 2002 et en 2007 pour passer l’été car les élections présidentielles tombent en mai. Les députés s’enferment alors au Palais-Bourbon jusqu’à une heure du matin. Ils sont sérieux et pleins de bonnes intentions, mais cela ne dure pas et l’absentéisme reprend. Mais cette année la session parlementaire aura été bien ordinaire. On n’en a retenu que des effets d’annonce. Ce fut l’erreur de Nicolas Sarkozy, dont on n’a retenu que la TVA sociale, la règle d’or et la loi sur la dépendance qu’il n’a jamais faites.

 

Ce sera dans les mémoires un été meurtrier. Avec l’ennui du manque de réformes, il y eut la vengeance contre les réformes de l’équipe précédente avec la réécriture du budget. La croissance devrait revenir en 2014 et les demandes sociales avec, ce qui rendra le gouvernement impopulaire puisqu’il n’aura ni la volonté ni les moyens de les satisfaire. Mais ce qui marquera, c’est le manque d’âme du président-qui-ne-s’engage-sur-rien. Il rassure, mais il ne fait pas rêver.

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