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19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 22:08

« La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés »

 

Louis PASTEUR (1822-1895) – Savant français et pas complétement fou

 

 

Une carrière politique ne tient pas à grand-chose. Il faut du talent et de la foi. Il faut de la chance et du hasard. En observant comme les plus grands de la scène politique ont émergé, on voit vite que ceux qui triomphent sont ceux qui savent laisser sa chance au hasard. Les autres ont le destin qui s’acharne sur eux au lieu d’avoir un coup du sort favorable. Voici des portraits de la vie politique qui montreront à ceux qui en douteraient que le hasard fait bien les choses.

 

Il y a le Rastignac de Jarnac François Mitterrand. Né dans une famille bourgeoise et d’un père d’extrême droite comme François Hollande, il a basculé à gauche à la fin du régime de Vichy pour faire carrière sous la IVème République. C’est avec le FGDS, parti tenant dans une cabine téléphonique, qu’il prend le PS au congrès d’Epinay en 1971 alors qu’il n’est même pas invité. Il s’est ensuite entouré de matière grise et a pu gagner en 1981 parce qu’il a su l’utiliser, disant par exemple de Jacques Attali : « Il a 1000 idées. Moi seul sait laquelle est la bonne ».

 

Il y a l’élu par hasard François Hollande. Le Flamby normand qui fait des réponses du même type n’était pas programmé pour être président. C’était un homme d’appareil qui a été bien moins choyé que les favoris de la génération Mitterrand. Sa chance aura été de prendre du recul et de profiter de l’invraisemblable forfait de DSK, un gros coup de tonnerre à gauche.

 

Il a eu plus de chance que les autres. Martine Aubry n’avait pas l’ambition présidentielle que d’autres affichaient pour elle. Jacques Delors non plus, alors qu’il aurait eu le tapis rouge. Laurent Fabius fut prostré par l’affaire du sang contaminé et Michel Rocard par une piteuse défaite aux élections européennes. Lionel Jospin a arrêté en 2002 et s’est retiré sur l’Île de Ré. On a les Sainte-Hélène qu’on peut. Ségolène Royal croyait incarner la France présidente mais sa carrière s’est arrêtée près de là à La Rochelle, nouveau cimetière des éléphants socialistes.

 

Il y a le cheval noir Jacques Chirac. Il sautait les étapes dans son ascension fulgurante comme les bornes de métro. En 1971, ce ministre de l’agriculture jeune loup aux dents longues se révélait lors d’un débat contre Georges Marchais. En 1976, il créait un RPR pas assez anti-européen au goût de Marie-France Garaud qui malgré l’appel de Cochin disait que le costume qu’on lui avait taillé était trop grand pour lui. La chance de sa vie, c’est l’invention du maire de Paris par son rival Valéry Giscard d’Estaing qui lui offrait son grand mandat avant la présidence.

 

Il y a le plus audacieux Nicolas Sarkozy. Le hongrois de Neuilly a pris le contrôle de la mairie en frappant à toutes les portes et en se rendant indispensable. Auprès de Jacques Chirac, qui l’a pris sous son aile dès le congrès de Nice de l’UDR de 1975. Auprès de Charles Pasqua, qui tentera de l’amadouer avec un bocal de foie gras avant de perdre le vote face à ce jeune de 28 ans. La mort d’Achille Peretti fut sa chance et il a monté l’échelle, trop lentement à son goût.

 

Ses successeurs à droite suivent ses pas. François Fillon a aussi lancé sa carrière sur le décès de son père spirituel Joël Le Theule. Jean-François Copé claironnait sur tous les toits dès Sciences Po qu’il serait président de la république et ça faisait rire tout le monde. Au contraire, Alain Juppé a toujours eu la poisse, en popularité comme en affaires, et la tentation de Venise n’a jamais été bien loin. Philippe Séguin aurait eu le caractère, mais beaucoup trop pour durer.

 

Il ne suffit pas d’y croire pour devenir président. François Bayrou riait si on lui disait qu’il ne le serait jamais. Il lui a manqué le soupçon de chance qui fait les grands destins. C’est la même chose pour Jacques Chaban-Delmas qui s’est déclaré un jour trop tôt, Edouard Balladur qui s’est présenté un mois trop tard et Raymond Barre qui était trop carré pour un corps si rond. Même s’il ne faut rien laisser au hasard, il faut tout de même lui laisser un peu de chance.

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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 22:10

« Les politiciens sont les mêmes partout.

