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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 06:32

« Tout chef politique doit avoir l’instinct du tueur »

 

Françoise GIROUD (1916-2003) – Journaliste française et le culte du chef

 

 

On se croirait dans un album d’Astérix. La guerre contre la gauche à peine perdue, le combat commence à droite pour désigner le futur président de l’UMP. Les médias ont baptisé ce pugilat « la guerre des chefs », prenant à bras raccourcis les premières critiques de François Fillon contre Jean-François Copé, secrétaire général par intérim en difficulté. Comme le maire de Meaux n’est plus le leader incontestable et incontesté, ils seront donc quatre à postuler.

 

Jean-François Copé bien sûr, sûr de son coup pour 2017 après avoir pris la banque en 2010. Il a la main, mais il aurait bien pris le bras si les autres mâles dominants ne l’avaient pas retenu. Alain Juppé le premier, le maire de Bordeaux voulant reprendre le bébé qu’il a fait en 2002. Comme il dit pour la cohésion de la droite, mais aussi pour jouer le premier rôle malgré son âge. Xavier Bertrand est là, après s’être fait violer et voler son poste de secrétaire général. Ce faux gros et ce faux gentil n’a pas la langue dans sa poche, mais il ne pourra pas s’en servir.

 

Et il y a bien sûr François Fillon, favori contre toute attente et attendu avec de la faveur. Le déjà ancien 1er ministre incarne l’aile modérée de la droite. Il a du caractère mais ne le montre pas et surprend son petit monde par des phrases assassines. Chantal Jouanno l’adore mais Rachida Dati le déteste. De lui on pourrait utiliser le même adage qu’il réservait à Philippe Séguin, ancien chef du village gaulois : « Il a l’astuce d’Astérix, la force d’Obélix et la sagesse de Panoramix. Mais parfois, on se demande s’il n’a pas oublié la recette de la potion magique ».

 

Nul ne sait pour l’heure ce que donnera ce combat de coqs pour la succession officieuse de Nicolas Sarkozy. Il parait évident à tout le monde que se joue là le nom du candidat UMP aux élections présidentielles de 2017. C’est pourquoi la présence d’Alain Juppé et de François Fillon étonne. Atteints par la limite d’âge, l’un a renoncé à son mandat de député et l’autre semble vouloir gagner la mairie de Paris manquée par Philippe Séguin en 2001. Jean-François Copé et Xavier Bertrand sont dans la bonne génération mais ils sentent déjà le souffle court de la suivante dans le dos avec NKM, Laurent Wauquiez, Bruno Le Maire et Valérie Pécresse.

 

C’est une première à droite. En 1976, Jacques Chirac créait le RPR pour critiquer le président Valéry Giscard d’Estaing. Il était sans rival, seul le pétard mouillé du ticket Pasqua-Séguin ayant tenté de le supprimer en 1990. Philippe Séguin en a pris la présidence à Alain Juppé en 1997 pour la perdre dès 1999 et « le meilleur d’entre nous » la récupérait dès 2002. Pris dans ses déboires judiciaires, il la perdait dès 2004 au profit de Nicolas Sarkozy qui ne la lâcherait plus, la laissant seulement en viager à Patrick Devedjian et Xavier Bertrand.

 

Jusqu’au coup de force de Jean-François Copé, qui s’est nommé secrétaire général en 2010 en forçant la main tremblante du président. Le hold up parfait. Depuis l’ancien président du groupe UMP à l’assemblée a bien géré l’organisation de la campagne présidentielle malgré la défaite et l’intérêt qu’il pouvait y porter. Mais le putsch n’est donc pas une habitude à droite. Seule l’élection du président du RPR en 1999 où Michèle Alliot-Marie bat Jean-Paul Delevoye, Patrick Devedjian et déjà François Fillon a vu un semblant de combat. Vraiment semblant.

 

La force en mouvement de l’UMP a joué l’union et le rassemblement contre la division et l’individualisme. Les temps ont changé. Même si ces débuts de guerre des chefs ressemblent plutôt à un bal des élégants vu le pacte de non-agression officieux signé durant la campagne législative pour ne pas perdre trop de députés, ce sera un massacre quand même. La droite dure a resurgi avec Jean-François Copé qui le seul à avoir toujours rêvé d’être président comme Nicolas Sarkozy. Il ose dire ce qu’il pense et il ose penser ce qu’il dit. Il a compris que l’échec de la droite venait du fait qu’elle a mené la politique de l’adversaire au lieu de mener la sienne.

 

Le contexte est difficile après une défaite. Alain Juppé est un candidat de droite plein de droiture, mais il est trop vieux et malchanceux. Xavier Bertrand est un candidat candide, et n’a qu’un bilan de gentil organisateur. Il ne reste que François Fillon, le pire à l’exception de tous les autres et l’alternative par défaut à Jean-François Copé que tous veulent éviter. On aura droit à un duel et tous rallieront le sarthois, qui gagnera la primaire mais qui au contraire du quadra n’a aucune chance d’être président. Il n’est pas assez clivant et guerrier pour la grande guerre.

