Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 22:13

« Quand on ne sait pas où l'on va, tous les chemins mènent à nulle part »

 

Henry KISSINGER (1923) – Homme politique américain et en bonne voie

 

 

Cela a eu lieu en 1905 : le tsar de toutes les Russies Nicolas II reçoit son cousin le kaiser allemand Guillaume II sur la petite île de Björkö. Les deux souverains signent un accord qui préfigure déjà le pacte de non-agression de 1939, où ils se promettent de ne pas s’attaquer et de s’assurer une assistance mutuelle en cas d’agression par une tierce puissance. Mais Nicolas II a oublié qu’il a déjà passé ce pacte avec la France. Il dénonce le traité qu’il vient de signer et se met l’Allemagne à dos. C’est le syndrome de Björkö : du n’importe quoi en politique étrangère.

 

La diplomatie requiert de grandes qualités, et pas simplement celle d’être diplomate. Il faut être extrêmement fiable pour inspirer confiance à ses partenaires. Cela passe par de la continuité dans ses choix de politique extérieure : tous les dirigeants d’un pays, quelques soient leurs couleurs politiques et leurs querelles intérieures, doivent soutenir les mêmes positions. Le pire pour un pays est de changer brusquement d’avis. Les autres ne savent alors plus s’ils ont à faire à un Etat souverain ou s’ils sont en affaire avec un gouvernement qui suit sa seule idéologie.

 

La France devrait méditer la leçon. François Hollande a annoncé brutalement le départ de nos troupes d’Afghanistan à la grande surprise de nos alliés qui auraient encore eu besoin de nous. Mais il n’est pas le seul fautif. Nicolas Sarkozy avait déjà rompu la ligne gaullienne de la grandeur et de l’indépendance nationale en développant sa lubie atlantiste par un retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN en 2009. Elle n’y était plus depuis 1966.

 

Les consensus de politique étrangère restent néanmoins encore nombreux en France. Il y a la sécurisation de l’Afrique, le soutien au monde arabe et le couple avec l’Allemagne. C’est bien parce que ces vérités inquestionnables sont démenties qu’il faut se remettre en question. La mollesse sur le dossier de la Syrie vient ainsi d’une seule et unique cause : la France croit se baser sur des certitudes or ses positions sur l’évolution du monde sont plus qu’incertaines.

 

On parle pompeusement de la place de la France dans le monde. Elle défend la paix et les droits de l’homme car elle en est la patrie et elle justifie son siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU. N’étaient les heureuses interventions de Nicolas Sarkozy en Géorgie et en Libye, on se demanderait à quoi elle sert. Elle est de plus en plus critiquée pour son manque de subtilité. Le même Nicolas Sarkozy a réussi à se mettre à dos en un mandat l’Iran, la Chine et la Turquie. Cela fait beaucoup pour un président qui était censé porter l’honneur de la France.

 

La France recule sur les gros sujets parce qu’elle n’a pas de vision. Comme sur le conflit israélo-palestinien. La Palestine va retrouver son indépendance mais Israël résiste toujours. Elle veut garder sa capitale religieuse Jérusalem et ses réserves en eau en colonisant les enclaves qui divisent le peuple arabe. On croyait que le messie Barack Obama résoudrait la faim dans le monde, la fin du monde et même la méchanceté. Malgré son discours du Caire et son Prix Nobel, il n’est qu’un homme comme les autres. Et la France a délaissé le problème aux autres.

 

L’Europe aussi, qui malgré l’inutile Catherine Ashton est sans diplomatie ni stratégie de politique étrangère. On cherche toujours son numéro de téléphone. Or l’Europe est la plus grande chance de la France, ou du moins sa dernière. Elle aura toujours un rôle dans le monde, or la France aura toujours un rôle en Europe. C’est géostratégique : il faut tout miser là-dessus. C’était déjà l’intuition gaullienne. Elle sera la solution du juste milieu et du lien entre la pauvre Europe du sud et la riche Europe du nord. Cela remettrait la France à sa place et en sa place.

