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19 août 2012 7 19 /08 /août /2012 22:00

« Il est dur d'échouer, mais il est pire de n'avoir jamais tenté de réussir »

 

Franklin Delano ROOSEVELT (1882-1945) – Ancien président américain et déjà Delanoë

 

 

C’est l’aPSement. Le parti socialiste est revenu au pouvoir après dix ans de disette et il y règne une paix suspecte après tant de disputes de personnes et de division interne. La primaire que ce parti sans imagination a copiée des Etats-Unis a au final réglé le problème qui le minait depuis une décennie : l’absence de leader. Le scrutin majoritaire a clairement élu candidat du parti François Hollande pour mener les troupes au pouvoir. Adieu les motions de congrès au scrutin proportionnel et l’inefficace direction collégiale du bureau politique de Solferino.

 

Soudain il règne un climat iréniste d’absence de conflit qui contraste trop avec le passé pour être honnête. Martine Aubry a lancé un ticket commun avec Jean-Marc Ayrault pour que l’élection du 1er secrétaire soit une formalité sans dégâts ni polémique et que les fractions soient en effraction. Les courants sont morts et Ségolène Royal n’a plus de désir d’avenir. Le cimetière des éléphants se remplit des Fabius, Lang et Jospin qui renoncent à leurs ambitions élyséennes.

 

Mais des congrès restent dans la mémoire. En 1969, le congrès d’Alfortville crée le PS sur les décombres de la SFIO mais c’est vraiment le congrès d’Epinay de 1971 qui donnera à François Mitterrand le dessus sur Alain Savary. En 1979, Michel Rocard menace la candidature du 1er secrétaire aux élections présidentielles au congrès de Metz. En 1990, le congrès de Rennes montre le naufrage idéologique du parti avec le duel Jospin-Fabius qui se solde sur un match vraiment nul. En 1994, le congrès de Liévin désavoue le 1er secrétaire Henri Emmanuelli au profit de Lionel Jospin. En 2005, François Hollande et sa synthèse peinent à obtenir une majorité au congrès du Mans après un triste congrès de Dijon en 2003, un an après le drame.

 

C’est en meeting à Dijon que François Hollande a promis la victoire au printemps. Cet automne, tout le monde repensera au congrès de Reims de 2008 qui ne laissait rien augurer de bon quant à la rénovation. Cette fois, la paix est au PS et c’est la droite qui est en pleine guerre des chefs et craint une élection à 50-50. Cela fait perdre des années. Or en janvier le faux noble Arnaud Montebourg promettait un nouveau parti comme en 1969 en cas de nouvelle défaite, faisant s’étrangler tous les apparatchiks. L’avenir ne tient décidemment pas à grand-chose. En 2008, Bertrand Delanoë envisageait sérieusement de prouver son audace et de prendre le parti.

 

Le socialisme français se retrouve à l’épreuve du pouvoir et il devra retenir les leçons du passé. Son programme irréaliste laisse craindre qu’il n’ait pas vu que le monde a changé en son absence tant il croit que la gauche peut changer le monde. Mais François Hollande a d’emblée adopté la pause dans les réformes comme le Front populaire en 1936, avant les premières réformes. Il prend le contrepied de ceux qui attendaient un tournant à gauche sous l’impulsion d’un Benoit Hamon sans charisme ou à droite sous la houlette d’un Manuel Valls sans charme.

 

Ceux qui attendaient le socialisme de Jaurès et de Blum se contenteront des discours de Nicolas Sarkozy. François Hollande n’en a pas repris les idées et préfère les modèles de Pierre Mendès France et Jacques Delors, bien plus modérés. C’est le tournant social-démocrate du socialisme à la française. En 1985, le PS prenait son virage réformiste au congrès de Toulouse en condamnant la dictature du prolétariat. Mais il reste le plus obstinément à gauche d’Europe et ses homologues mènent des politiques plus à droite que l’UMP. Laurent Fabius avait cru bon de voter non au référendum européen de 2005 pour être candidat en 2007. Il l’a payé en 2006.

 

Le PS va peut-être connaitre son Bad Godesberg et passer à droite. Il ne s’agit plus de reconnaitre l’économie de marché en la saupoudrant de discours social, mais de renoncer à la civilisation des loisirs et des 35 heures, à la retraite à 60 ans et aux tickets-restaurant. La crise devrait l’y aider. Le silence de la gauche de la gauche aussi, qui permettra la fin de la division et l’union du peuple de gauche autour d’un grand parti. Le congrès de Tours à l’envers, enfin.

 

Au contraire la division touche aujourd’hui la droite mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Alliés dans le gouvernement, le PS et ses partenaires pourraient repartir en rangs dispersés en 2017 comme en 2002 pour un nouveau coup de tonnerre. En 1978, François Mitterrand avait montré dans « L’abeille et l’architecte » que la stratégie d’évidement du PCF visait le seul bien du peuple de France. En 1980, il écrivait dans « Ici et maintenant » que la gauche devrait rester elle-même pour réformer le pays. Mais a-t-on envie de se battre quand on est en paix ?