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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 14:33

« L’obstination est le chemin de la réussite »

 

Charlie CHAPLIN (1889-1977) – Acteur américain et homme battu

 

 

C’est une histoire pompée d’un western spaghetti qu’adorait raconter Michel Charasse du temps où il était moins sage. C’est celle d’un oiseau qui crie parce qu’il a froid. Une vache passe et lui pose alors une grosse bouse dessus. Or celle-ci le réchauffe et l’oiseau n’a plus froid.  Moralité : ce n’est pas parce que quelqu’un vous met dans la merde qu’il vous veut forcément du mal. Cette leçon pourrait servir aux battus inattendus des dernières élections législatives.

 

Des vedettes de la majorité sortante ont été sorties. A commencer par le sarkozyste historique Claude Guéant, battu de 334 voix par un dissident UMP dans une triangulaire suicidaire. En continuant par l’historique Michèle Alliot-Marie, victime de la lassitude de son électorat et d’un voyage en Tunisie qui l’avait déjà écartée du Quai d’Orsay. Et pour finir l’hystérique Nadine Morano, battue par les bobos des villes et par ses avances au FN.

 

Des stars de la politique nationale ont perdu ce qui était parfois leur dernier mandat. La madone des sondages Ségolène Royal enchaine une défaite de plus et n’est plus sur la bonne voie. L’irréductible centriste François Bayrou est réduit au silence par les siens et n’a plus qu’à se retirer en son Colombey ou son Ile de Ré, au choix. L’inénarrable Jack Lang manque son parachutage dans les Vosges, sûrement moins à cause du relief qu’à son âge qui frôle la limite.

 

C’est pour eux un mauvais moment à passer. Etre député est un minimum pour exister sur la scène nationale même si les parlementaires font de plus en plus le service qui va avec. Les branches pour se raccrocher sont rares. Un mandat local déjà acquis de maire ou de président d’exécutif local. C’est moins médiatique mais ça donne du travail. Un siège de député européen ou de sénateur. Cela n’a pas le même prestige mais c’est facile de se faire élire. Une fonction de secrétaire national dans son parti ou de secrétaire d’Etat au gouvernement. C’est un rôle de l’ombre auquel on est nommé mais c’est un beau tremplin pour être élu et retrouver la lumière.

 

Il n’y a pas de honte à perdre une élection. Même les plus grands l’ont connu. En 1958, François Mitterrand perdait son siège de député dans la vague de soutien au Général de Gaulle et se repliait en 1959 sur un mandat de sénateur. En 1968, Pierre Mendès France était emporté par la chambre bleu horizon et disait adieu au Palais-Bourbon. En 1981, François Hollande était battu par Jacques Chirac dans une circonscription de Corrèze où il perdrait aussi en 1993.

 

Les électeurs respectent de moins en moins leurs grands élus et en font de plus en plus des grands battus. En 1962, Michel Debré était rayé des listes électorales pour avoir été le 1er ministre de Charles de Gaulle. En 2002, Martine Aubry chutait à Lille et chialait en pensant au temps où le PS voulait qu’elle se présente aux élections présidentielles de 1995. En 2007, Alain Juppé perdait contre toute attente à Bordeaux à cause de l’abstention et du soleil arcachonnais.

 

Les élections législatives suivent souvent le résultat des élections présidentielles et cela se ressent dans les résultats individuels. En 1973, la gauche progresse et Georges Frêche et Pierre Joxe gagnent leur premier mandat tandis que René Pleven et Maurice Schuman perdent leur dernier. En 1993, le PS n’obtient que 52 députés et la rouste est fatale à Lionel Jospin et Michel Rocard. En 1997, le RPR manque sa dissolution et Jean-François Copé et Eric Raoult le paient.

 

Il n’est pas impossible de reprendre son siège après une défaite, mais on donne souvent la chance à un autre le coup d’après. Les battus doivent alors se battre pour rebondir et relancer leur carrière. Valérie Rosso-Debord devra se lancer à l’assaut de la mairie de Nancy en 2014 contre son ami André Rossinot. Renaud Muselier devra réussir son pari de gagner la mairie de Marseille en 2014 contre Patrick Menucci. Jean-Luc-Mélenchon devra reprendre la main sur le Front de gauche sans être à l’assemblée à l’image de son amoureuse Marine Le Pen avec le FN.

 

Tous les grands qui ont connu une défaite cuisante l’ont surmontée pour atteindre de nouveau les sommets. Valéry Giscard d’Estaing a perdu les élections présidentielles de 1981 et est reparti du bas de l’échelle pour refaire de la politique. Jacques Chirac a perdu tellement largement les élections présidentielles de 1988 que même Edouard Balladur se croyait autorisé à lui prendre la place pour celles de 1995. Nicolas Sarkozy s’est totalement viandé aux élections européennes de 1999 mais il s’est relevé pour gagner les élections présidentielles de 2007.