 

La politique étrangère, c’est finalement du tact et du doigté. Il faut être fin négociateur et on peine à mettre le nom de François Hollande dans la même phrase. On l’imagine mal marchander avec des demandes impossibles à satisfaire en faisant semblant d’être pressé pour au final simuler de grandes concessions. Comme Joseph Staline, qui feignait l’ennui à l’écoute de ses interlocuteurs avant soudain que son visage ne s’éclaire quand il entendait ce qu’il voulait entendre. Au moins il est discret et ne laisse pas fuiter les secrets d’Etat. C’est la sous-base.  

Partager cet article
Repost0
21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 22:41

« Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte les escaliers »

 

Georges CLEMENCEAU (1841-1929) – Homme politique français et grand séducteur

 

 

La politique n’a pas que des lettres de noblesse. Elle est aussi capable de se vautrer dans la folie, le sexe et la débauche. Les empereurs romains décadents fréquentaient davantage les bordels que les assemblées. Les rois de France à la dérive avaient des maîtresses quand ils s’ennuyaient avec leurs reines. Et les hommes politiques de notre temps déclinant causent des scandales repris par la presse sur papier glacé. Un excellent livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois intitulé « Sexus politicus » avait bien révélé leurs frasques et leurs secrets.

 

Le spécialiste du genre, c’est DSK. « The perv », comme le surnomment les américains depuis l’affaire du Sofitel où il s’est pris pour un grand séducteur en croyant s’attirer les faveurs d’une jeune servante. Voilà ce qui arrive quand on chasse deux lèvres à la fois. Avant il y avait déjà eu son aventure avec Piroska Nagy, stagiaire au FMI portant la mini-jupe. Sans compter l’affaire Banon, où la tristoune s’était faite déboutonnée le chemisier en plein interview par ce « chimpanzé en rut ». Sans oublier les révélations dégoutantes de sa mère Anne Mansouret, prête à cacher son rapport sexuel pour garder son mandat d’obscure conseillère régionale. Sans omettre les avances à Aurélie Filippetti. Et puis il y a eu l’affaire du Carlton…

 

Les hommes politiques se font souvent surprendre tard le soir avec des prostituées, mais leurs femmes ont l’habitude de ces écarts. Telle Anne Sinclair, elles restent dignes et prennent leur revanche à la maison sur leurs maris volages. Mais ici il s’agit d’un réseau proxénète où se nouent des relations pour l’acquisition de marchés publics. Voilà qui devrait intéresser la justice. Voilà qui devait aussi intéresser la droite pour la campagne présidentielle et qui aurait été une belle révélation en plein entre-deux-tours. Mais Nafissatou Diallo est entrée trop tôt.

 

Tout le monde avec cette affaire s’est cru devant un exemple inédit de scandale sexuel en politique, or ils sont légion dans le milieu. En 1963, le prometteur ministre de la guerre John Profumo est poussé à la démission pour sa relation cachée avec une prostituée à la solde des soviétiques qui pouvait lui tirer des secrets en pleine guerre froide. En 1998, Bill Clinton frôle l’impeachment en mentant sur les fellations de Monica Lewinsky. En 2010, Silvio Berlusconi fait scandale avec ses rencontres mondaines dénudées et parties pas très fines du bunga-bunga.

 

L’ancien président du conseil italien aura poussé l’obscénité jusqu’à avoir des relations avec une mineure. Il n’est pourtant pas le seul. En 1965, Antoine Pinay était accusé d’avoir des relations avec des jeunes filles en fleur dans les ballets roses. En 1968, Claude Pompidou était soupçonnée à tort de participer à des partouses pour décrédibiliser son mari. En 2012, Jack Lang était suspecté de faire du Frédéric Mitterrand en draguant les jeunes éphèbes au Maroc.