Ils promettent de construire un pont même là où il n'y a pas de fleuve »

 

Nikita KHROUCHTCHEV (1894-1971) – Homme politique soviétique et toujours sur le pont

 

 

Homme politique est un métier de fou. Il faut du courage pour renoncer à sa vie intime et endurer tant de critiques publiques sur son nom. Il faut de l’orgueil et un peu de drogue pour s’exposer autant et avec autant de confiance en soi. Il faut une vocation et un grand dévouement pour donner autant de sa personne au service de la cause commune. On connait les anecdotes sur les présidents qui l’ont été car ils ont toujours rêvé de l’être à force de les avoir racontées.

 

« La gloire ne se donne qu’à ceux qui l’ont toujours rêvée », disait Charles de Gaulle. « Il faut 30 ans pour faire un candidat et on ne devient président que si on y pense tout le temps, même en lassant ses chaussures », disait François Mitterrand. « J’y pense, pas seulement en me rasant », disait Nicolas Sarkozy. C’est oublier bien vite tous les autres qui n’atteignent pas cet honneur et tous les anonymes qui exercent au quotidien la dure fonction de maire de petite commune ou les sombres élus de fin de listes locales. Ils ont les désavantages sans les lauriers.

 

Les hommes politiques n’ont pas de talent mais ils en vivent. Ce métier qui n’en est pas un a la particularité de ne pas requérir de formation. Il n’y a pas de statut de l’élu même si les gratifications sont gratinées et valent bien trois ou quatre salaires. C’est pour cela qu’ils s’en vont comme des voleurs quand ils ont touché l’indemnité parlementaire ou la pension ministérielle. A 7500 euros par mois, ils pourraient au moins payer des collaborateurs. Il n’y a pas de carrière même si certains visent des mandats pour garnir ce qu’ils prennent pour un palmarès. François Bayrou n’est pas de ceux-là mais cela l’arrange bien car il ne gagne jamais aucune élection.

 

La politique est souvent l’apanage de petits milieux. Dans les années 1830, les nobles formaient une cour autour du roi Louis-Philippe. Dans les années 1880, les bourgeois faisaient une république opportuniste de notables locaux entre les notaires, médecins et curés. Dans les années 1920, les professeurs vinrent en masse et firent parler les ouvriers pour qu’ils ne virent jamais le parlement. Dans les années 2010, l’assemblée nationale n’est pas plus représentative. Elle est formée d’avocats et d’énarques. Pour percer en politique, il faut soit avoir brillé en local, soit avoir milité dans un parti, soit avoir intégré l’administration. Au-delà, point de salut.

 

La profession politique n’a pas un seul visage mais deux. Comme c’est une compétition, elle fait agir des hommes étriqués et manipulateurs dans des jeux à double détente et des coups de billards à trois bandes. Entre les hypocrites et les faux culs, il n’y a que les perdants trop naïfs pour s’en sortir. Entre les hommes d’Etat et les professionnels, il n’y a plus que les deuxièmes couteaux et les troisièmes poireaux. On oppose souvent les politiques vus à la télé et les élus de terrain, ces derniers remuant bien leurs chaussures dans la merde pour montrer qu’ils y sont ancrés jusqu’au bout. Qu’ils y restent s’ils aiment y patauger. Car la lumière vient des caméras.

 

Pour réussir il faut briller. A défaut d’être souverainement intelligent, il faut passer dans les médias pour se faire connaitre et être reconnu. Sans les journaux, le talent d’un élu est invisible et sa bonne parole se perd comme une voix dans le désert. Il faut se présenter sous son meilleur jour et être un acteur ; se créer un personnage et assumer sa personnalité. Ce sont les têtes couronnées d’antan et les stars convoitées d’aujourd’hui. Mario Monti est Super Mario sans avoir rien fait, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont le Merkozy sans jamais être sortis ensemble et Barack Obama est un dieu vivant prix Nobel de la paix alors qu’il est en guerre.

 

Il faut de tout pour faire un monde. Il n’y a pas un seul chemin pour réussir mais deux voies pour percer dans la profession. La carpe et le lapin. Soit la discrétion et la volonté de s’en sortir mais cela ne vend pas du rêve. Soit le talent et l’intelligence pour se sortir de tout mais c’est risqué de ne se reposer que sur cela. Entre les deux une rivalité sourde qui tourne à la haine. Ce fut le cas entre Giscard et Chirac et Mitterrand et Rocard. C’était le cas entre Sarkozy et Villepin et Hollande et Aubry. Ce sera le cas entre Copé et Fillon et Valls et Montebourg.