 

Reprenons donc l’histoire de l’oiseau dans la merde. Il est tellement content de ne plus avoir froid qu’il crie de joie. C’est alors qu’un loup l’entend, le sort de sa bouse et le croque. Moralité : ce n’est pas parce que quelqu’un vous sort de la merde qu’il vous veut forcément du bien. Et aussi : quand vous êtes dans la merde, fermez votre gueule. Et enfin : quand vous êtes battu, battez-vous en silence. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 05:50

« La justice immanente est rarement imminente »

 

Pierre DAC (1896-1975) – Humoriste français et juste ce qu’il faut

 

 

Ce n’est pas paraitre intelligent de dire que la justice française est malade. Cela, tout le monde le sait. Ses procès traînent en longueur et ses procédures se terminent des années après. C’est le cas d’un divorce par consentement mutuel comme d’une affaire de viol, d’un vol à l’étalage comme d’un scandale de corruption. Les juges sont débordés et ils rendent leurs verdicts trop longtemps après les faits. On pense à la condamnation de Jacques Chirac à deux ans de prison avec sursis vingt ans après la bataille et les faits reprochés. C’est long, trop long.

 

Cela ne risque pas de s’arranger. Le constituant a cru bien faire en créant la procédure de question prioritaire de constitutionnalité. Désormais, n’importe quel justiciable peut saisir le juge pour remettre en cause la validité d’une loi le concernant au cours d’un procès. Cela fera perdre des mois à la justice et gagner des mois aux prévenus, à l’image de Jacques Servier qui ne sera jamais condamné de son vivant autrement que moralement. Le mieux, ennemi du bien.

 

Les français ne comprennent rien à leur justice. Et c’est compréhensible, avec les ordres administratifs et judiciaires, les juridictions civiles et pénales, le tribunal correctionnel, la cour d’assises, la cour d’appel, la cour de cassation... Ils ont besoin d'avocats pour se faire expliquer leurs droits et leurs recours. Aussi pour payer la facture. Ils ne comprennent pas tout et ils veulent qu’on leur rembobine. Mais en fait on les embobine et en incultes ils ignorent la loi.

 

C’est la justice à deux vitesses. Les initiés et les nantis s’en sortent et se dépatouillent là où les simplets et les gens de peu rament et pataugent. Or le juge à la main moins tranchante avec les puissants qu’avec les petits. Il rend des décisions ubuesques et contestables. Il garde en prison les présumés innocents, condamne les femmes battues qui tuent leurs maris et accuse les parents de violer leurs enfants. Alors les gens n’ont plus confiance en lui et se font justice eux-mêmes, en justiciers vite démasqués qui préfèrent la loi du Talion à la loi de la République.

 

On reproche à la justice de ne pas être la même partout. On élimine les tribunaux des baux ruraux et les cours de petite instance dans les villages. Tant pis si un procès coûte cher en gas oil. On veut compenser par des juges de proximité et des règlements à l’amiable, mais il n’y a plus d’amis quand il est question d’argent. Chacun veut des indemnités s’il croit être victime d’une malveillance. Donc ce n’est pas le système qu’il faut changer mais l’attitude des gens.

 

Car l’engorgement des tribunaux ne se solutionnera pas en bâclant les procès. La justice doit être rendue avec justesse et précision, donc avec rigueur et lenteur. Il faut juste que les gens redeviennent responsables et réapprennent à régler les problèmes de voisinage entre eux. Or les juges sont de plus en plus saisis par la connerie des gens pour des affaires privées et des cas intimes, prélude évident à des procès d’intention subjectifs et des jugements partiaux et partiels.

 

Or la justice ne propose ni n’impose. Jadis rendue au cœur de la place publique pour faire respecter le pouvoir et la sûreté, elle incarne aujourd’hui le délabrement de l’Etat qui la dirige au mépris de toute séparation des pouvoirs et l’insécurité qui y règne. Le législateur rend la justice injuste et inéquitable en votant des lois illégales et inapplicables. La police fait ce qu’elle veut en garde à vue, les mineurs sont des justiciables comme les autres et les récidivistes sont détectés avant même leur premier crime. Pourtant la justice devrait éduquer et réinsérer.

 

La nouvelle ministre de la justice Christiane Taubira caresse le parquet dans le sens de la poussière qui s’y dépose et les magistrats dans le sens du poil de leurs fourrures. Elle arrêtera de nommer les membres du siège et du conseil supérieur de la magistrature. Elle en finira avec les peines planchers et la tolérance zéro. Et elle aussi accusera les juges - qui la soutiennent pour l’instant par intérêt politique - d’être responsables de l’échec de ses lois parce qu’ils ne savent pas les appliquer. Les délinquants de droit commun continueront de fréquenter les cages d’escaliers et les bandits de grand chemin dans des prisons surpeuplées. C’est un peu trop peu.

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