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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 01:32

« C’est à Paris que la providence est plus grande qu’ailleurs »

 

RIVAROL (1753-1801) – Ecrivain français et déjà parisianiste

 

 

On a du mal à l’avouer, mais l’élection de François Hollande à la présidence de la république est une déception. Les français aiment avoir un chef de l’Etat charismatique et extraordinaire. Or ils ont un président mou et normal. Le temps n’est pas aux héros mais aux veilleurs de nuit. Le goût pour les grands hommes reviendra avec la tentation du sauveur providentiel, mais après la crise. Ce sera peut-être une femme, attendue et inattendue. Cette personnalité devra s’affirmer dans le personnel politique pour incarner le renouveau français.

 

La presse fera campagne pour elle, comme pour Gaston Defferre alias Monsieur X en 1965. Elle s’agite déjà. Elle a beaucoup fait pour la notoriété de Najat Vallaud-Belkacem qui est entrée au gouvernement alors qu’elle est d’une incompétence notable et notoire. Elle voit en NKM une future présidente alors qu’elle n’est que le sosie d’Amélie Nothomb. Elle craint que Marine Le Pen le devienne alors elle en parle sans arrêt pour lui donner la chance d’y parvenir.

 

La femme est l’avenir de l’homme mais le présent appartient aux mâles. Le dégoût pour la politique vient de là. Ils enchaînent les expositions aux UV médiatiques pour débiter leur diarrhée verbale, parlant pour ne rien dire et ne rien raconter d’intelligent. Ils occupent l’espace pour être présent mais leur discours est vide, surtout s’ils noient le poisson sur une affaire de mœurs qui les éclabousse. Ils disent un ensemble d’idées vagues et de principes incohérents et ont laissé tomber l’idéologie, ne croyant plus qu’en leur idiosyncrasie personnelle. La posture remplace la prise de position et le discours creux creuse le trou de nos derniers espoirs.

 

Les meilleurs élus savent qu’on ne convainc plus par le discours. La personnalité fait bien plus pour une carrière que l’étiquette partisane ou le programme électoral. Les notables locaux jouent sur le traditionnel argument de la proximité en commençant leur phrases par « Vous qui me connaissez ». Les jeunes loups misent tout sur l’état d’esprit et ne veulent pas faire changer d’opinion leurs interlocuteurs. Les vieux briscards emmènent les journalistes où ils veulent dans la conversation et changent de sujet quand ça les arrange.

 

D’où l’inertie du personnel politique, qui en plus de ne pas se renouveler ne veut rien changer à la situation du pays. Or les français aspirent secrètement à une nouvelle génération qui fasse changer le pays d’air et d’ère. Ils veulent un président anormal qui s’élève à la hauteur des événements et les élève au-dessus des autres nations. Ils veulent un président efficace qui dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Ils veulent un président modeste qui reconnait ses erreurs et ne se vante pas de ses succès. Bref, ils veulent un mixte entre Napoléon, Alexandre le Grand et Jésus.

 

L’anormalité n’est plus un défaut. C’est être hors normes, au risque de transgresser les règles pour se sortir des pires situations. Jeanne d’Arc a désobéi à l’envahisseur anglais pour permettre à la France de revivre de ses cendres. Napoléon a fait un coup d’Etat et établi une dictature pour permettre à la France de dominer l’Europe. Charles de Gaulle a bravé la France pétainiste et le régime des partis pour sauver deux fois le pays. Obéir, c’est déjà renoncer.

 

L’efficacité est un vieux rêve. C’est celui de chaque début de mandat où l’on croit que le nouvel élu va réussir en cinq ans ce que ses prédécesseurs ont toujours raté. Adolphe Thiers a réussi à restaurer la république sur les décombres du Second Empire et de la Commune de Paris. Georges Clemenceau est sorti de sa retraite tel un vieux tigre pour mener au combat de la France contre la barbarie allemande. Léon Blum a en un mois vengé un siècle de mesures antisociales et impopulaires. Le temps ne fait rien à l’affaire et tout n’est pas affaire de temps.

 

La modestie est devenue une exigence. Elle équilibre le pouvoir du président et les français veulent passer à autre chose après l’arrogance égocentrique de Nicolas Sarkozy. Henri IV a mis fin aux guerres de religion avec sa main de fer dans un gant de velours. Jean Jaurès est le monument du socialisme français en étant resté un député proche du peuple. Pierre Mendès France est un modèle d’homme politique honnête et sincère en même temps qu’il a mené ses convictions aux meilleurs résultats. On se doute que François Hollande n’est pas tout cela à la fois. Dans 30 ans, il faudra quelqu’un qui le soit. Que ce soit Monsieur W, X, Y ou Z.