 

Bref, politique et sexe font bon ménage et il y a toujours une affaire de mœurs à conter dans les faits divers. Comme l’heureux papa de l’enfant de Rachida Dati, qui non contente de confondre inflation et fellation a fait un bébé toute seule. Marianne sort des dossiers dignes des plus belles enquêtes de journalisme d’investigation sur les relations entre hommes politiques et journalistes. Sexuelles, il s’entend. Suivez le regard : François Hollande et Valérie Trierweiler, Nicolas Sarkozy et Anne Fulda, Bernard Kouchner et Christine Ockrent, Jean-Louis Borloo et Béatrice Schoenberg, François Baroin et Marie Drucker, Arnaud Montebourg et Audrey Pulvar.

 

Ceci n’est pas très sain et ne laisse guère optimiste quant à l’objectivité journalistique. Ce sont des relations consanguines cultivées par les journalistes eux-mêmes. En 1983, Françoise Giroud publie un essai intitulé « Le bon plaisir » où elle conte la vie d’un homme politique devenu président de la république avec qui elle serait sortie. Il a inventé la Mazarine. Et que dire de Jacques Chirac, coureur de jupons impénitent abonné aux flirts avec ses intervieweuses.

 

Le pouvoir est phallique et un homme qui veut séduire le peuple doit d’abord séduire des femmes. C’est pourquoi la vision misogyne du mâle dominant qui accorde les promotions canapé a la vie dure. Edith Cresson en sait quelque chose. Et on se dit que le seul scandale qui peut faire démissionner un président n’est ni financier ni politique, mais bien sexuel. Nicolas Sarkozy s’était empêtré dans ses SMS à Cécilia et les rumeurs d’idylle avec Chantal Jouanno. Le plus connu restant Félix Faure, mort en plein ébat ce qui fit débat pour savoir si ce César n’était finalement pas Pompée. Espérons que François Hollande soit au moins plus fidèle.

Partager cet article
Repost0
20 août 2012 1 20 /08 /août /2012 22:51

« Il faut souvent changer d’idées si on veut garder le même parti

et il faut souvent changer de parti si on veut garder les mêmes idées »

 

André SIEGFRIED (1875-1959) – Sociologue français et pas encarté

 

 

La commission de Théodule Jospin devrait plancher sur un projet de loi limitant encore plus le cumul des mandats. Mais c’est un mensonge de plus. Les hommes politiques ont depuis longtemps pris leurs dispositions pour pallier au mandat unique. Ils jouent sur trois tableaux pour garder toujours un coup d’avance : un mandat local, une responsabilité nationale et une fonction partisane. Les plus forts les gagnent tous mais ils vont bientôt être obligés de choisir. Et il n’y a pas photo : c’est le parti qui fait le moins rêver mais qui préserve le mieux les rêves.

 

Les mandats locaux sont une valeur sûre pour celui qui veut bâtir une carrière. Même si l’instabilité règne avec l’humeur changeante des français et inversement proportionnelle à leur vote national et les non moins changeants modes de scrutin, il y a de quoi s’implanter. Jean-Marc Ayrault est maire de Nantes depuis 1989. François Hollande était président du conseil général de la Corrèze avant de devenir président de la république. Ségolène Royal dirige encore la région Poitou-Charentes après avoir tout perdu. Autant dire que c’est idéal pour s’encroûter.

 

Les responsabilités nationales sont trop rares pour être regardées sans convoitise. Seul un camp peut les occuper à la fois, sauf cohabitation ou ouverture. Comme la gauche ne veut ni l’une ni l’autre, les responsables de droite en seront exempts. Il y a le président, le 1er ministre et les ministres. Les deux premiers sont occupés et les autres sont surchargés. Or il n’y a que des mauvais coups à prendre et l’impopularité du gouvernement est contagieuse. C’est une fonction prestigieuse car tous rêvent d’être ministre de la république. Mais c’est une fausse bonne idée, une FBI. Quand on est mal et qu’il faut résister, il ne faut pas être sous les feux des projecteurs.