 

Bruno Le Maire l’a montré dans un très bon livre intitulé « Des hommes d’Etat ». Il faut une grande foi pour surmonter les épreuves et prendre des journées avec des doses de cow boy de travail, toujours en déplacement sans voir grandir ses enfants ni profiter de sa femme. C’est la faute au Carlton. Il y a les traversées du désert, ou la face nord des ascensions politiques. Le but est alors de rester en vie et en jeu tant que rien n’est joué, pour saisir sa deuxième chance.

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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 03:33

« Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver »

 

Joseph GOEBBELS (1897-1945) – Homme politique allemand et idiot culturel

 

 

La culture, un mot qui peut nous emmener très loin. Rares sont les termes aussi prétentieux. Afficher sa culture, c’est ramener sa science et cela fait bien dans les dîners en ville. Si les bobos abusent des sorties à l’opéra à écouter Puccini et des soirées au cinéma à se cogner Almodovar, c’est bien pour en foutre plein la vue aux quidams en sortant. Plus qu’une grande maison ou qu’une belle bagnole, la consommation ostentatoire de biens culturels est le nouveau discriminant qui sépare les vainqueurs de la mondialisation des attardés de ce début de siècle.

 

Ne nous faisons néanmoins pas peur avec des grands mots. Il n’y a pas que la culture élitiste bêtement sélective, mais aussi la culture populaire et son folklore qui prête si souvent à sourire au journal télévisé de Jean-Pierre Pernaut sur TF1. Du blanc, du rouge, du saucisson : à l’heure de l’apéro, tous les ignares et les ivrognes se retrouvent devant le petit écran pour festoyer joyeusement autour des métiers d’antan et des fêtes de nos petits villages provinciaux et provençaux. Les intellos ont les oreilles qui saignent, alors ils zappent sur France 2.

 

Ce sont là de vrais gens et des gens vrais, la France d’en bas que la gauche utilise dans son discours social et stigmatise dans sa politique culturelle. Dommage que la droite lui emboite le pas et soit aussi arrière-gardiste en subventionnant avec de l’argent défenestré les expositions d’art contemporain, le cinéma d’auteur et la musique glucose. Les ultimes ministres l’illustrent tristement : Jean-Jacques Aillagon a suivi Christine Albanel au château de Versailles et Frédéric Mitterrand repart batifoler en Thaïlande. On cherche désespérément le gros rouge qui tache.

 

La culture en France a une petite histoire. Elle est née à l’époque gaullienne grâce à son premier ministre André Malraux. De ce temps-là datent les circuits touristiques, l’extension des cinémas et l’expansion des musées. Elle a pris des dimensions mégalomaniaques au temps mitterrandien, qui a imposé des bâtiments pharaoniques comme la pyramide du Louvre et un multi-ministre de la culture débordant d’idées comme Jack Lang. De cet inamovible serviteur des arts laids datent les journées du patrimoine, le prix unique du livre et la fête de la musique.

 

La démocratisation culturelle est la colossale faute de la médiocratisation culturelle. Elle force les classes populaires à aller au musée alors qu’elles n’en ont pas envie. Les chiffres le montrent : même quand l’entrée est gratuite, elles n’y vont pas car elles ne s’y sentent pas à leur place. L’argent n’y est pour rien. Or les institutions rivalisent d’évènements qui tels des écrans de fumée forment un grand brouhaha culturel. Musées sans fonds, expositions sans thème, festivals sans qualité : le mélimélo de cette culture de la misère fait la misère de la culture.

 

Là est la défaite de la pensée tiède à la française. Voulant faire boire de la culture à ceux qui n’en ont pas soif, on a baissé le niveau pour que l’élite attende la masse. La culture partout et pour tous n’est qu’un produit de supermarché vendu à la chaîne aux foules sentimentales. Le cinéma français est chiant à en mourir malgré les oscars et reste réservé à un cercle parisien fermé et renfermé. Le patrimoine est partout à force que chaque territoire racle ses fonds de terroir. Le tout-culturel attrape tout et en cancer de ce siècle fait brailler les jeunes dans la rue.

 

La ministre de la culture Aurélie Filippetti devra poser la question mais elle est inculte au point de ne pas remettre en cause cette déperdition inutile d’efforts. Pour faire aimer la culture, il faut la faire connaitre et non pas l’imposer telle une pensée unique non négociable. Pendant cinq ans, la gauche défendra la culture élitiste à la française censée faire notre fierté alors qu’elle ne fait plus rêver personne, l’échec de la francophonie en atteste. D’ici là, la droite devra réhabiliter la culture populaire pour sa reconquête, même si c’est la culture du pauvre.

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