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 23:01

« Je vous demande de vous arrêter »

 

Edouard BALLADUR (1929) – Ancien 1er ministre et candidat malheureux

 

 

C’est l’été et on a tous bien le droit à une récréation. Et il n’y a rien de mieux que de se replonger dans des souvenirs de campagne pour en extirper les exemples et contre-exemples de ce qu’il faut faire et ne pas faire. Les conseillers en communication sont maintenant implantés dans les staffs des candidats. Ils ont des idées brillantes quoique baroques ou loufoques pour les faire gagner, mais certaines sont restées dans l’histoire. Voici un tour d’horizon pour s’amuser.

 

L’histoire ne retient heureusement pas que les idées qui marchent mais il faut les suivre, tels les slogans qui captent l’air du temps. En 1981, François Mitterrand s’affiche avec la célèbre formule « La force tranquille » de Jacques Séguéla et le clocher d’une église de campagne : il a rassuré les français. En 2007, Nicolas Sarkozy utilisait le slogan « Ensemble tout devient possible » pour incarner le rassemblement du pays autour de sa droite volontariste : plus de la moitié l’a suivi. En 2012, François Hollande répétait clairement que « Le changement c’est maintenant » pour faire savoir qu’il y aurait une alternance : le peuple l’a compris et l’a cru.

 

La politique est assiégée par la communication, le marketing et la publicité. En 1965, Jean Lecanuet faisait une campagne tonitruante qui poussera De Gaulle au ballotage avec ses belles dents blanches. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing faisait pour la première fois appel à un publicitaire avec Thierry Saussez pour faire une campagne à l’américaine sur les traces de John Kennedy. En 1981, François Mitterrand rabotait ses canines qui lui donnaient l’air cruel pour amadouer la France anti-communiste. Ségolène Royal l’imitera quelques années plus tard.

 

François Mitterrand illustre bien comment la politique a pris au sérieux l’image et le paraitre. En 1965, il passait à la télévision comme il passait en meeting : avec trop de variations dans la voix et de gestes déplacés. En 1974, il payait d’une défaite son retard dans la maitrise de l’écran après son débat contre Valéry Giscard d’Estaing et sa formule assassine « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». En 1981, il lui rendait la pareille avec « l’homme du passif » et son opération Roosevelt pilotée par Jacques Pilhan, pour endosser l’habit du vieux réformateur face au jeune monarque éloigné du peuple. En 1988, son calme avait raison de Jacques Chirac.

 

Jacques Pilhan est le grand nom de la communication électorale en France. Il a importé le concept d’écriture médiatique en l’appliquant à l’ancien président socialiste avec l’opération Jupiter, en faisant un dieu qui ne descendait que rarement de son olympe élyséen. Il a signé la campagne victorieuse de Jacques Chirac en 1995 sur le thème de la fracture sociale. Il tenait son inspiration des Etats-Unis. En 1980, Ronald Reagan gagnait à coup de formules et de répliques de cinéma. En 1988, George Bush gagnait grâce au cynisme de Lee Atwater. En 2000, George W. Bush était élu grâce à Karl Rove qui l’emmenait vers la droite conservatrice.

 

Chaque candidat a son gourou. Barack Obama a David Axelrod. Nicolas Sarkozy avait Henri Guaino, sauf si Patrick Buisson reprenait la main. DSK avait Stéphane Fouks, la preuve que les échecs sont possibles. Certains passent à la postérité. En 1981, Valéry Giscard d’Estaing collait sur son affiche « Il faut un président à la France » comme si lui-même ne l’était pas. En 2007, Ségolène Royal prenait la formule féministe « La France présidente » mais elle n’évoque rien de concret politiquement. En 2012, Nicolas Sarkozy prenait le terme « La France forte » mais c’était faible pour incarner un vrai projet qui compense son bilan globalement négatif.

 

Une bonne campagne allie plusieurs facteurs. Il faut bien se positionner par rapport à sa personnalité. En 1988, Jacques Chirac sortait une série d’affiches qui le mettait trop en valeur par rapport à la mauvaise opinion qu’avaient de lui les français après deux ans de cohabitation. Il faut bien se positionner par rapport à l’adversaire. En 2012, François Hollande a trouvé la faille avec son idée du président normal face aux excès du président sortant. Il faut bien se positionner par rapport au contexte. En 2002, Lionel Jospin voulait « présider autrement » mais les français l’avaient vu gouverner pendant cinq ans et n’avaient pas été tentés par l’expérience.

 

Il y a des recettes pour réussir ou rater une campagne. Mais elle ne fait pas tout : la force du parti, la dynamique électorale et le talent du candidat sont aussi importants qu’un slogan réussi, une jolie affiche ou une belle réplique. Cela compte aussi. En 1974, Jacques Chaban-Delmas perdait parce qu’il était parti trop tôt. En 1995, Jacques Chirac gagnait parce que tout le monde croyait que son slogan était « Mangez des pommes ». En 2002, Noël Mamère faisait un bon score avec un bon mot, « Les pieds sur terre ». Mais comme aujourd’hui on pastiche les affiches, les spin doctors se risquent de moins en moins à de l’originalité. C’est dommage.

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