 

Les fonctions partisanes sont l’assurance tout-risque en cas de tempête. Elles donnent du travail et de l’importance même si elles sont peu exposées médiatiquement. Mais un bon secrétaire national ou président de fédération peut se faire remarquer pour l’avenir. Brice Hortefeux était le monsieur immigration à l’UMP avant de prendre le ministère des douanes. Valérie Fourneyron était responsable des sports socialistes avant d’en être ministre. Marisol Touraine était l’experte des affaires sociales au PS et elle l’est maintenant au gouvernement.

 

Le bon choix est de partir du gouvernement et de gouverner le parti. Un ministre est toujours sur la sellette et subit un affront personnel quand il est victime d’un remaniement. Au contraire, un responsable de section a la sécurité de l’emploi. Un parti regroupe des intérêts particuliers tandis que le gouvernement incarne l’intérêt général. La politique partisane permet un discours plus libre et incisif alors que les ministres doivent la fermer au nom de la solidarité gouvernementale. Le chef du parti majoritaire peut critiquer le président. Philippe Séguin l’a fait avec Jacques Chirac. Nicolas Sarkozy ne s’est pas gêné. Jean-François Copé a refait le coup.

 

Les carrières s’accélèrent avec une nomination au gouvernement mais elles ne décollent qu’avec un passage au parti. Jacques Chirac était ministre de l’intérieur parmi d’autres en 1974 avant de devenir le chef du RPR en 1976. François Mitterrand était ministre multirécidiviste sous la IVème République avant de devenir le premier 1er secrétaire du PS. Nicolas Sarkozy n’était que ministre de l’intérieur en 2002 avant de devenir le favori de 2007 quand il a pris l’UMP en 2004. Jean-François Copé était ministre anonyme en 2004 avant de devenir secrétaire général en 2010. François Hollande a plus servi en 11 ans à la tête du PS que jamais au gouvernement.

 

Le parti donne les investitures et est le ministère de la parole. Ainsi les communistes auraient dû rester au parti au lieu d’entrer au gouvernement en 1981. Ainsi le Nouveau Centre est mort-né car ses élus ont préféré aller à la soupe au lieu de former une formation qui tienne la route et la tempête. Ainsi François Hollande craint par-dessus tout un retour de Martine Aubry à la tête du PS. La guerre des chefs ne sera peut-être pas dans le camp que l’on croit.

 

Ce n’était pas vrai mais ça l’est depuis que les postes se sont multipliés : il vaut mieux avoir une fonction stable qu’une fonction enviée. Rama Yade était secrétaire d’Etat aux droits de l’homme et elle aurait mieux fait de préparer son investiture à l’UMP au lieu d’émigrer chez les radicaux. Bertrand Delanoë sera en difficulté quand une fois parti de Paris en 2014 il n’aura plus sa place au PS. François Bayrou comme chef de parti n’est même pas chef et n’a plus de parti. Le parti, c’est clairement la planque idéale.

Partager cet article
Repost0

À Propos De En Rase Campagne

  • : En rase campagne
  • : La politique est toujours en campagne, CARBONE 12 aussi ! Lancé à 100 jours du 2e tour des élections présidentielles de 2012 pour redonner de la hauteur à un débat qui volait bas, EN RASE CAMPAGNE est un blog qui commente la vie politique française.
  • Contact

L'EMPREINTE CARBONE

Projet de loi de finances : se serrer la ceinture ou baisser son froc devant Bruxelles, telle est la question. 

 

Retrouvez tous les billets "L'empreinte carbone" 1 2 3 4 5 6 7 

AU RAS DES PÂQUERETTES

Poisson d'avril de Ségolène Royal : les autoroutes gratuites le week end. Mais qui peut contrôler ce qui se passe dans son cerveau ? 

 

Retrouvez tous les billets "Au ras des pâquerettes" 1 2 3 4

DU CARBONE DANS LA CERVELLE

Entre deux meetings, Nicolas Sarkozy recommence ses conférences grassement payées à l'étranger. Cela pourrait le desservir. 

 

Retrouvez tous les billets "Du carbone dans la cervelle" 1 2 3 4 

Les Idees De En Rase Campagne